lundi 22 octobre 2012

Aphorismes

"Il est vrai qu'une des horreurs de la guerre, sur laquelle on n'attire pas assez l'attention, c'est que les femmes y soient épargnées." Henry De Montherlant

La pensée, c'est un train qui file à toute vitesse, tous feux allumés, à travers la nuit, notre nuit. Nous en sommes le passager la tête contre le hublot. On ne peut pas tout le temps prévoir ce que la lumière va faire sortir des ténèbres. On est parfois bien étranger sur nos propres terres.

Le monde est un support à notre interprétation

L'esprit  d'un artiste est comme le coeur d'un étoile, sans cesse en train de s'effondrer sur lui-même pour provoquer cette fusion qui rayonne à travers l'espace et le temps

La philosophie c'est une pensée qui tend la main.

Le temps d'un espace

Il faudrait pouvoir laisser s'envoler le temps en traversant l'espace toute sa vie. Comment le mouvement résout-il les problèmes du quotidien prosaïque? Je n'en sais rien...

Le voyage est une parenthèse entre deux étants, deux endroits où il faut exister malgré soi. Mon mode d'existence, c'est cet entre-deux, ce temps et cet espace étirés dans lesquels réside celui qui va, qui file d'une prison à une autre.

Qui a la chance de voyager de nuit peut presque connaître le bonheur serein qu'il y a à disparaître dans le paysage, à s'enfoncer dans l'oubli du passif. Être fait et ne plus avoir à faire semblant d'être maître de son devenir. Voyager de nuit en passager du vent c'est un peu être Dieu, être témoin de tout et cause de rien. C'est avoir la puissance d'échapper aux lois topiques, de traverser la nécessité pour s'en créer une autre, c'est déchirer le voile de l'habitude, c'est rendre possible.

Vivre virtuellement c'est vivre absolument.

Je peux traverser la nuit comme cela, sans qu'elle ne m'atteigne vraiment, je peux m'y creuser un passage et sortir à la lumière d'un jour nouveau, d'un jour d'ailleurs où devenir est vraiment différer et non plus une évolution du même.

Ne plus avoir personne qui croit en vous, c'est pouvoir être tout.

vendredi 12 octobre 2012

Au son de ta voix

Mes nuits blanches au creux de ton sourire
N'ont pas cette blancheur impersonnelle
Mais cette tiède nuance de tes joies éternelles

Les matins froids que ton sourire réchauffe
Quand l'humanité gît encore dans l'onirique étoffe
Me sont tant de promesses bienheureuses
Où ma nuit se penche sur ta peau lumineuse

Et moi je sais, lové dans une étoile
Que le soleil luira au son même de ta voix

Les moments durs

C'est bel et bien dans la difficulté qu'on se rend compte de ce à quoi l'on tient, pas dans la facilité obreptice; non... Plus les moments sont difficiles et plus les manques ressortent, surgissent de l'obscurité que l'on avait jeté sur toutes ces choses qui témoignent de notre fragilité dans la solitude, de tous ces mensonges inavoués pour se rendre puissant.

Le visage de la femme que l'on croyait une femme.
Celui de la famille que l'on avait cru un temps contingent.
Celui de notre sous-moi, cette vérité de qui l'on est lorsque plus rien ne nous soutient.

Ils sont doux cependant ces moments, c'est peut-être la raison pour laquelle on tend à les provoquer encore et toujours, envers et contre tout.

Et l'intraitable nature qui nous impose sa loi, nous fait danser, petit pantin, sous son joug implacable, intraitable nature qui nous rejette à notre essence composée.

Là quelque part existe ton visage et l'haleine qui ne se heurte point à ma joue...
Ta présence sourde retentit où je croyais demeurer seul.
Il y a vous tous d'ailleurs, et au milieu, comme un îlot de clarté dans l'océan d'indifférence:
Ton allure provocante, ce sourire qui me manque...

mercredi 3 octobre 2012

La cellule-mot

Il faut imaginer le langage comme un ensemble de cellules organiques. Visualisez le comme un système de cellules de peau vues au microscope: de grossiers ovales contigus dont l'étendue est limitée par les cellules adjacentes. Il suffit qu'une des cellules évolue: se dilate ou se contracte pour qu'immédiatement, l'ensemble du système s'adapte à cette modification: le système ne tolère pas le vide.

Il en va exactement de même avec le langage: les cellules sont des mots dont le sens est une forme que l'on peut se représenter comme une cellule organique pour plus de commodité. Connaître le sens d'un mot, c'est, en plus d'un jeu d'interaction avec le contexte, connaître son étendue au sein du système, savoir dans quel espace il est clos.

En effet, il est important de bien remarquer qu'un mot ne donne pas l'Idée ou l'essence de quelque chose. Le mot trace un contours, une zone délimitant du vide (pareil à la membrane d'une cellule à l'exception que cette dernière ne renferme pas du vide, quoi que...) et ainsi définit négativement l'essence ou l'Idée, cette dernière n'étant jamais donnée dans sa plénitude. Ce qui m'amène à dire cela c'est qu'un mot en lui-même ne donne rien d'autre qu'une étendue illimitée. Ce qui vient tracer ses frontières, c'est la définition, or cette définition est elle même faite de mots. D'où la comparaison avec notre système de cellules organiques: la cellule est définie par la place que lui laissent occuper les autres, sans elles, elle pourrait très bien grossir et couvrir une étendue de plus en plus importante.

En conséquence, ceci explique la poésie: le poète ne fait rien d'autre qu'étirer l'espace de définition des mots afin d'en détourner le sens, il étire le langage et joue avec l'espace de signification qu'il renferme. Et qu'est-ce qui permet précisément une telle créativité? Et bien le fait que les mot ne renferment que du vide: le mot ne donne pas la chose en soi, il n'est pas l'Idée ou l'essence. Il n'est que le signe annonciateur, d'une zone où l'on pourrait trouver cette essence, il veut la contenir. Probablement que la nature de cette essence, si elle existe vraiment, ne permet pas au mot de la saisir, c'est pour cela que le langage est un outil d'une formidable puissance et dans le même temps la source de tant d'erreur: il ne renferme que de l'incertitude, à tel point que l'on peut lui faire dire n'importe quoi: les poètes le font de la plus belle des manières, on pourrait dire en quelque sorte qu'ils agencent du chaos, qu'ils le mettent en forme.