vendredi 29 janvier 2010

La peur de l'autre

Je veux t'aimer mais je n'ai rien à t'offrir. Rien d'autre que ma vie, ce que je suis.

Que puis-je faire de plus que vivre? Ce que tu jugeras être mes défauts, mes qualités, que sais-je. Peur de ne pas savoir, c'est absurde comment puis-je retomber si bas.

Je n'ai rien d'autre à offrir qu'une poignée d'insignifiance dans un absurde démesuré.

Et pourtant cela suffit, cela suffirait à n'importe qui.

Quel travers de vouloir tout maîtriser à l'avance, de vivre sans surprise, sans défi, sans inattendu, vivre mort. Pourquoi certains domaines me poussent à endosser encore mon costume de froussard, celui dans lequel j'ai besoin de faire les choses avant de les faire...

Je n'ai rien d'autres à t'offrir que ma personne et ça me terrorise.

Il se pourrait que je ne sois pas à la hauteur de ton bonheur, il se pourrait...

J'ai peur de toi, de tes réactions face à l'autre que je suis.

Pourtant je sais ce qu'il faudrait faire pour guérir mais le courage me manque d'exister.

Il ne faut rien attendre de moi s'il te plaît, rien d'autre que moi et mes fêlures par endroits.

J'ai peur quand tu me regardes et ça c'est dur crois-moi.

jeudi 28 janvier 2010

Les vieux

J'aime les vieux et leur peau creusée de lits faits pour les larmes qui délicatement coulent de leur yeux brillants.

Les vieux, tels d'antiques livres sont fragiles et forts tout à la fois.

Les vieux sont faits pour qu'on s'y accroche, ils sont plein d'aspérités pour la jeunesse, pour la beauté.

Silhouettes pleines et si légères pourtant, se découpant sur l'espace qui les mâche petit à petit.

Le temps est derrière eux alors ils le prennent et en rajoutent un peu devant leurs pas comme on mettrait un peu de bois dans un vieux poêle qui veut dormir.

Les vieux s'aiment fort, ils se regardent et puis sourient, ils se tiennent toujours par le bras parce que le bras c'est plus solide qu'une main. Les vieux avancent toujours à deux comme une berceuse et son tempo.

Que j'aime les vieux et leurs cheveux qui ressemblent au ciel l'hiver. Leur lenteur m'interpelle et me soulage, ils semblent glisser sur le monde, petits voiliers sur l'océan.

Serrer un vieux avec son coeur c'est coller sa joue contre un vieil arbre, c'est sentir le temps comme un ami.

Les vieux sont beaux et nous des cons.

Les vieux sont enfants de la Terre, ils parlent bas pour qu'on se taise.

Le Temps s'exprime à travers eux puis nous on gueule bien trop merdeux.

Adagio les vieux! Comme le temps. Adagio puis le repos comme une promesse.

Les vieux sont beaux c'est une sagesse, les vieux sont beaux pour qui sait voir en eux autre que sa propre peur.

Nos sources

J'ai de la poésie dans la tête qui fuit dans mon sillage lorsque je trace mon sillon dans la rue tranquille.

C'est des petites bulles qui s'échappent lentement et que les enfants regardent fascinés.

C'est une odeur aussi que les passants hument en se retournant, désireux d'en trouver la source.

Elle est mon ombre nuit comme jour. Elle est mon double à qui je parle, à qui je chante.

Le ciel, ce grand collectionneur de rêve se plait à l' attraper au vol avant qu'elle ne quitte la terre pour l'univers: la poésie.

Je peux la voir dans la teinte des nuages qui filent comme des tramways sans destination précise.

L'amour est un mélange et ma poésie fluviatile se laisse aller de lits en ciels.

Un jour peut-être nous croiserons-nous, et nos regards laisseront échapper cette lumière triste qu'ont les âmes qui aiment en silence, les âmes qui errent solitaires.

Un jour ta poésie sera mienne et s'échappera de nos deux bouches accolées.

Un jour, la poésie...

Une poignée

Deux, trois mots sortis du berceau,
Un ou deux souvenirs amoureux.

Quatre, cinq, six rêves qu'on polissait,
Huit ou neuf plaies cicatrisées.

Un ou deux tangos impétueux,
Six et Sept mouvements de sa tête.

Trois, quatre et la musique éclate,
Cinq, Six et nos deux âmes s'éclipsent.

Cent, mille milliards de rêves envolés dans ta constellation.
Et l'infini plus l'infini pour attiser un peu plus ta passion.

mercredi 27 janvier 2010

Les gens qui lisent

Quelqu'un qui vous lit: c'est déjà une forme de respect.
Quelqu'un qui apprécie ce que vous écrivez: c'est déjà une forme d'amour.

Un amour nouveau pour moi, de l'ordre de l'intriguant, de l'ordre de l'espoir. On espère quoi? Que les gens puissent vous rejoindre par leur éthique, avancent dans le même sens au moins un temps.

Quelqu'un qui vous lit, c'est quelqu'un qui observe votre âme sans être vu et donc en toute liberté. Quelqu'un qui vous répond, c'est un ami inconnu qui laisse une pensée pour vous sur les murs de votre esprit.

Même si ce n'est qu'une personne le sens de votre action est révélé: une, mille, des millions, qu'est-ce si ce n'est la même chose? Un pont qu'on jette entre les âmes reste à jamais, d'autres pourront un jour l'emprunter.

Les gens qui lisent sur les blogs ont du mérite et les yeux solides.

Les gens qui lisent sont beaux dans le mystère dont ils s'enveloppent et qui parfois tombe un peu et montre une épaule nue, une partie d'eux-même, de leur infini.

Les gens qui lisent et ceux qui écrivent sont les mêmes, il faut lire pour écrire ou avoir lu au moins.

Alors voilà, c'est ainsi que les choses se passent: je vais dormir et ma maison reste ouverte, je laisse les clés sur la serrure. Les gens qui lisent sont des visiteurs discrets qui offrent leur présence et puis s'en vont.

Les gens qui lisent veillent sur les âmes bien plus que n'importe quelle loi.

Les gens qui lisent sont là et ça suffit parfois.

Je vais faire une petite trêve exceptionnellement et arrêter temporairement de parler des gens lorsque mon texte s'adresse précisément à ma première lectrice inconnue.

Un merci particulier pour cette lueur que vous avez allumée dans ma demeure, à tout jamais.

L'évolution

Un ami me montrait récemment des vidéos de moines Shaolin exécutant des prouesses physiques: casser des pierres à la main, maîtriser des boeufs, tenir en équilibre pendant des heures...

Tout ceci ne m'impressionne plus, tout ceci me laisse de marbre dorénavant bien que ce ne fut pas toujours le cas.

Il me disait: "Mais alors tu ne veux pas évoluer!". Evoluer, évoluer... Il faudrait peut-être apprendre à être humains avant tout. Apprendre à être nous non?

Et puis cette obsession de l'évolution, comme s'il fallait se débarasser de notre humanité, de nos limites? Peu pour moi, je ne recherche pas l'extension sans fin de mes capacités physiques ni spirituelles. Je cherche le bonheur, l'amour à travers l'être pur, l'art. Apprendre à être.

Pour lui l'évolution semble être le bonheur, pour moi il représente une fuite. Des mots me disait-il, tout ceci c'est des mots et l'on joue avec. Certes mais les mots sont importants puisqu'on pense, on s'exprime par eux. Les mots sont notre monde intérieur et dieu sait à quel point notre conscience définit notre perception du monde.

Alors non, voir des hommes repousser les limites de leur corps, je ne conçois pas cela comme l'aboutissement ultime, l'accomplissement. Le vrai courage c'est être soi-même et s'accepter ainsi.

Bien sûr il n'est pas exclu de changer, mais si c'est un mouvement naturel, un mariage avec son for intérieur. Les choses qui se font par comparaison ne sont qu'un leurre. On temporise, on temporise toujours le moment où l'on se retrouvera, ou l'on se trouve face à soi, seul à seul avec le monde.

Alors l'évolution qu'est-ce que c'est, je n'en sais rien, ce mot ne veut rien dire. Evoluer c'est changer, en bien en mal peu importe, c'est simplement changer. Evoluer c'est être soumis au temps. Moi je recherche le bonheur, l'amour. Et je peux l'atteindre tel que je suis, sans me transformer, sans faire la course.

Aimons-nous et cessons de nous comparer: à l'autre, à hier, à demain, à Dieu.

Quand les gens sont trop présents

Quand les gens sont trop présents, je finis par me lasser. Je finis même par ne plus les aimer.

Ces derniers temps, j'entends la solitude qui m'appelle et qui gronde. Je ne peux pas rester avec les gens trop longtemps, sinon je ne suis plus moi, sinon j'ai mal de ne plus aimer assez.

Comme si les gens m'étouffaient par leur présence, par ce qu'ils prélèvent (volontairement ou involontairement) de nous.

Ferré disait: "L'art est l'excroissance de la solitude". Peut-être a-t-il raison, l'art est probablement le mariage improbable entre la solitude et la fusionl avec toute chose. Et je ne me sens vivre que dans l'art perpétuel, "faire de sa vie une oeuvre d'art".

Loin des gens, je les aime, et passé un certain temps parmi eux, je ne ressens plus rien, juste le besoin d'échapper à leur emprise, d'être seul, d'être moi, de les regarder d'ailleurs, un peu en spectateur.

"Muss es sein? Es muss sein!". Cela doit-il être? Cela doit être!

Je m'en pose des questions, c'est inquiétant ce comportement que je ne me connaissais pas auparavant. Serait-ce l'aboutissement de ma philosophie: on aime seulement lorsqu'on ne désire plus être aimé? Cela voudrait dire que l'amour que l'on me porte m'est devenu à tel point indifférent que je viens à le fuir. Je n'aime que ce qui ne m'aime pas.

Je ne me connais pas aussi bien que je pouvais le prétendre et je m'interroge encore aujourd'hui sur ma constante inconstance.

Je mourrai seul c'est un fait, je vivrais seul aussi maintenant je le sais.

La solitude sera ma dernière maîtresse...

Cela doit-il être?

lundi 25 janvier 2010

Son parfum

Son parfum c'est des mots dans le noir,
qui brillent en respirant.

Son jasmin c'est la soie sur l'oreiller,
qui bruisse juste à côté.

Une présence qui dure dans un murmure et sa langue qui glisse sur la mienne ainsi domptée.

Son parfum c'est le chant de mes papilles excitées, et c'est le doux velouté sur ma peau, par ses mains déposé.

Son parfum c'est elle qui se perd sur ma nuque par le feu du regard qui me croque et me consume.

C'est elle, c'est elle dans tous ces atomes perdus qui par sa présence se sont rendus.

Ton parfum...

dimanche 24 janvier 2010

Débridés mots

Les mots des cris,
L'écrit des sots

Sont sur la tête
Des sots l'y laissent.

Ventre avachi
Voyez-vous ça!

A mer osée,
Amère rosée.

De leurs destins
Si sybilins.

J'aime à vos cous
Comme par à coup.

Je vous le dis
Sans parodie.

Merci oh oui!
Triste infini.

Te faire l'amour

Je veux qu'on prenne notre temps, que les choses soient naturelles cette fois-ci.

Je ne veux pas faire les choses en fonction de ce qu'il faudrait faire, de la morale, des stéréotypes.
Faire comme un mec doit faire, non, je veux faire la vérité un point c'est tout.

Je veux que lorsque je te ferai l'amour, ce soit la seule conclusion logique de l'instant présent.

Ni règles, ni dogmes, ni réussite, ni échec, ni performance. La performance: que ce mot est laid dans tout son être.

Je ne veux plus avoir peur de faire l'amour, pas avec toi en tout cas.

Alors je prends mon temps, ton temps, tu le prends aussi. Après tout on s'en fout, on a la vie, on s'aime et les choses qui doivent arriver arrivent toujours, un jour, comme éclot une fleur.

J'ai trop souffert de suivre des modèles, l'amour n'a pas de canon, c'est un cri du chaos, une fusion d'identités.

Le temps passe et n'est pas perdu. Et tu es belle, et tu es belle dans ces secondes qui s'égrennent. Je m'en fous de ce qu'ils disent, je commence à t'aimer. Avant de faire l'amour il faut le vivre.

Te faire l'amour, ce sera pour moi la nature dans son aboutissement ultime, dans son acmé. Un jour, ou l'autre... Peu m'importe.

vendredi 22 janvier 2010

Les gens lisent quoi?

Je devrais écrire un livre sur les gens tellement le sujet est sublime.

Les gens lisent des blogs: des blogs informatifs, des blogs techniques, des blogs politiques, mais surtout des blogs de vie. J'entends par blogs de vie, les blog où quelqu'un raconte sa vie, ses états d'âmes, se raconte tout simplement.

Ce qui m'intrigue c'est ce qu'ils y trouvent. Les gens ne cherchent pas un style d'écriture particulier qui eut pu illuminer l'histoire de ces identités presque anonymes. Les gens lisent la vie des autres avec plus d'appétit qu'ils n'en auraient pour lire Céline ou Queneau.

J'ai l'impression qu'ils ne se rendent même pas compte lorsqu'un blog est tapissé d'une écriture de velours, d'une écriture renversante, émouvante. Ils lisent la vie, ils lisent sans distinction.

Les gens ignorent le style me semble-t-il. Qu'est-ce qu'ils y trouvent alors? Le réconfort de savoir que les gens luttent ailleurs, comme eux? Que la vie est combat pour d'autres, et que l'amour dont ils ont tant besoin, d'autres aussi en voudraient bien. Est-ce que les gens se trouvent eux-mêmes dans la lecture des blogs? Est-ce que le style compte pour eux?

Qu'est-ce que tout cela nous dit sur les gens, sur le reste? Que le style est là pour cacher du vide? Que la vie n'a pas besoin d'un style, on l'avale sans regarder?

L'existence des blogs feraient pâlir nombre d'écrivains dits "classiques".

La littérature est morte les enfants, depuis que la vie a pris la plume des gens de peu, des gens "d'en bas".

Les temps changent...

Ma petite vie

Le Vendredi, par les temps qui courent, c'est mon jour de repos.

Le jour où je me laisse aller, pas d'entraînement, je sors du boulot et brise la routine, j'enchaîne directement sur le plaisir, sur l'imprévu, cette figure de Dieu.

Dans ma petite vie, ma belle routine, je laisse un blanc qu'il faut remplir. J'invite les gens à le faire, à me combler, à me grandir. Les gens sont des peintres mais ne le savent pas. Chacun peint sur l'âme de son voisin un peu de ce qu'il y voit. Les gens sont des boîtes, on y met bien un peu ce qu'on y veut mettre.

Dans ma vie, j'ai toujours été rigide. J'essaye de changer cela, mais pas complètement: comme on assouplirait une certaine rigidité, sans la détruire. Il faut marier ce que l'on est à ce que l'on voudrait être il me semble et non pas divorcer.

Dans ma petite vie, tout me sourit alors ça va. Je ne me force pas, j'ai tout choisi, j'ai tout ce que je veux. Je ne fais rien qui me soit imposé (ou si peu de choses), et ça fonctionne quand même. j'arrive à faire fonctionner mon insoumission, mon chaos, au sein même de l'ordre, de l'imposé.

C'est marrant, avec ma petite vie j'ai l'impression de tout casser partout où je vais. Mais de l'intérieur et sans détruire. Comme si tout d'un coup un chat accouchait d'un chien mais sans douleur, sans accro. La chose se fait naturellement, puis on regarde le résultat un peu troublé. On se dit que si c'est, c'est que ça doit être possible. Je ne fais rien comme il faut et ça fonctionne, dieu merci.

J'aime qu'on me dise que ce que je raconte n'est qu'une utopie. Haha, je me gausse. Les gens détournent les yeux des utopies et mon grand jeu c'est de les leur mettre en pleine face, paf directement dans le champ de vision!

C'est Vendredi, mon jour de repos: je ne vais pas lire, pas faire de sport, je suis blessé, je vais dépenser de l'argent au resto ce soir avec mon ami. C'est Vendredi et j'aime ma vie, je fais ce que je veux!

Ce blog

Ce blog c'est un peu ma route. Non pardon, c'est la peinture que j'en fais, une perspective en somme.

Il me permet de me comprendre, d'analyser mes erreurs, de regarder ma course. Au départ j'écrivais pour me soulager, j'écrivais pour vivre encore. Ensuite je suis devenu présomptueux, j'écrivais pour éblouir, j'écrivais pour briller avec un objectif, une arrière-pensée. Je n'aime pas ce que j'ai écrit durant cette période: fin 2008 jusqu'à 2010. Maintenant j'écris un peu comme aux premiers temps, mais plus par souffrance, juste par jouissance. À chacun de ces stades je me disais: maintenant tu écris mieux qu'avant, c'est bien tu trouves ta voie. Maintenant je me dis que ce ne sont que des passages, des tournures de l'âme et puis c'est tout.

Je vais cesser de fixer un but à l'écriture, l'écriture doit naître du chaos un point c'est tout, il n'y a ni règles, ni conseils, ni modèles, ni rien qui vaille en écriture. Il n'y a que l'expression pure, il n'y a que l'homme, que l'univers se dessinant dans tous les mots. Toutes les formes sont valables, ce ne sont que des supports.

Je pense que les gens qui disent: "la poésie, ça doit être: ..." ont tort.

La poésie est: l'Homme va la chercher dans l'univers pour un mariage fugace, et l'univers c'est tout. La poésie est dans tout mais il faut savoir la déterrer parfois, comme un enfant qui gratte la terre.

De plus en plus

J'écris de plus en plus.

Parce que maintenant j'ai décidé de ne pas vouloir à chaque fois extirper la perle qui dort en moi. Maintenant j'écris comme je pense, j'écris simplement, comme on respire, comme on vit.

C'est drôle, j'ai l'impression que grâce à cela je me vois mieux. J'aurais dû y penser plus tôt. Ecrire comme je pense, sans chercher l'esthétique, le parfait, le beau; en cherchant le vrai plutôt.

Cela fait maintenant un petit moment que j'écris et j'y pense souvent: publier, écrire quelque chose de consistant, une oeuvre, une construction. Je pensais en passer par le roman mais j'ai découvert que des auteurs écrivent simplement comme je le fais et font des ouvrages en ouvrant leur âme.

Je m'y suis baladé, comme dans une bibliothèque. Ca marche aussi, les gens aiment ça la vie des autres. Echanger sa conscience pour quelques temps, et puis se trouver beau grâce à elle. Se trouver beau grâce à l'autre alors même que l'on y croyait plus.

Les bons écrivains doivent être ceux qui font ressortir ce qu'il y a de beau dans le laid. Ce qu'il y a d'unique dans le commun.

Je voudrais être de ceux-là, ceux qui écrivent comme on dépoussière un tableau, comme un restaurateur d'oeuvres abîmées, par le temps, les intempéries, les hommes et leurs chimères.

Je sais, je sais qu'un jour quand on me demandera ce que je fais dans la vie, je donnerai la réponse suivante: restaurateur d'âme, pour vous servir.

En attendant je dis que je vis, tout simplement.

Quand les gens vous aiment

Quand les gens vous aiment on est toujours un peu surpris.

En tout cas ça me fait toujours un peu drôle de me rendre compte que quelqu'un tient à moi. Parfois on ne se rend compte de rien, on ne fait absolument rien pour et pourtant les gens vous aiment.

Un petit mot d'encouragement, parfois même quelqu'un qui éprouve de la fierté quant à votre réussite, quelqu'un qui n'a pourtant aucun intérêt à cela, quelqu'un de presque étranger. Des gens que vous cotoyez sporadiquement et qui pourtant semblent cultiver votre présence.

Il y a des amours qui font peur aussi. De ceux qui sont trop intenses, qui naissent du vide et surtout du manque.

Qu'est-ce qui peut bien faire que l'on apprécie quelqu'un? Alors même parfois que cela n'est pas réciproque. Il y a bien quelque chose de chimique, de l'ordre de l'instinct qui devrait agir comme un signal. J'ai l'impression de sentir, moi, quand les gens m'aiment ou ne m'aiment pas, simplement par leur attitude, leur regard. Mais c'est comme si les autres ne le voient pas. Ils aiment au hasard, en aveugles, ils tendent les mains et touchent.

L'amour ça ne se cache pas au fond des âmes, l'amour ça se vit avec tout son être, ça ne s'enferme pas à double tour, ça vous envahit, de l'âme au corps, du corps au coeur.

Plus jeune, je me demandais tout le temps ce qu'étaient en train de vivre les autres: un ami, une célébrité, une connaissance, un membre de la famille. Pouvoir me mettre dans leur peau, dans leur coeur. Connaître leur pensée, leur façon d'être.

"Rien de ce qui est humain ne m'est étranger" certes, mais parfois je me sens si différent des autres.

Décidemment les gens me fascinent, ils sont si différents que je les aime, de tout mon coeur, comme en musique de fond, du fond de l'âme.

Les gens me fascinent

Les gens me fascinent, ils sont comme mille projets.

Les gens, les idées qui vivent dans ma tête, sont certainement frères et soeurs. Ils sont beaux dans leur profusion vertigineuse. Ils sont là, ils vivent, voient le jour, parfois seulement la nuit. Certains meurent à la naissance, d'autres ne naissent jamais.

Ceux qui arrivent au monde sont aussitôt indépendants, ils ont gagné le droit à la vie et à sa liberté inhérente. Les gens sont comme des objets, des objets beaux qui ne servent à rien et servent à tout, comme les pensées.

Les gens me fascinent c'est dingue. Eux et leur trace de vie sur le néant. Les gens dessinent avec
la vie, ce crayon multicolore, sur la toile d'un univers troublant.

Les gens prennent des chemins et balisent les pensées de ceux qui marchent. Les gens se parlent et jettent des ponts sur le néant. Ils sont si nombreux, ils représentent mille projets que j'aimerais poursuivre de mes ardeurs, tout comme ces idées neuves qui enflamment fugacement mon esprit, en troublent la surface, puis s'en vont mourir en silence sur les bords de mon âme.

Les gens meurent aussi mais leur vie est incontestable. Les gens sont la vérité.

Décidemment, les gens me fascinent.

lundi 18 janvier 2010

Soir et matin

Petit exercice d'écriture?

Marie se lève et se frotte lentement les yeux, assise au bord du lit, elle déplie gracieusement ses jambes avant de se lever féline.

Marc transpire face à ses agresseurs, une main vient percuter sa joue qui le pique. Des phalanges s'écrasent sur ses lèvres, le sang afflue, Marc a la tête qui tourne.

Marie passe devant la glace pour y peindre sa silhouette puis s'en va dans la cuisine. Son chat glisse entre ses jambes, petite boule de douceur miaulante qui la regarde. Le soleil brille, la radio entonne "c'est extra" de Léo Ferré, la journée débute.

Marc tente de se protéger mais il a juste le temps de sentir un violent choc sur sa mâchoire qui se brise sous l'impact: un crochet du droit armé d'un poing américain vient de lui casser quelques dents et son visage n'est que douleur que les battements de son coeur affolé intensifient par vague successive.

Elle ouvre la fenêtre pour entendre les oiseaux pépier. La bouilloire fait entendre le moelleux crépitement de l'eau qui commence à bouillir. Marie verse l'eau dans son bol et l'odeur du thé envahit la pièce. Le chat mange pas très loin, et la musique monte au ciel.

Un troisième coup porté à la tempe fait soudain tomber un voile noir dans la tête de Marc qui s'effondre sur le bitume. Le choc est violent et son nez se brise en heurtant le sol. La gravité semble le clouer au sol alors que les coups de pieds écrasent ses cotes, Marc se recroqueville
alors qu'il reprend connaissance, sa conscience vacille de plus en plus sous la douleur.

Marie regarde les gens dans la rue et se demande comment se passent les vacances de son amoureux parti faire un voyage aux Etats-unis. Elle l'embrasse tendrement par la pensée, un peu comme on envoit une lettre. Marie sourit, elle est radieuse, elle pense à lui, le chat fait sa toilette avec application et ronronne calmement.

Marc se sent partir et sa dernière image est le bout arrondi d'une batte de base-ball venant éclater son oeil droit. Le sang coule, épais et foncé, les assaillants redoublent d'ardeur en grognant sur leur victime. Puis ils se taisent, jettent un coup d'oeil l'air satisfaits et s'en repartent pressés, l'adrénaline déclinant petit à petit. La rue est calme, il fait bon et les amoureux commencent à s'approprier la ville. Marc est étendu entouré d'un halo rouge, dans une petite rue de manhattan. Il semble dormir et la ville veille sur son sommeil.

Marie vit et aime cet aujourd'hui si prometteur.

Marc est mort et son corps se refroidit sur le pavé couvert de sang.

La nuit s'élance et les lumières s'allument à New York.

Marie pense si fort à lui, elle chante sous la douche et le monde semble écouter.

dimanche 17 janvier 2010

Monsieur le professeur

Monsieur le professeur, s'il vous plaît.
Permettez que je laisse quelques feuilles blanches sur le dictionnaire de mon âme.

Quelques pensées qui m'appartiennent, sur des pages où j'inscris moi-même la définition que je me fais de l'homme et de ses faits.

Monsieur le professeur, soyez gentil. Veuillez m'expliquer le pourquoi du comment, de ces notions qui viennent habiter mon cerveau.

Quelques mots rassurants, donnant du sens à vos propos, donnant du sens à mon action.

Monsieur le professeur, je vous en prie.
Prenez le temps de faire en sorte qu'un point d'interrogation cède la place à mon identité sur la géométrie de mon reflet.

Quelques minutes d'un temps compté, qui viendraient là ancrer mon corps, dans sa liberté retrouvée.

Monsieur le professeur, laissez tomber ces chants abscons que vous chantez,tous ces vieux cantiques démodés.

Quelque mélodie suffirait à faire fleurir dans nos esprits la compréhension d'un monde que vous décrivez sans jamais l'expliquer.

Monsieur le professeur, merci encore de bien vouloir nous éduquer. À devenir des robots on en oublierait presque d'exister.

Quelques pensées pour vous couchées sur ce doux papier d'écolier pas encore couvert du vide que vous débitez.

À tout remplir de lignes serrées apprises par coeur dans mon esprit soumis, il ne reste plus de place pour moi-même. Qu'un peu de blanc dans les marges de mon cahier, où je m'inscris en filigrane pour ne pas oublier qu'un jour, il faudra aussi que je m'apprenne.

Journal d'un ange

Un jour, il y a peu de temps, je suis tombé un peu par hasard sur le journal d'un ange. Les premières lignes m'ont fait frissonner d'un intense plaisir remontant du fond des âges,
une marée qui emporte tous vos sens avec elle.

C'était une fille qui écrivait sur la toile ce que sa tête renferme de trésors. Dans ces mots, je me suis vu transfiguré, enfin beau dans ma débacle.

Je peux vous le dire, ça fait bizarre de lire d'une main étrangère les pensées qui vivent dans votre esprit. Vous savez, quand vous lisez quelqu'un et que dés les premiers mots vous semblez la connaître autant que vous-même.

Elle m'a fait cet effet, cette demoiselle qui se prend pour une pomme, ces phrases étaient le pont entre elle et moi. Au début j'en suis tombé amoureux et j'ai voulu la rencontrer. Puis j'ai bien vite oublié cette idée, j'ai accepté que la femme de ma vie existe à quelques km de moi et j'ai aimé dans mon silence.

J'ai appris à aimer des gens sans le leur dire et sans qu'ils ne me connaissent. Je n'ai jamais aussi bien aimé que dans la solitude finalement. En étant seul, je ne trompe personne. Seul, on aime tout le monde.

Il y a environ un an et demi, j'ai parcouru le journal de cet ange et les mots m'ont manqué, ils avaient quitté ma tête pour se retrouver là sur le papier virtuel de sa demeure. Un peu hébété au départ, j'ai appris à lui rendre visite de temps en temps, quand les mots font défaut et que je me doute qu'ils sont là-bas, chez cette autre que moi qui vit en parallèle. Mais je ne suis pas le seul, nous sommes plusieurs à faire le pélerinage et chacun laisse, ou pas, son empreinte sur les murs blancs.

"Il n'y a rien de plus beau à voir dans cette vie que les gens et la couronne qu'ils portent de travers sur leur tête, sans la connaître."

Merci d'être une symphonie dans l'univers sombre.
Merci d'être.
Merci.

samedi 16 janvier 2010

Instant ferroviaire...

Tu voulais un défilé et tu vois les arbres défiler, au premier plan, derrière la vitre.
Ensuite tu vois les champs qui s'écartent sur ton passage, mais plus lentement, comme hésitants.
En dernier lieu il y a l'horizon qui semble t'accompagner, celui-là ne souhaite pas te quitter...

T'es toute mignonne avec ton petit nez écrasé sur la vitre du train. À chacune de tes respirations s'imprime une légère buée sur la glace froide, ce sont les anges de ta bouche qui s'échinent à conjurer le froid.

Le train ça te va bien je trouve. Le monde s'écarte et toi tu fonces émerveillée, comme un trésor que l'on transporte en lieu sûr. Je te vois, là sur ta banquette et j'imagine tes pensées...

Je ne fais que te regarder mais je ne sais pas si tu t'en rends compte. Tant mieux, je ne voudrais pas gêner ton naturel, faire irruption dans une scène onirique. Même ta respiration adoucit les voyageurs. La convoitise des autres vient se heurter sur toi et ne semble pas même t'égratigner.

Le train avance et marque son rythme sur les rails. Les mots qui papillonnent dans ta tête sont des hamacs dans lesquels j'imagine me prélasser. Tout autour de toi, jusqu'aux objets même: la tablette que tu as abaissée, la petite lampe éteinte et la banquette qui te fait face, semble rougir de ta présence. Eux comme moi, sommes des enfants honteux d'être si sales dans ton royaume.

Le monde veut t'épouser, tu opposes au néant ton corps de chair tellement présent qu'il semble percer l'espace. Et je me sens tomber: ma raison dangereusement attirée dans ton essence. Je contemple ce qui m'est interdit pendant que tu caresse des yeux tout ce qui t'es promis.

Et l'on entend le bruit des roues contre les rails, c'est une berceuse de train pour voyageuse interstellaire. La simple conscience que le temps s'écoule et que l'on n'y peut rien, c'est certainement cela le sens du voyage. Voudrais-tu m'offrir un peu de toi belle inconnue? Un peu de ton reflet dans cette glace, un instantanné du fantôme de ta grâce?

On dit que les nuages sont des morceaux d'amour et que les anges peuvent en découper une part pour la donner aux hommes valeureux. Je vois les ailes sur ton dos et l'atmosphère ouattée qui
t'entoure me renvoit à mon enfance, quand prenant l'avion, je rêvais d'attraper un nuage entre mes doigts.

Ceux que tu touches doivent être bien heureux, et ceux qui respirent ton haleine. Quel genre de vie peux-tu mener au milieu d'humains qui te vénèrent? Je me prends à croire que ce voyage n'aura pas de fin mais mes paupières se ferment enfin. Bien malgré moi toutefois car lorsque je les rouvrirais, tu auras disparu. Heureusement j'ai appris que les nuages se touchent par la pensée.

dimanche 3 janvier 2010

Aphorismes

-Il faut savoir être

-L'absurdité de nos vies naît de l'illusoire satiabilité du désir. Ne pas souffrir c'est ne pas avoir d'objectif, ne pas souffrir, c'est marcher sans fin dans une direction qui est l'éthique.

-On n'accepte pas l'absurdité de la vie, on la sublime.

-On s'accommode de bien des choses quand on veut aimer.

-Une réalité n'est rien d'autre qu'une potentialité achevée.

-L'amour n'est pas une contrainte.

-Le scientifique d'aujourd'hui est une caméra braquée sur le monde et le philosophe: celui qui visionne la bande.

-Se fixer un but c'est souffrir chaque jour de ne pas l'avoir atteint.

-Il faut trouver un sens à sa vie qui ne soit pas extérieur à soi-même.

-La technique entretient un rapport consubstantiel au temps, ce dernier venant la sanctionner. Au contraire, tout jugement sur une oeuvre d'art ignore le temps nécessaire à sa création. Ce qui compte en art c'est de pouvoir suivre une chemin sans jamais regarder sa montre. Ce qui compte en technique, c'est le temps nécessaire pour rallier deux points.

-La technique est un chemin infini prenant son sens en son terme. Le bonheur est un chemin qui se suffit à lui-même.

-L'homme est un arbre qui a le vertige.

-Il y a dans le regard d'un ami plus de lumière que dans un soleil de midi.

-On aime vraiment que lorsqu'on ne désire plus être aimé.

-La vie est un mouvement de l'âme et du corps; le bonheur, c'est lorsqu'ils marchent côte à côte.

-L'expression "baiser" est l'anamorphose d'un amour mis à mort.

-Police: bergère du vide, geôlière des libres.

-Dictionnaire d'un futur proche:
*Homme d'hier: enfant d'aujourd'hui.
*Philosophe: homme d'aujourd'hui.

-L'esclave de ses désirs est son propre tyran.

-Le pouvoir naît de la soumission.

-Les avions sont les cicatrices du ciel alors que les nuages n'en sont que les grains de beauté éphémères.

-L'amour est le pain des pauvres.

-Voyager c'est se parcourir.

-Croire, c'est rendre possible.

-Le hasard n'existe pas; il n'est que la somme complexe de causalités qui s'ignorent.

-Rap: révolte chantée.

-Regard: caresse de l'âme.

-Le bonheur ignore les contingences.