samedi 30 mai 2009

À ma mère

Ton amour débordant
De ton corps si fragile,
Sur mon coeur ignorant,
Veut trouver un asile.

Si mon âme fuyante,
Parfois, délaisse mes pensées,
C'est à des portes closes
Que ta dilection s'oppose.

Pourtant, l'aimant de ta tendresse,
D'un coeur pétri de pudeur,
Peut soigner toute faiblesse,
En exhumer toute candeur.

Et même si cet égoïsme
Te laisse parfois désarmée.
Sache qu'il pleure de t'aimer
Dans son criant mutisme

À mon père

Je ne serais jamais un génie,
Juste un simple poète,
Je ne serais jamais un génie,
Et ça tu le regrettes.

Je ne serais jamais façonné
À l'image de tes souhaits.
Et de mon oisiveté maladive,
Ton esprit s'est lassé.

Jamais réellement accompli,
Silencieux tu languis,
D'enfin me voir parcourir,
Le sentier de mon avenir.

Parvenu dans une impasse,
Tu éclaires ma route.
Et pour qu'hardi, je puisse faire face,
Sans cesse tu dissipes mes doutes.

Ignorant tout de la panique,
Tu déposes, visage hiératique,
Sur mon âme tourmentée,
ta douceur attentionnée.

mardi 12 mai 2009

Adieu

Ouf, enfin! Quel soulagement! Ces mots je les écrits enfin, je me libère d'un poids...Tout semble si simple quand on voit la ligne d'arrivée. Pour la première fois peut-être, je me sens libre, complètement.

Jusqu'à présent, je me laissais traverser par la vie. Tout ce qui m'arrivait ne me semblait pas vraiment réel, j'étais spectateur de l'existence. Je me plaçais bien au-dessus de mon pantin de chair, je lui insufflais un semblant de vie, un peu de normalité pour faire illusion. Il parait que lorsque la souffrance devient trop forte, l'âme sort du corps, elle s'enfuit juste le temps de reprendre son souffle. Je n'ai fait que ça depuis ma naissance, je n'étais qu'un étranger parmi vous.

Bien sûr j'ai vécu de bons moments: "dans un monde inversé, le vrai est un moment du faux".Cependant, j'aimerais, rien qu'une fois, habiter le présent, ne plus anticiper, ne plus préparer un avenir qui n'est qu'une lente agonie. Le monde est une société anomiée à l'intérieure de laquelle j'évolue en apostat, en roi de la procrastination. C'est bien simple j'ai toujours abandonné
ce que j'ai entrepris. Je suis le roi des projets que l'on ne concrétise jamais, le roi des belles idées sans maîtres, celles qu'on admire comme une beauté interdite. Peut-être était-ce l'impression que l'on me dépossédais de mes aspirations, naïves, de mes désirs, épars. Ainsi mes rêves, mélangés à ce sable routinier s'égrenant jour après jour, formaient un ciment, un ciment gris, froid, avec lequel je bâtissais ma prison. Condamné à vivre avec, à les observer quotidiennement,sans pouvoir y échapper, sans pouvoir réellement les saisir. Devenus étrangers, délétères, ils écartelaient ma conscience, la dispersaient dans l'inconsistance.

La vie pour moi s'est résumée à devoir faire des choix que j'aurais aimé ne pas avoir à faire. La vie pour moi s'est résumée à choisir:des intérêts, des activités, des amitiés, des réalités, puis à contempler l'océan de merveille que formait tout ce que j'avais écarté, faute de temps, faute de rentabilité, parce qu'on ne fait pas tout ce qu'on veut dans la vie, parce qu'il faut être utile, parce qu'il faut bien mettre à profit ce que tu apprends, parce qu'il faut bien se spécialiser, parce qu'il faut bien se sédentariser, parce qu'il faut bien manger, parce qu'il faut bien alimenter la machine, parce qu'il faut bien donner ta vie, parce qu'un
homme complet, c'est un homme qui comprend, c'est un homme insoumis, ça ne rapporte pas d'argent.

Mais moi je souffre d'indécision, depuis...presque tout le temps j'ai l'impression. Pour eux, il faut calibrer les vies sur des modèles préexistants, ainsi l'on peut prévoir, planifier, calculer. L'humanité est une espèce que l'on cultive intensivement. On a beau m'asperger d'engrais, de pesticide, rien n'y fait je ne grandis pas comme ils voudraient, mes fruits ne sont pas standards, ils ne
sont pas parfaits, pas esthétiques, plutôt étiques, mais ils ont le goût amer que provoque la liberté dans leur bouche. La seule chose qu'ils ne peuvent digérer. Je suis encore trop jeune pour qu'ils m'arrachent de la terre comme une mauvaise herbe, une herbe folle, mais je sais que ce jour viendra. Qu'ils se rassurent, je leur facilite la tâche aujourd'hui même. Je pars! De mon propre chef. Je pars avec mon intégrité, avec mon unité, je reprends ma vie avec moi. Elle et moi, on part en voyage, à travers le néant, au bout de la nuit.

Je vous ai aimé plus que tout au monde, c'est bien plus facile à écrire qu'à dire. Simplement parce qu'à travers l'écriture, c'est mon vrai moi, ce sont bien mes traits, mon idiosyncrasie qui s'exprime ici dans ces concepts. La parole n'est
qu'un acte dolosif, un jeu d'acteur, un mensonge. l'écriture est la vraie vomissure de l'âme. C'est l'humeur de la conscience et la main qui écrit est son émonctoire. c'est un bout de vérité, de l'authentique. JE VOUS AIME... Mon épitaphe. Allez maintenant dénaturer cette pensée pure, ce sentiment qui s'exprime sans médiateur aucun à part les mots. Essayez de rendre ces sentiments apocryphes, vous les contempteurs de l'humanisme, de l'homme. C'est impossible, car ces mots dégoulinent la vérité. Vous le garderez, ça, j'espère, avec vous dans votre monde, à vous, sur votre propre personne que j'espère inviolable, imperméable à leurs idées. Vous le garderez, hein, s'il vous plaît, mes parents, mes amis, les autres.

Continuez la vie s'il vous plaît en étant fier de vous: aujourd'hui, votre fils, votre frère, est devenu un Homme, celui de la légende, l'Homme véritable, l'Homme libre sans entraves, celui qui peut partir à n'importe quel moment parce qu'il n'a rien à regretter, rien à emporter que ce qui est en lui. Mais on se reverra, car rien ne se perd dans l'univers, tout est mutation.

J'ai conscience que pour certains, j'ai l'air totalement pathétique avec mon olographe dérisoire de pleutre neurasthénique, qui a peur de tout et tout le temps. Je le sais bien...Et ils ont raison après tout ceux-là. Les acharnés, les durs, les compétiteurs, les gagnants, les faiseurs, les réalistes. Parfois je regrette de ne pas leur avoir ressemblé. C'est drôle la vie, comme on peut passer à travers. Rester derrière le décor, en spectateur impuissant. Parfois, ça a du bon de rester en retrait, d'observer l'oeil attendri, plein de dilection, les hommes gesticuler, tenter, entreprendre, s'en sortir tout simplement. Mon plus
grand regret, c'est d'avoir méprisé outrageusement l'école, l'éducation, la culture, la connaissance. J'ai fui tout ça, j'étais si bête. Ma vie n'a été qu'une succession de fuites. D'ailleurs c'est la seule action me procurant un réel bonheur, une paix sincère, mon entéléchie. Démissionner. C'est ce que j'ai toujours rêvé faire, en l'osant bien rarement. Et bien voilà, cette démission là au moins, je l'espère, sera réussie. A moins qu'elle ne soit à mon image: incomplète.

Maintenant que je vois le bout du tunnel, j'ai des doutes, je ralentis... J'ai si peur de réussir, d'aller jusqu'au bout. Ma volonté vacille, soufflée par l'incertitude. L'échec me terrorise, l'angoisse s'empare de moi, me laisse en crise d'apoplexie. Stoppez dés maintenant votre lecture, ma loquèle est intarissable, je vous emmènerai, malheureux, dans mon univers cyclique, où tout n'est que perpétuel recommencement, où les choses n'ont ni début, ni fin. Il n'y a pas de péroraison à mon discours, c'est la dernière partie qui se répète inlassablement, sur le même ton, sur le même thème, c'est le même ennui que je décline patiemment. La même tristesse, mon anathème. La vérité? Je suis triste.