lundi 24 octobre 2011

Liberté

La vie a bien des manières de s'amuser de nos pantins... L'attente interminable qui rend aveugle au présent et crée l'angoisse. On est angoissé lorsqu'on a placé une part de soi dans un ailleurs inconnu.

Qu'ai-je fait moi pauvre homme banal sinon que donner à l'altérité une chance d'épouser ma substance. Et cette altérité qui lutte pour se défaire de moi, comme un corps étranger synonyme de danger.

Je voudrais taire l'angoisse de ne plus te connaître, la peur que ton langage me soit devenu abscons...

Il est des parts de toi qui me parlent d'éternité, un fragment de ma vie perdu là, dans ta nuit.

Par ton nom j'ai connu ce que l'homme n'avait fait que rêver:

Un peu de l'absolu que confère l'unité...

Deux âmes s'enlacent dans cette voie lactée qui tourne...

Puis s'arrêtent un instant,  le temps de décider.

Qui instaure le chaos?

C'est l'homme encore, ne sachant que faire de trop de liberté...

dimanche 23 octobre 2011

L'amour, le couple, les vaches...

Je ne saurais, malgré toute ma vanité, fournir une définition satisfaisante de l'amour et pour cette raison je m'abstiendrais de qualifier les propos qui vont suivre de "définition". Ce que je vais donner s'apparente plus à des observations, des hypothèses et des questionnements.

La mode, depuis toujours semble-t-il, est à l'amour. On nous abreuve d'idées reçues, de principes et de stéréotypes à son sujet et ce à tel point que nous avons tous construit autour de ces opinions sur l'amour, notre propre idéal, notre propre définition qui s'érige presque alors comme un carcan. Cet idéal fantasmé, basé sur le vide des réponses temporaires que les hommes ont bien pu formuler face à leurs doutes intérieurs, nous faisons tout pour le légitimer, pour le consolider de nos propres assertions, de notre expérience, nous tentons de nous l'approprier. Et qui suis-je pour critiquer cette tendance humaine, moi qui en subit l'influence comme tout un chacun. Loin de m'en exempter, je voudrais ici l'éclairer de mes réflexions, offrir ma perspective actuelle (et donc forcément temporaire et à nuancer) sur ce fait.

L'homme n'aime pas rester dans le doute, c'est une position inconfortable. Elle l'est car le doute sépare notre être de son présent, il sépare l'esprit de l'action: le corps effectue une action et donc un choix lors même que l'âme ne cesse de tanguer, de parcourir un choix puis de rebrousser chemin pour tâter d'un autre terrain, créant ainsi un schisme dangereux chez l'individu tout entier qui ne vit plus ses actes. Le doute rend faible puisqu'il fait croire à l'homme qu'il perd son temps, il lui fait chercher une réponse, une vérité qui lui serait donnée hors de lui, ouvrant la voie vers le succès, une réussite assurée. Face au doute, on cherche ainsi à se protéger par des réponses qui fatalement ne peuvent être que des opinions, ou des vérités individuelles, inscrite dans une temporalité bien définie. Pour ne plus regretter, ni fantasmer une autre vie, l'homme a besoin de balayer ses doutes car confronté à ce dernier, nous sommes absolument libres, face à des réponses, nous sommes cadrés et soumis. Ce n'est pas un sentiment nouveau chez l'homme que ce désir de soumission et cette crainte d'une liberté trop grande, le laissant seul maître de son destin. Nous avons assouvis ce désir dans toutes nos croyances, quelles qu'elles soient. Ce que nous nommons vérité n'est d'ailleurs rien d'autre qu'une forme de croyance un peu plus subtile que les autres. La seule chose qui la différencie des autres croyances, c'est qu'elle est effective, qu'elle possède une application vérifiable et reproductible. Il pouvait peut-être paraître vrai aux contemporains de Galilée que la Terre soit plate, puisque cela semblait correspondre avec une certaine réalité vérifiable et reproductible avec les moyens d'antan. Il peut paraître évident à l'homme d'aujourd'hui que la Terre soit ronde puisqu'il a pu s'en extraire et faire correspondre cette vérité avec une certaine réalité plus moderne, aux moyens plus "évolués". Qu'en sera-t-il de l'homme qui viendra, dans dix milliers d'années, quand nos yeux continueront leur ascension, nos outils nous découvrant une réalité autre?

Comment vivre sans certitude? C'est cela que mes propres croyances actuelles me poussent à nommer sagesse. Vouloir plaquer des réponses figées sur nos doutes en ébullition est certainement un leurre et pourtant cela semble plus confortable à beaucoup d'entre nous. Tout comme d'aucuns trouvent plus simple d'être heureux sans se poser de questions, dans une sorte d'inconscience animale...

Débarrassons-nous un peu de notre confort et confrontons-nous à nos doutes. Que savons-nous donc de l'amour? Hormis les idées reçues, en essayant au mieux de se baser sur notre propre expérience et d'en dégager la sagesse qui  y sommeille. Nous ne savons pas grand chose, nous l'avons vécu à notre manière voilà tout, dans un mélange hétérogène de croyances, d'espérances, de craintes et d'originalité. L'amour humain étant un sentiment et donc un artifice, nous est enseigné d'une certaine manière par la culture. Toutefois, à l'intérieur de celle-ci, nous intégrons notre part de chaos et d'originalité faisant de ce concept une expérience unique aux spécificités propre. Tout comme notre idiosyncrasie naît d'abord des stéréotypes véhiculés par la société avant de se colorer vers une unicité toujours plus prononcée, nous vivons l'amour d'abord dans les frontières imposées par les acceptions en cours de notre culture avant de grandir pour s'affranchir de ces limites et se retrouver seul face à l'infinité des possibles. Pour ceux qui résident dans les limites que d'autres ont fixées pour eux, point de doute, l'amour est chose nette et sans équivoque. Tout ce qui sort du cadre n'en est plus, leur histoire d'amour ressemblera désespérément à toutes les autres, toutes celles qui ont nourris l'existence d'un tel sentiment en eux-mêmes. Pour les autres, s'en vient l'errance et la valse des questions. Les autres devront inventer leur amour et s’accommoder de leurs interrogations sans réponses auxquelles se soumettre. Ils devront assumer seuls leur originalité, ils devront vivre leurs choix.

Ceux-là sont les vrais découvreurs partant à la découverte d'eux-mêmes et de leur moitié. Ceux-là seuls sont libres et devront affronter avec sagesse le doute inhérent à toute conscience.

Ainsi donc notre époque et notre culture occidentale nous enseigne que l'amour s'accompagne de la vie en couple ainsi que de la fondation d'une famille. Les apprentis amoureux de tous poils se lançant alors à corps perdus dans cette aventure aux contours déjà tracés par les générations précédentes et actuelles. Cependant l'identité propre à chacun n'entrant pas forcément dans les moules préconçus, l'identité propre au couple constitué de deux individualités (par définition) originales débordera probablement dans une plus ou moins grande mesure de ces cadres théoriques censés nous guider.

Après des milliers d'années de philosophie où l'homme a tenté de comprendre de quoi était fait le bonheur individuel, voici peut-être un des plus grands défis de la philosophie moderne: comprendre autant que possible le bonheur à deux. Vivre à deux est une énigme pour qui expérimente cette réalité et les réponses valables pour d'autres s'avèrent parfois bien mauvaises conseillères pour certains.

Vivre en couple c'est se confronter à plus de doutes que l'on n'aurait jamais eu en restant seul, c'est chercher un équilibre  avec un inconnu dans la balance. Les équilibres d'un temps n'ont pas vocation à s'éterniser et il faut bien vite apprendre à entretenir un bonheur qui, tel l'individu, évolue sans cesse. Les couples qui durent n'ont pas, contrairement aux idées reçues, un bonheur linéaire qu'aucun nuage ne viendrait assombrir. L'amour lui-même n'est pas une constante connue et si croissance peut engendrer déclin, la réciproque est vraie aussi. Le couple est avant tout un choix qui n'est pas exempt de doutes. Ceux qui avancent à deux le font certainement sous une averse d'interrogations,et ce notamment lorsqu'ils s'aperçoivent que les idées reçues n'ont pas valeur de vérité universelle. Pour que le couple perdure, il faut vivre ses choix malgré les craintes. Il faut cesser d'écarteler son être entre une conscience pleine de remords quant aux autres voies possibles, et un corps ancré dans une réalité propre à un choix opéré à un moment déterminé. On ne peut sans souffrir, s'engager dans un processus et vouloir vivre tous les autres à la fois. Vivre le couple est une découverte et signifie fouler des terres vierges, des terrains auxquels il faudra adapter son pas tout en respectant le rythme de l'être aimé.

Vivre en couple c'est aussi peut-être respecter la part de solitude qu'il y a en chaque être. Etre heureux en couple c'est peut-être assumer des choix et un équilibre original sans souffrir sans cesse la comparaison avec des idéaux préconçus forcément fictifs. Personne n'a vécu l'idéal, nous en sommes tous une incarnation qui s'en est plus ou moins éloignée. Mais le couple le plus sage est probablement celui qui ne se repose pas sur des idées éternelles mais sur le renouvellement constant d'une réalité mouvante à laquelle il fera face en duo, sans se départir de l'identité individuelle propre à chacun des membres.

L'heure des bilans

Il faut le dire: je ne sais qui je suis.

Je me suis éparpillé au gré des autres, souhaitant leur ressembler, souhaitant leur plaire. Mais ce n'est plus moi qui écrit, j'ai prêté ma main à d'autres voix et l'association ne fonctionne pas.

Comment fait-on pour se perdre ainsi? C'est probablement à force de vouloir plaire aux gens, qu'on se débarrasse de ce qu'on a de différent. On essaye tous à un moment, de rentrer dans le moule et d'y trouver sa place.

Aujourd'hui si je ne sais plus écrire, c'est que je n'ai plus de pensée. Ainsi je peint ma dépouille, adorant un souvenir. On ne revient pas d'entre les morts mais si je persiste à écrire c'est que mon être réside encore dans quelque endroit du monde. Mon âme endormie devra un jour se réveiller et se mettre à genoux dans une analepse douloureuse dont surgira enfin le rythme: ce doux mouvement de la vie.

mardi 18 octobre 2011

Le navire

Le bateau s'en va, et moi qui reste à la traîne, de m'être trop cherché dans les remous de la mer...
Lui s'avance, dans les brouillards et le froid de l'hiver, toujours vers plus de clarté.
Que suis-je donc sur mes vagues abandonné, adorant une image de plus en plus altérée?
Le navire est parti et moi je suis resté.

Ici le bruit m'assourdi et m'empêche même d'entendre l'écho de mon coeur.
Mes pensées sont lointaines, dispersées parmi les mouettes, dans les voiles du silence.
Il ne fallait pas regarder trop longtemps le décor.
La vie s'évade, continue son voyage, loin si loin de mon vieux port.

Là-bas, du haut de ce mat, j'ai parlé aux formes de l'Un, aux essences de nos êtres.
Là-bas se dévoilait un peu dans de brèves fulgurances les structures de notre univers.
Dans l'écume de ce lieu, le corps s'enfonce et plonge dans l'obscurité.
Fermer les yeux, et puis ne plus respirer, revoilà mon navire voguant sur sa destinée...