lundi 29 février 2016

Saigner l'amour

Ce poème se lit avec un certain phrasé pour ne pas briser le rythme qui s'approche presque d'une chanson (d'ailleurs je l'ai pensé comme ça à la base).



Ils l'ont attrapé, saigné, éventré, pendu haut et court

Il avait l'cou tranché mais il courait toujours
Comme un poulet sans tête avant d'être mis au four

Ils l'ont attrapé, saigné, éventré, pendu haut et court

La corde au cou le regard flou
L'avait l'air mal en point
L'ont refait à coups de poings
Y tenait plus debout

Ils l'ont attrapé, saigné, éventré, pendu haut et court

Z'ont tranché dans les flancs
Laissé la chair à blanc
L'avait plus d'formes, le coeur tout cabossé
Y a plus un homme qui l'aurait engrossé

Ils l'ont attrapé, saigné, éventré, pendu haut et court

Y a plus un souffle dans cette baudruche exsangue
Y jouera plus au mufle avec sa douce langue
L'en a plus, y l'ont ôté d'la bouche
C'sera pas facile de convaincre les farouches

Ils l'ont attrapé, saigné, éventré, pendu haut et court

Y en a qui disent "bien fait c'était son tour!"
Les mêmes qui disent "enfin y ont saigné l'amour!"

dimanche 28 février 2016

Impuissance et ennui

Aujourd'hui le présent est bien long, s'étire, atone et monochrome, en un long rêve que l'on nomme réalité. Je m'y ennuie, dès lors je me vautre dans les souvenirs anciens, comme on se blottirait au fond de draps bien chauds, à enchaîner les siestes. Mais chaque sieste plutôt que de me redonner des forces m'ôte une part de ma vitalité, un pan des choses que j'aurais du faire.

Présence qui glisse et ondule sur le sol du néant, présent où me mènes-tu et pourquoi t'acharnes-tu à me faire revisiter ces vieux sentiments qui feraient mieux de rester rangés au fond des rayonnages de ma mémoire?

J'aspire à tant que je ne saurais comprendre pourquoi je fais si peu. Peu est un grand mot pour le rien dont je suis l'auteur. Rien, seulement des secondes perdues et qui se perlent en heures silencieuses et mornes.

Calme et silence... Comme le sommeil.

Me voilà qui réalise à quel point le sommeil est vital. Je suis enjoint à dormir, pourquoi m'y refuserais-je donc?

Calme et silence, comme le sommeil dans lequel je ne veux pas sombrer, comme un sommeil que la conscience gâcherait.

Ma vie s'endort mais je reste désespérément conscient. Avec une sévère érection de toute l'âme qui se dresse contre le destin et veut violer la vie de toutes ses forces, bien maigres cependant. De cette pitoyable étreinte il ne restera que cela: ce petit enfant sans prétention et sans grandes possibilité, cet être sans puissance, consumé entièrement dans sa propre naissance.

samedi 27 février 2016

Triste égoïsme

La tristesse emballée dans la forme, cette dernière qui parvient à transmuer le désagréable en plaisir. Voici une histoire à mes oreilles bien connue. C'est cela que ma thérapie scripturale, avec tous ces signes qui sont autant d'épitaphes gravées sur les pierres tombales de mes textes. Sur chaque instant disparu, j'inscris un nom: la forme que de cet instant j'ai retenue.

Forme mélancolique puisque appartenant au passé, et toujours mon regard sur le passé est mélancolique, comme si j'avais perdu là un refuge rassurant, lors même que la souffrance y faisait résonner son chant. Mais c'est parce que j'ai peur du futur, peur d'une structure différente, et j'en ai peur parce que j'ai besoin de ce changement brutal et radical, parce que ma vie est la victime de ce grisement. Je phantasme et abhorre à la fois la transformation, et pour cela je cultive sans cesse ma conscience, comme si cette chose ineffable et sans forme apparente, pouvait se faire le substrat immuable de toutes mes métamorphoses.

J'ourle le passé dans le fil de mes mots, structure l'expérience en un rythme et l'enveloppe de sonorités en rime. Ceci n'a pas de raison d'être, pas d'autre que celle de me rendre l'existence plus supportable, pas d'autre que d'animer un tant soit peu l'ennui qui s'empare de mon temps.

Je vis et j'écris égoïstement, comme toute personne qui se respecte.

dimanche 21 février 2016

Aphorisme

Il est dans notre nature de faire tenir les mondes.

Où tout s'écoule

Je me sens seul, si seul, et ce depuis tout petit. Mais ô combien ce sentiment s'intensifie depuis que je suis désormais sans toi, depuis ma douce que tu es partie. Paradoxalement, si je me sens seul, c'est précisément que je ne le suis pas. La solitude est fondé par le témoignage d'un regard qui juge, or je suis tout autant l'objet observé que ce regard qui juge et détermine ainsi la nature de l'objet examiné. Au moment où je me définis comme étant seul, je ne suis précisément plus seul, je suis avec cet autre, je suis avec moi-même.

C'est ainsi qu'est le paradoxe conscientiel: tout ce que la conscience juge du soi est aussitôt nié par la possibilité qu'elle a de demeurer extérieur, au-delà de lui. Ainsi s'étale la distance de l'être qui pense, entre deux horizons inaccessibles, entre vie et mort, toujours vivant et toujours mourant.

Je me sens seul et je devrais me réjouir de ne plus l'être au moment où cette pensée se forme. Jusqu'à mon dernier souffle de conscience, je serai l'indéfinie tapis de nuance entre ce moi et cet autre qui observe. Je suis une infinité de point de vues sur moi-même, je suis l'être un dans sa multiplicité.

Je me sens seul et cette pensée s'écoule dans cet espace vacant que je suis, au sein duquel surgissent les concrétions phantasmées de mes jugements: l'idée de solitude et son contraire.

lundi 15 février 2016

Je ne fais que passer

Je n'ai pas de paroisse. J'ai été adepte d'un peu toutes les religions, mais je fus de toute, aussi, un apostat.

Je fuis l'information parce que toute information émane, ou plutôt constitue l'élément d'une structure langagière cohérente qui forme un monde. Ces mondes, sont un océan à la profondeur mesurable, au sein duquel j'aspire à me noyer gloutonnement. Dès que j'aperçois les abysses, dès que je ressens le flux de certains courants, et, me souvenant de la surface, je m'affranchis de tout le poids, de toute la pression, je me libère du caractère abscons et lacunaire de l'expérience déroutée de la croyance en l'infini. Enfin je perçois les lois de ce monde, les grands courants, les fondements et par conséquent les limites. Je tiens le monde en question dans mon âme, du moins dans une certaine abstraction suffisante à mon esprit.

Chaque monde a des conditions de possibilité qui en font un territoire illimité en extension et limité en intension.

Je suis un avaleur de mondes, un collectionneur d'univers, et pour cela je nomadise mon existence toujours entre deux univers, sans jamais pouvoir m'y reposer.

Je saisis et jamais ne consens à me laisser saisir, aussi je deviens fuite, passage et décalage, sautant de monde en monde tel un clandestin poursuivi par on ne sait quelle nécessité tyrannique (la sienne peut-être?).

Voilà pourquoi je suis infidèle, inconstant, pourquoi chaque discipline finit par m'ennuyer, pourquoi je ne deviendrai jamais un champion, un quelqu'un, une identité marquée jusqu'aux tréfonds par un principe et par une appartenance cosmique.

Tout juste serais-je champion de la désidentité, des interstices et des latences, des transitions et des chemins de traverse.

J'ai toujours le besoin impérieux de faire le tour des cages, comme si mon âme y était irrémédiablement interdite de séjour; cette âme dont le destin tragique est conscience, vision de murs puis évasion, mais toujours pour se retrouver coincée dans une autre cage, plus grande, plus petite, ou simplement autre.

J'ai visité tant de cages que je suis à moi seul une foule de prisonniers, une prison immense et peuplée d'autochtones que j'ai pourtant connus dans les moindres détails.

Je ne peux m'arrêter quelque part, dès lors que je saisis la clef de sol d'un univers, je m'en vais avec la puissance de faire advenir des mondes similaires, avec la méthode pour produire autant de formes moulées sur ce style. Me voilà qui en façonne quelques unes et je finis par me lasser, je préfère la puissance à l'acte, je suis passionné par elle.

Je crois, pourtant, mais je n'en suis pas sûr, comme toujours, qu'en toi j'avais mes habitudes, une cellule en forme de destin classique que j'ai parfois vue grise, mais qui, dans l'ensemble et avec du recul, m'a toujours parue colorée et d'une intensité troublante, une cellule où je m'étais dit maintes fois qu'un jour, il serait bon d'y mourir.

Mais tout cela ne vaut pas la peine d'être pensé. Je suis le détenu de ma conscience, cette méta-cellule qui ordonne mon voyage à travers les mondes dont je récolte les algorithmes avec avidité.

Il m'arrive de jouer parfois, mais personne n'entend, représentation perdue dans les inter-mondes, toujours à un pas de côté, où vivent les mythes et les mensonges, les promesses ainsi que les grossesses. Chacune de mes musiques silencieuses est un raz de marée sublime et douloureux, l'hémorragie interne d'une âme emmurée.

Loin des jolis ruisseaux

Je me suis toujours tenu loin des jolis ruisseaux, loin des rivières qui s'emportent et des torrents impétueux. Lorsque je m'avançais trop loin, je finissais toujours pas rebrousser chemin, telle une eau déjà lassée par le voyage et qui remonte le courant. Ce qui m'intéressait, là où je me sentais libre et moi-même, c'est au plus près de la source, où gisent les possibles dans les eaux dormantes.

Mais c'est toujours la chose qui jaillit de la source qu'on aime, et jamais la source elle-même. Les gens apprécient les formes, tout ce qui se peut saisir, ce que leur âme pourra conserver sur les étagères de la mémoire.

Pourtant, je me transforme sans cesse, remonte le cours de mes métamorphoses (ou bien les descendé-je), cherche à retrouver l'informe qui est la condition de toutes les formes. Voilà pourquoi je n'écris pas de nouvelles, de romans, ou de choses bien définies: j'écris comme je vis, d'une écriture indéfinie et qui s'indétermine.

mardi 9 février 2016

Vanité

Je me souviens aujourd'hui. Marchant sur le chemin bordé d'une haie d'arbustes, ce chemin qui sort du bois où je vais faire mon sport, ce chemin où je traîne avec allégresse mon corps fatigué par l'effort. Marchant sous le ciel nocturne de cette journée pluvieuse, fendant le vent glacé de cet hiver présent, je me souviens d'une anecdote. Je me rappelle cet Adrien assis dans un amphithéâtre assistant à un cours de philosophie et interrompant le professeur pour corriger une de ses références: "c'est la France contre les robots monsieur"... Vanité, désir de montrer sa connaissance, intervention inutile que je regarde aujourd'hui avec une certaine bienveillance, bien que je la sache méprisable en beaucoup de points.

J'ai beau me croire moins vaniteux qu'alors, je le suis tout autant, Adrien qui se souvient de cet autre du passé, Adrien qui regarde l'autre avec condescendance, cet autre qui pourtant avançait dans l'horizon de ses idéaux, et qui pour cela se sentait grand, maître de sa galaxie, supérieur aux autres parce que plus loin que n'importe qui sur son chemin. Adrien d'aujourd'hui est le même, lui qui s'est élancé sur d'autres routes, et guette au loin des horizons différents. Il avance en conformité avec d'autres idéaux et se permet de juger cet autre lui vaniteux, lors même qu'il fait preuve de la même vanité par cet acte.

On ne se départit jamais de la vanité... On s'invente un monde que l'on fait tenir avec les lois du moment, on se peint des cieux et des enfers, on trace des marqueurs figurant un haut et un bas sur la pâte informe du réel. On se crée sa petite fiction qui nous permettra de vivre heureux, heureux parce que le meilleur quelque part, heureux parce qu'en chemin vers le sommet qu'on a dessiné, sur une route unique que les autres ne peuvent suivre aussi bien, puisqu'ils n'ont pas trébuché sur les mêmes obstacles, puisqu'ils n'ont pas sinués sur les mêmes lacets de la vie, puisqu'ils ne sont pas nous.

Vanité, toujours, vanité pour faire tenir la vie dans la carcasse, vanité pour continuer de croire avancer, continuer de croire devancer et se donner des airs d'être quelqu'un parmi les autres.

Oh ce n'est pas la conscience de cette vanité qui en sauvera Adrien-qui-écrit-ces-mots, cette conscience en fera juste un objet, mais il suffit de cesser de contempler l'objet pour qu'il replonge dans les sources inconscientes de l'être, pour qu'il se refonde en nous et se dissolve dans nos gestes. J'ai beau tenir aussi fort que je peux ce reflet de mon être (Vanité), chaque fois que mon attention s'égare, je redeviens vanité, comme tous les autres, comme l'armée des monarques auto-déifiés qui partagent avec moi la grande cour de l'indéterminé et de l'indéfini.

Vanité, partout: la colle qui fait tenir les murs de chaque monde.

Je me souviens, vanité...

Aujourd'hui, et pour demain encore, vanité.

vendredi 5 février 2016

Staccato

Staccato, côte à côte, le coeur et les côtes
Cogne, éclate et craque la peau de cet hôte.
Mon coeur frappe contre l'écho du vent
Tic-Tac, et détraque les couloir du temps.

Tous aussi loin de l'horizon

La liberté se gagne dans le deuil. La liberté absolue est une idée, comme la mort, elle est le royaume du possible, du potentiel, du "tu pourrais être, tu pourrais avoir". Mais en étant libre tu n'as et n'es rien.

Cependant pour l'homme vivant, ce néant n'est qu'une idée, un horizon infrangible. Pour celui-là, être libre c'est se dépouiller (c'est à dire avancer en direction de l'horizon mentionné), encore et encore, jusqu'à ce qu'il ne reste qu'une chose dont on ne sait ce qu'elle est. Mais il reste toujours quelque chose à ôter: l'amour, l'amitié, l'espoir, l'avenir...

Qu'es-tu toi, homme minimal, homme du dépouillement, nomade de l'humanité?

Peut-on être prisonnier de la liberté? Es-tu plus libre en ton for intérieur que tous les autres?

mercredi 3 février 2016

Que suis-je?

Que suis-je?
Le rejeton glacé de tes désirs sans fin?
La chanson adorée qu'on abhorre à la fin?

Que suis-je?
La source des désirs enfuis?
Ceux qu'on écrase sans un bruit?

Que suis-je?
L'échec en fin de route?
Du coeur l'ultime déroute?

Que suis-je?
Des promesses non tenues?
La vérité toute nue?

Que suis-je?
L'émoi de tes seins?
De ta musique un refrain?

Que suis-je?
Celui qui languit dans ton passé?
De chaque voeu l'inexaucé?

Que suis-je?
Un souvenir qui luit?
Un qu'on étouffe dans la nuit?

Que suis-je?
Une poussière sur ta vie?
Un coup de balai repartie?

Que suis-je?
Une réponse insensée?
Un fragment d'âme blessé?

Que suis-je?
L'écho de souvenirs?
Un bonheur qui doit partir?

Que suis-je?
Une ombre dans ton coeur?
Encombrante, vieille peur?

Que suis-je?
Un regard amoureux?
Une reine au fond des yeux?

Que suis-je?
Un reflet de toi-même?
De toi ce que tu aimes?

Que suis-je?
Un sanglot sur les toits?
Qui erre là sans toi?

Que suis-je mon amour?

Que suis-je?

Un peu de toi et pas grand chose...

Juste un peu de toi;

Et trois fois rien, crois-moi.

Que suis-je?

mardi 2 février 2016

Les formes et l'informe

La grande leçon de la dualité onde-corpuscule n'est-elle pas que la matière n'est ni onde ni corpuscule? Ainsi, le réel semble échapper à toute catégorie concevable, peut-être parce qu'il est véritablement INFORME.

Le monde survient lorsqu'une forme transcendantale entre en relation avec l'informe néant et le pousse à projeter sa substance potentielle en des moules actuels.

Combien de problèmes sont soulevés par une telle hypothèse, je ne saurais les compter...

La métaphysique aujourd'hui, me semble être le fait d'un enfant jouant dans l'eau et s'amusant à créer par les remous qu'il provoque diverses formes. Le dogmatique s'attache à ces formes et souhaite les fixer dans un réel en soi aux structures qu'il imagine immuables.

On a beau pratiquer le jeu de la métaphysique, il restera toujours de l'eau, et chaque figure s'efface dans l'informe liquide.

Le sceptique kantien

La leçon du sceptique ayant compris le concept kantien de transcendantalité est la suivante: chaque expérience, chaque théorie, ne nous en apprend jamais que sur nous-même.

Il est donc fascinant de constater la formidable puissance de l'esprit humain pour se réifier, projeter ses processus de synthèse à l'extérieur de lui afin d'animer la fiction d'un monde objectif, ou, pour rester kantien, d'un réel en soi.

En ce sens, chaque être est un véritable dieu.

Toutefois, si l'on s'épargne la fragile hypothèse de l'existence d'un sujet individuel en relation avec un réel en soi dans le surgissement phénoménal d'un monde, que reste-t-il de l'humain?

Nous pouvons imaginer chaque sujet, c'est à dire chaque monde, cohabitant dans des existences parallèles, tels des objets se côtoyant au sein d'un grand Tout encore à déterminer. Nous pouvons imaginer bien des choses, et il est plaisant d'imaginer, voilà tout.

lundi 1 février 2016

L'éternel carrefour

Lorsqu'il m'arrive de courir en un lieu inconnu, si je rencontre un carrefour aux divers chemins possibles, mon être se divise et je commence à tergiverser quant au chemin à prendre. À demi convaincu je m'élance sur l'un deux tout en maudissant mon ignorance des autres. À un moment, cette incertitude finit par trop peser pour que je puisse continuer, je fais alors demi-tour pour m'aventurer sur un autre chemin. Ce petit cinéma peut se répéter et durer jusqu'à ce que je finisse par avoir choisi partiellement l'intégralité des possibles offerts au choix.

Ma vie toute entière est un peu à l'image de cette anecdote. Mon esprit se divise en chaque choix et veut éprouver l'expérience de chacun d'eux afin de n'avoir nul regret et nul doute.

Mais qu'est-ce là ce comportement pour le sceptique baignant dans le doute que je suis? Pourquoi, lorsqu'il me faut penser je n'ai nulle crainte, nul attachement, et lorsqu'il me faut vivre, je vois mes gestes motivés par la crainte du deuil et de la perte?

Ce trait de caractère est tellement bien ancré en moi que j'ai fait de ma vie un carrefour perpétuel, l'éternel recommencement de choix possibles qui croisent la voie de mon inertie. Pourtant, faisant cela, je suis engagé sur un sillon, mais un sillon auquel je n'attache pas d'importance, un sillon dépouillé de caractéristique réelle si ce n'est celle d'être le fondement nécessaire d'autres choix. Ainsi mon chemin n'existe que pour que puissent surgir les autres.

Mais, à bien y réfléchir, cela doit être possible pour chaque chemin emprunté, tout cela n'est que point de vue.

De quelle étrange illusion suis-je donc la victime?

La seule réponse qui me vient est celle-ci: ma voie est celle du dépouillement, celle où personne ne va, ainsi je peux cheminer seul, sans la crainte de décevoir les liens d'autrui, ses espoirs quant à la route que nous parcourons pour un temps ensemble.