mardi 24 juin 2008

L'Afrique

On quitte un pays un peu comme on quitte une femme. Soit c'est elle qui prend la décision, soit c'est nous, en tout cas c'est rarement d'un commun accord que les choses se passent.

Vendredi moi c'est une ville que je vais quitter. C'est moi qui ait décidé. Je pense qu'une infime partie d'elle ressentira cette perte, la reste n'en aura cure. Et moi? et bien je reprend la route, solitaire. Je traîne mes pieds vers des contrées plus familières, vers une terre plus accueillante. Oh bien sûr j'aurais quelques regrets, on ne mesure vraiment ce que l'on avait qu'une fois qu'on l'a perdu. Mais c'est avec excitation que je me lance à l'abordage d'autres ventres chaleureux où faire mon nid, où me blottir.

J'ai bien conscience que ce n'est qu'un passage, qu'une transition dans ma vie. En effet, chaque jour je le ressens de plus en plus fort. Les tams-tams de l'Afrique font battre mon coeur en rythme, les chants résonnent dans mon âme. L'Afrique...le berceau. Comme une vieille conquête qui nous aurait quitté sur un malentendu, à notre insu. C'est comme une femme douce que l'on a aimé et qui nous a rendu ivre, qui nous a réchauffé jour après jour, alimentant
des journées trop courtes en bonheur à l'état brut. Vous connaissez certainement cette sensation, celle d'avoir perdu la femme de votre vie. Ce n'est pas forcément celle qui nous ressemble le plus en apparence, les différences de quelqu'un ne sont que les anfractuosités d'une pièces de puzzle où vous pouvez venir vous emboîter harmonieusement.

J'ai aimé cette femme, l'Afrique. J'ai aimé la femme Afrique, la grande femme girafe à l'odeur épicée et la peau sucrée. J'ai aimé aussi l'Homme Afrique, ce grand guerrier dansant autour d'un feu et chantant avec ses frères. On dit qu'il ne faut pas retourner sur les lieux de son passé. Si c'est vrai alors je suis mal barré puisque je fais tout l'inverse. Oh ce ne sera pas la première ni la dernière fois que j'avancerais en sens interdit, j'ai besoin de comprendre pourquoi c'est interdit
avant d'accepter cet état de fait.

En tout cas l'Afrique m'ensorcelle, tantôt riche, tantôt pauvre, tantôt fière, tantôt honteuse mais toujours déterminée à chasser le bonheur, pour le partager autour d'un feu avec les siens: les humains. Je me sens lié à ce continent, mon bonheur n'a pas de location géographique mais il est
des contrées où il aime pâturer. Des voix résonnent dans ma tête, des visages noirs peinturlurés de blanc, des corps nus drapés de rouge, des yeux féroces emplis de fraternité m'obsèdent. Tel un rythme lancinant, je me laisse porter par cet appel, j'en frissonne de plaisir à mesure que l'évidence s'impose: Si l'Afrique était une guerrière, ce serait ma mère. Si l'Afrique était une femme, ce serait la mienne. Si l'Afrique était un bébé, ce serait ma fille.

mardi 17 juin 2008

J'ai peur

J'ai peur, c'est dingue comme j'ai peur de l'avenir. Lorsque je vois la vie qui m'attends, et bien je n'ai pas envie de continuer. Honnêtement je ne pense pas y arriver. Et je trouve ça injuste que ce soit comme ça, qu'il faille inexorablement donner 80% de sa vie à l'économie. Je sais très bien que le monde pourrait tourner si tout le monde se contentait de travailler 3 heures par jours. Je
me contrefous des profits de M. Lagardère et consorts. Je me fous complètement que la France soit compétitive, je me fous que mon pays soit riche lorsqu'en fait il est plus pauvre que jamais.

Meeeeeeerde!! Avant la vie c'était une forêt vierge, indomptable, une savane remplie d'animaux sauvages, des plaines où les bêtes paissaient et où l'humain chassait et cueillait. Alors qu'est-ce qu'on a gagné maintenant hein? Maintenant la vie c'est un long couloir blanc aseptisé rempli d'infirmières et de docteur nous guidant de force vers la sortie en nous prélevant notre vie. La vie maintenant c'est un abattoir, on fait tous la queue avec plus ou moins de discipline, il y en a même qui courent et qui essaient de doubler tout le monde, pauvres fous, ils n'ont pas compris qu'au bout c'est la mort.

Alors moi j'ai peur, peur peur peur de me soumettre à ça, j'ai peur que ma vie ne m'appartienne pas, et chaque seconde volée est une coupure de plus sur mon âme flétrie. Je ne veux pas me laisser faire, je veux combattre jusqu'à la mort! Mais contre qui? comment lutte-t-on contre une bureaucratie planétaire, contre un oligopole économique, comment lutte-t-on contre l'argent? contre le monde?

Je pensais avoir pris les bonnes décisions en partant, en rejoignant mes amis. Maintenant je ne sais plus du tout, peut-être est-ce simplement une fuite, encore. Décidément... Je ne vais échapper à rien du tout en allant plus loin,, on échappe difficilement à un système rodé depuis des millénaires.

Trop révolté pour accepter la vie tronquée que l'on m'oblige à mener et bien trop rêveur pour la quitter. Je ne sais même pas par où commencer pour vivre autrement, pour faire un pied de nez à la société. Je sais que certains ont réussi, j'aurais besoin de leur parler, de savoir comment les imiter, les rejoindre mais même ça je ne sais pas comment faire.

Putain j'ai l'impression de n'être qu'un nourrisson complètement impuissant qu'on trimballe de main en main et qui reste là à gémir sans cesse en battant des pieds et des mains. J'étais pleurnichard quand j'étais gamin, c'est mes parents qui me l'ont dit. Ca ne m'étonne pas, ça n'a pas vraiment changé d'ailleurs. J'ai simplement appris à pleurer en silence maintenant, à pleurer dans mon âme. Chaque mot que j'écris ce soir est une larme trop lourde à porter.

On me refuse le droit d'être heureux. Il veulent que nous soyons inconscients? ils savent que comme ça on accepte l'horreur sans la remettre en question, ils savent que comme ça peut naître l'illusion de la plénitude, de la joie. Mais moi je souffre d'un mal incurable, un mal dont ils ne se débarrasseront jamais, je souffre de surconscience. Jamais je ne me débranche. Jamais je n'accepterais leur fadaises, leur faux idéaux et leurs conceptions biaisées de la vie.

Qu'est-ce qui m'empêche de revenir au temps des chasseurs-cueilleurs, de vivre en acceptant de n'être qu'un maillon de la chaîne comme les autres? Tout! Tout me l'interdit, chaque parcelle de terre appartient à quelqu'un, chaque Homme est dépendant des autres car la nature a été pillée puis partagée. C'est marche ou crève, et d'une mort lente, rongé par l'alcool à arpenter les rues des immenses cités, désespéré à divaguer une bouteille à la main, à dormir sur des bouches
d'égouts pour glaner un peu de chaleur.

Comment survivre, comment garder mes valeurs, comment être un Homme quand tout est fait pour te dépouiller de l'humanité. Quand on est pressé d'atteindre un objectif, par exemple une situation géographique, on avance sans doutes, on ne jette même pas un oeil au monde qui nous entoure, tout focalisé que l'on est. En fait, avec un but on peut tout accepter. L'homme obsédé par sa perle est capable de marcher sur des milliers de cadavres sans s'en rendre compte. Mais quand on a pas de but, qu'on vit la vie telle qu'elle s'offre, de secondes en secondes, tout prend de l'importance. On remarque chaque détail puisqu'on est là pour découvrir. Je me situerai
donc dans cette catégorie, et la peinture générale qui s'offre à moi pue la merde à plein nez. Je vois chaque cadavre qui m'entoure, je sens chaque odeur rance de peur et de résignation qui flotte à mes narines, je ressens la sécheresse irritante qui vient frotter ma peau, j'entends les cris, des cris partout autour de moi, en moi.

Je finirais clochard certainement, je n'en ai pas honte, j'ai simplement peur, car je sais comment la société traite les clochards. Je voudrais aller me faire enfermer à Saint-Anne, qu'on s'occupe de moi, que je n'ai rien à faire de mes journées, qu'on n'attende rien de moi, ne pas participer à l'économie, ne pas consommer, ne produire rien d'autres que des choses invendables, ne faire que pleurer et vomir des mots, des pensées, autant de flèches décochées à l'encontre des manipulateurs, autant de mélodies d'amour jetées sur les plaies du monde. Je voudrais qu'on m'enferme à Saint-Anne, pour n'avoir plus à me préoccuper que de vivre et ne pas passer mon temps à survivre. Ah qu'il prend de douces résonances ce nom: Saint-Anne, dans mes oreilles. je voudrais n'être qu'un fardeau pour la société, la preuve de son échec à créer des Hommes.

Je ne veux pas de faux sens à ma vie puisqu'il y a longtemps que j'en ai saisis l'absence. je ne veux pas de faux désirs pour me violer. Je suis hermétique à cette éco-société, je la rejette en bloc et je vivrais chacune de mes secondes pour la baiser. Je veux déjouer tous ses pièges et
saboter les rouages de cette machine à déshumaniser. Je veux me vautrer dans le sang de mon ennemi, hurler comme un loup à la pleine lune, montrer les crocs et les planter profondément, arracher les membres de tous ces décideurs de leur propre bonheur et du malheur de tous les autres.

Je suis votre pire ennemi, celui qui ne baissera jamais l'échine face à vos machinations. Je vous ferais honte jusqu'à ma mort. je vous ferais du tort, je vous cracherai à la face, je serai un échec qui vaudra mille "succès", je serais une improvisation dans votre partition artificielle, je serais l'ivrogne en pleine rue qui agressera les jeunes cadres en costard, je serais le dealer du coin de la rue, le braqueur de banque, le profiteur, l'arnaqueur, je serais le pilleur de vos richesses, celui qui ne respecte rien et qui crache son amour sur vos haines pour les éteindre.

Ha la belle écharde que vous n'enlèverez jamais, qui petit à petit va s'infecter, gangrener tout votre château de carte, en faire trembler les fondations. Aussi insignifiant que soient mes coups sur votre forteresse d'erreurs et de vies broyées, je les balancerais avec toujours autant de férocité, plus méchant qu'un animal blessé. Vous avez anéanti ma vie en la réduisant aux chemins que vous avez tracés, jamais je ne vous pardonnerai. Je ne sais même pas sur quoi taper
pour me défendre de cette agression indirecte, qu'à cela ne tienne.

Parait-il que ce sont les désespérés, ceux qui n'ont rien à perdre qui explosent en milliers de morceaux de liberté qui viennent se planter dans le coeur des hommes pour faire des petits. Très, bien, maintenant vous êtes prévenus, je suis désespéré, je n'hésiterais pas à me faire sauter, "même vaincu on se jettera dans la bataille, pour l'honneur, comme un samurai".

Art, science et vomi

Ce sont des pensées que je vomis tous les soirs. Je suis incapable de dormir sans ça, j'ai besoin de jeter mes songes à la face du monde, d'en accoucher afin de me libérer d'un poids.

En fait j'irais même plus loin, pour m'endormir sur mes deux oreilles j'aurais besoin de pouvoir transcrire immédiatement mes pensées, telles qu'elles éclosent dans mon esprit insomniaque. C'est toujours couché dans son lit, en train de lutter contre l'éveil que viennent les pensées les plus profondes, les idées géniales, les envolées poétiques. Quand est-ce qu'on inventera quelque chose pouvant réaliser cela. Quel bonheur! Enfin délivré de ces nuits blanches à ressasser les informations que j'ai avalées toute la journée. "Qui vomit a dîné", et bien voilà, ce que vous lisez n'est rien de moins que le vomi de mon esprit. Des informations digérées, qui ont alimentées des raisonnements alambiqués, des questions réfléchies et des hypothèses aguerries.

Vomir des mots...C'est assez joli quand on y pense, rejeter avec délicatesse le trop plein de conscience qui obstrue notre esprit. Je regarde ce que j'ai déposé et je me vois à l'intérieur, c'est mon âme que j'aperçois dans l'entrelacement de ses mots. Je l'observe sans dégoût. Finalement,
l'écriture c'est le miroir de l'esprit, je pense qu'on en apprend bien plus sur le cerveau humain en lisant qu'en en décortiquant un au microscope. N'en déplaise aux neurologues!

Hier, il me semble, je réfléchissais à un sujet qui porte à débat: la science contre l'art. Lequel des deux est le plus indispensable à l'homme, ou plutôt, lequel des deux en est l'incarnation, l'allégorie. J'y pensais beaucoup parce que j'avais dit cela à mon père au téléphone: "Avant je préférais la science à l'art, maintenant c'est l'art que j'ai choisit". Alors pourquoi ce choix, ce changement si radical? en est-ce un d'ailleurs? L'art et la science sont-ils si fondamentalement différents ou bien chacun peut-il se retrouver en l'autre?

Ce qui s'impose en tout cas comme constat, c'est que la science nécessite un contrôle rigoureux alors que l'art ne doit souffrir aucune frontière, aucun mur, aucune règle. La science peut tuer, c'est d'ailleurs ce qu'elle fait de mieux, l'art peut faire vivre, c'est d'ailleurs ce qu'il fait de mieux.
Dans l'art, on retrouve la folie, l'incohérence de l'Homme, on y trouve ses doutes, ses émotions, il transmet la vie. La science elle n'est que pure rigueur mathématique, pure structure rhétorique, elle est l'Homme fragmenté en fonctions simples. L'art est un tout, en lui l'Homme existe entier.
La science est parcellaire, elle divise, en elle l'Homme n'est que fonctions, atomes.

Je ne dis pas que la science est inutile, loin de là, elle a déjà montré les bienfaits qu'elle pouvait apporter à la vie. Seulement, elle est à double tranchant et ne doit pas être mise entre toutes les mains et pour n'importe quelles raisons. La science dans l'idéal devrait être la canne de l'Homme
lorsque celui-ci en éprouve le besoin. En aucun cas elle ne devrait être plâtre imposé à la hâte sans réel nécessité.

Je pense aussi que toute science peut devenir un art, tout dépend de la perspective avec laquelle on l'embrasse. Les plus grandes découvertes sont souvent dues à un élan créatif, une intuition inexpliquée, une clairvoyance soudaine. L'art est donc plus puissant que la science puisqu'il l'englobe. En effet, l'on peut regarder la science comme un art sans la dénaturer, sans la détruire. On ne peut pas envisager l'art sous un angle scientifique sans par nature, tuer l'art. La science ne serait qu'une parcelle de l'art qu'on aurait oublier d'embrasser dans sa globalité. La science est certainement à l'art, ce qu'un atome est à l'Homme. Elle se heurtera toujours à l'infiniment petit dans une course perdue d'avance, alors que l'art lui se fond dans l'infiniment grand, dans le tout, sans chercher à le dompter mais simplement à en faire partie.

Voilà, je pense avoir dit tout ce que je voulais à ce sujet pourtant impossible de me coucher, le sommeil ne m'a pas invité encore une fois. Enfin ça ira mieux bientôt, quand la fumée viendra faire s'envoler les poussières de pensées qui encrassent mon corps. Non pardon, ce doit être l'inverse. Le fait de ne pas dormir, c'est être ouvert au monde de façon perpétuel, sans répit, d'être une machine à traiter de l'information. Dormir c'est donc se fermer au monde afin de se reposer, de pouvoir traiter l'information sans que d'autre arrive encore. Je vais reprendre ma phrase: Enfin ça ira mieux bientôt, quand mon âme s'enveloppera d'une cape de fumée mystique, lui permettant ainsi de se reposer dans la douceur d'une nuit d'été.

lundi 9 juin 2008

T'es là toi!

T'es là toi,
toi t'es toujours là,
là où y faut pas.

Pas qu'tu sois pas belle,
belle tu l'es tu sais.
Tu sais aussi que me tourmenter.

Tu fais des remous dans l'eau calme.
Calme-toi maintenant,
maintenant il faut dormir.

Dormir moi j'peux pas.
Pas dans ton fatras.
Tout ça, c'est pas à moi.

Moi j'le croyais en tout cas.
Qu'à force de tout renier ça s'en irait.
Et qu'on partirait là-bas.

Là-bas, toi et moi.
Chez moi comme deux étrangers.
Etrange, tu refuses d'y aller.

Aller va, bois.
Bois parmi les tiens.
Tiens attrape un verre.

Vers quoi tu te diriges maintenant.
Ta main tenant le vide fermement.
Un moment tu parlais.

Mais personne te croyais.
Crois-les quand ils disent que tu es d'ailleurs.
Ailleurs c'est nul part.

Nul part c'est chez toi,
toi t'es bien nul part ailleurs.
Ailleurs que dans nos coeurs.

Je sers à quoi?

J'ai envie de me laisser mourir seul dans la misère.
J'ai envie de me laisser plonger au plus profond de la déchéance.
Je n'ai plus envie de suivre la cadence.
Plus du tout envie d'être ballotté dans cette foule rance.

J'ai fondu les plombs diraient certains
Mais c'est mon monde intérieur qui s'est fondu,
fondu dans la morne grisaille d'une vie qui ne sert plus à rien.
Je ne suis plus qu'une mélasse de pensées sans but,
mon esprit un labyrinthe dans lequel je me suis perdu.

Je suis la cerise qui tombe de la branche avant les autres.
Je me regarde tomber vers le sol, vers le néant jusqu'à en avoir le vertige.
Mon corps est déjà en bas, mon esprit peine à le suivre.

Tous ces gens, ces esprits, ces vies qui sont autour de moi.
Malgré tous leurs problèmes, ils restent tous sur les rails,
petits soldats bien en rangs prêt à guerroyer pour une raison qu'ils ignorent.
Mais c'est le lot commun alors on reste debout et on survit.

Tous, sauf moi.
moi, moi, moi ,moi, voilà c'est dit!
d'aucuns diront que je suis un égocentrique,
à ceux-là je rétorquerai: "quelle perspicacité!".

Je ne sais pas si je suis une erreur de la nature,
une brebis destinée à être dévorée par les loups.
Toujours est-il que je ne sais pas où je vais,
mais je sais où je ne veux pas aller.

L'Etat providence, la providence, quel mot exquis.
Il évoque dans ma tête, une main qui vous berce,
une protection, une lueur vers laquelle on se laisse guider.
Et bien je me refuserai à céder.

Et quand bien même, je n'arrive plus à marcher droit comme un I,
en rang bien serré avec mes codétenus, mes compagnons d'infortune.
Quand bien même le sang et les larmes aveugleraient ma vue,
quand bien même la raison me viendrait à manquer,

Je marcherais moi aussi, je ramperais si il le faut.
Non je n'ai pas honte d'être faible lorsque je suis seul avec moi-même.
Un vase maintes fois brisé et dont on a recollé les morceaux tant et tant de fois.
Un vase qu'on ne fait qu'effleurer sous peine de casser, mais un vase quand même?

Quand bien même, les fleurs sont fanées,
que dis-je, elles ne sont plus là depuis belle lurette,
désertées qu'elles ont, pour aller trouver refuge dans plus solide récipient.
Je suis une terre sans eau, une terre friable, une terre sans vie.

Je suis un Junkie qui ne voit plus la vie,
je suis un corps malade, dont le seul remède est un plus grand mal.
Je suis une saignée pratiquée sur un nourrisson prématuré.
Je suis le coup de rasoir de trop, celui qui vient trancher l'artère.

Je ne suis qu'un instrument dont personne ne sait jouer.
Et lorsqu'une âme charitable daigne essayer, aucun son ne sort.
J'ai appris par coeur les mélodies jouées par les musiciens qui m'entourent.
J'ai bien essayé de les jouer, le succès m'a manqué.

Ce serait beau de mourir par la pensée.
Parce qu'alors mes idées acérées, létales, nihilistes,
ne se contenteraient plus de glisser sur le triste manteau de ma vie,
elle le perceraient de part en part, le réduisant en peau de chagrin.

Et c'est alors que nu face à l'absurde infini,
je m'évanouirai, sans un bruit.
Alors ce moment là, mon suicide sera parfait,
je me serais donné la mort, tué par ma propre pensée.

Les gens écrivent des livres sur tout et rien,
moi je n'écris rien sur tout et surtout pas dans un livre.
Lorsqu'on ne sait plus quoi penser, il est temps d'agir.
Il y a toujours matières à agiter les circuits neuronaux dans ma bouillie de cerveau.

Je n'agis qu'à travers la pensée, ces chères influx électriques qui vous rendent fous mais ne peuvent vous tuer malheureusement.
Autant le dire donc, je n'agis pas.
Je n'agis pas, je gesticule.
Je ne suis pas efficace, je gaspille.

Merde j'ai compris maintenant.
Je suis déjà trop vieux.
Je suis du genre à exulter plutôt qu'à économiser.
Il me reste trop peu de temps et je tente en vain de l'étirer.

Tout ça ne sert à rien, je suis déjà fatigué comme un vieillard.
Même ma canne a cassé, un soir d'hiver.
Mes lunettes ne sont plus bonnes à rien,
je tourne en rond.

Je veux trouver ma place.
C'est Julia qui m'a dit ça.
Mais est-ce que tout le monde a une place?
Moi il ne me semble pas en avoir acheté...

Parait-il qu'on ne peut pas le louper ce fameux guichet.
Mais qu'y vend-on au juste?
"Un passeport pour l'enfer s'il vous plaît."
Et là un petit employé de bureau à la tête de Marianne,
vous marque au fer rouge en vous souhaitant bon voyage?

Manque de bol, j'ai dû encore passer en fraude,
résultat on va me faire sortir à la prochaine station.
Il ne me reste plus qu'à profiter des heures de trajet gratuit qu'il me reste.

En regardant par la fenêtre.
Le mouvement qui m'emporte encore pour quelques mètres.
On est bien dans le mouvement,
ce sentiment d'impuissance si agréable.

On n'a pas à se préoccuper de comment arriver à destination,
on se laisse simplement porter, insouciant.
Je voudrais qu'on jette mon corps dans l'espace
et profiter de l'inertie pour flotter vers l'infini.

Je regarderais les galaxies défiler,
et je saurais que j'ai toute l'éternité pour les regarder,
pour les connaître et les aimer.
C'est là qu'est ma place, hors du monde à le contempler.

Notre mère qui êtes aux cieux

Quelques mots mélodieux accrochés au papier, un peu comme les notes émouvantes d'une musique qui s'ancre à l'esprit. Seulement quelques mots pour défaire une fois de plus la morosité ambiante, pour qu'un instant seulement, la beauté du monde caresse notre conscience, jusqu'à embuer nos yeux trop secs à force de ne contempler que les mêmes horreurs.

Un jour j'ai dit chercher l'humain, mais je le trouve dans ces vies brisées, ces vies minuscules oubliées, que l'éco-société cherche à cacher tels des enfants adultères. Pourtant ce sont les enfants de la liberté, en eux loge fermement l'humilité, la compassion, la peur, l'amour, en somme une partie de l'humanité, mais contrairement aux autres, aux "intégrés", ils ne
connaissent pas cette pudeur des sentiments ou bien leur marchandisation, chez eux tout est vrai, sincère, leur détresse comme leur joie.

Ce sont eux, les enfants de la rue, les SDF, les clochards, les miséreux, les exclus qui font renaître en moi la foi ineffable en l'humanité, une profonde conviction que tout s'arrangera, que justice sera faite.

Des mots, des mots, des mots, papillonnant, s'envolant dans l'air une fois prononcés ou au contraire s'imprégnant dans la mémoire une fois lus, ils sont tous beaux, ils peuvent prendre toutes les sonorités, toutes les formes, tous les sens aussi. Aujourd'hui j'aimerais les employer tous et les réunir en un seul qui pourrait résumer à lui seul toutes les émotions, tous les sentiments. Il faudrait qu'il soit sans fin ce mot, avec autant de lettres que d'étoiles dans l'univers pour faire ressortir la grâce simple qui habite ces gens mêlée à la douleur aiguë qui éclaire leur regard lorsque notre monde terne et fou se nie lui-même à travers eux.

Je le leur dis maintenant: je vous aime, tous, j'aime vos vies. Vous avez quelque chose que la grande majorité d'entre nous ne posséderons jamais parce que nous l'avons oublié: c'est de savoir être heureux, de savoir vivre sur et avec cette petite planète bleue située quelque part dans l'infini. "Notre mère qui êtes au cieux" devrions nous dire dans nos prières, merci de laisser nos pieds fouler ton ventre protecteur. Le paradis, c'est ici!

dimanche 8 juin 2008

Brebis galeuse

Les gens, les gens, les gens ça leur fait peur de voir quelqu'un s'envoler alors qu'eux restent au sol. Les gens ça leur fait peur de voir une trajectoire erratique, qui sort du rang, qui leur ouvre des perspectives auxquelles ils n'avaient même pas osés songer. Alors ils sont tous là à essayer de vous rattraper, de vous "raisonner"...mais pourquoi, dans quel but? Pour se dire qu'au fond tout le monde va suivre le même chemin, va enfoncer les mêmes portes ouvertes, va partager le même sort? Pourquoi? Pour rester dans l'enclos, se faire tondre jours après jours? Se faire vider de sa vie, de son temps, de son sang? Les brebis égarées font peur car elles nous mettent en face de notre propre servitude, de notre propre lâcheté. Elles font peur parce que leur vie est dure mais elle est belle aussi, enjouée, incertaine mais pleine de surprises, menaçante mais pleine de douceur.

S'éloigner du troupeau, c'est une façon de mieux rencontrer chacun de ses membres paradoxalement. Plus on s'éloigne de la sûreté, mais aussi de l'oppression, des fausses valeurs, de la pseudo bonne morale qui maintient le système, plus on se rencontre soi-même, on se redécouvre, on apprend à s'accepter, à s'émanciper. On apprend ainsi à aimer les autres qui sont restés mais on apprend aussi à pouvoir les quitter, on se libère des entraves, des barrières mentales qui avaient été érigées à notre insu, qu'on ne voyait même plus à force de les voir sans cesse. Non je ne vous oublie pas les gens, je ne vous trahis pas les amis, et même si mon départ fait quelques remous au sein du troupeau, je ne veux surtout pas vous effrayer, vous déstabiliser. Mais par pitié ne me prenez pas en pitié car vous-mêmes vous ne sauriez pas pour quelle raison.

A voir certaines réactions, je remarque avec une satisfaction mêlée de crainte que certains prennent conscience que rien n'oblige à suivre les pistes toutes tracées, que le monde est vaste et la vie courte, qu'elle est votre, qu'elle est notre. J'espère que vous fourbirez vos armes en pensant à moi, que mon exemple habitera votre esprit de révolte, qu'il sera dans vos coeurs quand votre liberté s'éveillera, quand vous aussi vous prendrez votre envol. Je vous surveillerai de loin, je serais là le moment opportun, quand vous enfoncerez la lame de votre volonté dans le coeur de votre maître, dans votre propre coeur. Promis mes frères, c'est une renaissance qui vous attend, tuez sans crainte, tranchez, taillez votre propre servitude en pièce, la douleur n'est qu'éphémère comparée à la plénitude qui s'enracinera profondément dans votre âme.

Votre esprit est votre katana, saisissez le et tapez très fort sur le pouvoir, tapez jusqu'à détruire le dernier vestige de cette machine à broyer nos vies, tapez aussi fort que cette vie sourde en vous. Le sang ne coule pas d'une idéologie, ni de la haine ou d'une marchandise, vous n'aurez tué que vos illusions, vous n'aurez brisé que des chaînes.

22 ans et...

J'ai 22 ans, jusqu'ici, tout m'a plutôt sourit en tout cas les choses qui comptent dans la société: faire des études et les réussir, être un garçon bien élevé et qui donne une bonne image à sa famille, quelqu'un dont l'avenir est tout tracé dans la société. Je fais partie des privilégiés, ceux qui ont tout pour réussir...et pourtant je revendique mon droit à l'insurrection, mon droit à la tristesse, mon droit à refuser cette vie là. Des questions, j'en ai plein la tête, des dilemmes aussi. Des réponses, je croyais en avoir aussi mais plus j'y pense moins j'en suis sûr, et les réponses d'hier deviennent les questions d'aujourd'hui. J'ai l'impression de marcher sur un terrain qui s'effrite derrière chacun de mes pas, un abysse vient recouvrir ce que j'ai foulé. Derrière: le néant. Devant: la brume, l'incertitude, le doute, l'envie aussi de savoir, de pouvoir, de ne plus chercher mes mots, de comprendre, d'associer, mes idées avec ces signes qui forment des mots puis des phrases, qui vont imprimer un instantané du magma de mes pensées, gigantesque tourbillon d'absurdité, de crainte, de peur, de frustration.

J'ai 22 ans et je passe ma vie à chercher. Si je ne trouve pas, si je ne me trouve pas, est-ce de ma faute? ou bien est-ce la société qui m'éloigne de la vérité, de ma vérité? Je ne sais pas si tout le monde se pose les mêmes questions, je sais qu'il y en a qui se les pose et pas forcément ceux que l'on croit. Ce qui est sûr c'est que la plupart le cachent bien, qu'est-ce que vous voulez, je dois être plus fragile que les autres.

Et si le vrai courage, le sens de la vie, c'était de se donner la mort? D'aller à l'encontre de son instinct, n'est-ce pas la plus belle preuve d'humanité? combattre son instinct, l'emprise de l'esprit sur le corps, le triomphe de la raison face au désir de vie imprimé dans nos gènes. Et si les religions diabolisent le suicide parce que tout simplement c'est le couronnement de l'humanité, le plus beau geste de liberté, de vérité. Et si on était récompensé pour s'être suicidé? Qu'est-ce qu'on en sait nous, qu'est-ce qu'ils en savent eux. Nous, eux, c'est personne, on veut se croire
au dessus de tout sur cette planète, au final qu'est-ce qu'on est réellement, qu'est-ce qui nous différencie des autres formes de vie. La folie? la dépression? La conscience? non c'est le suicide il me semble, du moins je le savais, maintenant je n'en suis plus si sûr, je ne vois plus rien quand je me retourne sur mes certitudes, sur ce que j'ai construit.

J'ai 22 ans et je me reconstruit, du moins j'essaye mais je n'ai même pas encore posé les fondations. Normal, tout ce que j'avais bâti a disparu, je n'ai plus de repères, on dirait que le monde a retourné sa veste et que moi je suis resté de l'autre côté, là perdu, en train d'essayer de retrouver ma route. Ou est-ce moi qui me suis retourné de l'intérieur, me laissant sans dessus-dessous, en désordre. Je ne sais pas, au fond je ne sais rien.

Finalement qu'est ce que c'est que de savoir. C'est simplement se mettre des barrières, inventer des limites dans lesquelles les incertitudes devront s'arrêter. Dans l'infini il n'y a pas de lois, on ne peut pas trouver de logique, de modèle, mais placez une barrière, fixez des limites à votre horizon et tout devient possible, tout devient explicable. Savoir, c'est ne pas voir au-delà de ces frontières mentales, c'est ériger un mur entre soi et le reste de l'univers. Savoir, c'est refuser de voir, d'appréhender l'infini, c'est refuser d'avancer.

J'ai 22 ans et je ne sais rien, je ne possède rien. Tout ce que je crois posséder m'emprisonne, c'est moi qui suis possédé. Cela voudrait dire que posséder, c'est en fait donner à quelque chose le pouvoir de vous détenir, de vous contrôler tout ou partie, de vous tenir captif. Posséder c'est en fait troquer sa liberté pour une illusion, posséder c'est bien vouloir croire que l'on a capturé quelque chose alors même que c'est nous qui sommes au fond du filet.

Cette société est donc bien mal barrée pour parler de liberté, ici où le respect s'acquiert par la propriété, par la possession, la domination. Nous sommes donc tous des moustiques pris dans une toile d'araignée que nous avons nous même construite. Les puissants de ce monde s'en sont simplement construit une plus grande, plus solide mais ils se débattent de la même manière au milieu de leur toile, de leur parcelle d'univers.

Il faut être rien, vierge de toute certitude, de toute richesse ou possession pour comprendre ce monde j'imagine. Il faut être mort certainement. Se suicider, n'est-ce pas le plus bel aveu de notre ignorance? n'est-ce pas se débarrasser de toute prison? de tout dogme? n'est-ce pas faire preuve de la plus grande curiosité? Un jour, il faudra que j'essaye, bien sûr ça ne répondra pas à mes questions, mais ça en fera certainement évoluer l'essence. Car lorsqu'on pose une question
et qu'on cherche une réponse, n'est-ce pas pour envisager cette question sous un autre angle, la voir dans une nouvelle perspective, la faire avancer? Une question ne meurt jamais une fois posée, elle traverse le temps en changeant de forme, en grandissant sans cesse, en s'affûtant pour être de plus en plus précise, de plus en plus perçante.

J'ai donc 22 ans dans notre parcelle d'univers à nous, selon les lois que l'on a érigées, selon le système qui nous rassure. J'ai 22 ans et ces mots sont vides de sens parce qu'ils contiennent en eux l'infini, ils contiennent des questions, ils contiennent l'absurde. L'absurdité qu'est-ce que c'est sinon l'infini, car s'il y a bien une chose que l'esprit humain ne peut pas appréhender, c'est bien l'infini. L'absurde c'est ce qui n'a pas de sens, mais rien n'a de sens, il est temps de se rendre compte que l'absurde, c'est tout.

Vendredi 10 Avril 2008

Vendredi 10 Avril 2008 j'ai pris une décision. Les décisions c'est pas mon fort d'habitude, faut avouer que je suis le genre de gars à hésiter des heures avant de savoir si je dois aller à telle ou telle soirée, si je dois sortir avec telle ou telle fille, si je dois faire ce que je veux ou faire ce que l'on attend de moi.

Donc ce jour là, j'ai enfin pris une décision importante et à vrai dire sans trop hésiter, en sachant
que c'était la bonne chose à faire, la simple expression de ma volonté et donc de ma liberté.

Vendredi 10 Avril 2008 j'ai donc décidé d'arrêter l'école, mon école d'informatique alors qu'il ne me restait que 6 mois pour terminer le cursus et obtenir mon bac +5 non reconnu par l'Etat. Alors bien sûr ce n'est pas une décision définitive, j'ai encore l'occasion de revenir sur mes pas dans 6 mois si je le juge nécessaire.

A vrai dire ces derniers temps, je ne sais plus vraiment ce qui est nécessaire, ce qui est bénéfique, ce que je veux. Mais je sais plus ou moins ce que je ne veux pas...et je n'étonnerais personne en disant que c'est ce qu'on attend de moi, ce que la société attend de moi, le joli petit rôle qui n'attend que mon âme pour lui faire prendre vie.

Dilettante

Je m'étais juré de reprendre la plume dés que j'arrivais. Enfin prendre la plume c'est un bien grand mot puisque c'est avec mes doigts boudinés que je tape sur le clavier...Bref tout ça pour parler des capacités, des passions que l'on peut avoir. Il est communément admis que lorsqu'un individu quelconque montre une certaine capacité dans un domaine, ou bien une passion dévouée envers une activité, il est obligatoire de l'utiliser, de la travailler sans cesse afin d'en faire une activité redondante et rémunératrice. Et là je m'interroge: mais pourquoi en serait-il ainsi? qui a décrété qu'il fallait tout marchander, et faire d'un homme une vache à lait. Je grince des dents quand j'entends le discours classique, pourquoi vouloir détruire et pervertir les aspirations d'un Homme? Qu'y a-t-il de mal à apprécier certaines activités sans pour autant en tirer profit ou s'efforcer de s'améliorer sans cesse jusqu'à écoeurement. Pourquoi tout devrait devenir routine, sage et rassurante, faisant tinter les pièces de monnaie à chaque représentation.

Très peu pour moi, j'ai déjà donné, j'ai compris qu'on ne pouvait mélanger passion et travail, il me semble que c'est un très mauvais couple. On a déjà détruit tous les arts de cette manière, ne peut-on tirer les leçons du passé? Ou faut-il continuer à foncer droit dans le mur en fermant les yeux? Qu'à cela ne tienne, j'ai choisi: j'avancerais dans ma vie en dilettante.

Cadre supérieur

Vous savez, c'est comme quand on vit dans une pièce enfumée, au début on suffoque, puis petit à petit on ne fais même plus attention à l'odeur, un filtre se met en place. Et bien là c'est pareil, j'ai intégré le monde du travail depuis 2 ans et à force je ne sentais même plus l'hypocrisie, je ne percevais plus le ridicule de toutes ces simagrées, de tous ces mensonges, l'ignominie
de tous ces rôles que l'on endosse pour devenir une pièce du puzzle, devenir quelqu'un dans la société.

Maintenant quand vous sortez ne serait-ce que 5 minutes de cette pièce enfumée, et que vous y pénétrez à nouveau, l'odeur âcre de fumée vous assaille de toute part, vous prenez soudainement conscience de tout ce que l'habitude vous avait amené à oublier, à ne plus détecter. Et bien là c'est pareil, cela fait maintenant 4 semaines que je ne travaille plus, et toute l'abomination que le monde du travail colporte me frappe à nouveau, me dégoûte, j'en ai même des hauts le coeur, des accès de violence et de rejet.

Aujourd'hui j'ai eu un entretien d'embauche...D'abord, les transports en commun: cohorte de personnes-robots courant le plus vite possible pour atteindre leur lieu de travail, quitte à s'entasser sans vergogne dans des des boîtes, à s'engouffrer dans le train de la mine. Odeurs moites, regards fuyants, les gens ne sont que les fantômes d'eux-mêmes, pâles silhouettes qui s'étiolent, qui suintent la peur et la résignation. Ensuite c'est l'arrivée dans l'entreprise, bien entendu je m'étais habillé pour la circonstance: costard, chemise, chaussures classes qui me font saigner des pieds au bout d'un quart d'heure de marche. J'avais honte de mon apparence, j'avais conscience du ridicule de cet accoutrement, de la servilité dont je faisais montre. J'avais honte aussi d'être habillé comme cela alors que des gens à côté de moi transpiraient la misère. Mais qu'à cela ne tienne, trouver un boulot est à ce prix. J'arrive donc dans l'entreprise, sorte de théâtre moderne ou les stéréotypes se côtoient, secrétaires en tailleur sexy et aguicheuses, dirigeants classes et toujours pressés, petits employés de bureau prompt à ramener le café. Plus le moment de l'entretien approchait, plus je me détachais de mon propre corps, je devenais le spectateur
averti d'une scène tant et tant de fois jouée, tel un critique de cinéma. Et hop ça y est le patron me rencontre, l'entretien débute, présentation de l'entreprise (et de son chiffre d'affaire pouvant combler la misère dans le monde), ensuite je suis invité à me vendre, à prostituer ma vie, mon temps. Toujours le même rôle auquel je n'arrive plus à adhérer, merde je ne suis plus convaincant me dis-je intérieurement. Mais tant pis j'essaye...J'essaye de faire semblant de m'intéresser, semblant de vouloir travailler le plus grand nombre d'heures possibles et avec le sourire s'il vous plaît. Autour de nous, les figurants vaquent à leurs occupations, tous caméléons dans un désert d'inhumanité, voués à ne revêtir qu'un seule et même couleur durant la majorité de leur survie, mais qu'est-ce que vous voulez, il faut bien manger, il faut bien consommer sinon où irions-nous trouver quelconque satisfaction?

Le pire dans tout ça c'est qu'une fois l'entretien fini, l'illusion a fait effet encore une fois, encore un boulot qui m'est promis... Dans ce monde où tant de gens courent après le travail, le chassent sans répit, non seulement je n'ai aucun mal à en trouver mais en plus je le rejette en bloc. Sur le chemin du retour, toute l'absurdité de ce jeu de séduction revient me hanter, je ne me sens pas à ma place dans mon beau costume dispendieux, dans mes belles chaussures, l'un comme l'autre inconfortables.

C'est décidé, je n'ai plus envie, plus envie de faire semblant...Non non non je dois le faire encore, encore un peu au moins, le temps de terminer mes études, d'obtenir le sésame pour accéder à l'enfer, si tout le monde se bat pour ça, pourquoi en ferais-je autrement? Mais plus rien à faire, c'est de plus en plus difficile, mon âme a goûté à la liberté, elle qui en avait oublié jusqu'au sens, trompé par les maîtres-esclaves, trompés par les hommes dirigés par les objets, eux-mêmes transformés en objets vaguement conscients. Ma peau de caméléon fonctionne de plus en plus mal, j'ai envie de quitter ma mue, je ne veux plus ramper ici-bas, j'aspire à m'élever, je suis déjà dans les airs, tout ce qui pourrait me ramener en bas serait une chute, violente...Cette fois-ci j'y laisserais des plumes, mon corps est déjà blessé, un objet l'a piégé, mon dieu, faites que mon âme n'y passe pas non plus, pas encore...cette fois-ci "je ne veux plus mourir!"

Marion

J'ai l'impression d'étouffer ça va pas,
j'ai peur que ça ne s'arrête pas.
Le corps froid et l'appétit à rien
Quand son visage va et vient.

Bien sûr j'ai connu pire
je sais qu'il vaut mieux en rire
Mais je ne veux pas l'oublier
c'est ma douleur pour l'avoir rencontré

Je ne connais pas la nuance,
Je suis peut-être trop entier.
Alors j'endure la souffrance,
d'avoir trop rêvé.

Elle, si douce et si sensible
Dans un souffle elle vous caresse
jusqu'à ce vos poils se dressent
dans un frisson inaudible.

Un cadeau temporaire,
qui s'invite dans vos vies
puis qui s'évanouit dans la nuit
vous laissant nu, solitaire.

Mort d'amour

Parfois, au moment ou vous vous y attendez le moins, étrange comme l'univers a l'art de placer
quelqu'un sur votre chemin, quelqu'un amené à partager un bout de votre destin. Ces apparitions
sont délicieuses et vous redonnent espoir, l'espoir de trouver la personne idéale, le médicament à toutes vos souffrances, celle avec qui la vie coulerait enfin comme un long fleuve tranquille au lieu de gronder comme un torrent qui vous emporte.

Alors sachant que la rencontre est éphémère, on préfère oublier le temps qui coule, il s'arrête en
quelque sorte pour nous. On en oublie même de se préparer à l'au revoir, à l'inéluctable séparation, l'instant où 2 âmes complices, 2 vies s'entremêlant pour se mélanger dans une parfaite harmonie se délacent, se perdent de vue.

Là, dans l'infinie violence du temps et de la solitude qui reprennent leur cours, dans le tourbillon du monde qui vous noie soudainement, la désillusion, la peur, l'impuissance et la tristesse s'invitent à vos côtés, se nourrissent de vous jusqu'à vous donner l'envie de cesser de se battre, de se laisser mourir, de s'abandonner à l'oubli et la fragilité.

Dans les premiers moments, on la voit partout, chaque ombre, chaque visage, chaque silhouette, chaque regard peut-être le sien. On se trouve toutes les excuses pour la croiser, on se l'imagine à chaque coin de rue, derrière chaque capuche, dans chaque voix.

Finalement, il n'en reste qu'une chose au quotidien: un visage, une âme, une vie resteront gravés dans votre esprit. Parfois coulant dans les souvenirs, s'oubliant dans les abysses, puis parfois remontant violemment telle une lame de fond, saccager votre conscience. Vous êtes mort encore une fois, mort d'amour, comme toujours...

Déviergé

Salut,

voilà, c'est le grand jour. Je vais pouvoir dire à mes amis: "ça y est, je l'ai fait!" avec un sourire narquois au coin des lèvres. Pour les esprits mal tournés je précise que je parle de mon dépucelage de blog. Je m'étais juré d'en commencer un, afin que mes modestes pensées couchées sur le papier ne restent pas cloîtrées dans mon petit monde; Il fallait absolument les jeter dans le grand bain, pour en éprouver l'habileté, l'aptitude à nager dans cet océan d'esprits, de lecteurs à la critique prompte.

C'est maintenant chose faite, alors les premiers textes ne vont pas tarder, selon ma motivation à les taper à l'ordinateur (pour certains seulement) ou à les publier.

Ah oui j'oubliais, il n'y aura pas de sujet précis sinon un profonde introspection, je jetterais allègrement mes pensées sur les sujets qui me traversent l'esprit. Je suis convaincu que les réactions ne se feront pas attendre car certaines de mes opinions risquent de choquer ou de gêner mais qu'à cela ne tienne, j'ai toujours été un canard boiteux, ça ne changera pas aujourd'hui.

A bientôt