mercredi 29 décembre 2010

[ Exercice de style ] Céline

Je sors de l'immeuble comme si j'allais vomir... Je respire un grand coup dans la rue bourdonnante et je m'élance vers ma deuxième prison: chez moi. Pouah! Quelle puanteur partout! Et les gens qui vous regardent de leurs yeux sales!... Chassieux... Je pourrais mettre fin à tout ça... Descendre du manège et dire stop. Mais mon père avait raison, je manque de couilles!... Voilà tout!...

J'arrive cahin-cahan à l'arrêt de bus. Une vieille rombière me fait de l'oeil. Nausée, envie de meurtre, tout me prend d'un coup! Respire un grand coup me dis-je. J'ai beau tenter, j'y arrive pas... C'est pas ma faute! C'est tous ces cons là autour de moi!... À ressasser leur misère et à la jeter sur vous! Des corniauds pareils, ça devrait être interdit!...

Heureusement le bus arrive dans un tonnerre de crissements stridents. Et tac! Un tympan en moins! C'est pour ma gueule, comme à chaque fois!... Y faut que j'me tire d'ici je me dis. Mais pour aller où?... J'me l'demande moi-même... Tellement de questions et si peu de réponses dans nos caboches... C'en serait même triste tiens! À trop y penser!...

Je monte dans le tas de ferraille... Je me fraye un passage en jouant des coudes entre les autres badauds qui bougent pas! J'arrive au fond du bus et je me tasse petit sur mon siège. Encore une demi-heure... Une demi-heure et je suis peinard pour la soirée!... Plus de morues stéatopyges qui prennent toute la place! Plus de petits roquets qui vous provoquent du regard! Plus rien!

10 minutes plus tard, j'vois 2 drôles qui montent dans le bus en dévisageant tout le monde. 2 jeunes écervelés qui pètent plus haut que leur cul... Ils se plantent en face d'un type un peu frêle, genre cannes de criquet. Je sens que ça va barder, ça sent trop le roussi pour que ça prenne pas!... Regards de biais... Messes basses... Ca va péter que j'me dis. Ben ça a pas manqué!

Un des 2 types interpelle le passager: "Et le bouffon, t'as un beau téléphone, tu m'le prêtes?". Le quidam timidement: "Merci... Mais je ne peux pas vous le prêter."
"Ah bon? et pourquoi? Tu nous traites de voleurs?"
"N...Non, c'est pas ce que je dis M..."
Paff, voilà pas que le jeune escogriffe en colle une à l'autre criquet.
Et son acolyte y va de son petit grain de sel avec des grands coups de tatane dans les côtes.
Le téléphone tombe... Un des deux gars le ramasse. Murmures d'indignation dans toute la carriole. Tout le monde reluque ses pieds comme si le sol recelait quelque mystère inconnu...

Ah elle est belle la France! Regardez moi toute cette racaille endimanchée même pas foutue de lever son cul face à 2 maroufles!... J'en peux plus des ces abrutis! J'suis pas comme eux moi!

Alors j'me lève de mon siège pour filer droit sur eux. J'avais pas vu les couteaux dans leurs mains. J'm'en fous! Faut bien mourir un jour...

Son monde

Le monde à travers les yeux de ma femme est d'une douceur féerique. Les couleurs sont laiteuses comme à l'intérieur d'un nuage. Les gens ont cette légère odeur du linge propre et quelques plumes blanches, immaculées, s'accrochent à leurs vêtements et à leur peau.

Les nuances sont faibles, on passe du dégoût à l'adoration. Les êtres sont mignons, des petits fragments d'amour à combler et qu'elle remplit de sa tendresse parfois presque imposée. Dans ses bras toute chose vivante se sent retomber en enfance, comme bercée par un lit de parfum et de satin.

Elle fait des choses simples des oeuvres d'art à l'éclat impérissable. Chez les gens de tout poil, elle sait déterrer la part d'extraordinaire, celle que nous ne voyons pas.

Elle est un pot de miel qui jetterait sa douceur sur tout ce qui l'entoure, et tout se trouve métamorphosé par sa présence, définitivement.

Elle apprend des choses perpétuellement, elle s'étonne et se passionne, tel un enfant. Elle grandit, prend de l'ampleur, de l'assurance et il semble alors que le monde pousse avec elle.

Par elle le bonheur éclate sans interruption, il naît de son corps, de son coeur et de son âme. En elle je suis heureux et la simplicité absolue du bonheur s'empare de moi et place sur ma figure, comme sur mon être entier, un sourire béat qui fait de moi un étant accompli, une unité primordiale et indéfectible.

Son monde, c'est celui où les choses deviennent ce qu'elles sont.

Aphorismes

Toute pensée honnête est une interrogation.

Les gens qui ont peur aiment entraver les autres de leurs propres chaînes.

Il est parfois difficile de rester libre parmi les autres. En se débattant, les gens vous accrochent parfois de leurs ongles et laissent des marques brûlantes que seul le temps et la solitude apaisent.

La famille et le travail sont des aires de combat d'où l'éthique est absente.

Mon écriture ne tend pas assez vers l'absolu pour t'effleurer un tant soit peu.

La canne peut aussi bien soutenir que frapper.

Rêves d'absolu: bonheur déchu.

Ecrire c'est apprêter la pensée.

Il n'y a que dans le silence que la pensée s'exprime vraiment.

On veut, trop souvent, que l'autre nous aime à notre place.

À placer le bonheur hors de portée, on s'excuse le malheur.

Les gens que la vie fait souffrir ne discutent jamais d'elle.

L'homme n'est pas une somme d’évènements, il en est le produit.

Il faut être ses pensées pour exister.

mardi 30 novembre 2010

Pulsion

L'Histoire humaine ne serait-elle que l'histoire de l'inassouvissement sexuel?
Toute action réaction création que le fruit d'une pulsion non assouvie?

'L'intelligence' humaine n'est-elle née que de la frustration d'instincts primaires inhérents à l'espèce?

Sommes-nous si tristes que cela?

Quelle ironie en définitive, d'observer nos édifices théoriques, nos vaines tentatives d'affranchissement d'une loi naturelle omniprésente, et de se dire alors qu'ils ne sont que palliatifs, manière détournée d'atteindre un but inaccessible, animal.

L'homme serait-il ce qu'il est si son organisation sociale (et son cortège de rites, croyances et morales en tous genres) ne l'avait progressivement privé de la possibilité de copuler à volonté?

Qu'en serait-il de nous si, dés aujourd'hui, chaque individu pouvait, à tout moment, décharger ses pulsions sexuelles sans entrave aucune?

Je ne peux me résoudre à croire que nous redeviendrions alors un animal comme les autres.

Il y a une chose qui restera à jamais notre héritage et qui constituera la flamme vacillante de l'essence de l'humanité: Le langage.

Le langage représente le passage de l'homme d'une vie pure et brute à la mort. Il est un entre-deux, un chemin de traverse qui transmue notre identité profonde.

Espérons que jamais, la flamme ne s'éteigne et refasse place à la nuit de laquelle l'homme un jour est sorti pour "devenir qui il est"...

mardi 23 novembre 2010

Les jeunes

C'est la première fois que le phénomène me saisit à ce point. Etre au milieu des jeunes et ne plus faire partie de leur monde. Leurs goûts, comme leur vie, m'écoeurent. Il n'y a plus que le long abrutissement sans fin des jours de travail que l'on saupoudre de quelques médiocres divertissements. Il n'y a plus que l'humour immonde et plat de ceux qui n'en ont pas. Plus que cette musique programmée, de celle qu'on obtient en suivant la recette, de la 'fast music' à emporter voilà tout. L'art qui n'en est pas: l'industrie de l'art. De la démarche à l'oeuvre: la même absence d'humanité...

Tout me sépare d'eux dorénavant, absolument tout. Leur familiarité hypocrite, leur façon de tout faire à l'envers, de tout détruire.

J'ai été comme ça moi aussi...

dimanche 7 novembre 2010

Aphorismes 3: la vengeance

Enfer et paradis ne sont bien souvent que 2 perspectives différentes d'une seule et même 'chose'.

La justice n'est pas un spectacle.

"Vous savez ce qu'est le charme: une manière de s'entendre répondre oui sans avoir posé aucune question claire." Albert Camus

"L'appétit d'écrire enveloppe un refus de vivre." J-P. Sartre

La morale est inhérente à une époque et à une culture donnée.

Le temps crée des habitudes qui transforment en plaisir ce qui ne l'était pourtant pas au départ.

L'inspiration créatrice produit du bon comme du médiocre: il n'y a pas de génie facile.

Toute oeuvre est une construction.

La vérité est trop souvent teintée de jugement: on nomme plus facilement 'vérité' ce qui nous fait du bien.

La parole n'est PAS la pensée en action.

On ne perd que ce que l'on veut retenir.

Les pensées ne mentent pas.

Les gens catégorisent l'homme en archétypes qui sont autant de modèles pour lesquels ils pensent avoir un 'mode d'emploi'.

C'est dans le silence de l'âme que naissent les mots.

La solitude est une bénédiction pour qui voit en soi-même une chose à accomplir.

samedi 30 octobre 2010

Folie

Folie d'un jour ou d'un matin
Si tu m'étreins je ne suis plus rien
Et face à toi mon âme d'airain
Me fait défaut, point ne revient.

Où t'étais-tu donc tapie sombre harpie?
Pour effacer le jour et me peindre de nuit?

Murmure d'ombres et cris d'effroi.
Dans les décombres de ce moi
Qui n'est plus mien et me menace,
À travers toi dans mon impasse.

À quel moment m'as-tu conduit dans ton royaume
De murs étroits où les pensées sont des fantômes?

Les lois en toi se désagrègent,
Tes prisonniers s'habillent de neige,
Et tournent en rond dans ta paroisse,
Leur seule justice est leur angoisse.

Quelle verité délivres-tu aux âmes rongées
Par des vertus que seuls devinent tes invités?

Je ne veux plus voir, ni rien savoir
De tes idées, ma dulcinée...

mercredi 20 octobre 2010

Dédales

Des rues marchandes aux cris d'encens
Qui mêlent escrocs et braves gens.
Un air qu'on siffle sous une porte,
Une paire de gifles à des joues mortes.
L'éther des plans qui se côtoient
Où point ne vibre aucune voix.
Dans cette Sigil qu'on sent frustrée
Vivent les catins qu'on vient lustrer
De nos regards sortis du noir
Et qui convoient nos âmes damnées.
Une armée de crânes sur étagères
Dans un sous-sol sombre et amer.
Et cette Dame de fer forgée
Forçant les langues à se figer,
Protège d'airain cette cité
Qui tourne en l'air la tête aux pieds.
Traverse le fleuve et bois le Styx
Et vois l'immortel qui te fixe.
Sur ta peau s'écrit ta vie
Ainsi ton nom point ne s'oublie.

Dédales de pensées et destins sombres
Dédales de mots où veillent les ombres...

Mémoires d'ici

Fracture, grève, finance, violence, information, économie, terrorisme, conflit, travail, cadence, croissance, industrie, crise, gouvernement, racisme, identité, sexe, écologie, compétitivité, banques, disparition, pénurie, liberté, avenir...

Un échantillon de mon présent.

Perspectives

Différentes manières de voir et de compter aussi, ces jours qui passent et ce temps indompté qui s'enfuit.
Plusieurs perspectives, autant de tournures d'âme qu'on étire sans fin vers la rectitude impossible où nous traînent leurs rêves.
Une multitude d'états et un seul 'étant' connu: le nôtre qu'on édifie.
L'homme colore le monde avec du sens et des valeurs.
De protocole en protocole on évacue la liberté, on décèle les problèmes mais plus les solutions. Etres disgraciles dans nos actions.
Est-il utile d'enfermer ces vélléités en moi? Ces vanités foraines qui me tournent en manège? Suis-je fait pour être quelque chose ou bien pour être? Je vous le demande mais pour la forme seulement, car j'ai ma réponse à ce moment, ma vérité de l'instant.
Toujours cette plume entre les mains qui me dit que je joue à l'écrivain sans vraiment vouloir en être un... Juste un humain sortant de lui ce qui doit l'être. Il faut que ça claque dans chaque lettre! Mes mots qui giclent sont un torrent et on ne corrige pas la nature, elle s'en charge elle-même.
Me forcer à écrire? Pour accoucher d'une médiocrité langagière? De celle qui remplit déjà les rayons? Celle qui pue la survivance et le pognon? Ecrire n'est pas un métier, l'art n'est pas un métier. Tout comme la vie d'ailleurs. Je gagnerai la mienne sur vos mépris, dans vos ordures, mais pas trop quand même! Grand dieu non, la survie doit savoir rester à sa place.
Je saurais rester à la mienne puisque la mienne, la vôtre, c'est partout! On a plus les couilles de vivre voilà tout; et moi non plus d'ailleurs, ou juste un peu, en dilettante.

mercredi 13 octobre 2010

Futur éteint

Tes éclats de rire qui se plantent dans mon coeur.
Vos souvenirs communs grignotant mon présent.
Ce futur bien éteint mais qui semble vivant.
Son âme hurlante qui s'est nourrie de ta douceur.

Tracer ma route dans ton coeur embouteillé
C'est cheminer entre parole et vérité
Pourtant mes doutes n'ont qu'une envie c'est de s'enfuir
Lorsqu'ils font face à ton sourire.

dimanche 26 septembre 2010

La carte et le territoire

Le langage (tout langage) est une manière de traverser le réel, d'en lisser les contours, d'en extrapoler des modèles, autant de lois qui ne sont que des cartes grossières et approximatives d'un territoire à la profondeur insondable (pour paraphraser quelque peu Korzybski).

Le langage est à la base de la connaissance puisqu'il délimite, quadrille, généralise. Il est appropriation du réel par l'humain. L'homme vit alors à l'intérieur de ce langage qu'il a surimposé au réel: toute connaissance conscientisée ne peut exister hors du langage, or l'homme est un être de savoir, de "capital culturel", donc un être de langage. Ce dernier est donc ce qui lui permet à la fois d'arraisonner la nature, de l'instrumentaliser (de s'en rendre "maître et possesseur" dirait Descartes), mais c'est aussi ce qui l'en éloigne, l'en coupe, l'en détache. Le langage est le symbole de la finitude humaine, de son confinement inhérent dans un univers absolu. Il devient alors pour l'homme une sorte de 4ème dimension cloisonnante, au même titre que le temps et l'espace. Il vit à l'intérieur de celles-ci, or absolu et vérité résident précisément dans leur abolition radicale.

dimanche 12 septembre 2010

Les Hommes [Chapitre 3]

Assis dans son 19 m2 hors de prix, Eric regarde par la fenêtre et observe les oiseaux partis pour le soleil, loin de sa prison. Ils sont comme ces souvenirs, pense-t-il, ces souvenirs d'enfance qui semblent flotter dans un univers parallèle.

Il se souvient avec intensité le premier livre qu'il a lu, au CP: "Histoire du prince pipo". Avec quelle fascination il avait découvert ce monde peuplé de mots, ces territoires imprimés ouvrant des portes sur la magie, sur les recoins oubliés par la science et son objectivité toujours valide, sa vérité froide. Lorsqu'il avait refermé le livre après des heures de lectures heureuses, quelque chose s'était passé, un léger déplacement de son âme, l'enclenchement d'une gachette qui avait enfanté d'un désir: "je veux être écrivain!". Il est loin ce rêve maintenant, loin de ses abattoirs où il passe ses journées, loin de ces couloirs bourdonnants, de ces machines à photocopier, de ces ordinateurs jamais éteints, de ces étages qui s'écrasent les uns sur les autres, de ces tours défiant les arbres.

Ca fait bien longtemps qu'il n'avait lu un livre, et pourtant il fut un temps où ils tapissaient sa vie, ses murs. Il avait écrit même plus petit, à l'école primaire. Peut-être un jour... Lorsqu'il rentrera chez lui avec un restant de courage et de volonté, avec l'envie de se tenir debout comme un homme qui avance. Peut-être qu'un jour, les mots lui parleront encore...

Par la fenêtre, la nuit commence à ronger les restes de soleil qui s'attarde, le ciel est le théâtre d'une guerre quotidienne, sublime, diaprée de lumière et de nuit. 19h42: il est temps de rejoindre Mariachi comme il aimait lui-même à se prénommer. Un ami rencontré durant les études, Mariachi et Eric ont fréquenté la même école, et occupent les mêmes emplois, à peu de choses prés. Son ami avait pris la décision de lui faire découvrir son quartier, à lui, qui déteste Paris. Montmartre... Il en avait tellement entendu parler qu'il en était écoeuré, mais c'est avant tout l'occasion de manger au resto et de boire un peu, d'oublier encore, au moins de faire semblant. Et puis tout de même, ça fait 5 ans qu'il habite dans cette mangeuse d'hommes et il n'a toujours pas visité la majorité de ses quartiers, de ces morceaux d'histoire.

Eric sort, la nuit semble se jeter sur lui. Il s'enfonce sous terre, avec les autres, les siens, les hommes qui fuient. Le métro l'emporte en hurlant. Samedi soir: les gens rient et semblent heureux, il n'aime pas ça. Son visage se reflète dans la vitre, il se trouve laid, triste, il ne regarde même plus les filles, ces poupées de plastique parisiennes, inabordables, insipides. Qu'on est bien dans le mouvement, dans ce relâchement temporairement autorisé, dans cette passivité si douce. Quelqu'un d'autre conduit, on lui donne les rênes de sa vie et l'on attend, on observe les atomes défiler.

Sa station: Eric descend, il ne se souvient plus la sortie, il en prend une au hasard, de toute façon le hasard ce n'est pas pire qu'autre chose soupire-t-il. Il monte les escaliers. Suit toujours la même direction. Encore des escaliers, en colimaçon cette fois. Il n'avait encore jamais vu cela à Paris. Toujours pas de sortie, cela fait maintenant quelques minutes qu'il monte. Il est seul, le béton l'opresse. Il monte. Monte encore. Y-a-t-il une sortie? Ses jambes sont lourdes, il s'essoufle un peu, accélère. Son coeur bat vite: effort et stress conjugué. Encore un virage: l'air enfin. La gueule de béton s'ouvre sur un lampadaire typique et quelques arbres au bas d'immeubles bourgeois. Montmartre. Il prend son téléphone et appelle Mariachi. Prendre telle rue, continuer tout droit: l'ami est là qui attend.

Un bref salut, une poignée de main puis Eric partage son angoissante arrivée:
-"Putain, c'est la folie les escaliers pour arriver ici. Ca n'en finissait plus, je commençais à sérieusement mal le vivre..."
-"Ouais je sais, ils sont horriblement longs. Bon je vais t'amener dans un petit resto sympa du coin tenu par des fans de rugby. On y mange plutôt bien et ce n'est pas trop cher tu verras."
-"Aller je te suis, je meurs de faim, et de soif aussi... Dis donc, c'est vrai que c'est plutôt joli comme coin en tout cas."
-"Attends, t'as rien vu encore, on va monter un peu tout à l'heure. Je te montrerais là où les communards se sont battus."
L'air était chaud, c'était la fin de l'été qui abdiquait doucement face à l'automne naissant. Ils arrivèrent devant l'auberge: un mélange de style pub irlandais et de troquet franchouillard. La patronne était belle et son décolleté vertigineux.


Le repas prit fin et ils sortirent dans la nuit, une douce langueur les enveloppait pendant qu'ils flanaient dans les rues. Mariachi les conduisit autour de la butte, dans des rues pavés sous lesquels l'histoire de France déterre le sang jadis versé. Eric écoute son guide, il se rend compte de ses lacunes culturelles, de ses gouffres d'ignorance. Le quartier tient ses promesses, c'est la première fois en 5 ans qu'il parvient à être sensible au charme de cette ville. Son âme sommeille ici comprend-il. Ils montent, toujours un peu plus, s'approchant d'une petite placette jonchées de restaurants à touristes qui d'ailleurs sont plutôt nombreux et concentrés sur cette zone. Ils traversent la place, sillonant la foule comme des fantômes pour arriver finalement en haut d'un long escalier étroit. D'en haut: Paris et ses lumières, Paris étendue à leur pieds, immense, fardée, domptée mais vivante. Les lampadaires distillent une lumière tamisée, appartenant définitivement au lieu comme une signature photographique. De la musique parvient à leurs oreilles: la force d'attraction d'une guitare les attire en plein milieu de cet escalier. Un homme assis sur le côté joue et chante une chanson de rock délicieusement accordée à l'instant. Ils échangent un regard entendu et écoutent fascinés.

La musique les transcende tous les deux, le style leur correspond, le morceau leur est inconnu mais plane littéralement sur eux dans l'air du soir, les emportant tous deux dans un monde qu'ils vénèrent: la musique. Le joueur casse une corde, continue un peu puis finalement s'arrête sans que la magie ne descende vraiment. Eric et M s'approchent de l'homme et entament la discussion. Ils apprennent ainsi que le morceau se nomme "Sixteen tons" et qu'il est l'oeuvre de Tennessee Ernie Ford. Le guitariste est un sans domicile fixe, il rit d'ailleurs lorsqu'Eric lui demande s'il vit de la musique: "Je ne vis de rien..." fut sa réponse. Ils partagèrent un moment avec lui. il parla longuement de Lautréamont en expliquant qu'il s'inspirait beaucoup de son oeuvre: "les chants de Maldoror". Lautréamont... Ce nom intriguait Eric, l'attirait avec insistance. Ils le quittèrent avec regret, la tête pleine de rêves. Quel courage de vivre comme ça pense Eric qui en est totalement dépourvu. Dés demain il irait lire ces "chants de Maldoror" pour voir si leur musique lui parlera et lui donnera la force de mouvoir une volonté que d'autres se sont chargés d'assoir.

Les deux amis se quittent de la rébellion dans les idées et de la résignation dans les pieds. Erics'enfonce enfin sous la terre pour retourner dans sa boîte, son cube: 56 rue du Dessous Des Berges.

samedi 4 septembre 2010

Pouah!

J'écris comme je vis, et je chie aussi, ça vous fait chier? tant mieux, j'écris pour vous emmerder et je vous emmerde. J'écris pour faire des vagues pour déranger les bien installés, pour écoeurer les trop gavés.

Mes mots collent à vos yeux comme une odeur de vomi dans le métro, comme la pisse sur les hardes des clodos, comme la merde sur vos consciences.

Il y a tellement de merde dans le monde, tellement d'abrutis qui l'achètent que je n'ai plus d'état d'âme à polluer aussi ce monde de ma loghorrée poisseuse.

Je pisse, je chie, je saigne sur vos disques durs trop pleins de vide.

Void

Des mots reprogrammés qu'on plante comme des clôtures,
Retiennent la liberté dans un défunt futur
Que des jeunes offensés délivrent sur les murs.

On regarde les mots comme des images télé
Qu'aucune conscience fraîche ne sait plus déchiffrer.
Avenir vendu, rien ne va plus les jeux sont faits.

Rappelle-toi là-bas

Tu croyais impossibles ces choses qui sont si vraies.
Tu voyais une route sans l'avoir empruntée.

Le sextan de ton âme n'indique qu'un long passé,
Et ton esprit tassé s'exprime en vers tressés.

On imaginait bien, une vie seul à courir,
Un monde sans chagrin et sans peur de mourir.

Pourtant les faits sont là qui chantent un avenir
Que n'ont jamais porté ni souhaits ni vains soupirs.

Le temps s'exprime en mots et s'habille de mystère
Qu'on croyait enterrés mais repoussent en hiver.

Des saisons qu'on imprime sur le film de nos yeux
Un peu de neige aussi, fondue sur nos cheveux.

Et ces questions vendues au présent retrouvé,
S'en vont trouver réponse loin de nos volontés.

Les Hommes [Chapitre 2]

L'homme est ainsi pareil à la bête, que face au danger, privé d'issue, la violence en lui s'insinue.

Trop de vide remplit par du vide dans son appartement meublé de solitude. Eric ce Samedi s'en sort lancer ses pas sur le pavé qui pleure. Les écouteurs dans les oreilles annoncent des musiques jouant l'homme futur, passé et présent. Et le monde autour prend des teintes éthérées. Les immeubles, les rues, les gens, tout semble se désagréger dans des rythmes crachés par l'électricité.

Pendant que l'univers des hommes semble abdiquer, chassé par la musique de ces notes qui le balaient, Eric prend de l'épaisseur, s'incruste dans l'instant. Son être éclot comme ces fleurs au milieu des décharges, et tout autour de lui, les ordures semblent moins laides.

Seul, le monde a plus d'épaisseur. En approchant des parcs, la nature se révèle et l'accueille en son sein. Les arbres peints de printemps s'adressent à lui et se plaignent des hommes. Ils semblent tendre leurs bras vieillis sur nos cheveux comme l'arthrose du mourrant sur les joues du nouveau-né. C'est la sensation d'être au monde, d'être là. D'habiter le présent voilà tout.

Il faut se mettre en retrait pour voir vraiment les gens dans ce qu'ils ont de poétique se dit-il. La poésie est dans tout mais il faut savoir la déterrer parfois, comme un enfant qui gratte la terre. Eric est cet enfant qui s'émerveille de tout, d'une simple balade dans un parc au sein de cette ville immense qu'on surnomme "lumière". Il s'assoit sur un banc et clot ses paupières. Entendre les bruits, sentir le soleil, aimer le monde. Il fait bon d'être inclus dans le monde, d'être un noeud de cette toile universelle qui relie tout étant à ce qui est. Eric vibre alors, comme un chat qui ronronne, il vibre sur sa fréquence et le monde lui pardonne toutes ces fois, à ronger ses propres liens, à faire trembler l'édifice.

On est bien là, dans le silence des êtres. Le temps n'exise plus, il n'est qu'une ligne de plus s'étirant à l'infini, d'un point à l'autre c'est la même chose, on est là et maintenant. Les gens dans les parcs sont plus heureux qu'ailleurs, ils viennent écouter leur vie, celle qu'ils ont baillonné un jour pour lui préférer la survie. Eric est bien, pas vraiment pressé de rentrer chez lui. Il reprend du courage et s'apprête à partir, à quitter ce train devenu fou qui l'emmène hors de lui et hors de tout. À ce moment là, une pensée nette s'impose à lui: la liberté ne s'attend pas, elle se vit. "Je suis moi donc je suis libre, infiniment." songe-t-il le regard déterminé et serein. Eric pour la première fois, s'observe enfin sans défaillir.

mardi 24 août 2010

Rupture

"C'est la même chose".

C'est la même chose à chaque fois, les mêmes regards, les mêmes paroles, les mêmes douleurs.
C'est la même chose, le même amour que tu donnes, à eux, à moi, peut-être encore moins à moi...
C'est la même chose, je suis le même, je suis moi-même, l'âme et le corps nus, paumes ouvertes vers toi tendues.
C'est la même chose, le même choc de ton mépris sur mon être éprit.

Fuir, toujours, encore, loin d'eux, de tous, de vous, de moi. Loin de leurs regards moites, de leur bonheur factice, de leurs rêves en toc, de leurs espoirs, leur arrogance et leur malheur.

Je me hais. Je les hais!

Les mots, le silence. L'amour, la paix.

Et tout coule pour eux, coule de source. Comme mes larmes que je ne ravale plus dorénavant car elles font demoi un être humain, un humain qui n'a pas peur de lui-même.

Mes larmes, mes larmes toujours. Qu'elles soient écrites ou bues, ont le même goût amer, comme mon foutre!

La colère apaise mes mots, ou plutôt l'inverse.

Les gens, les gens, toujours les gens, qui forment un tout dégoûtant, bruyant, puérile.

On aurait dû aller au parc cet après-midi. On aurait dû se dire "je t'aime" et s'embrasser, se prendre la main, se peindre la vie en rose. On aurait dû ne pas faire semblant, être soi-même mais doubles.

J'admire les artistes qui ne sont pas solitaires.

Je me tapis dans la terre, bien bas, pour ne pas qu'on me voie.
Est-ce qu'il faudra que je sois seul? Suis-je seul?
Seul à être si vieux déjà, si sage...

Pourquoi les autres ont-ils si peur de souffrir?!

On peut certainement pressentir ce qui va advenir. Et maintenant je ne pressens rien. Mon dieu je me trouve beau en cet instant. J'aime les gens qui souffrent, qu'on a brisé.

Si tu me méprises dans tes actes, alors je suis seul de nouveau, vraiment. Je suis seul au monde.

Complètement seul en cet instant. Malgré tout, les gens me voient, me disent "bonjour!". Je voudrais disparaître à leurs yeux, ne plus exister.

J'ai fait des erreurs oui, mais je les ai reconnues me semble-t-il...

Quand les gens se mentent ils deviennent irrationnels, illogiques, font de leur cas une exception à leur jugement et dieu que cela m'effraie! Contempler un tel gouffre... Et mes ponts de fortunes s'écroulent...

Je ne comprends plus les gens qui se plongent eux-mêmes dans le malheur.

Pas moyen d'être seul ici, les gens rentrent dans votre tête par les yeux, par leur regard plein de reproches.

J'ai la tête qui tourne depuis... Je ne sais plus où j'en suis, ni qui je suis. L'oublie m'appelle, mais je ne l'écoute pas.

Elle, comme les autres, se peint des trompe-l'oeil dans l'esprit pour ne pas voir l'immensité d'une action.

À cet instant précis, je souhaiterais ne plus être. Je me sens tellement supérieur à tous ces gens, et pourquoi?!

Il pleut juste au-dessus de ma tête, il pleut sur mon égoïsme retrouvé.

Plus d'emprise, les pensées fusent, libres j'en ai le tournis, je me suis décalé entre deux mondes. Je ne vis pas totalement comme vous.

Mouvement, flux, pas d'état, pas d'analyse.

Les gens m'ennuient car ils sont là. Toujours.

Les gens créent des ondes sur mon âme fluide... Puis, tout redevient comme avant.

La souffrance est un état de conscience modifié. L'Homme ne voit le monde que par le prisme de ses émotions.

Des gens encore... J'observe leur remou.

Le téléphone. C'est elle. Elle arrive. Je ne peux qu'être ce que je suis en ce moment, je ne peux qu'... Je ne sais quoi lui dire, à part cette folie solitaire.

Lentement je réintègre le monde et c'est la perception du temps qui s'impose, le temps: obstacle à l'infini.

Suis-je capable d'être à elle encore?

Au-dessous du volcan, j'y suis vraiment. Je ne bougerais pas je le sais. Il faudra me chercher.

Les gens: trop présents, trop peu de respect, les gens recherchent le contact sale, celui de la promiscuité, ils me troublent.

Les battements de mon coeur balancent mon corps devenu trop léger. J'ai un peu peur... Je voudrais m'évanouir, qu'on s'occupe de moi, à l'hopital, psychiatrique si possible. J'aimerais faire une pause dans ma marche, une pause organisée, par les autres, ceux qui s'occupent des gens comme moi, des fêlés au sens propre.

"Oui j'ai écrit." sera ma réponse à sa première question.
"Ouais..." sera ma réponse à se deuxième question.
Puisse-t-elle se taire ensuite. Le monde saura alors ce qu'il a à faire.

Les gens innondent la berge en sautant dans mon fleuve.

Il n'y a plus rien à penser. Mais encore tant de choses à écrire? Dans le silence feutré des mots, des livres...

Le monde a décidemment plus d'épaisseur quand on est seul.

samedi 26 juin 2010

La madone des astres

Huit perles multicolores envolent ton âme
Dans un ballet d'une autre époque dont ton corps suave
Se fait l'écho. Mon coeur s'arrête... Se mue en lave.

L'ivoire de ta peau est serti d'infinis
Où les anges se baignent le temps d'une nuit.
Au firmament, les étoiles filent, lâchant leurs rêves sur ton corps sage.

Passagère en attente sur les bras de Vénus,
Les comètes ralentissent, leurs cheveux sont des bus,
Alors tu ries des mélodies qui rendent l'univers amoureux.

Quand tu danses sur la lumière même le soleil retient ses feux,
Les galaxies tournent à l'envers comme enivrées par tes yeux,
Qui dans le vide des premières nuits ont enflammés toutes les étoiles.

Imaginarium

L'imaginaire ou toi, au fond le royaume ou le roi...
Tu y peints des symboles qui ne parlent que d'amour
Où des noeuds mystérieux veulent enfermer le jour.

Dans ton esprit mutin, les couleurs jouent de l'arc en ciel
Pendant que la bruine tombe en trilles sur le fil de ta vie
Qui dessine des histoires folles où vient tanguer la nuit.

Quoi de plus naturel pour un rêve que d'en cultiver d'autres?
Tu pétris de tes mains éthérées ces ailleurs, ces fantômes
À l'ombre de nos songes les plus fous qui s'enfuient dans l'atome.

vendredi 25 juin 2010

Elle

Elle, c'est une fleur que beaucoup voudraient cueillir mais ils n'ont pas de coeur.

Elle c'est le bonheur qu'on voudrait bien s'offrir mais qui nous fait trop peur.

Elle c'est l'amour qu'on aurait concentré dans un corps si gracile, et leurs mains malhabiles...

Elle est grande et fine comme une lame et c'est avec aisance qu'elle fend le flot des âmes.
Elle est belle et ses yeux qu'on supplie se posent sur les hommes qu'elle transforme en pluie.
Elle est douce et sa peau panse les plaies de nos frères humains trop guerriers.
Elle est intensément ancrée dans l'univers par la vie qu'elle célèbre dans chaque geste qu'elle esquisse, dans la grâce qu'elle projette sur l'espace et nos vices.

Ma puce est une rebelle, têtue et libre comme l'hirondelle. C'est une chatte insoumise qui a le poil qui s'hérisse et des griffes qui sans cesse écorchent le pouvoir proclamé qui la voudrait en laisse. Amazone, succube, muse mais toujours libre comme l'air, veut-on l'attraper qu'elle s'aérise bien vite et s'enfuit dans le vent.

Elle aime la compagnie de ceux qu'elle a choisis et qu'avec passion elle chérit. C'est une sauvage qui aime sa cage du moment qu'on en laisse la porte ouverte. Elle existe à travers le bonheur qu'elle amène dans le regard des gens qui secrètement la vénèrent.Elle est une déesse qui tire sa puissance de la reconnaissance.

Ma chérie, c'est un ange vivant sur un autre plan et qu'on aurait jeté aux hommes afin qu'ils puissent rêver. Ce qui la fait tenir parmi nous? Un noeud avec lequel son âme est nouée sur le ciel que l'on prie, celui sous lequel on vit. Son symbole c'est ce noeud qui une fois délié l'éparpille en baisers, en amour décuplé.

Elle a un don aussi, une sorte de sixième sens qui lui fait ressentir les pensées vraies. Je ferme les yeux tout contre elle, ma joue sur sa pureté et puis je jette à son âme en miel mes sentiments d'enfants qu'elle prend délicatement et ouvre amoureusement. Elle me lit comme un simple récit que son esprit antique transforme en mélodie.

Elle est ambigüe et au-delà de l'entendement humain. Elle est à la fois la sûreté du passé, cette solidité qu'on lit dans ses yeux infinis et le mystère de demain, une surprise délicieuse. Elle construit des plans dans sa tête, des empires pour l'amour, où l'âme de ceux qu'elle a choisis peut fleurir puis mourir déjà au paradis. Le mieux à faire c'est de ne pas la brusquer, ne pas lui demander de dévoiler ses projets, son allié c'est le temps qu'elle sait rendre ennivrant par lente fermentation.

Elle c'est tout ça, tout ou rien, tout au plus un coin de paradis égaré chez les hommes.
Mes faiblesses d'homme jaloux me plongent dans des angoisses où j'imagine la perdre, alors je deviens fou. C'est une bataille que la raison livre aux passions, mais ai-je le coeur assez fort pour aimer une déesse sans y laisser mon âme?

Elle c'est le temps qui sourit à l'espace infini.

Elle c'est une caresse de Vénus, on en veut toujours plus.

Elle c'est l'abolition de tout langage, de toute pensée qui abdique enfin devant la vie.

Elle c'est l'amour en vérité, l'amour qui est...

jeudi 24 juin 2010

Libérez l'amour!

Ecrit le 21/01/2010

Libérez l'amour, et les hommes avec!

Pourquoi les gens érigent-ils des frontières, édictent-ils des règles là ou il n'y a point d'horizon, que le chaos, que les âmes qui dansent, en se mêlant?

Les gens rigolent quand on leur dit aimer hors des clichés. Ils rigolent que l'on puisse aimer et ne pas respecter le protocole auquel on les a accoutumés. Et moi je pleure de les voir ainsi privés d'une liberté qui leur appartient.

Y a-t-il un délai pour que l'amour naisse? Y a-t-il un rituel à respecter pour qu'il soit au monde ce qu'être est à l'humain?

Ils ne savent plus aimer, les gens, qu'en spécialistes. Ils ont spécialisés l'amour les techniciens de tout poil. Un amour pour ci, un amour pour ça. Ah non! Là tu ne respectes pas les règles, ce n'est pas de l'amour, tu n'aimes pas!

La société c'est un quadrillage qu'on place sur l'âme des gens pour qu'ils ne puissent voir du monde, de la vie, qu'une seule case à la fois. La société c'est un jeu d'échec où l'on échoue; ou bien on devient fou.

La honte c'est être à cheval entre les cases, comme un hors-jeu.

L'amour pour eux, c'est une boutique qui ouvre à heures fixes. Il faut montrer patte blanche ou l'entrée reste à jamais interdite. "Demain à 14h30, tu seras amoureux". Et moi pauvre pomme je compte le temps en poussière et j'aime en prose autant qu'en vers.

Peut-être n'aimez-vous pas que j'aime si loin de vous. Pourtant connaissez-vous, l'amour non dit, celui qu'on vit?

À confondre reproduction et amour, j'ai l'impression que les gens deviennent sourds au second, esclaves du premier.

Il faut aimer avant d'Aimer.

Peut-être... Parce qu'au fond, on s'en fout!

mardi 15 juin 2010

Pour la vie

Je t'aime Aurore,
Pour la vie et pour la mort
Aussi. Puisque dans tes yeux j'ai vu
Et à ton sourire j'ai bu,

Ton âme en perle de pluie
Qui coule sur mes plaies,
Où ton amour me dit
Que pour toujours je t'ai.

jeudi 10 juin 2010

Le monde à travers toi

Le monde à travers toi est tel un long engourdissement, un rêve insensé où la tendresse remplace le ciel, une douce fièvre qui jamais ne redescend.

À travers toi on peut voir l'univers et toutes ses dimensions. Toi c'est la finesse, la légèreté, ta présence n'est qu'un effleurement brodant le ciel à la vitesse de la lumière. Tu passes sur le monde sans rien froisser, sans rien altérer bien au contraire.

Et tes yeux doux qui rient la vie sont deux béquilles pour mon bonheur.

Je te souffle en volutes dans ma maison mentale et ma vision se brouille de mille étoiles. Tu es si fine et pure que les Dieux te nomment Lustrale et lorsqu'ils t'envoient chez moi c'est pour y débusquer le mal.

Le monde à travers toi...N'est qu'art, amour et tendre passion.

Le monde à travers toi, n'existe pas, n'existe plus que dans ta volonté.

mercredi 9 juin 2010

Son noeud

Elle aime les noeuds et je me demande encore pourquoi.

Elle aime les noeuds faits avec du ruban, les noeuds doux comme la soie qui se défont dans un silence feutré.

Elle porte un noeud sur son coeur que j'ai un jour osé effleurer de mes gros doigts vulgaires. Je ne sais pourquoi elle a accepté de me laisser tenter de le dénouer, moi qui ne suis qu'une bête, un animal sans grâce dans son monde étoilé.

J'ai attrapé un bout, ça faisait plutôt doux sur la pulpe de mes doigts qu'elle voudrait manger parfois. J'ai attrapé un bout et puis tiré un peu, timidement, comme un chat qui passerait la patte, comme on tremperait son doigt dans l'eau chaude ou qu'on toucherait la plaie d'un enfant.

À mon grand étonnement, le noeud s'est délié dans un froissement d'amour, libérant la confiance. Je m'appliquais comme un benêt, la langue entre mes lèvres pendant qu'elle me regardait faire, moi l'homme, le rustre. Je me souviens maintenant. Je me souviendrais tout le temps. L'amour dans son regard alors que je prenais pour moi son essence de Sylphe.

Elle c'était un noeud, une porte à ouvrir. Elle m'a donné la clé et m'a laissé tirer sur le ruban de son âme. Elle a laissé glisser ce voile intriguant qui fait d'elle la femme fatale, la femme que j'aime tout simplement.

Elle s'est offerte et maintenant elle gît là dans mes mains. J'ai ce ruban dénoué sous les yeux et je ferais tout pour ne pas le lâcher, pour ne pas le froisser.

Si les sentiments étaient palpables, je t'attacherais les mains avec ma passion pour te baillonner avec ma tendresse et enfin quand tu auras froid et faim dans ta prison éphémère, ce sera mon amour qui t'habillera et puis mon temps que tu mangeras.

mercredi 19 mai 2010

Les Hommes [Chapitre 1]

Eric se réveille la joue contre l'oreiller. Ses yeux s'entrouvrent pour voir le mur de sa chambre découpé par la petite fenêtre où s'engouffre une poignée de soleil qu'on aurait jeté là par hasard.
Eric a mal d'être encore là, de s'être offert corps et âme à ce travail qui l'engloutit. La journée commence mal comme toutes les autres. Comme tous les jours, il devra répéter les mêmes gestes, suivre la même routine, et puis mourir tous les matins du monde sauf le Week-End;

Un pieds gauche qui touche le sol cherchant aveuglément une pantoufle égarée, il se lève difficilement, il est ce vieillard vers lequel sa vie le pousse avec tant d'empressement. La frêle silhouette attrape une casserole pour y faire bouillir de l'eau, les images de son passé dansent en surimpression sur la grisaille matinale qui l'entoure. Il dépose un sachet de thé dans un bol et attends les yeux dans le vague. Comment peut-on passer de cette jeunesse heureuse et insouciante à cette dépossession totale de soi-même, cette privation de liberté induit par cet impératif de survie toujours plus fort: le travail? Ce travail si absurde qui le vide chaque jour un peu plus de sa substance, de son humanité. L'éducation construit des hommes et le travail les détruit pense-t-il alors. Le crépitement mat de l'eau se fait entendre et Eric remplit son bol. Le thé infuse doucement et répand sa teinte dans l'eau brûlante. Encore une journée comme une autre, une journée d'oubli.

Lorsqu'il sort enfin de chez lui, il observe avec monotonie les visages tristes qui l'entourent. Il se dirige vers cette bouche de métro qui dévore les hommes en quantité industrielle. Tout est industriel dorénavant, des objets jusqu'aux sourires que l'on fabrique en série, que l'on colle sur soi comme un masque salvateur. Les gens prennent toujours les escalators, à force qu'on choisisse leur vie pour eux, ils en viennent à ne plus être des adultes, tout juste du combustible qu'on achemine sur tapis roulants pour aller alimenter la grande faucheuse: l'économie capitaliste. Eric, comme toujours, prend l'escalier qu'il dévale quatre à quatre; les gens le regardent un peu étonnés, un peu agacés qu'on ose leur rappeler qu'ils ont un corps et une volonté qui les meut. Il s'en fout, lui comme tous les autres, à force d'être mâché, n'a plus de goût.

Les transports en communs parisien et leur réseau immense sont comme une gigantesque usine où chaque ligne est une chaîne que les gens empruntent pour se faire conditionner. Sur le quai, on n'écoute même plus les cris, les plaintes, les délires des exclus qui vont passer leur journée sur un siège, un peu éméchés, à contempler seuls le ballet incessant des petits soldats du capitalisme. Finalement, leur vie a plus de saveur que la nôtre se dit Eric en plongeant son regard dans le tunnel noir d'où surgit une rame de métro.

Soudain, c'est la bousculade, les gens se poussent, s'entassent au maximum, s'invectivent pour réussir à entrer dans le wagon où l'air est irrespirable tellement la résignation imprègne jusqu'au sièges. L'homme regarde ce spectacle navrant et lutte de toutes ses forces pour ne pas prendre ses jambes à son cou et faire demi-tour pour fuir dans un aller sans retour. Mais au bout du compte, un salaire l'attend dont il ne peut pas se passer, il ne peut pas se permettre de quitter ce boulot ce qui veut dire aussi qu'il n'a pas le droit d'arriver en retard, pas encore une fois. Il aspire une grande bouffée d'air avant de creuser sa place dans la foule dense qui rouspète.

Sirène stridente, portes qui se ferment, le métro s'ébranle et achemine son cortège d'énergie que l'on va consummer en billets jour après jour, année après année. Ce serait si simple pourtant de tout quitter, de se regarder en face et d'attraper cette liberté qui est en nous pense alors Eric. Il sent bien que plus les années passent et plus cette impulsion salutaire requiert un effort douloureux, et pourtant... Son regard se fixe sur la jeune femme en face de lui qui s'efforce comme les autres de bien garder les yeux dans le vague, de ne pas faire face à d'autres conscience et de garder la sienne enfouit sous les impératifs. Il cesse de l'observer pour ne pas créer de remous sur la surface des habitudes, pour ne pas troubler la peur ambiante devenue presque tangible. Eric, comme des millions d'âmes au même moment, hurle dans son esprit pendant que tout autour règne le silence des machines.

Après une heure et demie de transport, de changements de lignes, de métros en bus, le voici enfin à son travail. Un autre manège commence maintenant pour lui, le seul où l'on paye avec sa vie pour un tour sans fin.

19h05, Eric met un pied sur le trottoir, quelques heures lui appartenant l'attendent, quelques heures seulement pour laver une journée d'effacement minitieux, de gommage idiosyncratique pour ne plus laisser qu'une ombre fuyante déambulant sur le trottoir à la recherche d'une partie de soi qui sans cesse s'éloigne en dedans. Eric respire un grand coup, l'odeur des pots d'échappement s'infiltre dans ses poumons, cette vie l'écoeure, le monde sent tellement mauvais. Est-il vraiment le seul à sentir cette odeur d'excrément qui sévit partout, tapie en chaque objet, dans chaque personne?

Transports en commun. Foule rance, rincée par la fatigue. Quelques pas sur le trottoir encore puis Eric pénètre dans son immeuble et entre enfin chez lui: il est 21h00.

Il s'effondre sur son canapé et met de la musique. Le shit est là qui attend sur le bureau, Eric s'en roule un petit pour la route, pour entamer une soirée qu'il connaît par coeur mais qui pourtant le maintient en vie. Premières bouffées, l'aigreur disparait lentement, la musique se dilue dans le haschich, ou l'inverse il ne sait plus. Ne plus réfléchir, vivre l'instant présent. Ne surtout pas penser qu'il faudra se lever demain à 7h00 pour aller bosser. Ne pas garder en tête qu'il est 21h26 et qu'il ne faudra pas se coucher après 1h00 pour être à peu près en forme demain. Ne pas être conscient que sa vie se résume à ces maigres heures de faux repos, de faux bonheur où finalement tout se dissout, tout s'effrite comme la vie.

Mercredi 00h37: Eric va se coucher, la tête qui tourne et le coeur plein de rage pour cet avenir si présent qui n'a rien d'un sourire. Eric a peur, si peur de ne pas tenir pour les autres. Et un vertige sans fin s'empare de lui, lorsque lucide il veut plonger son regard en lui, lui qui n'existe plus, plus vraiment...

mardi 18 mai 2010

Belle de nuit

Un peu de tes seins dans mes oreilles,
Et ta peau brune au fond des yeux.
Ta bouche est cet ardent soleil,
Qui dans mon corps allume un feu.

Au creux de quel songe t'es-tu forgée?
Ô toi douce fée qui vient ronger,
Les quelques restes de mes errances,
Que tu transforme en espérance.

Un peu hagard quand tu sépares,
Ton être en fleur d'amour gracile,
De mes gros bras pour la bagarre,
Qui de ton cou pendent imbéciles.

N'épargne rien dans mon royaume,
Où ton absence a tout détruit,
Avec tes yeux prend chaque atome,
Pour en faire ton collier de nuit.

Toi mon ocelot qu'on veut captif,
Aux anges la grâce tu as ravi.
Sur ma tendre âme plante tes griffes,
Et dans un cri déchire ma vie.

jeudi 13 mai 2010

Un prophète

Une oeuvre d'art pour moi ne s'analyse pas, on ne peut que la vivre, du moins lorsqu'elle nous touche (d'une quelconque manière). L'oeuvre d'art doit apporter, me semble-t-il, une transformation de notre être, elle nous fait passer sur une autre modalité d'existence. Lorsqu'une oeuvre est réussie, aucune analyse ou interprétation ne saurait nous la faire apprécier plus que la simple expérience vécue de l'oeuvre à travers les sens qui la véhiculent. L'art se vit, il ne s'explique en aucun cas.

Un prophète est un film qui m'a bouleversé à tout jamais. C'est le seul film au monde que je pourrais regarder 5, 6 fois d'affilée sans jamais me lasser. Regarder ce film est pour moi une manière d'exister plus intense, une expérience dans laquelle je m'oublie, dans laquelle j'entre en communion avec un instantané de vie autre que la mienne mais entrant tout de même en résonnance avec celle-ci, comme une fusion de deux êtres.

Tout me touche dans ce film, cette manière de filmer, lente, illustre pour moi parfaitement le déroulement sinueux de la vie. C'est un langage étranger, que je ne maîtrise pas mais que pourtant je comprend, un langage dont la prosodie se transmue en musique, un langage qui me berce et m'embarque dans sa réalité.

Un prophète est un film qui d'emblée vous transporte dans son monde, vous fait ressentir les moments de vacuité de la vie, les moments pleins aussi, les douleurs comme les joies. Rien n'est explicite car l'oeuvre n'est en aucun cas un moyen de communication, on ne cherche pas à acheminer un sens jusqu'à la conscience du spectateur, non. On cherche au contraire à recréer par le langage audiovisuel, une modalité d'existence associée à un récit qui l'illustre, on cherche à faire vibrer l'autre sur une fréquence particulière.

En cela, l'oeuvre d'art se distingue du vulgaire "film" que l'on consommerait comme un paquet de chips. L'oeuvre qu'est "Un prophète" ne peut lasser, c'est un état de la vie par lequel on peut être séduit, choqué, rebuté mais elle n'est en aucun cas assimilable à la consommation d'un produit fini sur lequel notre action va permettre son dévoilement, son assimiliation. On entre dans l'état que propose "Un prophète", on s'y immerge totalement et l'on choisit d'en sortir ou bien d'y rester, mais cet état laisse une trace indélébile en nous, il représente une expérience qui s'est intégrée définitivement en nous.

Un prophète me met dans un état d'existence intense, ce film me fait expérimenter les joies de l'action pure dans laquelle l'identité se dissout avec délectation. C'est un décalage léger offrant une perpective et une façon d'expérimenter le monde différente, avec plus de hauteur mais aussi plus de proximité, de "corps à corps". Un prophète fait partie des oeuvres d'art, celles qui vous plongent dans l'ivresse nietzchéenne, celles qui font de vous une oeuvre d'art par résonnance, par complicité je dirais même.

La vie est un long fleuve tranquille

Je me rappelle les années passées et les belles choses que j'ai détruites...

Fort heureusement, il y en a bien moins que de choses à découvrir, de choses à venir, de choses à construire. Je ramasse la vie comme des galets qu'on mettrait dans sa poche. Il y en a que je polis de mon regard, de mes espérances.

La vie c'est cette rivière que l'on suit, où les galets justement peuvent se transformer en pierre précieuse, avec le temps, avec l'amour.

C'est spécial tout de même cette capacité humaine de s'échauffer les uns les autres, de se sublimer réciproquement. L'amour c'est lorsqu'on intensifie l'être de l'autre, lorsqu'on s'insuffle tellement en lui qu'on l'en incruste profondément dans le temps, comme on joyau sur une courronne.

On se dit des mots qui nous font frémir, car lorsqu'on aime et qu'on parle, les mots, les phrases deviennent des oeuvres d'art, ils ont le poids d'une vie en eux. On se regarde et l'amour s'infiltre dans ses yeux, il résonne doucement dans le creux de son être. Les mots d'amour sont une musique, une métamorphose ontologique. L'amour c'est l'essence de l'homme.

vendredi 30 avril 2010

Ciel en sauce

Vivre un peu ou vivre toujours, tous ces matins gris où nos âmes ruisselent contre les murs tel la pluie, tous ces matins bleus aussi, où le soleil éblouit en dévorant chaque recoin d'une chambre qui ouvre ses volets.

"Les gens sont morts!" crie cet enfant dans la rue. "La fin du monde est pour hier..." entonne cet illuminé. De toute façon on ne leur prête pas attention, de toute manière ils ont raison. Nous n'écoutons pas la raison, nous on écoute simplement la radio, on écoute la télé, c'est à dire notre conscience empruntée, notre vérité factice, tous ces mensonges qu'un jour quand même il faudra rendre.

Voir chaque jour la lumière se répandre à travers la même fenêtre, à l'intérieur d'un même cube, autour des mêmes personnes. On est sédentaire nous autres dorénavant et c'est bien cela qui nous a perdus. Combien de fois je me suis enfuit par cette fenêtre, celle de l'esprit, pour retrouver cette vie nomade, celle qui s'efface petit à petit, cette vie si humble qui n'est qu'une caresse sur le monde.

Vivre ces jours et vivre les autres, ne plus distinguer ni les couleurs, ni les humeurs, ni les messages. Vivre toujours au même endroit c'est un peu mourir, j'ai toujours pensé que la vie était mouvement, d'ailleurs le temps lui-même n'est qu'une définition, une modalité du mouvement.

Vivre cent ans ou un instant, vivre d'avenir ou d'un sourire.

De toute façon c'est l'alternance, cette différence qui réside entre le bleu et le gris, entre le mouvement et l'inertie, entre la joie profonde et la mélancolie, c'est cette différence qui donne toute sa saveur à la vie. Un jour petit et l'autre grand.

La vie pèse à mesure que nous la portons, il faut bouger, il faut souffler, la vie s'envole dans le mouvement de nos corps et danse au rythme de nos esprits d'hommes.

Je mélange ce gris et un peu de bleu, et je crée un ciel où être heureux.

lundi 26 avril 2010

Sentiments

Trois coups portés à l'univers,
Deux sous d'amour que l'on enterre,
Un joli cou pour mes yeux fous.

Partout ailleurs, un peu ici,
S'envolent mes heures que tu pétris.
L'aurore se coud sur tes habits.

Un peu paumé, voire à l'envers,
Toujours touché par tes grands airs.
Tu craches mon spleen de tout ton coeur.

De vous à moi, qu'attendez-vous,
Un coeur entier ou pas du tout?
On ne consomme pas l'homme par quartier.

Certes vous faites le monde tourner,
Mais nos actions toujours se paient...

vendredi 23 avril 2010

Aller retour

Dans un crocus, un hibiscus,
Faisant du moins un petit plus.
Dans ta présence, un grand plaisir
Et dans l'absence, de vieux souvenirs.

Mes rêves libres n'ont pas d'attaches,
Et ces vers ivres te font la manche.
Plutôt s'enfuir qu'être martyr,
Mais tes désirs me font languir.

À nous, à deux,
On s'imagine,
Toi dans mes yeux,
Moi dans ta bruine.

S'échappant fous de tes yeux feux,
Les mots s'en vont toujours par deux.
Ta voix les rend tous amoureux,
Pendant que moi, je vis en eux.

Un long sourire pour mieux s'enfuir,
Mieux vaut en rire que d'en frémir.
Je t'aime un peu, rien à redire,
Mais pas assez pour en mourir.

Toi, de loin...

La vie vous détache des choses parfois. Lentement, imperceptiblement. On se perd et l'on perd les choses qui attachent les autres au monde, on perd les gens, on est soi-même, tout seul...

Je me demande si les liens rompus peuvent un jour être renoués... Et finalement, ce que les gens aiment chez moi c'est ce détachement perpétuel, cet ailleurs qu'ils imaginent sans jamais pouvoir vraiment l'atteindre. Pourquoi changerais-je?

Les gens m'accrochent parfois, et puis ils se retirent. Alors moi je m'envole vers mes contrées, vers mon combat, vers mon quotidien, mon chemin qui est tout pour moi. Je vis ma vie d'un égoïsme impensable, je rebondis d'humains en humains, de lieux en lieux, de mélodies en symphonies.

Mais il y a son visage en surimpression sur tous mes paysages. Ses yeux qui jettent un feu sur les coins froids de mon esprit. Elle veut revenir, elle veut comprendre et je n'en sais rien.

Marcher, de nuit comme de jour, passer à travers le temps, c'est ma seule tâche, celle que j'ai choisi, et si l'on suit alors peut-être qu'une fois au moins, une fois encore, je dirais oui.

dimanche 11 avril 2010

Notre corps

Notre corps est notre meilleur allié, avec l'esprit, pour parvenir au bonheur. Pas dans le sens conformiste du terme où notre corps doit devenir le reflet d'un canon esthétique bombardé à longueur de journée par la publicité et les manigances du monde économique. Non dans le sens que notre corps est notre identité au même titre que l'esprit.

Beaucoup de gens rêvent de n'être que pur esprit, de s'abandonner à la pure réflexion, la pure conscience. Je vois plusieurs objections à cela.

En premier lieu, il est légitime de s'interroger sur la possibilité d'une conscience sans perception. Or, d'où proviennent nos perceptions? De nos sens. D'où proviennent les sens? De notre corps recevant les stimulii extérieurs et du cerveau les traitant pour alimenter la conscience. Peut-il y avoir une conscience sans ces stimulii, peut-il même y avoir une pensée? La question reste ouverte.

Ensuite, il me semble totalement illusoire et voué à l'échec, de courir après un bonheur qui aurait pour condition d'existence, le reniement d'une partie de nous-même. En effet, jusqu'à preuve du contraire, l'Homme est fait d'un corps et d'un esprit (le problème de savoir jusqu'à quel point ces 2 entités sont séparées ou bien ne forment les 2 faces d'une même entité reste à débattre). On aura beau vouloir se débarasser du corps toute notre vie, il n'en disparaîtra pas pour autant. En outre il agira même directement sur l'esprit, le mental (et inversement) d'une manière aussi certaine et complexe que le soleil agit sur la Terre.

Au regard de ces 2 arguments (et particulièrement du second), il me semble évident qu'il faut apprendre à vivre avec son corps, à le connaître et à le faire évoluer afin qu'il offre le moins de résistance possible à l'esprit et inversement. Nous vivrons toute notre vie avec notre corps, nous n'y pouvons rien, il est nous, alors apprenons à nous connaître, à nous aimer et ainsi à progresser, ce qui constitue, selon moi, le seul moyen d'atteindre le 'vrai' bonheur.

Dans cette quête d'un corps 'ami', comme pour l'esprit, le temps s'avère être un allié précieux, une sorte de levure qui fera monter la pâte petit à petit. La patience est un maître mot et l'appropriation de son corps est un projet de tout une vie. Les erreurs passées sont rarement irrattrapables et chaque situation nous délivre potentiellement un message que nous devons apprendre à déchiffrer. Même dans la blessure il y a matière à progresser.

Faire travailler son corps requiert un savant dosage entre l'effort progressif et l'effort brutal. Cette maîtrise grandit au fur et à mesure de l'expérience et la diversité de l'entrainement est un ingrédient indispensable à la réussite d'une telle entreprise.

Aimer son corps et l'entretenir est un devoir qui devient rapidement un plaisir pour qui se respecte. Aimer son corps passe par la performance que celui-ci (en conjonction avec l'esprit) nous permet de réaliser mais aussi par l'esthétique. Il ne s'agit pas de tomber dans le travers du corps réifié, du corps 'en série', objet désincarné de fantasme de masse (c'est à dire de fantasme pour tout le monde mais surtout pour personne...). Avoir un corps que l'on trouve beau est un jugement purement subjectif dont les critères peuvent varier du tout au tout d'un individu à l'autre. Aimer son corps d'un point de vue esthétique n'est pas une honte et ne fait pas de vous un individu superficiel. Tout comme il est indispensable de se respecter et de s'aimer (psychologiquement parlant), cela l'est tout autant d'un point de vue physionomique. Sachez travailler votre corps avec amour et raison, sachez aussi accepter ces particularités et sachez rester maître de celui-ci.

Comme dans tout exercice, dans toute progression, des moments de stagnation sont inévitables, voire des moments de découragement et de fatigue. Il est impératif de savoir être à l'écoute de son corps. Prendre du repos n'est pas une honte, n'est pas un échec et n'est pas un retard que l'on devra rattraper par la suite. Savoir se reposer est le meilleur moyen de franchir un palier, de reprendre courage et détermination, de revenir plus fort. Le repos est le moment où le corps se construit. Il faut savoir gérer ces périodes de 'jachère'. Attention toutefois, ceci ne veut en aucun cas dire qu'il faut sans cesse s'écouter, que le message provienne du corps (fatigue, douleur) ou de l'esprit (peur, abandon), il est nécessaire de savoir quand pousser son corps et quand dépasser ses limites. Il existe des douleurs qui sont 'bonnes' et que l'on ne doit pas éviter.

Enfin tout comme l'Homme au complet (corps et esprit) ne forme qu'une seule entité complexe, le corps lui-même ne forme qu'une seule et même entité et son entrainement doit se faire comme tel. Se concentrer sur une partie du corps n'est pas tout le temps mauvais en soi, tant que cette attention spéciale vise à combler un déséquilibre ou à pallier une déficience.

Créativité, patience, curiosité et personnalité sont les maîtres mots d'un entrainement réussi. Sachez être un individu complet afin que la partie n'altère pas le tout.

samedi 10 avril 2010

Le combat

Le combat, c'est quelque chose que les gens veulent comprendre.
Pourquoi tu fais ça? Qu'est-ce que tu en retires? N'est-ce pas complètement régressif?

Bien sûr il existe un côté animal dans le combat mais c'est aussi une sublimation de cette animalité, la victoire de l'Homme sur son instinct, sur ses peurs, sur l'animal qui est en lui. Une victoire ou plutôt une alliance.

Dans le combat il y a d'abord ces moments de tensions où l'on ne perçoit plus que l'échéance, le moment où tout va se jouer, où la violence va exploser. On se demande si on sera à la hauteur, si on ne laissera pas sa petite entité s'effriter face à l'autre, l'univers nous engloutir et faire que l'on n'existe plus. On a peur dans ces moments là. Une peur brève et intense qui vient du fond mais qui ne dure pas. Ca c'est les semaines, les jours qui précèdent l'affrontement.

On se laisse aussi galvaniser par des images que l'on observe, des symboles que l'on s'approprie et l'on se sent grandir, une aura de puissance émane de nous, on sent le corps et tous les muscles prêt à exploser, on se sent prêt...

Ces deux états d'esprit se passent le relai, lentement on se prépare, dans la tête, à aller provoquer cette violence qui fait tant peur.

Etre un homme je crois, c'est entre autre être libre d'être à tout moment, ne pas laisser autrui vous écraser.

Lorsqu'on entre dans la salle où se déroulera le combat, on voit les gens qui sont là en spectateurs, eux qui viennent nous voir nous, combattre un autre homme. Et c'est la crainte de ne pas être à la hauteur, la crainte de sa propre réaction face à l'adversité, l'angoisse de ne pas être bon, photogénique, propre, efficace.

Ensuite il faut s' échauffer un peu et là monte un sentiment de puissance, de rage. Plus rien ne peut arrêter ce qui a été enclenché, l'envie d'en finir se fait plus intense, on brûle de monter sur le ring, d'échanger les premiers coups, et de libérer cette force que l'on sent dormir en soi.

C'est le moment, les juges appellent mon nom, je monte sur le ring et salue le public, les juges. Je suis chez moi! Ce ring est à moi! On a plus aucune peur alors, il faut simplement contenir ce déchainement qui se fraie un chemin à travers nous, le contenir quelques secondes de plus, jusqu'au moment où la cloche va retentir.

L'adversaire monte à présent sur le ring, on se regarde, on se toise, on se présente. Maintenant.

Je me sens vivre alors j'avance directement sur l'adversaire et place les premiers coups, violents mais pas trop, il faut jauger l'autre, sentir directement la douleur qu'il peut vous infliger. Je ramasse mes premières frappes et sais à présent que je vais gagner le combat. Si les premiers coups ne m'ébranlent pas, tout est fini.

Là où d'aucuns ne voient que barbarie, je vois au contraire l'Homme qui vient au monde, la conscience et la volonté qui prennent le pas sur l'instinct de survie. Combattre c'est être plus fort que l'instinct animal. Combattre ce n'est pas détruire l'autre, l'autre n'existe pas dans un combat, il n'est qu'une image de soi. On lutte contre sa propre peur et l'adversaire n'est que le moyen d'y parvenir, de matérialiser cette peur.

Le combat, c'est deux hommes qui le deviennent réellement, qui affirment leur humanité par un acte de violence, un acte extrême qui les unit pour un temps, qui les rend complices.

Le combat c'est tout ce qu'il y a de beau en l'homme: l'abnégation, le courage, la détermination, le partage, l'amour.

Seul l'humain peut faire d'une telle chose un art aussi sublime, sublime lorsqu'enfin, on sait lire ce langage que notre monde moderne, petit à petit, tend à effacer...

lundi 29 mars 2010

Crépuscule

Je suis seul ce soir, de nouveau vieux et nu.
Elle est partie ma puce, se fondre dans la rue.
Les mots sont là, pourtant l'inspiration n'est plus.
Encore un peu de solitude est-ce que ça tue?

Où suis-je donc sans ce regard?
Sont-ce des songes que ces partages?
J'n'ai plus d'allonge sans ton courage,
Et je me cherche dans le hasard.

Depuis que mon soleil se couche
Loin des merveilles de ta bouche,
Le doute s'invite dans les fissures,
De ma vie d'homme pleine de ratures.

Je t'aime pour la vie à ma manière,
Et suis à toi même en enfer.
Laisse-moi juste ta porte ouverte
Pour que je veille sur ta violette.

samedi 27 mars 2010

Les gens que je croise

Je regarde la ville de loin à mesure que le monde devient plus consistant pour moi.

La ville est comme une personne, j'aime l'observer de côté comme ça, en marchant le long de ses flancs agités. J'entends les hommes qui la font vivre, son sang.

Chacun de mes pas sur ce chemin des bords de Vienne me ramène un peu plus vers moi, m'éloigne un peu plus des autres: ceux que j'aime.

À mesure que la solitude grandit, le monde me parle, je revois les atomes qui composent chaque chose, j'entends les oiseaux chanter, je sens les gouttes de pluie qui heurtent ma tête, je me sens vivre, enfin...

Je me détache de plus en plus; à chaque pas; chacun d'eux est une pensée juste de plus, qui rentre à la maison. Je me retrouve, dans mon décalage, dans ma musique. Et le monde me parle de plus en plus, il m'accepte, il me murmure que je lui appartiens.

Le chemin s'élargit à mesure que j'avance, le décor change, et je me vois comme dans un film, avec cette symbolique du chemin représentant le destin. Que je me sens vivre nom de Dieu! Dans chacun de ses pas qui sont les miens, je retrouve ma liberté en m'éloignant de tout, de vous.

Je sens le froid du vent qui glisse sur moi, je sens l'ivresse de la veille cogner dans mes veines, et je sens mon bonheur qui attendait ici que je vienne le retrouver.

Je ne puis plus aimer, c'est officiel! Je ne peux qu'aimer tout le monde, je ne suis pas capable d'aimer une femme avec passion, je ne peux plus m'emprisonner.

Ce serait si simple, de tout laisser, de m'en aller avec un sac à dos sur les épaules et de prendre la route encore et encore, et encore...

Je suis si sûr de moi quand je suis moi. Je suis à ma place, je vibre dans l'univers à la fréquence juste, je suis!

La dissolution de l'identité crée l'action. C'est dans l'action que l'on est réellement.

Je ne suis plus personne, je suis tout le monde et puis personne!

Je vous observe et je vous aime mais vous ne me voyez pas, ou jamais bien longtemps. Je passe en fantôme dans votre monde, je vous intrigue, je ne suis pas de chez vous. Vous êtes fixés, attachés, liés pieds et poings face à vos vies. Je vous traverse comme le présent consumme le temps.

Je suis ici, là et maintenant, et le futur n'existe pas...

Je suis si calme, tellement serein, quand je n'existe plus... Pour personne.

dimanche 21 mars 2010

Les Dimanche soir

Les Dimanche soir m'oppressent avec leur lourdeur d'avant-orage, leur atmosphère engourdie de calme avant la tempête.

Le monde est minuscule les Dimanche soir, il se recroqueville sur lui-même, on ne peut échapper à rien. L'étau se resserre, la semaine vient nous avaler et on se terre chez nous comme des enfants apeurés.

Le Dimanche blesse, il me rappelle combien j'aimerais quitter cet endroit, quitter les obligations, quitter ma vie.

Je pourrais marcher des heures ces moments là. Des minutes à égrenner mon spleen dans des rues trop étroites où les gens se regardent agressifs, méfiants. Des secondes où le bonheur s'envole vers des contrées où la nuit se tait, où le soleil hurle.

Et elle me parle des gens qu'elle a croisé, avec lesquels elle s'est mêlée. Des gens que j'ai connu, dans une vie passée, que je pensais révolue à jamais. Une vie qui revient petit à petit me mordre les talons, une vie qui revient en traître me dire qu'elle a déjà fait main basse sur les personnes que je rencontre, bien avant moi.

Elle me parle de sa vie, des gens qu'elle aime, qui la font rire, qui la font vivre. Et moi je ne vois plus le sol que je foule, je regarde à travers les choses, je ne vois que tous ces murs, et cette gravité qui me retient, cloué...

Je ne peux plus aimer comme les autres. Je dois être fait pour parcourir le monde, parcourir les gens, les activités, la vie.

Les rues sont vides pendant qu'on marche, je sens la présence de la gare proche. La gare et ses rails qui sont autant de ponts dressés vers la liberté ou son illusion. La gare m'appelle, elle m'appelle sans cesse les Dimanche soir. Mais elle n'appelle que moi, je partirais seul, je serais seul toute ma vie.

Et elle me parle de ces hommes, ceux qui l'ont aimé. Je n'écoute qu'à moitié, chaque mot m'étouffe un peu plus, resserre cette main autour de mon âme. Je ne veux pas entendre ces autres, je ne veux pas voir tous ces liens qui l'attachent à eux, à des lieux, à des époques.

Je marche absent au monde. Je suis à côté d'elle et mon spleen me grise, il me dit que je suis seul et que rien ne me retient, pas même elle. Il me dit que tout cela est absurde et que je n'ai décidemment rien à gagner à vouloir faire comme les autres. Il me dit de partir, de ne plus rien posséder, de ne plus rien désirer, comme avant. Pas même elle.

La manière dont vivent les autres n'a aucun sens pour moi, cette vie là me détruit. Elle fait de moi un prisonnier des autres, un étranger à moi-même.

Je veux m'en aller, loin de toi, loin de tout.

Ce tout... Si dérisoire...

mercredi 17 mars 2010

Un souffle

La vie ça se vit dans un souffle sans penser au suivant.

Je ne veux rien devenir, rien atteindre, rien d'autre que moi-même. Je ne souhaite pas de statut social, je ne souhaite pas faire plaisir à ceux qui attendent de moi que je devienne quelque chose en particulier, un symbole de réussite pour eux, quelque chose qui puisse leur renvoyer un reflet d'eux-mêmes dans lequel ils puissent s'aimer.

Je me fous de ce que les gens pensent de moi, je me fous de leur système, de leurs titres, de leur calvaire de danaïdes.

La vie c'est une étoile filante et moi je veux en être une pas les regarder.

Je serais rien, et je serais tout à la fois. Je ne serais ni écrivain, ni philosophe, ni combattant, ni amant, ni professeur, ni bibliothécaire, ni astrophysicien, ni informaticien. Je serais moi! Je serais un homme qui vivra sa vie comme il l'entend sans en avoir rien à foutre du reste.

En attendant, le temps passe, lui, sans hésitation, sans anticipation, il n'est que présent se consummant au fur et à mesure de sa propre existence.

La vie ça se vit, j'ai 24 ans et c'est ce que je fais. Ca déplait à certains oui. Certains qui n'ont pas compris que la société est une construction absurde construite sur du néant. Moi je vis comme je l'entends, chaque moment comme il me plaît, je ne pense pas au futur, je pense à ce qui existe ça suffit bien.

Je suis heureux et je vous emmerde!

dimanche 7 mars 2010

Si j'ai mal

Si j'ai mal à la tête ce soir, c'est ce monde absurde où personne n'aime, qui vient casser mes synapses et veut me plier à sa volonté.

Si j'ai mal au coeur parfois c'est quand je me laisse submerger par tant de bruit et de chocs, celui que font vos armures qui s'abattent les unes sur les autres avec violence parfois.

Si j'ai mal aux cotes, c'est que j'ai pris des coups pour me sentir vivre.

Si j'ai mal à l'âme c'est que je veux être celui que certainement je ne suis pas.

Si j'ai mal aux yeux c'est que je ne peux plus voir que ta pureté onirique qui m'éloigne de tout.

Si j'ai mal d'entendre, c'est que trop de mensonge se transporte à mes oreilles et rature les identités des gens qui se mentent.

Si j'ai mal c'est moi qui résiste à toi ou l'inverse.

Si j'ai mal c'est ma faute alors je me soigne et tout va bien.

Avec le temps

"Avec le temps, tout s'en va" et tout s'en vient aussi.

Avec la nuit fuit la conscience et arrivent les rêves pour nous garder.
Quand vient l'aurore s'en vont les rêves, s'en vient la vie.

Et oui, les poussières volent au vent avec le temps qui les poussent dans le dos, et puis il y a des graines qui cessent d'être trimballées de terres en terres et puis qui posent leur univers qui va s'éclore au fil de l'eau.

Avec le temps, il y a des doutes qui meurent, d'autres qui naissent, certains qui restent malgré les saisons.

Avec le temps la vie advient, un jour interrompue, un autre rendue.

Avec le temps va rien ne s'en va vraiment puisque tout ce qui part revient, même différent.

Avec le temps Léo, il y a ta voix qui décline, tes voyelles qui se taisent, puis avec un petit peu plus de temps, tu resurgis plein d'entrain, et tu ne meurs jamais.

Avec le temps tout arrive, tout existe.

Avec le temps, tout, tant, et si bien. Avec le temps tout est temps, tout étant.

Je voudrais te dire

Je voudrais te dire
Ces choses que je lis dans les rides qui plissent le coin de tes yeux
Et puis t'écrire le reste qui dort tapie dans le creux de mes tripes.

Te dire des mots qui remplaceraient mes actes,
T'écrire cette réalité que j'aimerais t'offrir.

Je voulais te dire aussi
Que j'étais terrorisé par la femme si féminine que tu représentais.
Je voulais t'écrire de ne plus attendre des moments qui me dévorent et me laissent morts.

J'ai voulu te dire
Que c'était fini et que je n'en valais pas la peine,
T'écrire un poème que tu garderais où tu pourrais lire ce que j'aurais pu être...

Te dire tout haut les choses qu'on pense tout bas les paroles interdites,
T'écrire en tout petit, l'immense royaume que j'entrevois quand tes yeux me voient.

Maintenant je veux te dire
Que je ne sais pas où je vais ni vers quoi t'emmener.
Je t'écris ici mon temps qui t'est offert et que tu peux prendre à volonté.

J'ai choisi de perdre alors je t'en prie vient gagner, gagner mon coeur et puis mon temps que je ne compte plus dorénavant.

Intermittence

Tu te fermes; et puis tu t'ouvres, par intermittence. Comme une boutique devant laquelle je ferais les 100 pas tous les jours, attendant l'ouverture avec impatience, guettant une brêche que je pourrais combler de tout mon être, de tout mon amour.

Quand tu n'as plus peur, et que tu tombes le voile avec pudeur, je suis une bulle à l'intérieur de laquelle plus rien ne peut t'atteindre.

J'aime quand tu n'as pas peur d'être humaine, quand tu n'as pas peur de souffrir. Et j'aime que tu le dises...

C'est marrant parfois j'ai l'impression que deux personnes issues de mondes différents, ne peuvent s'aimer que dans un silence de l'être, quand la pensée se tait, noyée sous les sentiments et cet instant qui pourrait durer le temps du temps.

Et puis ma voix alors se fait plus douce, devient murmure. Ainsi la tienne se fait plus lisse et puis s'enroule autour de moi. Je voudrais ne plus parler quand je suis avec toi, ne plus rien faire que vivre en silence, de tout mon être.

Mais est-ce normal qu'aimer ainsi? Est-ce bien possible?

Brusquement, la vie des Hommes s'en revient nous submerger pour nous rejetter de notre île à ces rivages inhospitaliers où tu t'en vas suivre ton chemin avec les gens de ton quotidien et moi qui part un peu plus loin, seul en regardant au large, si loin de ton horizon.

Je ne comprends pas pourquoi les femmes que j'aime n'existent que dans ces moments de pure présence physique, hors du temps, loin de tout.

Est-ce que c'est faire fausse route que de vouloir malgré tout laisser au temps le temps d'abaisser les montagnes qui nous séparent, de lisser un monde plein d'aspérités, de gouffres insondables.

Un jour un ami m'a dit que le temps était la parole de Dieu sur Terre, sa manifestation évidente.

Dorénavant je me tais. Et j'écoute.

mardi 2 mars 2010

Comme un fantôme

Je n'écris plus parce que les mots ne viennent plus. Ils semblent mourir à peine éclots, ils sont si loin de ma conscience, comme insaisissables, incontrôlables.

La sérénité? Enfuie, loin, bien au-delà de mon horizon maintenant...

Je me tourne le dos, je ne m'entends plus qu'en bruit de fond, je ne réponds plus à cette musique lassante, je la fuis.

Une des plus grosses épreuves de ma vie m'attend, elle est si dérisoire quand j'y pense de loin en passant, et si écrasante quand je lui fait face, quand je me brûle à son feu.

Les mots eux, s'en vont s'en viennent nonchalants dans ma prison de fou. Ils me traversent mais je ne les écoute plus et ils voyagent vers d'autres âges.

Les peurs d'hier ont été remplacées par celles de demain et je ne sais plus de quoi me méfier.

Je dis ce qu'il faudrait taire, à mon insu, mon silence est plus éloquent qu'un cri de douleur et plus perçant.

Elle me dit doucement ce que je ne regarde plus et je contemple un peu triste les ruines de mon ego, tourbillonant dans une pièce vide remplie de courants d'air.

Cette pièce c'était moi, maintenant ce n'est plus rien, un peu de lumière jetée là sur quelques doutes se disputant les restes d'une certitude enfuie sous des regards tangents s'ignorant volontairement, l'air de rien.

Il parait que la liberté est un territoire à coloniser, un territoire de sa propre conscience. J'y réfléchis, je tourne autour, ébauche des plans de bataille que je vis en rêve éveillé.

Je rêve ma vie et ça m'ennuie.

mercredi 17 février 2010

Loin de toi

Tous ces jours loin de toi
Qui m'éloignent de moi:
Trop d'amour déversé
Sur les rives d'à côté.

Et le temps assassin
Qui efface nos émois,
Par des rêves consommés
Que l'on cesserait d'aimer.

Seul ton regard balaie
Tous les doutes installés,
Et ton souffle lustral
Mue ma mort en pétales.

Vers tressés

Petits vers enlacés que tu prends par la main
Où mes mots sont des doigts qui s'entremêlent aux tiens.

Infusion de minuit où te parle mon lit
Mes bouteilles à la mer que tu bois à la lie.

Ce cantique démodé est un sourire en laisse
Psalmodié dans ma tête quand mes lèvres tu presse.

Gloire au fertile amour que tu sèmes tous les jours
Sur ma terre assêchée que ta source vient mouiller.

Mais quand sombre la nuit, c'est ma haine qui me dit
Tous ces mots regrettés qui te crient ma folie.

Orbite

La pointe de tes lèvres: ma périhélie.
Je m'y brûle comme à la vie.

Avances-tu le menton,
Me mué-je en santon,

Que tu déplaces sur ton coeur
Où s'embrasent mes heures.

Toi, moi et l'univers

Toi et moi et l'univers,
Dans un subtil déplacement vers
Le noir canon d'un revolver
Qui crêve mon coeur ton âme en l'air.

Et eux et elles qui chantent encore
Leur tendre haine en désaccord.
L'encre de mon coeur colore ton âme
D'un voile vermeil sur toi si femme.

Nous et cette forte pesanteur
D'un espace-temps qui plie les heures,
De ta présence par trop intense
Devant nos jours enfuis d'avance.

J'aurais voulu ma mie te sentir nue,
Chanter ton nom en milles vers,
Souffler ton air que j'ai connu,
Puis à tes pieds que l'on m'enterre.

La "the nana"

Qu'aurais-je à dire à tes souliers,
Qui loin de moi s'en sont allés?

Nul désir en moi ancré
N'ont réveillé tes vains soupirs.

Mensonges pieux et vieux affronts
Sont tout ce que m'inspire ton nom.

Et toi prétentieuse tu voudrais
Siffler nos coeurs comme du Vouvray.

Renaissance

Anodine pureté déposée par la neige,
Tu rends à volupté son ordre et sa beauté.
Géants verts endormis par l'hiver qui s'abrège,
De ta vertu sont parés, fiers et fatigués.

Tu es le sel des saisons
Offrant ce nouvel horizon.
Après l'offense des gercures
Tu donnes au monde sa vraie figure.

vendredi 12 février 2010

Inspecteur Derrick

Je suis un jeune petit vieux,
Un poète arythmique quelque peu pathétique,
Qui dit mieux?

Dans mes rêves de succés,
Je troque mes habits usés
Pour un style déjanté.

Si je reste seul assez longtemps,
L'inspiration s'en vient qui m'entend,
Et ma muse me détend.

Ma femme, d'un certain âge, m'encourage.
Elle dit à qui veut l'entendre que son mari est un génie,
Sauf quand je pète au lit...

Elle regarde Derrick avec le chat du voisin,
Monte le volume et mon rêve prend fin,
Alors j'ai acheté un chien.

Je rumine mon chagrin en regardant le générique.
On est dans un monde où les cons font du fric.
J'observe ma Monique...

Trop vieille. Avant d'avoir un radis je finirai alcoolique.
Poète maudit ça fait chic mais sans poème y a un hic.

Les rêves... C'est quand même bien pratique...

Péripatéticienne

Averse de doute sur moi ce soir,
J'ai froid j'ai peur et je le dis.
Renverse la tête que je t'admire,
Saupoudre mon âme avec ton rire.

Sans vent ni voile point ne m'envole
Que ton sourire qui me dévore
À l'ombre d'un ciel où tu racoles
Quand tu désires l'argent des morts.

Vaines prières que rien n'étouffe,
Pas même le vice qui les fait naître.
Et ces valeurs comme des pantoufles,
Que l'on rechausse pour le paraître.

N'était ta feinte dilection prétendant me tromper,
Tu serais mon Eole qui ma joie perdue gonflerait.
Mais cette nuit gercée par une fraîche bise,
Ne laisse dans ta sébile que ma flâneuse sottise.

jeudi 11 février 2010

Les mots vrais

"Menteur, menteur..." souffle l'écho de ma conscience.
"Sale imposteur!" s'écrie la voix de ma patience.

"Froussard, froussard!" me crient les gens par leur regard.
"Sale égoïste!" me lancent les femmes que j'ai trahies.

"Regarde-toi..." font les amis que j'abandonne.
"Pauvre de toi..." pleure cet amour qui me harponne.

"Qu'est-ce qu'il attend?" s'interrogent-elles innocemment.
"Quel abruti!" s'écrient en choeur leurs prétendants.

"Laissez-moi donc..." leur murmuré-je baissant les yeux.
"Je te déteste..." sanglote mon coeur tellement envieux.

mercredi 10 février 2010

Je te quitte

Je te quitte:

Parce que je pourrais trop t'aimer.
Parce qu'il se pourrait que je ne sois pas à la hauteur.
Parce que tu m'impressionnes.
Parce que tu es trop belle.
Parce que peut-être ne m'aimeras-tu pas autant que moi je t'aime.
Parce que tu es trop libre.
Parce que tu manges les hommes.
Parce que d'autres te veulent qui pourraient t'aller mieux que moi.
Parce que d'autres existent dans ton monde.
Parce que tu as le choix.
Parce que je ne veux pas que tu me quittes.
Parce qu'ainsi tu ne pourras pas ne plus m'aimer.
Parce que c'est sans aucun risque.
Parce que c'est simple.
Parce que j'aime la solitude.
Parce que c'est ma façon d'aimer.
Parce qu'il te faut ce qu'il y a de mieux en ce monde.
Parce que tu ne mérites pas le doute.
Parce qu'il y a d'autres femmes à quitter.
Parce que j'ai peur.
Parce que je t'aime...

Je t'interdis

Je t'interdis:

de faire la fête,
de rire sans moi,
d'en aimer d'autres,
de trouver d'autres hommes beaux,
de ne pas m'admirer en secret,
de pouvoir vivre sans moi,
de voyager,
d'être heureuse quand je ne suis pas là,
d'être désirable,
de plaire aux autres,
de me faire peur,
de ne pas avoir aussi peur que moi,
de ne pas m'attendre,
de croire que je peux te rendre heureuse,
de rêver,
d'avoir une vie privée,
de connaître des choses que je ne connais pas,
de ne pas tout me dire,
de trop parler,
de ne rien dire.

Je t'interdis la vie moi qui veut la remplacer pour toi.

Ma plus grande peur

Il n'y a presque rien que j'écrive et qui me laisse cette sensation d'achevé, d'accompli.

Quand je m'écoute, quand je me relis, je vois cette ennuyeuse mélancolie qui suinte de chacune de mes tournures de phrase, des mots eux-mêmes.

Pourquoi est-ce que je continue d'écrire? Parce que j'espère. Et j'attends cet instant rare, où se lire procure des sensations presque étrangères à soi, de celles qui ont l'intensité des autres et leur génie. Je m'écris et j'attends en me lisant, cette surprise si violemment agréable de reconnaître en l'autre un "tu" si semblable à soi. J'écris comme si les mots me permettaient de tomber amoureux de moi-même. C'est effrayant mais ça n'arrive jamais...

J'ai toujours plus ou moins eu ce que je voulais avec le temps alors je patiente avec les mots. D'eux je façonne des miroirs et j'espère secrètement qu'ils se mettent à parler de moi et me disent que je suis beau.

Les mots n'attendent rien de leur auteur et c'est certainement pour cela que je les aime tant.

Ma plus grande peur c'est ce que tu attends de moi.

Ma mélodie inachevée

Je voudrais l'écrire une fois pour toute cette symphonie que j'ai dans le coeur, comme un ailleurs auquel les gens pensent quand ils pleurent. Vous savez, de ces musiques qu'on oublie pas, de celles qui trouvent refuge dans les replis des âmes flouées, qui dorment au fond des mots et des regards de ceux qui osent, qui osent encore se regarder dans les yeux.

Mais c'est en vain que je l'attends, cette inspiration géniale censée me délivrer de tout, de toi, mais peut-être de moi surtout.

Un accord, c'est un bout de chemin qu'on suit et qui vous mène au paradis comme ça, l'air de rien, en passant.

À quoi penses-tu toi qui réussit à chaque fois, ce pari incensé de te dissoudre dans le tout et d'en revenir toujours, si triomphant? Penses-tu seulement?

À quoi bon chercher un mode d'emploi, me dit la voix qui est moi mais sans l'être, elle qui me parle jour et nuit. Je me parle à moi même constamment! Et c'est une poésie je vous l'assure. Je la tutoie et elle aussi. Elle m'ordonne, elle me dirige. Elle est peut-être moi mais ce moi plus lucide, moins fragile et plus raisonnable, moins débile et plus volontaire.

Elle vient d'ailleurs de me dire, il y a quelques lignes déjà, que lorsqu'on attend qu'on vous montre comment faire les choses, c'est qu'on a déjà trop peur de les faire...

Et de quoi aurais-je peur s'il te plait? De m'apercevoir que ma mélodie, "ma mienne", ce serait tout ça? Ceci, que je crache quotidiennement et qui n'éclaire d'autre que moi? Ce serait ça le meilleur de moi? Cette médiocrité habituelle qu'aucune personne au monde un tant soit peu intelligente n'irait acheter.

Mon oeuvre c'est une plainte perpétuelle que je suis seul à écouter...

Tout ce que je crée n'aura jamais de succés. Moi qui prétend m'en foutre royalement. Hypocrite envers soi, voilà un crime qui devrait être puni. Il semble qu'il l'est, l'identité flouée se venge immanquablement.

Je vis dans un monde qui n'appartient qu'à moi, où tout est décalé, tout est banal. Mes perles sont des cailloux ici...

Je suis cette grenouille prince de sa mare et dont le monde se fout éperduement. Assis sur mon nénuphar, je contemple mon reflet qui me parle et qui m'ordonne, au sein de mon royaume factice. J'attends et je laisse passer le temps sans trop me faire remarquer.

Malgré moi, chaque jour je rêve d'être une sirène dans l'océan des autres, pendant que le mien s'écoule doucement de mes yeux fatigués et de ma plume rabougrie.

Ma mare c'est moi et parfois j'en ai marre d'être moi...

mardi 9 février 2010

L'homme comme inabsolu

Le temps est la modalité d'existence de tout objet fini ayant conscience de sa propre finitude.

Par ailleurs, la conscience n'est-elle pas précisément l'attribut de ce qui est fini?

Il semble que la conscience humaine, que je mêle intrinsèquement à l'identité, soit une barrière à la compréhension de ces absolus.

En effet, la conscience est consubstantielle au temps et par là même, à la durée. La conscience n'existe que dans le moment présent bien qu'elle conceptualise le passé et le futur. Ainsi, toute conscience existe par le temps, ce qui nous amène à la conclusion que toute chose intemporelle, tout absolu ne peut posséder de conscience et donc connaître sa propre existence.

L'esprit serait donc l'entité qui soumet l'individu au temps, toute chose sans esprit connaîtrait une existence intemporelle.

Le fait de devoir raisonner dans le temps, rend l'homme inapte à comprendre l'absolu, à le vivre.

L'homme est donc piégé dans cet espèce d'éternel retour, ce questionnement de l'origine qui conditionne la fin.

Il nous est impossible de vivre l'infinité.

La seule manière pour l'homme, semble-t-il, d'envisager l'infini est sous la forme cyclique, c'est à dire de l'éternel recommencement. Ainsi quand l'homme veut appréhender l'infini il se pose la question de l'origine. Et lorsqu'il s'interroge par la suite sur l'existence possible d'une fin, la réponse invariable est la répétition de l'origine, et ce infiniment.

Pour que l'homme puisse sortir de son humanité pour saisir l'essence absolu des choses et de lui-même, il faudrait qu'il brise ce cercle; mais pour devenir quoi? Certainement pour ne plus penser, mais pour être purement et uniquement.

Aphorismes 2 le retour...

À défaut de tout montrer, efforce toi de ne rien cacher.

La poésie c'est nettoyer les mots de la morale.

L'infini est par essence intemporel.

Le cerveau c'est des milliards de mains, toutes craquant une allumette dont la flamme est une pensée.

Chaque action dans la vie est une manière particulière de cartographier son âme.

La poésie naît de la démarche et non de l'oeuvre finie.

L'oeuvre finie, comme le poète, deviennent de purs produits.

Lorsqu'on est vrai, vraiment soi, on ne peut faire souffrir personne, seulement ceux qui ont décidés de souffrir eux-mêmes en plaçant dans votre personne les quelques rêves brisés qui les hantaient.

Vivre chaque expérience de manière vraie, en étant parfaitement soi-même à chaque instant et sans mensonge, est le seul moyen de n'avoir aucun regret, d'apprendre de la vie.

Je suis moi donc je suis libre, infiniment.

Aimer sans rien attendre en retour, c'est être libre de tout, libre des autres.

La nature est une femme mille fois trompée qui continue malgré tout d'aimer.

Finalement la plus haute forme de justice n'est-elle pas précisément l'absence de jugement?

L'on est vraiment blessé que lorsqu'on accepte de l'être.

Les gens qui ne savent pas voir la poésie hors de la morale ont tout simplement trop peur de leur propre vacuité...

L'art ne tolère pas dans son royaume, ceux qui taisent leurs propres doutes.

L'art doit atteindre votre être, et le changer, définitivement.

Les vieux sont beaux pour qui sait voir en eux autre que sa propre peur.

Quelqu'un qui vous lit: c'est déjà une forme de respect.
Quelqu'un qui apprécie ce que vous écrivez: c'est déjà une forme d'amour.

Le vrai courage c'est être soi-même et s'accepter ainsi.

Les choses qui se font par comparaison ne sont qu'un leurre.

Il faut marier ce que l'on est à ce que l'on voudrait être il me semble et non pas divorcer.

Les gens sont des boîtes, on y met bien un peu ce qu'on y veut mettre.

Toutes les formes sont valables, ce ne sont que des supports.

La poésie est dans tout mais il faut savoir la déterrer parfois, comme un enfant qui gratte la terre.

Les bons écrivains doivent être ceux qui font ressortir ce qu'il y a de beau dans le laid; ce qu'il y a d'unique dans le commun.

De la nature du temps

Le temps, c'est la durée qu'il faut à la matière pour passer d'un état E à un état E+1, ou bien d'un objet à un autre. C'est le temps nécessaire à la matière pour traverser le vide.

Si la vitesse de la matière, qui permet de faire varier cette durée, est sans limite, alors le temps n'existe plus, tout est définitivement présent instantané.

Mais ce présent infini n'existe que dans le mouvement: un mouvement qui doit avoir une vitesse infinie, la matière cessant donc d'être localisée sur un point donné mais étant potentiellement partout à la fois.

Le temps semble donc être une différence de vitesse de la matière. Dit autrement: la vitesse de la matière créée le temps.

Infini et temps

Si l'univers est infini, tout existe.

Par conséquent, tout existe déjà et n'est pas en train d'être crée car si cela était le cas, tout n'existerait pas puisque certaines choses seraient encore à créer.

Pour cette raison, l'infini doit forcément exister hors du temps.

En effet, si l'on considère que tout est crée à un instant T, alors si le temps existe, existe forcément l'instant T+1. Or entre l'instant T et l'instant T+1, forcément de nouvelles choses seront apparues, ou bien d'anciennes se seront modifiées, les choses qui étaient ne seront de toute façon plus les mêmes.

Tant qu'il y a du temps, il reste des choses non créées.

En conséquence, l'infini existe forcément hors du temps, dans un instant qui s'étire à l'infini.

Ainsi, si le temps existe bel et bien malgré tout, alors c'est qu'il existe une infinité d'infini dans chaque instant du temps qui en compte une infinité.

Le temps fige les choses et donc leur impose une finitude, un état. L'infini est donc par essence intemporel.

lundi 8 février 2010

Mort mélodique

Des têtes qui bougent des âmes qui écoutent. Le pincement répété de cette corde qui lance ces vibrations acoustiques sur les coquelets.

Tannn, et ce rythme qui bat, comme un métronome du corps, pliant l'humain sous sa volonté tyrannique. Un mariage, entre cet homme, la matière et ses ondes qui les modèlent.

Bruit métallique qui frappe l'oreille, puis retentit, dans un résonnement décroissant.

Odeurs de bois qu'on imagine dans les pincements. Et des bruits doux, des impacts amoureux, ce bois qui prie avec nos coeurs.

La musique est là par intermittence, elle mange les silences qui la composent, elle se métamorphose.

Le corps s'endort, quitte cette réalité précise pour des contours plus éthérés.

L'anatomie humaine n'est plus qu'une racine plongée au coeur de la Terre. Et l'âme grandit dans ses branches, de cette symphonie se nourrit.

Hop bourgeonne l'extrémité d'un de mes cheveux. Une feuille se crée contenant sa propre mélodie qui m'emmène en se dépassant.

Je fais du stop dans les cymbales de la batterie, je me fais emmener par les basses dans des percussions qui dansent l'espace.

J'ondule, je fuis, j'agis.

Musique je suis, les retombées éclatent autour de moi dans des explosions de papillons, chacun tenant fermement sa note dans le silence. Et l'on se pose, eux moi, décomposés en morceaux ailés, sur ces fleurs amoureuses qui déversent leur harmonie sur nous devenus caisse de résonnance pour l"infini.

J'oscille, je fonds, je jouis.

L'espace est mort, et s'aplatit.

Tout le monde s'écrase, le ciel musical touche à terre. Je suis mort mélodiquement pendant que d'autres vivent méthodiquement.

Ce qu'on gomme

Je ne gomme plus désormais les petits écarts que l'on fait en écrivant.

Les hésitations, les moments d'inattention, les culs de sac. Je dessine à main levée sans jamais lever la main. Un seul coup de crayon, le même pour commencer et achever.

Alors ainsi seulement je me contemple, je me regarde dans mon sillage irrégulier. Dans mes détours je met à jour ce chaos régissant la conscience.

Le cerveau c'est des milliards de mains, toutes craquant une allumette dont la flamme est une pensée. Simultanées, elles embrasent l'esprit et réclament toutes un chemin jusqu'à la conscience, un traitement de faveur par rapport à leurs soeurs.

Si l'on pouvait seulement se décaler de quelques centimètres par rapport à la réalité, quelques centimètres vers le noir, je suis sûr que l'on verrait sur les cerveaux, se peindre les sillons de ces milles lueurs formant un chemin mouvant sur le cerveau. On verrait Dieu en train de peindre son doux chaos sur nos âmes.

Finalement, ces derniers temps c'est l'écriture automatique qui m'attire. C'est une phase, je le sais bien... Je dois explorer cette technique et en apprendre le résultat.

Chaque action dans la vie est une manière particulière de cartographier son âme.

Les cartes changent et les légendes aussi, offrant ainsi une mise en relief, une compréhension toujours plus profonde, créant le doute. Le doute ne quitte jamais la progression. Il est le frère de la connaissance.

Peut-être qu'à force d'écrire les pensées qui jaillissent, à force de spontanéité, je saisirais un peu de la logique du chaos?

J'ai un crayon et cette gomme est là si obsolète. Le crayon parle mais la gomme muette jamais n'écoute. Pendant que moi, je remonte de ce claquement de fouet que fait la pensée qui éclate, tout au long des sinuosités de son sillon, jusqu'à l'instant initial, l'illusion totale, préparée depuis un infini passé qui j'en suis sûr par essence nous échappe, celui qui la fait naître.

Y a-t-il un instant T d'où jaillit la pensée? Ou bien n'est-elle que l'étape logique préparée par le temps, depuis l'origine de toute chose, le tronçon d'un processus insaisissable parce que méta-humain.

Si l'on efface ce qu'on ignore, autant raturer sa substance, autant se détricotter de l'univers. Je laisse mes ratures partout sur mon cahier et sur vos yeux. À vous de les interpréter ou de les mettre de côté. Je m'en fiche, je veux éclairer mon passage si profondément dans le vide que j'imagine, si fort, comme un trou noir d'ou finalement la lumière la plus intense vient basculer dans un envers bien mystérieux.

À quoi ça sert, je n'en sais rien, mais tant pis, mais tant mieux...