mercredi 27 février 2013

Aphorismes

La somme de mon passé, ce sont tous ces évènements dont ton présent dispose: ce moi que tu brésilles au vent.

Ma force est de n'opposer aucune résistance: je suis ainsi aussi fort que toutes les forces de l'univers réunies.

D'ici à la folie, il n'y a jamais que la distance qui sépare une pensée d'un acte.

-"Où vas-tu toi qui regarde l'heure?
Ne vois-tu pas qu'il sera toujours maintenant?"

Je me nourris en traversant la nuit

Les femmes sont comme les fleurs en pot: elles profitent bien mieux de la lumière à l'ombre d'une prison.

vendredi 22 février 2013

Curiosité

Un homme, peut-être vous, peut-être moi, placé face au choix de sacrifier sa vie pour quelque chose d'autre:

  -"Oh puis merde! On verra bien..."

Cette oeuvre

Cette oeuvre est comme la vie elle-même, comme l'univers: elle n'a pas de fin et son commencement vous est inconnu.

mardi 19 février 2013

Seul et avec vous

Seul et avec vous,
J'ai fait couler les ans par le fond de vos mers
J'ai fêté mes vingt ans dans vos bras éphémères

Là mais déjà parti,
J'ai traversé vos vies puis vous ai oublié
J'étais ahuri vous m'avez pardonné

Ensembles et solitaires,
Nous traçons sur le temps les sillons du destin
Tantôt si proches et pourtant si lointains

Moi, sans vous,
J'ai parlé au futur, et aimé l'univers
J'ai connu la vie dure, la solitude amère

Vous et moi,
C'est encore une histoire de rupture
j'ai voulu vous quitter, mais je n'en suis plus si sûr

Je, tu, il,
La vie se conjugue-elle à la première personne
Quand on efface les autres?

Sans faire de mal

J'écris cette lettre comme on écrirait à un ciel orageux, indifférent comme le coeur du monde.
Je m'en fiche, car je sais que le tien m'a ouvert la porte, qu'il rétracte ses griffes et s'empare de mes mots.
Je commencerai par dire que je ne vaut pas mieux qu'un autre, surtout je ne veux tromper personne.
Ma volonté est illégitime, c'est pour cela que je la plie dans la douceur du papier, une part de moi éprouve encore la honte.
J'ai une douleur en moi que je ne sais pas faire taire et j'aspire malgré tout au bonheur absolu.
Si les dieux là-haut veulent m'envoyer une flèche, surtout qu'ils visent en moi l'organe de la joie.
Je ne sais pas ce qui cloche, je suis un petit dieu qui aurait perdu tous ses pouvoirs.
Je serre les poings, j'agite mon corps dans l'air mais l'énergie reste tapie au fond de mon âme, prisonnière.
Je suis ennemi de la matière, la vie est un carcan, j'appartiens à l'éternité.
Tu vois, je parle encore de moi, je crois qu'au fond je n'ai su faire que ça.
Je souhaite m'exhiber dans toute ma laideur, où les extrêmes se confondent.
Par dessus tout, je pense que je cherche un peu à t'effrayer, que tu t'éloignes de moi.
Je n'ai rien à offrir, je ne retiens rien en moi que la nuit et le néant, un morceau d'infini et un peu d'absolu.
Je suis un empereur destitué, empire dans un empire, l'univers m'a refusé.
Pars loin de tout ça, fuis ce monde qui s'auto-détruit, mon temps est compté tu sais.
On ne gagne rien à fréquenter un trou noir, j'aspire toute la beauté et ne rends que du fiel
Quand le moindre de tes regards suffit à faire renaître un ciel.
Tu vois, je te donne ma vie, incrustée dans la feuille, tu pourras la consumer, me posséder à ton gré.
Les gens qui s'aiment veulent posséder le vivant comme s'il s'agissait d'un objet.
Tiens voilà, prends mon esprit éteint, mon verbe délétère et mes rêves de gamins.
Prends mes souvenirs pour les oublier, laisse moi traverser le monde puis m'évanouir.
Je réclame le bonheur pour tous, qu'on me laisse malheureux finalement.
Ainsi, tout le monde y compris toi, se détournera de moi.
Je pourrais enfin vous regarder danser vos vies sur la durée.
Je serais tout seul dans mon creux minuscule, perle noire d'un collier jamais porté.
Je vous observerai et toi même tu m'oublieras.
Je pourrais profiter de votre beauté.
Enfin je pourrais vous aimer.
Peut-être que je t'aimerais aussi.
À la mesure de ton éclat.
Je te regarderais être.
Je crois qu'enfin,
Je serais heureux.
Si je ne pouvais plus faire de mal.

mardi 12 février 2013

Notre réalité

C'est une conspiration, l'univers se joue de moi! Chacune de mes pensées, chacun de mes voyages, exposés par les autres, enfilés sur leur collier, et l'on me fait apprendre qui je suis... Suis-je voué à poursuivre mes errances solitaires pour revenir parmi les hommes et voir chacun sa maison peinte aux couleurs de mes réflexions. Je m'éloigne et construit dans ma tête un "réel plus réel" mais les hommes, la somme de leur chemins, m'offrent la même oeuvre, à peu de choses près. Je marche dans les pas de tous ceux qui sont passés avant moi, tant de sillons tracés que je ne saurais trouver le mien.

Mais est-ce grave au fond? Pourquoi s'agacer contre cette sympathie universelle dont je ressens les effets? Pourquoi ce désir si prégnant d'être le premier à fouler le nouveau monde, pourquoi cette aspiration à la distinction? Peut-être avons-nous tous une partie du réel en nous et chacun détient une part de ce que l'autre détient lui aussi. Nos souvenirs et nos expériences se recoupent. Mais d'aucuns parlent plus forts que les autres et l'Histoire les retient. Nous ne devrions retenir les hommes que pour leurs 'découvertes', pour cette partie de la communauté qu'ils se décident à rendre un jour.

"Peut-être que ce qui compte, c'est cette réalité que nous écrivons peu à peu, tel un cadavre exquis; notre réalité humaine" dit-il pour se consoler...

lundi 11 février 2013

Aphorismes

Probablement qu'une part de la Vérité se cache en chacune de nos pensées.

Toute l'histoire du monde se tient là, pressée sur le seuil du présent.

De toutes nos erreurs

Les gens que l'on croyait pareils à nous, s'avèrent être différents, et ceux que l'on croyait étrangers, finalement nous ressemblent... Il me suffit de croire le monde un pour que chaque évènement soit une confirmation de cette pensée; il me suffit de revendiquer l'atomisme de ce monde et chaque chose et chaque étant me semble une singularité enclavée. Et si le monde était cette alternative, et bien d'autres encore inconnues?

Est-ce que chaque croyance influe sur la réalité ou bien est-ce notre raison qui nous amène à découvrir quelques fragments de vérité auquel le monde rend hommage? Je n'ai aucune idée de tout ça, je ne peux que constater que tantôt le monde est ce tout unique parcouru d'états, de noeuds qui se forment dans sa toile, et tantôt il est cette immense vide dans lequel nous, et toutes choses, sommes placés, inexorablement enfermés dans une individualité que toute la vacuité de l'espace enferme dans la solitude.

À côté de cela, cette physique si étrange me parle d'un univers qui serait, comme par hasard, tantôt ce vide dans lequel existent les choses tels des ilôts que mille océans séparent, et tantôt cette substance parcourue de mouvements qui sont autant d'états d'une totalité. Tantôt je me sens individu, tellement seul que je suis alors mon seul espoir et ma propre personne se confond avec mon Dieu personnel, et tantôt je ne suis qu'une vibration singulière de l'étoffe universelle, je suis une part de la symphonie générale.

La tendance naturelle au dualisme et à la préférence, au jugement intempestif qui permettrait, soi-disant, de dégager le primordial du factice, l'essentiel du contingent, le vrai du faux, me pousse à ne voir qu'une perspective des choses: la mienne. Mais comment ne pas voir que je ne suis pas moi-même une chose immuable et que chaque instant est une reconstruction de mon ego, et chaque regard, chaque souffle est aussi nouveau que le présent? J'ai peut-être besoin d'apprendre à ne plus rien rejeter, à voir dans chaque chose une vérité, un état que ma perception isole du tout mais qui joue une partition cosmique dont je suis tout à la fois effet et cause. Il me faut apprivoiser ce perpétuel mouvement qui m'enrichit, il me faut peut-être aussi apprendre à ne plus m'accrocher au passé, à des idées qui seraient comme ces fruits tombés de l'arbre.

Peut-être alors m'apercevrais-je que la Vérité est faite de toutes nos erreurs.

dimanche 10 février 2013

Ce que nous ignorons sur nous

La peur est toujours là, prête à surgir, elle est ce cancer qui se nourrit de nous.

Combien peuvent penser cela, se réclamant d'une pureté d'où toute émotion négative ou tout sentiment néfaste est absent? Bien trop à mon humble avis. Il n'est pas d'émotion ni de sentiment négatif que ceux que nous voyons en nous comme des corps étrangers. Il n'y a rien que l'humain ressente et qui ne s'intègre pas à absolument à son essence. Tout simplement parce qu'il n'y a pas d'essence de l'homme, pas plus que d'essence des choses. L'homme se réinvente jour après jour et tout ce qui le traverse, et tout ce qui le porte pour un temps, est une émanation de ce qu'il est, un mode d'être corrélatif.

La peur est une incarnation de nous-même à l'intérieur de nous. Chaque sentiment est un état de notre personne cristallisé en nous. Le danger est d'en faire "un empire dans un empire", car alors, et seulement alors, le sentiment devient dangereux, il est ce trou noir vertigineux face auquel l'impulsion de mort se fait plus pressante, nous enjoignant toujours plus fort de sauter à pieds joints.

Il nous faut au contraire regarder la peur et voir de quoi elle naît. Chaque chose ici bas a une ou de multiples causes. Que nous ne sachions pas les voir est une chose, mais d'en inventer de mystérieuses en est une autre. Seul celui qui s'observe comme un sujet d'étude pourra comprendre cette peur, en saisir les ramifications, les points d'attache et les noeuds qui la lient à notre être. Il ne faut pas rejeter la peur, il faut l'accepter comme on accepterait une particularité de notre physique ou encore un trait de caractère étrange. La peur, en nous mettant face à nos défauts, nous permet d'observer l'idéal, d'en faire notre horizon. Elle est un moteur qui s'actionne en nous lorsque nous en avons besoin. Mais comme toute énergie elle est capable de nous détruire lorsqu'elle n'est pas proprement canalisée.

Cette réflexion m'amène à me demander: pourquoi les hommes inclinent-ils si aisément à juger ce qu'ils ne comprennent pas? Pourquoi, lorsqu'ils voient s'agiter en eux une force soudaine, la croient-ils aussitôt l'incarnation du diable, ou d'un corps étranger désireux de s'emparer de leur âme? Nous croirions-nous suffisamment savant pour affirmer que nous possédons notre essence?

J'aimerais que vous réfléchissiez à cette question quelques minutes: une cause extérieure a-t-elle jamais pu susciter en vous un quelconque sentiment sans que vous y participiez? Le mal que vous croyez qu'on vous fait peut-il vous parvenir sans que vous en soyez le relais docile?

Au fil de la raison

J'ai vu ton vrai visage, homme du savoir, tu portes des fourrures et des masques pour te cacher mais ta pureté n'a pas de cage. Depuis la forme de ton crâne jusqu'à tes tremblements, tout indique la lutte en toi, mais sans cesse et toujours, c'est l'innocence au creux de toi qui perce enfin au grand jour. Tu as les yeux perçants, tu es si attentif. Je te vois observer tes semblables, examinant le moindre effet de tes propos sur leurs visages, ton physique te fait ours maladroit mais ton esprit est plein d'égards et de douceur.

Les mots sont ta demeure, et lorsque tu sors au grand jour, tu t'enveloppes à l'intérieur et offre ce rempart à nos regards inquisiteurs. Je connais les mots, tout comme toi, ce sont eux qui me portent lorsque mon être se referme. Il m'a suffit d'ouvrir le filet de ta voix pour accéder à toi; je t'ai vu, tu étais là, petit et aérien, dans ton grand corps balourd.

Mais vint un jour ou ce fût à mon tour, de m'exposer à tous les regards, aux jalousies et aux espoirs. Seulement j'ai quelque expérience de ces épreuves, je sais scruter la peur et l'abriter en moi. Je ne sais alors ce que j'ai fait, si j'ai réussi à être moi, ne serait-ce qu'en partie. Ta corde j'ai fait vibrer, d'une manière ou d'une autre, dans ma voix tu t'es bercé. Lorsque j'eût terminé de créer un pont de lettres entre tous nos esprits, tu as planté tes yeux dans le fond des miens. Fini la rigolade, tu avais enlevé le masque, et je ne sais par quel miracle tu avais su ôter le mien. Qu'as-tu donc vu en moi, j'ai bien du mal à le savoir... Dans cette face brutale et cet air ahuri, dans ces propos maladroits et ce trop-plein de prévenance.

Nous nous sommes regardés et pour la première fois, je me suis senti reconnu, démasqué. Quel reflet de ma personne as-tu ainsi capturé? Serait-ce moi, homme de la douleur, qui ai enfin trouvé le moyen d'exister face aux autres? Peut-être ne comprendrais-je jamais clairement ce qui a pu toucher vos âmes à cet instant. Peut-être devrais-je me contenter de vos remerciements. Il semblerait en tout cas, que j'ai pu, par un moyen que j'ignore, t'apaiser un peu, te faire baisser les armes. C'est que, vois-tu, tu n'as rien à craindre de moi, je te respecte, et ma pensée n'est pas un mur d'ego, mais une main tendue à qui veut l'emprunter.

De cette expérience inoubliable, je garde en moi le doute: aurais-je trouvé le chemin pour vous mener dans mon espace? Aurais-je trouvé quelqu'un qui veut bien regarder?

Mais la raison est toujours là, elle est mon étoile du matin. Vos jugements sont des fers, je les accueille puis les fait ressortir. Je dois continuer ma route, toujours plus loin, éclairé par mes deux gardiennes: la raison et ma mémoire. Mais je garde ce souvenir en moi et, peut-être, un jour, je t'emmènerai avec moi, au fil de la raison.

Aphorismes

Éclate les barreaux de ton identité! Deviens autre; la mémoire est toujours là pour recoller les morceaux et te faire renaître plus vaste.

Les gens devraient se dire entre eux plus souvent: "tu es beau", "j'aime la forme de ton chaos", "je te respecte" au lieu de garder ça en eux et de n'exprimer que leur dédain. Il n'y a rien à perdre à faire cela, tout à gagner.

Au milieu des crachats et des huées, face aux éloges et flatteries, reste toi-même; et ne te repose jamais que sur ta raison. En tous temps et tous lieux, garde-toi des jugements d'autrui comme des tiens.

L'univers choisit tout le monde, il parle à qui veut l'entendre et n'a jamais d'élus. Quant à tes semblables, il te faudra leur faire confiance, t'offrir à leur caprice, et, peut-être, un jour, te sauveront-ils.

Il m'arrive trop souvent de préférer le monde aux hommes, de parler aux choses plus qu'à mes congénères. Peut-être y a-t-il plus à entendre en un silence que dans tous nos palabres.

On ne connait jamais mieux les gens que lorsqu'ils ignorent qu'on les observe.

samedi 9 février 2013

Vision

Au même titre qu'il y a trois dimensions de l'espace, viendra un jour où le temps comptera plus d'une dimension...

Co-être

Voilà enfin tombé ce vieux mythe de la connaissance... Tout est fini, le voilà qui gît désormais à mes pieds, je le dépasse dans un dernier regard.

On a voulu que la connaissance nous donne l'essence des choses, de la réalité et de nous-même, et à cause de cela nous nous sommes enceints dans une forteresse aux frontières délimitées au sein de la richesse illimitée d'un univers infini. La connaissance n'est rendue possible que par l'expérience et les mots, or aucun des deux n'a le pouvoir de nous donner l'essence de ce qui est autre que nous-même: l'expérience n'est que l'expression du corps dont l'âme se saisit, la "connaissance" n'est qu'un reflet anamorphique de ce que nous contemplons par les mots. Les mots sont ce monde que nous plaçons en face de la réalité, un monde fait de vides, d'espaces, qui s'articulent ensemble en un modèle logique. Bien qu'indispensable à l'exploration de l'univers, jamais nous n'aurions dû croire atteindre l'essence des choses à travers ce reflet. Au mieux, les mots sont une vaine tentative de transsubstantiation du réel en un signe, au pire ils sont ce reflet que nous contemplons et qui nous offre l'articulation d'objets qui ne sont que des pièces ou des espaces vacants. D'ailleurs, ces objets existent-ils réellement ailleurs que dans nos têtes? Peut-être que le monde n'est qu'un immense substrat parcouru de mouvements et d'états changeants, que son infinité nous pousse à fragmenter en diverses entités, afin de survivre, afin de s'orienter dans ce tout immédiat.

Et pourtant, l'homme a voulu placer bien plus dans sa propre expérience et dans ses mots. Les mystiques de tous poils ont eu la prétention de connaître la réalité à travers l'expérience étriquée de leur corps, pensant se confondre avec le tout et, pourtant, toujours bien corsetés dans cette carcasse dont seule la mort les délivrera. L'expérience, au fond, les a toujours ramené à eux-mêmes, peu importe ce qu'ils croient pour se rendre heureux, ils ont senti, vécu en eux-mêmes. Pendant ce temps là, les philosophes se sont cru bien avisés de vouloir capturer dans les filets du langage une réalité insondable, afin de la partager, de la disséquer, et de disserter à son propos. Ils n'ont pas su voir, qu'aussi louable soit leur entreprise, elle imposait l'humilité et l'éternel déracinement. Mystiques et philosophes sont des clandestins de leur propre univers, le malheur, tout comme le bonheur, est naît de leur croyance qu'il existait un port, un lieu se nommant Vérité, dont ils pourraient se faire les citoyens et d'où il leur serait loisible d'observer l'essence des choses mêmes. Ce mirage, dans le désert de la curiosité, a fait pousser sur l'arbre de la culture humaine un bien étrange fruit: le bonheur, cette récompense des croyants. L'homme s'était si bien convaincu que sa quête était achevée, et achevable, qu'il goûtait un repos lénifiant dans une quelconque crique de l'univers qu'il avait aménagé à son image, il pouvait enfin dormir du sommeil du juste. Au même moment, partout dans cette galaxie infime, des humains solitaires ou en groupe, peignaient les murs de leur prison, chacun dans une alvéole bien délimitée, tous pensant pourtant être arrivé au même point, ce point unique que devrait être la Vérité.

Toutefois, d'aucuns regardaient ce spectacle avec tristesse, voyant leurs semblables devenir esclaves d'un territoire, planter des clôtures autour de leurs idées et de leurs idéaux. Ils étaient témoins de ces humains qui se faisaient la guerre, devenus farouches gardiens d'un paradis vacillant sous le poids des assauts de la raison, ils avaient placé tout leur espoir dans cet enclos et refusaient obstinément d'en sortir, de regarder dehors.

Connaître: naître avec. Certains ont réellement cru naître avec le monde... Ils n'ont pas su voir que leur conscience et leur corps étaient la seule vérité, et encore, qu'ils sauraient contempler et vivre. On ne connaît jamais rien d'autre que soi-même et même cette connaissance est discutable. Que d'illusions disparaîtraient si l'on remplaçait ce terme par la notion de Co-être. Car nous ne naissons pas avec les choses, nous sommes avec elles. Être conscient d'une telle chose, c'est accepter de ne pas pouvoir tout connaître, accepter de ne pas tout être, comprendre que la condition de l'homme, aujourd'hui, est d'être là, au monde, avec lui et en lui. L'homme est une partie du monde et la partie ne saurait connaître le tout ni même la vivre. Ainsi, certains, forts de cette compréhension décidèrent de ne jamais devenir comme leurs semblables, se gavant de ce grisant sentiment de bonheur qui naît de la croyance, et de toujours poursuivre leur chemin à travers le grand univers. Ils ne renonçaient pas à la Vérité en ce sens que leur voyage serait une alternance de vérités relatives à un état donné de leur être, et que cette Vérité se définit par la connaissance simultanée de toutes ces vérités qui semblent demeurer en nombre infini. C'est alors que ces "héros de la connaissance" comprirent que la Vérité, de leur vivant, leur serait interdite et qu'elle était le prétexte à ne jamais prendre racine. Être un tel homme demande d'accepter la douleur de sans cesse renaître, de toujours déconstruire le confort aliénant d'une vérité propre à un état et une identité, pour se forger un nouvel être, encore et encore, dans ce voyage sans fin de ceux qui ont voués leur vie à explorer le monde. Et voici que résonne dans le ciel leur chant solitaire:
  -"Altérité! Altérité, fais-moi voir la vie par tes yeux neufs, car tout ce qui n'est pas moi me rend plus vaste."

lundi 4 février 2013

Pour chaque galaxie?

Tu trembles carcasse? Tu te permets, semble-t-il, de refuser le destin?
Que crois-tu quitter par cet acte, esclave de tes intestins?

Tu es méprisable à souhait dans ton refus d'exister,
À qui ignore la liberté, la peur impose servilité.

Te crois-tu seul, humain? Tout seul et maître du destin?
Nous te voyons courir, ton pâle visage devient carmin.

Tu ne trouveras pas de contrôleurs plus acharnés que tes semblables
Qui te ramèneront inéluctablement à ton image méprisable.

Nous t'observons, face aux carrefours de ta vie
Prendre à chaque tournant le chemin interdit.

Mais le ciel est vaste et tous les choix sont possibles
Garde en tête que tes pensées sont visibles.

Tu n'es rien de nouveau, rien que nous n'ayons déjà vu
D'autres, bien avant toi, à ce jeu ont perdu.

Il n'y a pas de victoire ici-bas, pour les joueurs de tous poils
Chaque âme contemplera les étoiles...

Viens donc, repose-toi un peu,
Il n'y a pas de joueurs sans jeu
Et pas de jeu sans hasard,
Tout est joué dés le départ,

Ici, c'est ainsi, et cela vaut pour chaque galaxie...

Une odeur d'excrément

J'ai une voix pour parler mais je la garde à l'intérieur, je préfère l'enfermer pour qu'elle hurle en silence, perce les murs de mon coeur.
Je suis grossier et vulgaire, on me dit souvent que j'ai le verbe sale et les propos dégoûtants, j'attrape ces mots dans mon âme et sourit aux médisants.
Je suis tantôt prétentieux tantôt pleutre, je suis tout ce que vous voudrez, dans le fond je reste neutre.

Je ne dis rien et j'écris comme on entaillerai le néant avec une pointe rouillée.
Je suis dur comme l'acier, je tranche et fais trembler la réalité.
J'ai taillé le paradis aux contours de l'enfer.

Vous êtes un cercle, vous êtes clos sur vous-mêmes, assis les uns en face des autres.
Je suis un point, je contemple autour de moi le vaste univers.
Vos belles paroles ricochent sur vos ego, vous êtes gavés de vile flatterie.
Je garde mes pensées en moi, j'écoute et j'amasse ce que le monde nous dit.

Ce que vous ne comprenez pas, probablement car vous ne savez lire que votre coeur enflé, c'est à quel point la poésie vous ignore et l'aveuglement vous dévore.
J'aime l'humanité à en crever et chaque éclat brutal de ma vulgarité pure contient en lui plus de clarté que tous vos concours de politesse.

Quand je vous rencontre c'est la peur que je sens et je sais ce que vous êtes alors, à votre odeur d'excréments.