samedi 29 août 2020

Si je n'avais plus qu'un seul jour à vivre

Si je n'avais plus qu'un seul jour à vivre
Goûterais-je à nouveau la saveur du présent
Ferais-je disparaître le goût trop âcre de l'inexistence?

Si je n'avais plus qu'un seul jour à vivre
Désirerais-je à nouveau?
Aurais-je un rêve en haut de mes nuits blanches et qui des cimes
Ferait briller pour moi des soleils éternels?

Si je n'avais plus qu'un seul jour à vivre
Saurais-je choisir un destin
Et taire le doute assourdissant qui couvre de silence
Toutes les voies possibles?

Si je n'avais plus qu'un seul jour à vivre
Aurais-je enfin le courage
De vivre encore un peu...

vendredi 28 août 2020

La chimie rend heureuse

 

La drogue dans les veines.
Vivre est lutte bien vaine.
La chimie rend heureuse?
C'est ce que tu disais.

Oh tes aurores grises
T'entourent en un nuage
Que tes chants présageaient
Mais jamais ne se brise
Le son de ta colère.

Cette fois-ci c'est pour de bon,
Tu traverses le Styx
Et tes amours d'alors
Demeurent sur l'autre rive...

Est-ce que la chimie rend heureuse,
Rend à l'aurore ses doigts roses?

Tu sais je t'ai bien regardée
Mais tu ne voyais pas
Ma présence éclatée
Qui te tendait ses bras.

L'amour est éphémère
Un rêve de cimes une chimère
Que la chimie excède.

Cette fois c'est la bonne,
Le dernier souffle qui charrie
Sur tes yeux clairs le voile
Des chansons achevées.

Nous t'aimions de pleine âme
Mais la chair a raison
Qui cueille l'aiguillon
Pour tenir un sésame.

La chimie rend heureuse
Et son bonheur hanté
Couvre les ecchymoses
Dont tu étais teintée.

Maintenant tu reposes
Aux jardins embrumés...

La chimie rend heureuse.
C'est ce que tu disais.


Pour Jean.

Source musicale:

Viens. Désir.

Viens. Désir.
Tombe sur moi comme la pluie, le soleil au matin qui tous les jours surprend: invariant.

Viens. Désir.
Qu'un Dieu suprême injecte en moi ton élixir.
Que s'abouchent à mes lèvres les siennes et qu'à son souffle enfin j'inspire...

Viens. Désir.
Viens d'ailleurs, car tu es toujours d'autre part, et je donne à celle-ci ma tendre liberté.

J'exige, dès aujourd'hui, d'aimer autre chose que moi.

jeudi 27 août 2020

Heures creuses

Étaient-ils heureux, les sages de toutes cultures, recherchant le dépouillement toujours plus accompli, la dissolution de l'égo, des désirs et de toute volonté? Étaient-ils dépouillés de tout? Comme moi, ou bien leur restait-il la quête d'un but hégémonique et absolu: la réalisation du néant dans la conscience pure...?

Peut-être est-ce là la clef de leur entreprise: ils s'étaient dédiés corps et âme à un seul et unique but: l'anéantissement du désir. Et il faut pour cela un grand désir transmué en une volonté constante pour effeuiller ainsi la nature même du vivant.

Tandis que moi, que me reste-il... Abandonné à l'absolue instantanéité de mes désirs, rassis dans cette marmite frémissante où chaque promesse éclate aussitôt préformée et tombe derechef dans le ragoût primordial informe. Moi je n'ai rien: ballotté par le constant brassage des désirs cycliques, je ne tends vers rien.

Qui pourrait bien suivre la forme de mon destin, le contours de ces heures creuses que je me plais à vider de toute substance...?

Si seulement ma vie était un néant, elle aurait au moins pour elle la valeur de laisser place à tous les possibles. Mais elle est ce quelque chose persistant, suffisamment quelque chose pour n'être qu'un quasi-néant infect et disgracieux, la forme floue de trajectoires spectrales parce qu'à peine esquissées.

Ma pensée va trop loin pour moi, j'ai simulé tant de vies, et si rapidement, qu'il n'y a plus un chemin pour m'étonner encore et me donner envie...

Ma vie n'est que cette ombre des pensées fougueuses: un petit tas de ténèbres projetées qui singe unidimensionnellement la forme des vivants...

N'est-ce pas mieux ainsi?

Un oiseau est mort ce matin, je l'ai trouvé au pied d'un arbre, le cou brisé dans un angle improbable.

Il a rampé vers moi comme si j'avais détenu le pouvoir en mes mains de réparer le cours du destin.

La mort est passée dans ses plumes, dans un souffle, comme un vent hâtif et sans égards. Même ainsi, on aurait dit qu'il allait se réveiller, s'envoler à tout instant.

Il a suffi que je tourne la tête un instant, et la vie l'avait quitté, imperceptiblement, sans que le monde change pour autant, sans qu'autre chose que ma douleur fasse signe vers l'évènement.

C'est ainsi que l'on part, subrepticement, à moins que quelque cœur fraternel sente son lien mutilé et enclose la mémoire de votre être dans la forteresse du passé.

Je pourrais partir ainsi, couché sur l'herbe agonisant, sans que rien en ce monde ne change pour autant.

Sans témoin, le passé n'a pas l'once d'une existence...

N'est-ce pas mieux ainsi...?

vendredi 7 août 2020

Le métier d'Homme

Remonter l'horlogerie de l'âme.
Rapiécer l'étoffe élimée.
Lutter contre sa propre entropie.
Repeindre les couleurs délavées.
Avancer contre un trop lourd courant.
Maintenir une croyance minimale

     Pour que tout ne soit pas néant instantané.

Tenir en bride les doutes laniaires.
Boucher la coque qui prend l'eau.
Tenir haut les voiles attaquées par les vents.
Rester à flot sous les lames acérées.
Élaguer,
Soigner,
Croître,
Protéger,
Enrichir,
Prier, silencieusement,
Pour que la terre asséchée, infertile
Qui ne laisse nulle chance
Aux quelques graines plantées
Ne s'effrite pas en un sable létale.

Comment rester en vie.
Comment exister.
Comment empêcher
Les flammes si vives
Qui mettent l'âme en feu,
Dévastent le chantier...

Puiser la force
En des sources improbables.
Absorber,
L'énergie des étoiles.

Pourtant...
La déréalisation,
Le désunivers,
Le désamour,
L'inertie,
La pétrification,
La stase,

Sont les lois de mon être.

Voué à l'échec,
Au naufrage.

Je dope ma volonté,
Injecte le sérum,
Dans le spectacle en ruines
D'un monde disloqué.

dimanche 2 août 2020

Impasse de l'illimité

J'y vois trouble putain! Et pourtant plus clair qu'en plein jour d'été. La pluie tombe à seaux, mais tout mon cœur est chaud. Ça brûle en mes entrailles, dans mon entrejambe qui s'enflamme, quelque chose s'éveille et veut s'élever. Y a-t-il dans quelque endroit du ciel des cimes qui m'aiguillent? Où sont-ce les piqûres de tes fruits mûrs qui bandent mes muscles, insufflent la puissance en mes sillons de veine...?

J'ai un petit soleil privé qui brûle à l'intérieur du ventre, qui chante dans la caisse de ma cage thoracique. Ça me fait des musiques syncopées qui accélèrent et refluent, comme une marée devenue folle et qui changerait cent fois par jour...

Ce n'est pas ça l'amour. Est-ce même quelque chose que ce concept malléable...

Mais j'y vois trouble putain, et si puissamment clair pourtant...

Quelque chose en mes cellules perce le gris sombre des cieux, transperce l'âme de rayons de rosée en nuancier crépusculaires. Et tes bras sont des ailes accrochées à mon cou, et qui me clouent au lit tandis que mon esprit traverse les univers... En infusant ta peau, en creusant tes cellules...

Et si chaque paire de bras était une impasse vers le grand vague Illimité...