lundi 23 novembre 2009

L'escalier

Il court, il court, dans les escaliers de la mort,
Quatres à quatres les marches dévalées
Envolées les portes pour s'en aller,
Il court, il court et descend, descend encore.

Son regard affolé plonge vers ce gouffre
De pierre tourbillonnant vers l'indécent,
Son corps tambourine et souffre, souffre,
En même temps que l'écho de ces pas dansants.

Regard baissé, et dos bien droit,
Jamais ne dévie de sa course folle,
Pieds affolés écrasés par le poids
De ce corps fuyant sous ses épaules.

Clap clap, clap clap, clap clap,
Font les souliers cognant les marches,
Et dans les virages jamais ne dérapent,
Dans ce colimaçon qui mâche

L'écho de son coeur devenu fou
Qui va tremblant hurlant partout;
Et sa chute n'a plus de fin
Tellement l'escarpe épouse le rien.

Coincé, coincé, ce corps piégé
Croyant s'agiter pour son salut,
Qui fend l'air las et si léger.
Là-haut, enfin... Le monde s'est tu.

jeudi 19 novembre 2009

Je me souviens

Je me souviens les soleils du maroc
Empaquetés dans ma jeunesse,
Et les odeurs de mer épaisse
Qu'on ramenait pour faire du troc.

On s'échangeait nos rêves
Dans la cour de l'école,
On se donnait notre parole
Que la vie n'aurait pas de trêve.

Je me souviens le regard de miel
Dont m'enveloppait Fatima
Pendant que je dévorais sous son ciel
Les pâtisseries de son climat

Lorsque la fluorescence de l'écume
Avance la nuit comme un train fantôme,
On se prend à imaginer des fées lucioles
Prenant les vagues sur des carrioles.

Je me souviens rabat et Essaouira,
Pareilles pour moi à la grande Shamballa.
J'y suis allé sentir leur âme
Qui me revient parfois en larmes.

Un jour j'ai rencontré un Gnawa
Qui nous a montré sa folle danse
À mes compagnons de joie et moi,
En tourbillonant il nous a tiré dans sa transe.

Chaque jour de ces temps pas si lointains
Etait comme l'escalade de la dune
Où le sommet une fois atteint,
Offrait la mer sans retenue aucune.

Je me souviens cet homme du haut de sa tour
Qui chaque jour appelait les fidèles à la prière.
Ce chant du muezzin qui déroulait ses atours
Et nous enveloppait de son voile d'air.

Je me souviens de toutes ces choses
Et de tant d'autres aussi,
Qui de mon souvenir à peine écloses
Se meurent de vivre ici.

dimanche 15 novembre 2009

La vie active

"Au moins, j'suis dans la vie active, j'sers à quelque chose..." disait Mohammed, comme tant d'autres. Comment a-t-on pu mettre une idée pareille dans la tête des gens. La réification est aboutie au point que l'on se juge comme des objets. Même les objets inutiles sont considérés pourtant, alors pourquoi...?

On devrait leur dire tous les jours à ces gens qui se lèvent la nuit pour aller bosser toute la journée comme des chiens pour gagner des sous qui ne seront pas à eux au final, pour gagner la dignité qu'ils croient avoir perdu, et que le travail va leur rendre parait-il, que leur vie est une oeuvre d'art.

L'honneur perdu, c'est tout ce que je vois scintiller dans les larmes de cette femme attendant 12 heures par jour sur les parkings que les automobilistes viennent régler leur note.

Et ce petit patron qui se permet d'ordonner à cette pompiste, fière d'offrir sa vie pour ses enfants, de proposer systématiquement le lavage des vitres, et de lui dire qu'elle a été embauchée pour ça. Il fait nuit quand elle commence à travailler et il fait nuit quand elle finit, mais il fait jour dans son coeur à elle et c'est son soleil qui éclaire la vie de ses gosses et non pas le scintillement poisseux de vos sous!

Et vous leur faites croire qu'ils servent à quoi s'il vous plaît pour qu'ils continuent à nettoyer votre merde, pour qu'ils la bouffent aussi de désespoir! utiles à la société? Mais encore? Utiles dans quel sens, utiles parce qu'ils ramènent de l'argent tels des fourmis inlassables? Et dés qu'une conscience a le temps de naître malgré vos horaires infernaux, vous donnez un coup de pied dans la fourmilière et vous regardez amusés la débâcle funeste qui se déroule loin de vos yeux. Prenez garde qu'un jour les insectes que vous prenez pour esclave ne regardent pas vers le haut, et qu'ils vous voient là, dans vos appartements immenses, affalés sur vos canapés, pétris d'orgueil et remplis comme des barriques. Vous foulez le même sol que nous, n'oubliez jamais ça.

Vous n'avez plus rien d'humain, vous êtes d'une autre espèce dorénavant et la nature ne vous le pardonnera jamais. Gobergez-vous bien pendant qu'il en est encore temps, un jour vous vous vomirez.

Comme s'il fallait être utile pour mériter de vivre quand chaque vie est une danse folle, une oeuvre d'art en perpétuelle représentation, un cri d'amour jeté là au hasard, qui se pose sur les gens.

Chaque mouvement de la vie quotidienne, chaque mot, chaque regard est indispensable à l'univers car nous le constituons. À vous, les fourmis, les petites mains de l'amour, les hommes, je voudrais vous dire ceci. Lorsque vous prenez vos enfants dans vos bras, vous valez mieux que tous les millionnaires de la galaxie. Chacun de vos sourires fait se réveiller l'amour. Et vos larmes, oui vos larmes qui viennent frapper la pavé, tout comme vos pieds fatigués, ce sont autant de blessures infligées à l'harmonie.

Vous êtes beaux en tous points, avec ou sans travail, la vie bien menée est rémunérée par le bonheur un point c'est tout. Il n'y a rien à chercher ailleurs.

"Quand on ne travaille pas on pense beaucoup" disait encore Mohammed. Ah oui, c'est vrai ça... et on ne vous a pas appris à l'école à dompter cette pensée, à l'affronter, à la connaître, et à vous reconnaître en elle. Cette pensée qui vous effraie, c'est votre identité la plus profonde, c'est votre conscience d'humain qui vous murmure inlassablement du fond de sa prison que vous vous perdez petit à petit. C'est un crime que l'éducation ne prépare pas à ça. C'est une folie que le travail étouffe cette flamme qui ne demande qu'à réchauffer votre âme.

Cette pensée, c'est l'embryon de la révolte à venir, c'est un phare vers vous-mêmes. On vous ment perpétuellement, même avec tout l'or du monde et le travail le plus prestigieux qui soit vous ne serez pas heureux tant que vous ne vous connaîtrez pas. Vos pensées sont des fleurs qui ont besoin d'être entretenues, sinon c'est tout votre jardin intérieur qui se meurt. C'est ce qu'il y a de plus mystique en l'homme, de plus sacré, de plus fou. C'est une musique.

Envoyez paître vos patrons, crachez leur votre dégoût à la face et partez, partez! La liberté sommeille au fond de vos tripes, il faut la prendre sans demander, de toute façon elle est toujours d'accord, elle est à l'homme. Marchez libres, goûtez ce sentiment exquis, rien ne vous retient, ensemble on peut inventer la vie, et nous ne nous laisserons jamais tomber. Partez, réunissez-vous, cultivez un bout de terrain, discutez ensemble, hébergez-vous les uns les autres, apprenez à vivre sans eux, vous n'avez rien à envier, tout est à vous, vous êtes tout!

Nous apprendrons ensemble à changer les règles, d'ailleurs des règles, il n'y en aura pas, nous vivrons avec des valeurs, selon l'éthique et c'est tout! Les règles c'est bon pour les enfants, et l'enfance ça ne dure qu'un temps. Nous recréerons l'éducation, tout passe par là, c'est là que les valeurs doivent se transmettre, c'est là que l'on apprend à être un homme. La politique? Laissez-tomber, pari insensé que de vouloir imposer à des milliards d'êtres humains un modèle unique, figé. Vivez selon votre éthique, soyez un modèle pour les gens qui vous entourent, et les gens vous écouteront, les gens vous suivront même. Laissez-leur le temps, sachez être, n'attendez rien des autres, n'imposez pas, soyez et vous agirez immanquablement sur votre coin du monde, faites-moi confiance. Il suffit d'un homme pour animer les consciences car nous sommes tous d'une même réalité, d'un même système que nous tentons de comprendre jour après jour. Et voilà, c'est pas plus dur que ça, vous verrez, on arrête tout: le profit, les jugements, les lois, la standardisation, la réification.

Les choses n'ont de valeur que celle qu'on leur accorde...

vendredi 13 novembre 2009

L'absolue beauté de la musique

L'absolue beauté de la musique c'est ton air qui passe inlassablement dans l'air, faisant vibrer les atomes de cette danse aux innombrables formes.

C'est la sensation troublante de légèreté dont l'âme s'imprègne et gonfle à tel point que le corps veut s'envoler qu'il devient trop étroit, comme si l'on aspirait à plus, à devenir libre comme ces ondulations rythmées qui troublent l'immobilité du silence.

Absolu, beauté et musique sont des mots faits l'un pour l'autre, sont des mots d'un temps absolu. C'est un claquement de corde où résonnent ces fréquences magiques qui se déroulent comme une cascade.

Un fleuve roulant dans mon coquelet, une géométrie un peu folle, une disposition improbable des ondes vibratoires, une caisse de résonance faite dans l'extase avec l'exquis comme matériau et l'humain comme chef d'orchestre et public.

Cette musique peut éclater dans la tête: imaginez un mot, suspendu, là, dans votre esprit, qui viendrait se fragmenter en mille milliards de notes assorties sur des couleurs pareillées et qui viendraient s'envoler comme des papillons emportant leur secret, distillant cet amour à peine éclot, éphémère, jusqu'à brûler dans l'instant.

La musique c'est tous les sens à la fois: cette vision anarchique où la géométrie prend parfois des airs de labyrinthe; cette sensation de picotement dans le corps et cette envie d'éclater au grand air; ces goûts sonores qui éclatent sous vos yeux à la saveur mélancolique; et ces sons qui prennent forme: les escaliers dorés du piano montant vers la aigus, et ces odeurs de bois S'empaquettant dans les graves.

Les mots peuvent représenter cette symphonie qu'ils composent, qu'ils comportent et qu'ils déposent comme des offrandes à qui sait les faire s'envoler, comme des bulles émanant d'une âme ou bien d'une bouche. Il faut les dénouer délicatement pour qu'ils délivrent leur sens épicé et roucoulent décomplexés.

C'est suave la musique, quand ça glisse sur l'esprit en l'enroulant dans du miel. c'est doux, c'est Vénus parlant l'humain à l'homme, c'est le soleil retenant son feu pour écouter.

Il y a une oeuvre qui gît en nous, de celle qui vous relie à l'univers qui peut alors écouter vos prières puisque vous parlez enfin sa langue, cette oeuvre c'est celle déposée en nous, comme un chemin à emprunter: l'absolue beauté de la musique.

L'absolue beauté de la musique c'est Dieu qui nous répond "je t'aime, je t'aime".

vendredi 6 novembre 2009

Petite Terre

Petite Terre perds pas courage.
Petite Terre perds pas confiance.
Même s'ils continuent de têter ton sein alme alors que tu te vides de ton suc.

Petite Terre tout n'est pas perdu. Regarde, regarde ces gens que tu abrites et qui souffrent avec toi.
Observe bien leurs yeux, tu aperçois cette flamme qui vacille au milieu de la nuit?
C'est la couleur des pauvres qui inlassablement réparent ton manteau. Les petites mains de l'amour qui tissent la toile de ton destin, c'est eux, c'est eux! Aperçois-tu dans ta lente agonie, cette danse des âmes en ton nom, en ta gloire? C'est la cellule de ta guérison, ton cancer inversé, ils en détiennent la clé aime-les, aime-les, aime-les.

Petite sphère qui va dans l'univers dansant sur de sombres prières pour des pères que nous ne connaissons pas. Pardonne-nous. Si tu es sêche par endroits, si tu perds tes cheveux, plusieurs millions par jour, c'est notre faute. Si tu te réveilles le matin, la bouche pâteuse, une migraine infernale et du mal à respirer, c'est que nous t'asphyxiont. Tu as mal, dis? Tu as mal, comme nous, comme eux?

Petite lumière dans le ciel, ne t'éteins pas surtout, ne prend pas froid. Nous sommes une espèce qui met plus de temps à grandir que les autres. Quand il faut 2 ans pour certains de tes enfants, notre adolescence se compte en milliers d'années.

Petite perle azurée, nous apprendrons à panser tes blessures, et nous danseront plus fort que la glace enkyste.

Petite Gaïa, Dieu que tu es belle. Nous sommes une part de toi alors comment les choses pourraient-elles ne pas s'arranger, comment pourrions-nous continuer à nous mutiler? Il faut comprendre tu sais même si c'est triste, même si ça blesse.

Petite maman, te souviens-tu les jours heureux? Y en at-il jamais eu? Te souviens-tu ces jours merveilleux où la mort donnait la vie, se faisait sage-femme inter-espèces? Je m'en souviens tu sais même si je n'étais pas là, je m'en souviens par toi.

Petit berceau qui va rouillant, tiens bon encore quelque temps, tout vient à point ou tout s'en va.

Petite vie ne t'éteins pas, nous gagnerons à force d'amour.

Petite Terre, ne t'arrête pas, tourne, tourne, et tout ira tu verras.

Léopard

Un fantôme glisse parmi les arbres, dans les ombres vespérales qui épousent sa robe.
Démarche sylphide d'un autre monde, ange des ténèbres dont les motifs hypnotisent, fuient la raison. Tout le monde dort et cette présence jamais ici s'en va dans son royaume, avec l'assurance des dieux.

Des épaules musclées sur un cou épais. Une tête massive aux crocs acérés. La couleur du sable qui vient manger les contours de la nuit dans une douce transition formant cette diaprure cerclée sur le pelage. La bête marche parmi ses sujets.

Tueur solitaire à la beauté démoniaque qui fascine même ses proies. Puissant tu grimpes dans les arbres avec l'agilité du vent, tenant fermement en ton pouvoir la proie qui de ta gueule pend mollement. Tu soulèves avec célérité ces kilos inertes qui pèsent pourtant plus lourd que toi, athlète incontesté.

Les arbres, ta demeure, où nonchalant tu t'affales sur une branche et laisse pendre tes pattes dans le vide sur lequel tu sembles danser. Ta queue remue lentement, et marque la cadence de ces nuits africaines à la chaleur de plomb. La forêt t'adule et s'incline vers toi, elle te cache en son sein, puissance gracieuse parmi les apprentis tueurs. Tu es le prédateur de l'arrogance. Ton corps au repos semble agité sans cesse à sa surface, théâtre d'une danse sacrée, invocation d'une mort violente, d'une mort sublime.

D'un geste brutale, assuré mais sans orgueil, tu décides qui doit mourir pour toi ce soir. Si j'écoutais mon coeur, je t'offrirais mon cou dans la tendresse d'un ultime élan que tu briserais d'un létale éclair, et ainsi dévoré dans ton étreinte, puis digéré, je sublimerai mon être et deviendrai, moi simple humain sans grâce aucune, figure évanescente sur la toile de tes muscles insensés.

Les modèles

Ecrire est une passion dévorante, plus qu'une passion que dis-je c'est un style. De vie, un style d'amour. Ça vous remue les tripes, ça vous prend là dans tout le corps, qui se languit sans trop savoir pourquoi, sans trop savoir comment...

C'est un léger courant qui vous porte, vous le suivez ou le laissez filer. Une voix, qui glisse avec aisance sur le monde des esprits, sur l'invisible, une voix pour s'accorder.

C'est vous, mes modèles, qui m'avez fait entendre cette musique visuelle, cette écriture symphonique, cette synesthésie de tous les sens réunis. Vous ouvrez au hasard des portes dans le noir, des portes vers la lumière. Et je ne vois plus que ça, et je n'entend plus que vous, qu'eux tous, que notre mère, que notre père, et cette source intarissable à laquelle je m'abreuve, loin de leurs sillons ensanglantés d'un sang pur, d'un sang pur comme les étoiles et qui vient tacher leur anti-conscience.

Emmenez-moi avec vous. là-haut! Ce serait formidable. De voler, parmi vous. Je sais des voies vers votre voix, je les emprunte assez souvent, quand ça me prend, quand ça me chante.

Et je gueule, je gueule si fort à l'intérieur que ma carcasse en tremble, que mon coeur fait du tam-tam, me montre un rythme ineffable. Je gueule si fort dans leur silence de nécropole que mon être s'étire, englobe assez d'espace pour que le silence de leur mort et de la décomposition ambiante soit remplacé par mon silence, assourdissant, et lénifiant tout en même temps.

Vous êtes là. Je le sais. Je vous vois vous savez, je vous entends. Et vous me prêtez vos voix sans le savoir, ou bien le savez-vous, et vous venez me visiter quand je vous appelle, alors je vous dit merci.

Merci Léo... Merci Céline... Merci Anders. Petit à petit j'ai recueilli les morceaux de mon être éparpillé, brésillé en mille milliards de mille morceaux. C'est au son de votre musique que je me suis réchauffé, lorsqu'il faisait froid et que le courage me manquait.

Les modèles, les modèles, les modèles... C'est un drôle de mot pour vous nommer. Inapproprié? Si l'on veut. Mettez-y ce que vous voulez à l'intérieur. De toute façon les gens s'en foutent! On ne reconnaît même plus les fleurs en plastique des véritables, des authentiques. L'inerte se fond dans le vivant, en fait sa deuxième peau en ces temps accélérés.

Les modèles. Certes. On pourrait discuter ce choix. On pourrait le critiquer, comme l'époque aime tant à le faire. On ne fait tellement plus rien, que le peu qui ait fait, on s'empresse de le critiquer, de l'interpréter, de donner son avis, de le discuter, de le disséquer, on a même des spécialistes pour ça. L'art est un fruit qu'ils vident de son jus sans ménagement. Parce que ça leur fait peur, la vie. Ça leur fait peur l'amour. Alors bon, laissons les discuter.

Ils discuteront, et nous, nous mangerons. Les dernières femmes se sont envolés avec la fin du monde, j'irais les retrouver parmi vous. Dieu que les femmes me manquent de nos jours. Elles ont toute déserté. Ce n'est pas possible elles se sont passées le mot ou quoi. Et elles ont cru pouvoir nous piéger, avec ces poupées faméliques, fardées et dégoulinantes de mascara, de l'embarras de leur corps étranger, qu'elles n'habitent plus. Elles ont cru nous AVOIR! et elles ont eu raison, lorsqu'on ne reconnaît plus les fleurs, il est temps de mourir. "On ne couche qu'avec des morts" disait Léo. C'est vrai. Nous on couche avec des mortes que l'on a maquillées en poupées. C'est triste le monde moderne. Pas un sourire rien, on vous rend la monnaie puis vous vous taillez, loin d'ici, loin du froid de leur rayons frigorifiques où il entassent la fausse nourriture. Morte elle aussi depuis longtemps et remplacée par le vide, celui qui tue.

Ils ne savent plus sans vous. Ils ne savent plus... Vous... Les modèles. Pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font, ils ne savent pas qu'ils non vivent.

Les modèles... Nous sommes seuls. Si seuls ici depuis que votre voix est recouverte par l'acier froid et le ronronnement des machines qui tournent sans cesse, qui tournent sans mort, comme la mort.

Merci quand même...

Les cons

J'évolue parmi vous, mais je suis d'un autre monde. Vous portez le malheur et vous ne le savez même pas, vous foncez, tête baissée, dans votre propre négation.

Nous sommes nés sur la même planète mais je suis d'une autre étoile. On vous laisse des copies de sentiments, des simulacres d'existences, et on vous laisse jouer avec, comme les gosses que vous êtes. et vous ne vous en rendez même pas compte, trop occupés que vous êtes à examiner en spécialistes de l'inaction, du non-être, les produits de vos mensonges, que vous jetez par les fenêtres.

Tu es sur cette Terre mais moi j'y suis plus que toi. Ton regard s'approprie, ton regard asservit et c'est ta propre servitude que tu projettes sur les choses. Mon regard s'interroge, mon regard s'attendrit et c'est mon propre amour que je projette vers les entités.

J'existe, là, ici, ailleurs, au milieu de vous, meute de loups aux crocs bien aiguisées, au milieu de vos questionnements enfouis, ravalés par l'orgueil que vous dégueulez en façade pour ne pas vous faire bouffer par votre propre ego de carton qui vient remplacer jusqu'à vos identités même.

Il croit l'aimer et elle aussi. Ses organes cassés, atrophiés, sont soutenues par les siens, blessés, incomplets. Votre amour n'est que béquille s'appuyant l'une l'autre, votre amour n'est qu'équilibre sur du vide, n'est qu'illusion. Mon amour n'est pas votre fiction, il est sans concession. Mon amour ne se repose pas sur les autres, il les nourrit. Mon amour ne prend rien, il donne tout et prend ce qu'on lui donne, ou il s'en va pour rester seul avec le monde, un point c'est tout!

Vous êtes beaux, vous êtes grands, vous êtes puissants, rois trismégistes qui s'annulent.
Et je suis laid, je suis petit, et vulnérable mais pas mon âme, mon âme vous ne l'aurez jamais. Vous comprenez, nous ne volons pas dans les même sphères. Les sphères d'influence ne côtoient pas les sphères de l'énergie. La roue du pouvoir ne tourne que dans la vide. Il faudrait descendre de vos roues dans lesquelles vous courrez comme des hamsters, pour pouvoir enfin fouler le chemin que j'emprunte. Et puis comprendre enfin, que vous êtes cons! Et naître! Au monde, naître à vous-même.

JE VOUS AIME!

lundi 2 novembre 2009

Toi

Toi toi, toi.

Dans le creux de mon âme
Lovée comme un chat,
Tu dors vénus femme
Entourée par les rats.

Et moi l'amour dans les yeux,
Je contemple tes cieux
D'où coule un peu de sel
Telle la pitié du missel.

Emporté par l'élan de mon sentiment libéré
Je tends mes bras ouverts vers la vallée de tes rondes
Jaloux, j'entends les dieux qui se réveillent et qui grondent
Innondant nos destins de leur injustice sacrée.

Pendant ce temps là tu tournes autour de mon chagrin,
Affamée par la peine qui sourde de tes reins.

Et ceux que l'on attend plus se lèvent.
Se lèvent pour couvrir
Ton corps toujours d'accord
Qui s'ouvre à leur désir.

Et moi moi, moi.
Vieille âme trahie,
Je flâne déjà mort
Voulant mourir encore

Toi toi, toi.

Qui je t'aime ne m'a jamais dit
Aurais-je du fondre sur toi
Comme ces rapaces alanguis
Qui de tes courbes divines ont su se faire rois, rois, rois.