dimanche 29 janvier 2012

La croyance n'est pas un sentiment

Tout jugement est arbitraire même s'il repose sur des codes bien définis. Ceux-là sont par définition arbitraires puisqu'ils reposent sur des axiomes qui ne sont rien d'autres que des croyances indiscutées et indiscutables. Ainsi, si le sentiment est une croyance en tant que jugement subjectif de la réalité, il n'en est pas de même de la croyance. Cette dernière ignore le sujet et veut toujours ériger une vérité objective. En cela la croyance n'est pas un sentiment car elle se veut par essence un absolu, un axiome sur lequel l'individu peut se reposer malgré les vacillations internes de son individualité.

Toutefois, la croyance peut accoucher d'un sentiment lorsque l'individu s'observe dans le reflet de lui-même que lui renvoie la croyance. Le sentiment naît alors du jugement que porte l'individu sur ce reflet. La croyance pour devenir sentiment doit alors toujours se dédoubler: la vérité objective doit être posée (observée) par l'individu que cette vérité éclaire à son tour selon la tonalité du sentiment. C'est l'individu lui-même qui règle, en fonction de ses croyances du moment, les nuances de cette tonalité. La croyance en elle-même part d'un mouvement opposé, à savoir que l'individu qui croit initie un processus de scission entre son moi (qui a besoin d'un témoin extérieur et absolu pour poser son existence et la maintenir hors du chaos) et la réalité (qui à la base rappelons-le ne font qu'un) dans le but de n'être justement pas soumis aux fluctuations de son être qui peuvent s'exprimer dans les sentiments. L'individu qui croit tente de fixer un cadre qui formera en quelque sorte un univers indépendant de lui-même et objectif et qui va devenir le fondement de son existence. La croyance est donc précisément une tentative d'échapper aux sentiments et à leur subjectivité chaotique. Par conséquent si l'on veut l'assimiler à un sentiment, ce ne peut être qu'à un sentiment inconscient (ce qui constitue un paradoxe) et donc en vérité à une émotion (voir la thèse contre la naturalité des sentiments pour comprendre la distinction entre émotion et sentiment). Cependant la croyance ne naît pas des profondeurs de la génétique (comme les émotions) mais elle est bel et bien une réaction de la conscience face à la réalité. Elle est en quelque sorte un jugement qui se nie, un mensonge consenti dans lequel la conscience accepte de nier une partie d'elle-même afin de l'ériger en vérité extrinsèque et absolue.

mercredi 25 janvier 2012

Ma seule demeure

Il me faut partir ce jour vers de lointaines contrées
Balancer ma tête un peu plus loin que sous ce soleil abîmé

Du pré que j'arpente, j'ai dessiné la carte
Or l'esprit que j'habite souhaite que je parte

Géographe de l'âme et quelque peu vagabond
De la mer je prend le large et m'enfuis pour de bon

Je dois partir et tout quitter ne le voyez-vous pas?
Ô vents voyageurs, ne m'emmènerez-vous pas?

J'ai observé la verdeur de tous ces paysages
Je n'ai point de rancoeur de n'en garder qu'images

Me laisserez-vous donc aller vers d'autres horizons?
Parler un peu leur langue et goûter leurs saisons?

La terre voyez-vous n'est pour moi qu'un chemin
Car je n'ai nul bien ni rien qui me retient

Ma seule demeure écoutez-bien
Ma seule lueur est mon destin

Pourquoi?

Que l'on me demande pourquoi je ne peux pas travailler toute ma vie dans un même métier, je répondrais que je n'ai pas la force de sublimer l'absurde plus de quelques années. Que je n'ai pas la capacité de me projeter dans une tâche pour laquelle je donnerais le meilleur de moi-même le temps d'une vie. Vient un jour où ma fonction devient source de fatigue, d'ennui et par-dessus tout de déception. Un jour bientôt, elle devient ma prison, mon calvaire. À ce moment là, le métier me tue et je tue le métier par la même occasion. Je deviens comme la plupart des gens, je travaille par nécessité. C'est en général à ce moment qu'il faut partir, offrir sa curiosité et sa persévérance à d'autres vents. L'épanouissement au travail est une affaire de croyance, plus en soi qu'en la fonction elle-même. Il me faut quelques années pour réaliser la synthèse d'une vie possible et, en tout cas,  m'en satisfaire. Deux, trois ou quatre ans maximum. Je veux ensuite porter mon attention, mes effort d'apprentissage et de compréhension sur autre chose afin d'en faire une synthèse que j'intègre alors à ma représentation du monde.

Certains aiment développer, pérorer, étirer à l'infini l'univers qu'ils se sont choisis. J'aime personnellement à en faire le tour dans les grandes lignes, à en saisir la substance afin de n'en retenir que cela. Il me faut le ou les arguments généraux ainsi que quelques exemples. La suite n'est pas pertinente, je ne lui confère que peu de sens. Ce que je retiens de l'Histoire c'est le sens par lequel on peut l'éclairer et les multiples histoires qui la composent ne sont que des illustrations de sa lumière, d'infinies ramifications.

Voilà, c'est comme cela que la vie me chante, par la découverte et la synthèse. La vie qui m'intéresse est celle qui a une fin. C'est la fin dans toute chose qui m'en apporte le sens. C'est peut-être mon jeune âge qui me fait rechercher le sens dans tout ce que j'entreprend. Je me suis lassé des histoires le jour où il m'a semblé entrevoir dans chacune ce qui les relie, leur commune substance.

vendredi 20 janvier 2012

Artiste

Je suis un homme comme tous les autres
                                                                  Je suis un homme comme tous les artistes
Je suis un artiste comme tous les hommes
                                                                    Je suis un artiste comme tous les autres



Et vous?..

jeudi 19 janvier 2012

Croustillance

Sous les chaussures lourdes, les graviers s'indignent d'un doux bruit mat
C'est un crépitement sourd qui remplit les oreilles d'aromates
Je peux les sentir sous ma langue, ces sons d'hiver étouffés par le froid

La neige sait se rendre suave aussi dans son discours vengeur
Lorsque le pieds indélicat écrase sous son poids sa pulpeuse froideur
Je ne saurais oublier son univers ouaté venu un jour tarauder mon enfance

Il est des mots dont les sonorités me ramènent aussitôt à la pureté des sens
Ceux là ont un effet instantané car l'univers sur eux s'est en quelque sorte greffé
J'aime à les économiser comme une ressource rare, je les laisse fondre sous la langue, longuement, délicieusement
Ceux là je ne les sors que les jours de grand froid, lorsque mon corps malade rechigne à s'échauffer

mercredi 18 janvier 2012

[ Fil ] croyance

Je pense donc je crois.
Je crois donc je pense.
Je pense donc je suis.

Je crois donc je suis.

Le sentiment, une croyance?

Le sentiment est une émotion traitée par la conscience, il est une manière de se vivre et donc de porter un jugement sur notre représentation subjective de la réalité (voir thèse contre la naturalité des sentiments) mais est-il en plus, une émotion portée au rang de croyance par la conscience? N'est-il pas la croyance de l'individu en une disposition particulière de son être? En effet, tout jugement n'est-il pas une croyance pouvant être défaite (on sait par exemple que deux éducations opposées ne produiront pas chez l'individu le même jugement sur les choses)? Ainsi l'individu qui se vit malheureux ou heureux, n'est-il pas son propre dupe?

Le mythe du bonheur inconscient

Existe-t-il un bonheur inhérent à l'Être, c'est à dire hors de la conscience?

Si l'on prend la conscience dans son acception ordinaire (une représentation subjective de la réalité), il semble qu'il soit impossible à l'individu d'être heureux sans elle. En effet, le bonheur (ou sérénité ou béatitude, ataraxie, etc.) est un jugement, une représentation subjective d'un état et donc précisément un sentiment permis par la conscience.

La méditation est un exemple typique de l'impasse dans lequel l'homme mène sa pensée lorsqu'il pense le bonheur comme un état hors-conscience. En effet, la méditation (certaines formes du moins) peut donner l'illusion à l'homme de trouver sa paix intérieure dans la cessation de l'activité consciente, dans l'abolition de la pensée. Pourtant il semble bien probable que cette paix ainsi atteinte soit le fruit du travail de la conscience qui prépare l'individu à son dénouement. Cet état de méditation semble n'être qu'un autre état de conscience avec ses particularités propres. Il est peu plausible que la conscience se mette de côté dans ces moments, ou bien qu'elle se mette en veille car ce type d'expérience requiert une certaine concentration. Toute valeur, en tant que jugement, pour être intégrée par l'individu, se base sur l'éducation. Si l'on apprenait à l'homme que l'état de méditation est un état de déchéance responsable d'un profond mal-être, que ressentirait-il alors par l'expérimentation de celui-ci?

Nietzsche et le problème de l'actif et du passif (pistes)

Que voulait dire Nietzsche (Aurore, aphorisme 120) en disant de l'homme: "tu es fait , chaque instant de ta vie!"?

Voulait-il rappeler à l'homme que malgré ses croyances, "les voies du Seigneur sont impénétrables"? L'appréhension du monde par l'homme est centrée sur sa conscience, il est difficile pour lui d'admettre qu'une partie de l'univers (la majeure partie?) échappe à sa conscience. Le philosophe voulait probablement nous placer face à l'abîme de nos ignorances.

D'abord, l'homme pensant et agissant est aussi une grande part d'instincts et de motifs inconscients. Si la conscience nous donne l'illusion de la maîtrise, il est bon d'imaginer que beaucoup de choses peuvent se décider en coulisse avant d'apparaître à la surface. Les travaux de Freud en ce sens sont fort éclairants bien qu'ils ne soient pas à prendre pour argent comptant, ils nous laissent entrevoir la profondeur d'un univers partie intégrante de notre personnalité qui nous reste obscur et peu accessible.

Ensuite, on peut penser à l'incroyablement complexe 'mathématique' de l'univers: à une de nos actions (ou causes) va répondre une infinité de conséquences échappant tout ou partie à notre contrôle. Ainsi l'homme peut continuer d'être effectif et d'évoluer par simple inertie de ses actes passés ou de ses actions inconscientes (allant de la simple respiration, au mouvement incontrôlé ou à l'émotion). Sa simple naissance a déclenché une série de conséquences devenant causes à leur tour dans une suite infinie de causalité effective. Nietzsche a d'ailleurs souvent tenté de débarrasser l'homme de sa mauvaise conscience face aux conséquences de ses actes pour cette raison précise.

Pour résumer, souvenons-nous que l'homme peut aussi bien faire consciemment qu'inconsciemment et qu'il est entraîné dans un cycle causale en apparence infini. Au vu de ces éléments, sa responsabilité s'avère bien mince. L'homme est peut-être plus spectateur qu'il n'est acteur et peut trouver dans cette idée un doux réconfort lorsque la vie lui pèse, lorsqu'il s'étouffe lui-même sous des responsabilités qu'il n'a pas.

La croyance et le bonheur

Que nous dit la croyance sur le bonheur?

Le bonheur est une conception positive (il appartient aux valeurs du bien en opposition avec celles du mal) reposant sur des valeurs, il est une croyance en la véracité de la valeur positive d'un état de chose. Il est par essence un jugement. Atteindre au bonheur, c'est ainsi se penser conforme à une certaine image du bien, c'est au moins penser que l'on peut tendre vers ce bien. Qu'est précisément ce 'bien' si ce n'est une croyance enracinée dans d'autres plus profondes produites par la culture et l'expérience (qui comprend sa propre réflexion) individuelle? Pour accéder au bonheur, il faudrait donc avoir la foi, il faut même l'avoir doublement: d'abord dans une image du bien et ensuite en notre propre accord avec celle-ci.

Comment donc se fait-il que d'aucuns qui n'entrent, sur bien des points, aucunement en résonance avec leur concept de bien, puissent malgré tout, en toute conscience de cause, être heureux? Simplement car la conscience de leur(s) défaut(s) constitue déjà un aveu, une véritable confession intime et comme le dit le proverbe: faute avouée, à moitie pardonnée. À partir de ce constat de départ, il leur est loisible d'avoir foi en leur propre perfectibilité: le salut de leur âme. On voit bien ainsi comme le bonheur s'organise comme une véritable religion avec une doctrine (bien que plus personnelle que collective) nourrie de valeurs ainsi qu'un système de récompense par la foi et la praxis.

Même pour l'individu qui se croit libre et affranchie de la morale, le bonheur dépend d'une relation à l'éthique ( qui je le rappelle s'oppose à la morale en ce qu'elle n'est pas imposée) qui est par essence plus mouvante que la morale. Chez un tel individu, le renversement total des valeurs ne constitue pas un problème, ce qui importe étant la foi et la conformité de l'individu en cette dernière, ou au moins le mouvement vers la conformité.

Comme tout absolu est étranger à l'homme, un homme absolument dépourvu de croyance est (toujours dans l'acception philosophique du concept d'homme) une impossibilité mais imaginer un homme avec juste ce qu'il faut de croyance pour maintenir une pensée raisonnable (et raisonnant) conjointement à un doute général profondément enraciné est chose vraisemblable. Celui-là ne peut connaître qu'au pire les affres du doute, au mieux l'égale indifférence, le bonheur (entendu comme béatitude, comme sentiment positif) lui est totalement interdit. Il ne pourra devenir heureux que lorsqu'il aura érigé son propre doute en croyance à laquelle se conformer, comme l'ont fait les sceptiques de la Grèce antique.

Le bonheur est la récompense des croyants.

Croyance / Incroyance

La croyance est un prérequis nécessaire à la pensée et par extension à l'homme. En effet, la pensée raisonnée ( qui va au-delà de la simple taxinomie) a besoin d'un socle pour se déployer, elle doit reposer sur un épistémè et donc sur des axiomes (qui par définition sont des croyances). Etant par essence discursive, elle se sert dans un premier temps du langage. On peut se plaire à imaginer une pensée non croyante basée sur le langage, seulement, n'étant soutenue par aucune structure logique, elle ne serait que chaos. Le raisonnement étant une chaîne de causalités, il est difficile de le concevoir là où toute cause de départ est perpétuellement reniée. La première marche de l'escalier s'effritant à peine posée, il est impossible d'aller plus loin.

Tout raisonnement requiert une croyance, même éphémère. L'Histoire humaine a déjà vu l'incarnation d'une telle pensée chez les sceptiques: les croyances chez eux étaient certes sans cesse remises en question mais existaient malgré tout le temps d'une démonstration. La vraie incroyance absolue est envisageable seulement en tant que négation de la pensée.

dimanche 15 janvier 2012

Homme: qui danse sur le chaos

La nature est ordonnée. Du moins selon le jugement humain passé au filtre de ses connaissances. Mais plus ces connaissances s'approfondissent et plus l'ordre que l'homme a cru voir en la nature apparaît fortuit ou désordonné. Il s'agirait tout au plus d'un équilibre permis par l'étroitesse de l'observation. L'univers ne serait alors que chaos, son ordre étant une pure construction de l'esprit humain. L'homme pour comprendre a besoin de briques, d'unités de connaissance qu'il va pouvoir relier par des liens logique afin de donner forme et unité à l'ensemble des connaissances. Ces briques vont de la plus simple (les axiomes) à la plus complexe. Seulement ce qui apparaît clairement c'est l'arbitrarité de ces unités de connaissance. En effet, sans celles-ci, aucun édifice intellectuel ne pourrait voir le jour, elle sont la base, le fondement de la pensée humaine. Elles sont le sol que l'homme place sous ses pieds afin de pouvoir avancer. Or les axiomes précisément reposent sur du vide. Ce qui les fait tenir? La croyance. Seule la croyance de l'homme lui permet de poser des axiomes qui par définition ne sont aucunement démontrables. C'est grâce à ces croyances que l'humain bâtit son empire (on pourrait comparer cet édifice au langage) envers et contre tout. L'ironie du sort veut qu'à partir de pures croyances (les axiomes), l'homme arrive à trier entre ce qui est vrai et faux car ce sont les axiomes qui vont donner naissance à toute une série de raisonnements alambiqués servant à expliquer, à prouver, à infirmer. L'homme bâtit son empire au milieu du chaos.

Mais qu'adviendrait-il de lui s'il n'agissait pas de la sorte? Il n'existerait tout simplement pas. La pensée ne serait pas permise, le langage encore moins (s'il est encore possible de dissocier les deux). Il semblerait donc que la croyance soit consubstantielle à l'homme, elle en formerait son essence. Ceci pourrait justifier le profond malaise qu'il éprouve lorsqu'il est face à l'absurde, ce dernier étant la confrontation entre le royaume humain et l'univers en soi (la chose en soi). On ne peut lui retirer ses croyances sans lui retirer la raison ou même la vie. Dorénavant, lorsqu'on me demandera ce qu'est l'homme, je répondrai ceci: une croyance...

mardi 10 janvier 2012

Monologue

Je fais les dialogues tout seul dans ma tête. C'est marrant ça, comme j'aime me parler à moi-même, peut-être plus qu'à n'importe qui d'autre. Surtout là, quand je m'ennuie de ma fainéantise, qu'elle se confronte à mes aspirations de grandeur, de chefs d'oeuvre artistiques. C'était probablement pour ça le virtuel: la puissance illimitée, infinie, le déclic instantané de l'automatisme qui cache l'immense travail, la liste interminable d'actes insignifiants. J'ai du mal à dormir les soirs de presque pleine lune. Allez savoir pourquoi? J'attends ma femme, heureusement qu'elle est là, les jours où je ne me supporte plus. Je suis un artiste de la vie peut-être, c'est donc ça mon talent! Il me suffit de vivre et puis l'art naît, de chacun de mes gestes, de chacun de mes choix. Mon chemin dans le néant possède sa propre douceur un peu folle. La beauté mystérieuse de ce qui n'a pas de sens. Les autres ont une direction, il semblerait en tout cas. J'aime à croire que je ne suis pas comme eux, un électron libre dans leur immense jeu universel. Et des mots à n'en plus finir qui sortent de mon âme, qui jaillissent du bout de mes doigts mais jamais ne forment une oeuvre, trop fatigués pour ça, trop satisfaits aussi. Une oeuvre... Pour quoi faire? Mais c'est ça l'oeuvre, toutes ces pensées, ces étincelles qui jaillissent de l'ombre. L'esprit, réacteur d'énergie. La conscience, méta-énergie qui s'observe dans le silence du langage. Parce qu'au final c'est ça que l'on est, une forme d'énergie particulière. Qu'est-ce qui nous meut? Qu'est-ce qui nous fait penser? Alors que sont donc nos pensées si ce n'est de l'énergie? Notre conscience, notre langage et tout ce qui nous caractérise et nous permet d'être au sens cartésien, tout cela c'est un jeu d'énergie dont les règles nous échappent. On appelle cela le chaos. Parce qu'on ne sait même pas ce qu'on est. Si de l'énergie! D'accord mais c'est quoi l'énergie? J'avais posé la question à ma prof de physique au collège pendant un cours sur les circuits électriques. Elle n'en finissait plus de nous abreuver de notions ineptes, je ne comprenais rien parce qu'il n'y avait pas de fondement à ses propos. L’électricité oui mais c'est quoi? De l'énergie, d'accord. Et l'énergie c'est quoi madame? On ne sait pas... J'avais décidé à cet instant de l'inutilité totale de la professeur ainsi que de son cours. Incapables tout deux de m'apprendre la seule chose intéressante de leur matière, la réponse à toutes les questions qu'ils développent en long en large et en travers.

Devenir un professeur moi? Et pour enseigner quoi? Les mêmes sornettes? Apprendre aux futurs hommes à continuer à jouer avec ce qu'ils ne comprennent pas tout en étant convaincu qu'ils maîtrisent? Qu'ils savent ce qu'ils font? Professeur de chaos à la limite je veux bien. On parlerait avec les élèves et je ne leur dirais jamais qu'ils ont tort. De toute façon il n'y a pas de pensée juste, d'idées plus proches de la vérité que d'autres puisqu'il n'y a pas de vérité. Alors on exposerait chacun nos opinions, jusqu'à l'absurde. Jusqu'à ce que celui-ci nous frappe de plein fouet et qu'enfin alors nous acceptions de perdre toutes nos croyances, ou du moins qu'on les voit comme telles. Alors j'aurais l'impression d'être un professeur "utile". Un professeur qui apprend qu'on ne peut rien apprendre, qu'on peut juste avancer mais que reculer est aussi une manière d'avancer qui n'a pas moins de valeur. Un professeur qui montre son chemin et qui observe ceux de ses élèves en leur disant que tout ce qui compte, peut-être (toujours peut-être car on n'est sûr de rien, peut-être), c'est de mettre un pied devant l'autre et ne pas regretter. Il n'y a rien à regretter de toute manière pour un aveugle qui avance car il n'y a rien à prévoir, rien à anticiper. Tout ça c'est bon pour les professeurs de physique, de mathématiques, de biologie, tous ces techniciens ignorant tout de leur terrain de jeu.

Professeur de chaos, une belle idée, comme toutes les autres...

Portrait

Rouge et noir; et bleu comme l'océan et puis toutes les autres couleurs aussi puisqu'une seule ne te suffit pas...
Bateau aussi, comme ta prose, comme ta risible poésie. Tes tentatives, tes échecs programmés.
Bancal comme le début de tes phrases.
Abrupte comme leur fin.
Indécis comme ton esprit plein de détours.
Torturé comme certains t'appellent...
Lâche comme d'autres peuvent penser.
Inexistant, c'est ce que tu voudrais être parce que ça t'arrangerais bien.
Utopique comme tes idées.
Puéril comme ton comportement.
Mais acharné, à poursuivre ses utopies.
Et pourtant résigné à les laisser courir en les abandonnant à leur sort.
Apostat, c'est le mot que tu cherchais.
Persévérant? Je ne crois pas, à moins que le caractère fugace entre dans la définition du mot...
Buté, têtu ça irait mieux.
Insatisfaits, s'applique à tes désirs.
Raté? Comme toi, comme ta vie?
Incapable de transformer les rêves en réalité.
Contemplateur mais le mot est trop mélioratif.
Spectateur illustre mieux ta personne.
Velléitaire, c'est ce qui te donne les impulsions de départ, ce qui donne aux gens à croire en toi.
Décevant par la suite, quand tout le monde s'aperçoit que les promesses se sont perdues dans le désert.
Sociopathe puisque les gens t'empêchent de croire en tes mensonges.
Crédule oui, comme un homme qui a peur,  qui cherche sa religion...
Terrorisé? Ce n'est plus vrai depuis que tu as appris à danser sur le vide.
Vivant... Oui, pour l'instant, pour ce que ça compte...
Conscient, encore et toujours.
Voyageur, sans destination connue et sans obligation.
Solitaire parce qu'incompréhensible, invivable pour les autres.
Reconnaissant toutefois de leur existence, de leur inspiration.
Amoureux aussi de leur altérité.
Attentif au sens que l'on confère aux choses.
Assidu, comme un bon élève de la vie.
Curieux de tout, de toutes les vies possibles.
Inoffensif car tu es transparent, tu ne caches pas tes intentions.
Honnête sur ce dont tu as conscience et pour le reste...
Heureux enfin, des paysages traversés, et de ceux à venir...

lundi 9 janvier 2012

Dialogue

Je rappelle que ces textes n'ont pas pour vocation d'être une transcription de la réalité mais sont des fictions. Toute ressemblance avec des personnes ou des situations connues est purement fortuite.

À rien, ça ne sert à rien...
Mais tout ça voyons, tes conneries, tes rêves de gamins, tes expériences avortées, tes histoires!
Ah bon et bien pourquoi tu continues alors, puisque toi-même le reconnais?
Oh toujours tes grands mots! Ça, pour l'emphase tu es fort, y a pas à dire! T'en veux une de vérité? T'es un fainéant, un bon à rien, un parasite!
Et tu te laisses traiter comme ça sans réagir? Parce qu'en plus tu n'as aucun ego?
Monsieur se targue d'être différent, au-dessus du lot c'est ça?
Mais tu ne vois pas que toutes tes conneries c'est une manière de déguiser ta fatuité.
Ouais et ben peut-être qu'au lieu de te regarder le nombril, tu devrais te prendre en main. Te révolter, t'activer un peu, devenir un homme!
Ah bon? Pourquoi, donne-la moi ta définition de l'homme puisque tu es si savant.
C'est sûr c'est plus facile comme ça, on exclue personne hein? Je vais te le dire ce que c'est un homme pour moi et la plupart des gens sur cette planète: quelqu'un qui se lève pour travailler, quelqu'un qui nourrit une famille, quelqu'un de courageux!
Ah ça, je ne t'avais pas attendu pour le savoir! Et tu en es fier en plus?
Heureusement, de toute façon je ne vois pas bien de quoi tu pourrais être fier, non mais regarde-toi un peu... Tu m'écoeures.
Et moi, j'ai demandé à devoir m'occuper d'un gamin?
Ah oui, tu veux que je partes pour de bon, tu veux savoir ce que ça fait?
Et tu feras quoi après? Tu vas faire quoi de ta vie, nourrir tes illusions de demi-mesures, d'hésitations et de chemins à peine empruntés?
Tu as raison. Ça ne me regarde pas. Ça ne me regarde plus désormais...

mercredi 4 janvier 2012

Mon cadeau

J'aimerais essayer de donner une idée de la tendresse à travers les mots que j'emploie. Cette idée, je préférerais pouvoir la peindre ou mieux te la jouer avec de la musique. Seulement si l'art est un exercice par lequel l'homme se conforme à une partie de son corps ou à un instrument afin de (mieux?) s'exprimer, je n'ai pas beaucoup pratiqué ces deux arts... Moi, la seule chose que je sache peu ou prou manier, c'est la plume comme ils disent et je m'y tiens tant que le goût me le permettra. Tu pourrais bien d'ailleurs devenir une raison pour ne pas abandonner, pour conformer encore et toujours mon esprit à la dimension du langage.

Bien sûr je n'ai pas la virtuosité d'un Camus ou d'un poète tel que Supervielle mais je t'offre ce que mes mains auront pu faire de mieux avec les outils qu'elles connaissent. Je souhaiterais tellement que le média utilisé devienne transparent à tes yeux pour que ne subsiste que ma volonté première, mon sentiment de tendresse. Puisses-tu ressentir chaque signe comme une caresse faite à ton être de grâce, aérien et tellement pur. Je ne t'ai pas offert de cadeau à Noël comme c'est pourtant la coutume ici-bas alors quoi de plus beau qu'un humain déposant naïvement un sentiment au pied de son prochain, dans un élan d'amour comme ils disent ici. Mais j'insiste, un élan maîtrisé, dénué de fougue et de passion irréfléchie. Non il s'agit bien ici plutôt d'une mélodie continue dont les vibrations parcourent l'air avec douceur et régularité, comme les battements d'un coeur serein qui jamais ne s'affole.

Si j'en avais le talent, je formerai mes mots pour qu'ils décousent ma peau juste à l'endroit supposée de l'âme. Que tu puisses voir un peu ce qui se passe là-dedans, en coulisse, derrière les rideaux. Tu ne devrais pas être surprise de ce que tes yeux apercevraient alors puisque toute ma volonté t'a déjà transmis bien des fois le spectacle de la vérité nue de mes pensées à ton égard. Il n'est pas nécessaire que je relate maladroitement ce que toi et moi savons pertinemment, ce qu'un regard convoie bien mieux de révélation d'un esprit à un autre. Tu le vois bien, je n'exprime ici que des souhaits que ma condition m'empêche de réaliser. Alors si l'intention compte réellement plus que le résultat, je ne doute pas que tu sauras cueillir le fruit de ma volonté.

Me faut-il insister sur ce que je sais impossible à quelqu'un comme moi? Peut-être n'ai-je pas suffisamment insisté dans ma vie et je suis prêt à franchir le pas pour toi, à porter mes efforts, un peu plus loin, juste encore un peu plus haut que moi-même. Il y a des choses qui ne naissent que du repos et du calme, c'est en tout cas ma conception d'une éventuelle "vérité". Probablement souffré-je d'une pathologie sociale me poussant à rechercher la solitude pour être près des autres. C'est pourquoi j'en profite pour bégayer vers toi ce qu'il y a de plus ancré en moi. Une manière qu'a mon âme de s'incliner vers toi pour t'entendre chanter. Parce que le murmure de la tienne agit sur mon être comme la plus douce des symphonies, d'une certaine manière elle me lie à ton existence. Je regarde alors fasciné la beauté éclore en toi, conjointement à cette forme de gentillesse dont tu es l'unique dépositaire, cette gentillesse pure et cristalline, d'un genre de vertu antérieure au pêché originel. Mes yeux se posent sur tout ce qui t'entoure et qui s'imprègne fatalement de toi, ils sont alors émerveillés par tout ce qu'ils voient. Si j'étais chat et possédais la douceur du félin, je crois que toute ma personne ferait entendre un sourd ronron qui s'enroulerait à toi. Je mesurerais ma douceur à la tienne pour perdre et re-perdre cent fois. Vaincu par tant d'humanité que le temps semble avoir oublié de soumettre à l'érosion et à l'usure.

D'ailleurs cela peut faire sourire mais ton nom pourrait probablement remplacer ce long discours car il illustre peut-être mieux, en tout cas à merveille, ce que m'inspire ta personne et ta proximité. Tu possèdes la fraîcheur de ce qui vient à peine d'être mis au monde, ignorant encore tout des créations de l'homme, par delà bien et mal. S'il pouvait seulement, cet homme, imiter la nature qui lorsque l'aurore se lève, chasse alors les sinistres ténèbres. Heureusement mon coeur, lui, se plie toujours à cette tradition. Merci d'illuminer de tes rayons mon ciel parfois obscur.

Réflexions sur le bonheur

On confond trop souvent le bonheur avec ce qui le conditionne, avec ses causes contingentes, par synecdoque. Le bonheur n'est pas un objet (au sens large), il est précisément un sentiment, un état de conscience. Dit-on de la tristesse qu'elle est le décès d'un être aimé?

Plus un homme est raffiné et éduqué, plus il a besoin d'aliments variés pour entretenir son sentiment de bonheur. L'éducation suppose un bonheur coûteux et exigeant, c'est peut-être pour cela que d'aucuns voient en elle une source de complication inutile. Mais ceux-là ne confondent-ils pas le bonheur avec la joie?

D'ailleurs, le bonheur est-il simplement le pendant sentimental de l'émotion de joie?

Dans cette hypothèse, la joie ainsi digérée et domptée par la conscience fait passer l'homme d'un état d'excitation (d'émotivité) à un état de sérénité et de calme victorieux: le sentiment de bonheur (pour comprendre la distinction opérée entre émotion et sentiment, se référer au texte intitulé "Contre une thèse de la naturalité des sentiments").

La tristesse, donc une émotion négative au sens spinozien, peut-elle amener à un sentiment de bonheur? Comment? Sera-ce par la simple acceptation consciente telle que l'acceptation stoïcienne? Peut-on confondre cette acceptation avec le bonheur? Par ailleurs, y-a-t-il dans le bonheur autre chose que l'acceptation? Comme une part de satisfaction de sa personne?

Cette dernière question conduit à s'interroger sur la possible occurrence d'une éventuelle satisfaction, et par extension du bonheur, sans l'existence de la croyance? Car être satisfait, c'est être conforme, semble-t-il, à une image que l'on se fait du bien. Il faut donc croire au bien et donc en des valeurs afin de connaître le sentiment de satisfaction.

Par conséquent, le bonheur est-il un sentiment 'réel' fondé sur l'illusion humaine, sur la croyance?

Les croyances sont consubstantielles à l'acception philosophique actuelle de la notion d'homme. En effet, l'homme est le fruit d'une éducation qui elle-même est la conséquence d'une ou de multiples croyances: on éduque parce qu'on croit en les vertus de l'éducation, en son effet bénéfique sur l'homme et donc en une gradation de valeurs allant du mal au bien. Pour illustrer une des principales causes de la pratique éducative en un langage plus mathématique, nous pourrions dire:

homme > animal; homme inéduqué (=) animal => homme éduqué > homme inéduqué.

Par conséquent, le bonheur est-il l'état de l'homme qui croit et parvient à conformer son être ( au moins sa direction) et le monde à ses croyances?


Le bonheur des philosophes est-il une religion comme une autre?


Enfin que serait un homme sans croyance? Et serait-il d'ailleurs toujours un homme?

Aphorismes, suite...

L'éternité, contrairement à l'immortalité, se passe de témoins.

Le réel n'a que faire de nos consciences.

La vérité est peut-être une affaire de croyance.

La solitude rend patient envers les hommes.

L'indécis qui souhaiterait ne jamais faire de choix afin de laisser ouvert à lui tout le champ des possibles et voudrait (illusoirement) vivre tous les choix, celui-là qui croit atteindre l'unité, ne tend alors qu'à diviser son être, encore et encore...

On confond trop souvent le bonheur avec ce qui le conditionne, avec ses causes contingentes, par synecdoque. Le bonheur n'est pas un objet (au sens large), il est précisément un sentiment, un état de conscience. Dit-on de la tristesse qu'elle est le décès d'un être aimé?

Notre monde intérieur, comme pour une maison, doit être aéré si l'on ne veut pas respirer un air vicié.

Plus un homme est raffiné et éduqué, plus il a besoin d'aliments variés pour entretenir son sentiment de bonheur.

L'éducation suppose un bonheur coûteux et exigeant, c'est peut-être pour cela que d'aucuns voient en elle une source de complication inutile.

Le bonheur des philosophes est une religion comme une autre.

Les autres sont aussi la mémoire que l'on perd.

lundi 2 janvier 2012

Votre ombre

Ô la miraculeuse révélation face à laquelle nos pauvres têtes s'inclinent en signe de révérence courtoise et passionnée: je n'ai aucun style. Ou plutôt devrais-je dire que j'ai tous les styles. Que dois-je conclure de cette éclatante vérité à l'odeur d'excrément si ce n'est que l'écriture n'est et ne sera jamais qu'un jeu pour ma personne éplorée. Tout est affaire, et cela semble être le cas dans tous les domaines connus de l'auteur, de rôle et de virtuosité à ne pas prendre ce dernier au sérieux. Ironiser! C'est donc avec l'âme toute ironique que je m'en vais réaliser ma parfaite métempsycose, parfaite car il n'est nullement attendu que je meure afin de m'incarner dans une autre personne. Sacrilège! Aurais-je donc défié les dieux pour en arriver là? Mais qui suis-je pour oser écrire ainsi, comme on vit une individualité quelconque, en en revêtant le costume, les mimiques, les gestes et jusqu'au passé.

Bref nous voici donc confronté à l'odieuse vérité qui par ailleurs comme toute vérité n'en est plus une une fois prononcée. Serions-nous donc confronté à du vide? En quelque sorte oui, du vide à combler de mille manières différentes, d'une myriades de vies insignifiantes que seuls le signe écrit saura réveiller, incarner et rendre à l'inaltérable absurdité de la vie. Vers quel point faut-il donc se diriger dorénavant? Quel horizon doit-on assaillir de nos pas pressés? Serait-il pertinent de se faire payer par des étudiants pour rédiger leur copie à leur place? Embrasser l'édifiant métier d'écrivain public? Se cacher dans l'ombre et devenir un nègre? Autant d'avenirs que l'on peut résumer par le terme suivant: prostitution littéraire! Devrais-je donc annoncer fièrement à mes parents, un stylo sur l'oreille, que leur fils va devenir un péripatéticien des lettres, un sans visage, un sans nom? Existe-t-il une autre alternative consistant en la continuité d'une activité d'écriture purement ludique et sans autre prétention? L'arrêt définitif de tout glissement de mine sur la douce peau du papier blanc (dit-il tapant sur son clavier)?

Mais oui! C'est cela! Le pastiche, la faribole, la boutade! Tu deviendras journaliste mon fils, dans un journal excrémentiel, tu pondras des lignes de blagues acerbes sur un ton ironique et acidulé pour te moquer de tout et de tous. Tu seras un fouille-merde, payé à la lettre. Un critique d'élite, prompt à fustiger tout ce qu'il n'aura jamais le talent de faire. Un sombre individu méprisable et honni de tous à part de la pire engeance qui soit, je veux parler de cette caste d'aristocrates parisiens autoproclamés, de ces petits arrivistes détestables, ces valets de l'argent. Eux sauront apprécier ton verbe délié qui fait mouche et s'immisce dans les plus profondes bassesses humaines afin de faire suinter le sang de l'innocent, et bientôt tous viendront s'abreuver à la mare de la pureté qu'ils ont perdu, prolongeant ainsi leur misérable existence de parasites. Lorsque la haute société parisienne t'apprécie, il est généralement temps de sauter du douzième étage pour tester l'élasticité de ton ossature et par la même occasion, la résilience du béton de la rue.

À moins qu'il n'existe un écrivain de génie encore inconnu de tous, un oublié à qui voler l'identité? Voyez dans quelles extrémités cette épouvantable situation me pousse! Je ne sais que faire si ce n'est mon deuil. Il me faudra me vendre à ces rapaces ou bien tuer mon identité littéraire, qui rappelons-le n'a jamais existé. Je pourrais par un artifice non dénué d'impertinence former un surnom composé de tous les noms d'auteurs que je vais imiter? Si je m'en tiens à mes favoris du moment, cela donne: Ccbc... On a connu plus vendeur. Mais qu'à cela ne tienne, il faut que j'élargisse mon répertoire, que je trouve des auteurs dont le nom débute par une voyelle et non une consonne. Aragon, Asimov, Eluard? Aller je réessaye: Cacabec... Caca Bec. Original, on reste dans le domaine du fécal pour un individu qui peut s'apparenter à une merde c'est dans le ton. Ou bien en changeant l'ordre: Baca Cec. Un petit côté pays de l'est qui peut connaître son heure de gloire. Aller n'insistons pas... Tu vois bien que c'est ridicule, qu'il n'y a rien à faire à part continuer de ne pas être? Si ce n'est une ombre, l'ombre des grands qui se serait égarée dans le monde de la chair, avec huit ans d'âge mental et qui ne penserait qu'à jouer avec la seule chose qu'elle ait jamais connu: les mots.

Ces idées m'entraînent jusqu'à la logorrhée ou plutôt devrais-je employer le terme d'idiorrhée, mais il me semble que le bât blesse question étymologie et que je viens à l'instant de révéler au monde mon insondable inculture de béotien, mon prosaïsme atterrant. Cette péroraison n'ayant potentiellement pas de fin, je me vois dans l'obligation d'abandonner mon lectorat à sa vie trépidante. Je cesse d'écrire pour le moment. Je recevrais avec grand plaisir vos lettres de soutiens ou d'insultes mais surtout vos suggestions sur l'identité à adopter. N'étant aujourd'hui personne, je cherche désespérément une coquille humaine à habiter, une âme autrement dit, un style. M'inclinant bien bas, je vous attend, patiemment, baignant dans mon désespoir intime parmi les alphabets qui n'ont pas vu le jour, les langues ratées et les détritus de mots.

Bien à vous, votre ombre.

dimanche 1 janvier 2012

Pensée du jour

L'indécis qui souhaiterait ne jamais faire de choix afin de laisser ouvert à lui tout le champ des possibles et voudrait (illusoirement) vivre tous les choix, celui-là qui croit atteindre ainsi l'unité, ne tend alors qu'à diviser son être encore et encore.

Le temps du temps

Savoir que tu existes quelque part est ce qui fait taire l'angoisse en moi.
Mes nuits ratées et mes amours de gare ne m'offrent plus aucun émoi.

Tu es vivante et je suis mort déjà,
Parti au loin mais revenu cent fois.

Ton corps de femme à l'humeur si féline
A déchiré mon coeur un soir de bruine.
Ta grâce silencieuse s'imprime su ma rétine,
Mon âme s'ébroue puis à ton coeur s'incline.

Bien sûr je fus avant de t'être
Ce n'était qu'abus et vil paraître.
Maintenant je le sais, j'en suis conscient,
Mon amour c'est toi le temps du temps.