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dimanche 17 septembre 2023

Agonie au néant

 Le sens d'une vie tient à peu de choses: il réside parfois dans l'ineptie la plus totale et insoupçonnable pour un éventuel observateur extérieur; il gît, en ce qui me concerne, dans ce journal et ses polymorphies.

Pourtant, je n'écris plus. Écrire cela, c'est avouer que ma vie se disloque dans la souffrance physique, psychique, sociale et métaphysique. Me lever me coûte de plus en plus, va jusqu'à arracher des larmes de mes yeux qui souhaiteraient demeurer clos... éternellement clos.

S'il reste des plaisirs dans cette vie bien rangée et socialement épanouie, il n'y existe nulle joie. Le plaisir de créer se tarit peu à peu dans les obligations infinies, dans l'orchestration tonitruante du temps, dans l'hémorragie de toute liberté au sein des innombrables moules sociaux. Le travail n'a pas de sens, la parentalité non plus, d'autres feraient tout cela bien mieux que moi, à n'en pas douter.

Ce journal demeurera inconnu du monde, tout comme l'âme en chantier qui lui sert de fondement. Ce chantier, d'ailleurs, est désormais naufrage, celui d'une âme-en-crépuscule... Impossible de savoir la valeur qu'il aura dans l'histoire des hommes. Et si ma sensibilité aiguisée, qui me porte vers la littérature classique et rend mon goût sûr de son acuité, m'assure parfois que quelques joyaux littéraires se cachent en ces ruines et échaffaudages -- tels des promesses de civilisations futures --, il m'est impossible d'en avoir le cœur net. La vérité commence à deux, elle est un consensus, et l'on ne peut avoir raison contre les autres, si tous l'ignorent...

De toute façon ma vie ne me permet plus d'écrire. La maladie ronge mon corps, rouille la coque de ce bateau de Thésée presque méconnaissable. La douleur de vivre parmi les hommes enfin déchire mon âme, brûle mes sentiments, calcine mes pensées.

Une vie... cela pourrait être autre chose, n'aurais-je eu de cesse de me dire tout au long de cet étrange parcours. Tout m'est tellement étranger et inésthétique, que la seule curiosité qui me reste est pour outre-monde, pour le repos éternel et l'abolition de mon principe. Je ne crois pas qu'il existe un autre lieu pour les âmes humaines, pas d'autres existences, pas d'espoir.

J'aurais eu, tout de même, une âme intéressante, rationnellement puissante, avec une force de déduction et d'abstraction qui parfois m'étonne moi-même... Mais cette qualité aura contribué à m'éloigner sûrement de mes semblables, encore et toujours plus. Incompris, moqué, encore et toujours plus... Jusqu'en ma profession... ce qui révèle ô combien ce monde est sans âme aujourd'hui.

J'aurais pu faire quelque chose de beau, dans une autre société, lors d'une autre époque, dans d'autres civilisations. Mon endurance et mon obsession pour la vérité aurait pu alimenter tant de découvertes. Mon amour pour la beauté, et ma compassion pour tout ce qui souffre, auait pu sublimer tant de laideur, créer tant d'oasis fécondes pour d'autres âmes assoifées...

Tant pis, tout cela ne fut pas. Peut-être aurais-je le privilège absurde de relater encore un peu la dissolution de mon être, dans de rares sursauts d'énergie vitale; continuant de faire ce que j'ai presque toujours fait: m'adresser au néant.

jeudi 11 août 2022

Fragment amer

 La musique rythme le silence. Depuis qu'elle n'est plus dans ma vie, chassée par le prosaïsme du bonheur conventionnel, le vide ne chante plus dans ma tête; et c'est comme si chaque chose installée vidait de son immense indéfini le champ sans fin des possibles.

jeudi 2 juin 2022

Le tour de soi

Que faire, de ce corps latent... Que faire d'un soi qui coule au temps, sans le rythme des voix qui scandent à rebours des étoiles, un cœur d'humain paumé, d'humeur perdue dans la laiteuse nuit...

Accompagne -- Ô si tu veux! -- indispensable pluie de lettres, une déroute à travers champs, loin des enseignes lumineuses; éventaires indécents du paradis fichu...

Seul, c'est impossible... Pagode inerte au courant de l'éther, où chercher un repère? Il n'y a pas jusqu'au vide qui s'avère trompeur... Plein de tout l'Illimité -- quelle blague! J'apprends, pour moi et d'autres proies, des mots du dictionnaire... définitions ineptes, privées de référent. Calligraphie atone d'un destin... Solitude éclatante...

Ma présence érode élément après élément. La présence désirée d'un fondement me refuse sa main malgré le pont des mots. Eux aussi forment un cercle imperfectiblement clos... qui regarde l'abîme.

Même la limite du monde est un centre infini...

Réel indispensable, opaque indifférent; ô jamais ne t'avise d'envoyer un reflet. Il faut une limite à tout, même à soi-même... Surtout, à soi-même.

vendredi 16 juillet 2021

Pessoa: souffrance et solitude

 "Je n'ai personne à qui me confier. Ma famille ne comprend rien. Je ne peux pas déranger mes amis avec ces choses-là. Je n'ai, en réalité, aucun ami intime, et même ceux que je peux appeler ainsi, au sens où généralement on emploie le mot, ne sont pas intimes dans le sens où, moi, j'entends l'intimité. Je suis timide, et je répugne à faire connaître mes angoisses. Un ami intime est un de mes idéaux, un de mes rêves quotidiens, bien que je sois sûr que jamais je n'aurai un vrai ami intime. Aucun tempérament ne s'adapte au mien. Il n'y a pas un seul caractère au monde qui se soit montré proche de ce que je suppose doit être un ami intime. Finissons-en. Des maîtresses ou des fiancées, je n'en ai point; et c'est là un autre de mes idéaux, bien qu'après avoir cherché dans le for intime de cet idéal, je ne trouve que vacuité et rien d'autre. Impossible tel que je le rêve! Pauvre de moi! Pauvre Alastor! Ô Shelley, comme je te comprends! Pourrai-je me confier à ma mère? Comme je souhaiterais l'avoir auprès de moi! Pourtant je ne peux pas me confier à elle. Mais sa présence aurait allégé mes souffrances. Je me sens abandonné comme un naufragé au milieu de la mer. Et que suis-je d'autre, après tout, sinon un naufragé? Je ne peux donc compter que sur moi-même. Comment pourrais-je avoir confiance en ces quelques lignes? Aucune. Quand je les relis, mon esprit souffre en comprenant combien elles sont prétentieuses, combien elles jouent à se présenter comme pour un journal littéraire! J'ai même fait du style avec certaines d'entre elles. La vérité, cependant, c'est que je souffre. Un homme peut aussi bien souffrir dans un costume de soie qu'au fond d'un sac ou sous une couverture rapiécée. Rien d'autre."

 

Fernando Pessoa, note non datée. Traduction Pierre Léglise-Costa.

vendredi 15 mai 2020

Esquisses de poussières

Précautions D'emploi:

De grâce, ne lisez pas ceci en trente secondes pour passer immédiatement à autre chose. Suspendez-vous un instant à ma voix. Laissez infuser. Mes herbes et potions sont autrement sans effet...

Tu ne peux m'offrir de répit. Je crois que personne n'a ce pouvoir. Je suis un château en ruine construit sans pont-levis. Mais viendras-tu quand-même..?


Un jour il faudra faire la poussière. La poussière de mon âme a de ces drôles de grains qui s'aiment, et sans même qu'on ne les ait semés s'agencent néanmoins en sèmes...
Qui verra mes constellations de poussières avant que le grand vent ne souffle___....... .... ... .. . . . .   .    .     .      .        .        .           .              .             .


Remettez-moi dans la musique! REMETTEZ-MOI DANS LA MUSIQUE!!!! Ou bien je casserai tout à l'intérieur de moi, et le monde, vous, chaque chose, image spéculaire déglinguée n'existera dès lors. À chaque instant, j'ai le pouvoir de TOUT éteindre.


Ce qui est bien avec l'existence c'est qu'il s'agit d'un bail constamment renouvelé, un contrat sans durée -- ou qui ne dure pas plus que la plus petite unité de temps concevable...


Venez manger mes esquisses! Bien fraîches et si juteuses! Tout juste sorties du four de mon enfer et ses chaleurs glacées. Elles sont garanties biologiques, mais comment pourrait-il en aller autrement, seule la vie bien pure sait produire le poison...
Elles possèdent chacune tous les macronutriments essentiels au néant, euh! Pardon... Je voulais dire à l'esprit... Le gras dégoulinant de la souffrance et les cristaux ondulés et obscurs de la mélancolie. Du gras et du sucre pour chaque esprit étique, qu'a-t-on besoin du reste... Mon commerce est somme toute équitable.


On peut assez facilement se laisser croire que l'on est lassé par la vie pour une simple et bonne raison: les moments de bonheur ne laissent presque aucune trace derrière eux. Ils sont tellement pleins qu'aucun signe ne peut les indiquer -- à quoi bon montrer ce qui est partout? Tandis qu'au sein même de la souffrance la plus entière, il y a toujours une part de soi qui est ailleurs, ne serait-ce que dans la volonté de s'enfuir. Or partout où il y a du vide, de la lacune et du jeu, les signes ont leur royaume et l'expression nécessaire.


Je suis ailleurs! Je suis ailleurs! Étalé sur la page vierge comme une chose en puissance; entre ici et le mot qui s'en vient; dans le silence entre deux phrases et Dieu! Que je suis bien... Ici: jamais tout seul. Pour cela il est si difficile de partir. J'ai besoin du langage lorsque le monde est gris.


Source musicale:





lundi 9 décembre 2019

Le plaisir dilué

Le plaisir...

Le plaisir s'est dilué dans le nombre
                                                         de femmes
                                                         de larmes et de drames
                                                         et d'âmes enlacées

Maintenant je vis lassé, au grand dam de ma mère
J'amasse en un bocal vissé océan de larmes amères

Nul n'entend toutefois le travail souterrain
Le grondement de l'entropie
Qui défait de mon crâne les cheveux

Comme autant de lien possibles vers autrui
Qui ne repousseront sûrement pas demain

Je me tiens dressé sur un îlot nocturne
Vigie trop fatiguée de voguer sans rivage

Et je m'en vais parmi les âges
Si solitaire et sans compagne
Que même les étoiles au ciel
Appliquent sur mon âme
Quelques lampées de miel

mardi 3 décembre 2019

[ Terres Brûlées ] L'Informulée



Mon champ est un recueil
De rimes inachevées
De rêves entrelacés
Ma conscience un cercueil
Où mourir éveillé

Et ce réseau de rien
Me tient lieu de royaume
Moi l'étranger
Qui vit au-dedans d'un fantôme

Je cherche mes semblables
Qui vont dans les envers
Et n'étreint que le sable
Qui dessine mes vers

Si je suis différent que suis-je?
Un sillon dans la neige
L'arborescence de ma pensée
Qui forme le chaos

Le chaos c'est l'ordre trop complexe
C'est l'échelle que nous ne savons lire
C'est l'horizon que chante ma lyre
Solitaire et sans sexe

Je sais que des chemins connexes
impriment leur essence
Et forment à distance
Un réseau parallèle

Unis que nous sommes dans la solitude
C'est notre théorème qui découpe la bruine

Nous sommes ce qu'elle n'est pas
L'écart, la différence
Le creux qu'indique notre signe
Abîme ouvert sur la béance

Où sont les illisibles?
Tous ces récits intraduisibles
Écrits dans une langue
Inconnue de Babel

Peut-être sont-ils inscrits
Dans l'indéchiffrable babil
Que produisent les cris
Des rêves infantiles

Peut-être sont-ils d'avant les choses
Ou, succédant l'apothéose
Restent au dehors des formes
Comme une anamorphose du temps

Ce temps où tout s'écoule
Où chaque crystal enfin fond
Rendant chaque forme liquide
Et dépourvu de moule

Marchant sur cette grève
Je sais qu'il n'y a pas foule
Mais j'accepte et je goûte
Le réseau de ma sève

Impossible labyrinthe
Au fil si incolore
Pour lequel il faut clore
L’œil inquiet qui trop guette

Ce regard insatiable qui dévore l'avenir
Et permet au destin d'entrer dans le jardin
De nos présents
Et tout cueillir...

Longtemps j'ai regardé
Au-delà de la brume
Où l'angoisse intranquille
Patiente m'attendait

Mais je contemple aujourd'hui le coeur de chaque atome
M'insère au sein de la plus petite unité de temps
Celle-là où je dure dans un bleu de la nuit
Comme note finale d'un concerto mineur

Je suis du coeur des ombres
Comme un pirate des frontières
Où la lumière se fait trop sombre
J'ouvre le voile de mes paupières

Et le monde m'apparaît tel qu'il n'est pas
Tel que jamais il ne sera
Comme une mélodie qu'un sourd perçoit
Comme un tableau peint sans couleurs

Sans attendre de réponse
Je prépare alors mon interrogation
À l'auteur de toutes choses

Lorsque ma bouche s'ouvre
Parle la mère de tous les énoncés
Le silence alors retentit comme origine et fin de tout
Indéfini, antérieur même à l'incroyable éternité

Et je sais alors
D'un savoir cellulaire
Que la réponse est là entre l'ombre et lumière
Dans cette non-grammaire du vieil anté-langage:

Infiniment totale puisque informulée

jeudi 11 juillet 2019

Le souvenir de quelqu'un d'autre

Un choix après l'autre, comme des mots jetés sur le papier. Et la grammaire des destins s'occupera de ton histoire après le point final.

Mais vivre ne suffit plus n'est-ce pas? Une horde d'impératifs s'engouffrent dans tes songes, t'impatientent, piratent ta volonté, instillent les germes d'absurdes espoirs sur lesquels éclosent les fleurs de la désillusion.

Tu le sais, et néanmoins ce savoir est sans effet, il ne fait qu'alourdir ton insatisfaction d'une culpabilité latente et sournoise. Et ton ego s'érode, ce rescapé de tes naufrages, avançant claudiquant, rampant parfois tel une larve desséchée refusant de mourir.

Tu te demandes alors à quel embranchement du destin tu as ainsi cessé de t'aimer. Immédiatement, et avant même que la question fut pleinement formulée, tu contemples en toi la réponse.

Chaque nuit où l'angoisse te réveille et mouille le bord de tes yeux sans repos, chaque matin submergé d'amertume, sont la conséquence de cette série de choix où tu t'es vu remettre à autrui ce qui t'appartenait en propre.

Maintenant, désormais, l'amour est cette figurine brisée gisant sur le tas d'immondices qu'un temps sans coeur laisse derrière lui.

Si ton coeur Danaïdes ne sait plus rien retenir, la mémoire quant à elle imprime en ta conscience chaque instant, chaque être que tes chutes cruelles emportent vers l'abîme.

À chaque jour qui passe, cette mémoire passive qui demeure comme un résidu de toi, contemple l'homme qui s'éloigne inexorablement, sur fond de néant, tandis qu'augmentent la solitude et la souffrance de perdurer comme souvenir de quelqu'un d'autre.

lundi 11 décembre 2017

Acrasie




C'est pour les coeurs fendus
Ceux qui sont pourfendus
Par un tyran désir

Et tous ces yeux qui pleurent
Embués des lueurs
D'une aube en eux qui meurent

Ceux-là qui s'échauffent et filent
Le long des flammes qui s'effilent
Et se consument dans l'obscure nuit

Destins qu'on dévide
Comme se vide l'intestin
Craché sur un présent livide

À qui l'on prête des couleurs
En ravalant ses pleurs
D'un seul trait - Garçon la même!

(Et le comptoir écoute
Et le comptoir attend
Que sur lui l'âme goutte)

Ce n'est pas l'ambroisie
Qui nous sert d'aiguillon
Voyons c'est la douce acrasie

Trinquons pour les nuits éveillées
Au bruit des âmes éraillées
Prenant de tous les trains ceux qui déraillent

Pour les amours trop endeuillés
Conscients que l'union nous défait
Complice d'un temps qui méfait

C'est pour les coeurs fendus
Les curriculum vitae pourfendus
Ceux qui du ciel sont descendus

Pour éponger tous les tourments
Avec un destin serpillière
Qui frotte les étoiles au creux du firmament

Pour ceux qui boivent solitude et font de l'aurore un enfer

mercredi 11 octobre 2017

La forêt de bambous



Je voudrais écrire un poème
Mais je ne sais sur quoi

Produire une chanson
Pour vos télévisions
Que mes mots soient délice
Qui dans vos âmes glisse

Je ne suis qu'inertie
Pierre qui roule un souci
Dans tant d'imprécis lieux
D'où je contemple et goûte

Votre oeuvre qui fait route
lointaine et insensible
                  À ma sombre déroute

Pourtant je suis l'auteur
Moi, oui, vraiment moi
D'une forêt de bambous
Aussi étrangère pour vous
Que les tribus papous

J'existe, enfin je crois
Mais vous ne voyez pas
Mon sillon de couleurs
Les notes où s'entretisse
Mon mineur de malheur
Mes courbes mélodiques
Qu'aucun panneau n'indique

J'ai tracé tant de routes
Qui mènent vers mon coeur
Des ponts bien en hauteur
Pour surpasser mes doutes
J'ai parjuré l'amour
(Pas sous ses seuls atours
Mais bien sous son vrai jour)
En priant pour qu'un jour
Son siège sans matière
Soit oeuvre littéraire

Qu'il suffise aux humains
De tendre un peu la main
Pour que mes mots l'enlace
Et puis qu'ils me remplacent

Savez-vous quel prix j'ai dû payer
Pour glaner ça et là des zests de beauté
Pardon, vous n'avez pas à le savoir
La vraie souffrance ne se donne pas à voir
Mais j'ai quelque amertume
Qu'à jamais tout espoir
Semble pour moi posthume

J'ai bâti un empire
Où tout enfin respire
Au souffle d'une lyre
Qui parle de loisir
Voluptés et plaisirs
Dont seul je semble jouir

Peut-être simplement
N'ai-je pas su inviter
Vous maîtresses mes amants
À qui j'offre mon âme
Tout matériellement
Sous le toucher soyeux des pages
Qui sont le vieux rivage
Où j'ai posé bagages

Je vous convierait sur mes plages
Pourvu que vous tendiez l'oreille
Contre les coquillages
Y coulent des histoires sans âges
Qui parlent des humains
Et de leur pieux courage

Moi je n'en ai pas eu
Au jeu de vie j'ai chu
Je me suis pris les pieds
Dans ma propre pitié
Finalement je suis
De tout temps demeuré
À un pas de côté
De ce regard qui luit
Dans ma terrible nuit
Celui-là que je quête
Au travers de la pluie

De toute façon les gens
N'aiment plus poésie
Et moi qui pensais bien pourtant
Leur tendre une ambroisie
Que j'ai mis tant de temps
À rendre si fleurie

Peut-être me suis-je trompé
J'ai peut-être un peu tort
D'avoir trop persisté
À prendre pour de l'or
Ma si grande forêt
Et ses humbles trésors

Tant pis j'ai essayé
Tant qu'un souffle m'anime
Oui Je suis unanime
Il me faudra chanter
Debout sur les feuilles séchées
À travers tant de branches et
Dans l'ombre d'une frondaison
Où peine mon coeur ébréché
Élever ma maison

Qui sait
Peut-être qu'un beau jardinier
Saura faire moisson
Des lettres qui se lassent
Au fond de vieux cahiers

Qui sait
Combien de fruits peuvent pousser
Sur ce terrain tout calciné

Qui sait
Combien de promesses ignorées
Le temps cruel fera germer

Qui sait
Ce jour où ne serai
Si vous ne m'aimerez

Je sais seulement
Et bien amèrement
Que je ne saurai pas
Ce que le temps seul sait
Ainsi qu'importe qui saura
Si je ne suis plus là
Pourtant...

J'entends venir le vent
Qui porte le tourment
De ces deux mots
Ces maudits maux

Qui sait...