lundi 29 mars 2010

Crépuscule

Je suis seul ce soir, de nouveau vieux et nu.
Elle est partie ma puce, se fondre dans la rue.
Les mots sont là, pourtant l'inspiration n'est plus.
Encore un peu de solitude est-ce que ça tue?

Où suis-je donc sans ce regard?
Sont-ce des songes que ces partages?
J'n'ai plus d'allonge sans ton courage,
Et je me cherche dans le hasard.

Depuis que mon soleil se couche
Loin des merveilles de ta bouche,
Le doute s'invite dans les fissures,
De ma vie d'homme pleine de ratures.

Je t'aime pour la vie à ma manière,
Et suis à toi même en enfer.
Laisse-moi juste ta porte ouverte
Pour que je veille sur ta violette.

samedi 27 mars 2010

Les gens que je croise

Je regarde la ville de loin à mesure que le monde devient plus consistant pour moi.

La ville est comme une personne, j'aime l'observer de côté comme ça, en marchant le long de ses flancs agités. J'entends les hommes qui la font vivre, son sang.

Chacun de mes pas sur ce chemin des bords de Vienne me ramène un peu plus vers moi, m'éloigne un peu plus des autres: ceux que j'aime.

À mesure que la solitude grandit, le monde me parle, je revois les atomes qui composent chaque chose, j'entends les oiseaux chanter, je sens les gouttes de pluie qui heurtent ma tête, je me sens vivre, enfin...

Je me détache de plus en plus; à chaque pas; chacun d'eux est une pensée juste de plus, qui rentre à la maison. Je me retrouve, dans mon décalage, dans ma musique. Et le monde me parle de plus en plus, il m'accepte, il me murmure que je lui appartiens.

Le chemin s'élargit à mesure que j'avance, le décor change, et je me vois comme dans un film, avec cette symbolique du chemin représentant le destin. Que je me sens vivre nom de Dieu! Dans chacun de ses pas qui sont les miens, je retrouve ma liberté en m'éloignant de tout, de vous.

Je sens le froid du vent qui glisse sur moi, je sens l'ivresse de la veille cogner dans mes veines, et je sens mon bonheur qui attendait ici que je vienne le retrouver.

Je ne puis plus aimer, c'est officiel! Je ne peux qu'aimer tout le monde, je ne suis pas capable d'aimer une femme avec passion, je ne peux plus m'emprisonner.

Ce serait si simple, de tout laisser, de m'en aller avec un sac à dos sur les épaules et de prendre la route encore et encore, et encore...

Je suis si sûr de moi quand je suis moi. Je suis à ma place, je vibre dans l'univers à la fréquence juste, je suis!

La dissolution de l'identité crée l'action. C'est dans l'action que l'on est réellement.

Je ne suis plus personne, je suis tout le monde et puis personne!

Je vous observe et je vous aime mais vous ne me voyez pas, ou jamais bien longtemps. Je passe en fantôme dans votre monde, je vous intrigue, je ne suis pas de chez vous. Vous êtes fixés, attachés, liés pieds et poings face à vos vies. Je vous traverse comme le présent consumme le temps.

Je suis ici, là et maintenant, et le futur n'existe pas...

Je suis si calme, tellement serein, quand je n'existe plus... Pour personne.

dimanche 21 mars 2010

Les Dimanche soir

Les Dimanche soir m'oppressent avec leur lourdeur d'avant-orage, leur atmosphère engourdie de calme avant la tempête.

Le monde est minuscule les Dimanche soir, il se recroqueville sur lui-même, on ne peut échapper à rien. L'étau se resserre, la semaine vient nous avaler et on se terre chez nous comme des enfants apeurés.

Le Dimanche blesse, il me rappelle combien j'aimerais quitter cet endroit, quitter les obligations, quitter ma vie.

Je pourrais marcher des heures ces moments là. Des minutes à égrenner mon spleen dans des rues trop étroites où les gens se regardent agressifs, méfiants. Des secondes où le bonheur s'envole vers des contrées où la nuit se tait, où le soleil hurle.

Et elle me parle des gens qu'elle a croisé, avec lesquels elle s'est mêlée. Des gens que j'ai connu, dans une vie passée, que je pensais révolue à jamais. Une vie qui revient petit à petit me mordre les talons, une vie qui revient en traître me dire qu'elle a déjà fait main basse sur les personnes que je rencontre, bien avant moi.

Elle me parle de sa vie, des gens qu'elle aime, qui la font rire, qui la font vivre. Et moi je ne vois plus le sol que je foule, je regarde à travers les choses, je ne vois que tous ces murs, et cette gravité qui me retient, cloué...

Je ne peux plus aimer comme les autres. Je dois être fait pour parcourir le monde, parcourir les gens, les activités, la vie.

Les rues sont vides pendant qu'on marche, je sens la présence de la gare proche. La gare et ses rails qui sont autant de ponts dressés vers la liberté ou son illusion. La gare m'appelle, elle m'appelle sans cesse les Dimanche soir. Mais elle n'appelle que moi, je partirais seul, je serais seul toute ma vie.

Et elle me parle de ces hommes, ceux qui l'ont aimé. Je n'écoute qu'à moitié, chaque mot m'étouffe un peu plus, resserre cette main autour de mon âme. Je ne veux pas entendre ces autres, je ne veux pas voir tous ces liens qui l'attachent à eux, à des lieux, à des époques.

Je marche absent au monde. Je suis à côté d'elle et mon spleen me grise, il me dit que je suis seul et que rien ne me retient, pas même elle. Il me dit que tout cela est absurde et que je n'ai décidemment rien à gagner à vouloir faire comme les autres. Il me dit de partir, de ne plus rien posséder, de ne plus rien désirer, comme avant. Pas même elle.

La manière dont vivent les autres n'a aucun sens pour moi, cette vie là me détruit. Elle fait de moi un prisonnier des autres, un étranger à moi-même.

Je veux m'en aller, loin de toi, loin de tout.

Ce tout... Si dérisoire...

mercredi 17 mars 2010

Un souffle

La vie ça se vit dans un souffle sans penser au suivant.

Je ne veux rien devenir, rien atteindre, rien d'autre que moi-même. Je ne souhaite pas de statut social, je ne souhaite pas faire plaisir à ceux qui attendent de moi que je devienne quelque chose en particulier, un symbole de réussite pour eux, quelque chose qui puisse leur renvoyer un reflet d'eux-mêmes dans lequel ils puissent s'aimer.

Je me fous de ce que les gens pensent de moi, je me fous de leur système, de leurs titres, de leur calvaire de danaïdes.

La vie c'est une étoile filante et moi je veux en être une pas les regarder.

Je serais rien, et je serais tout à la fois. Je ne serais ni écrivain, ni philosophe, ni combattant, ni amant, ni professeur, ni bibliothécaire, ni astrophysicien, ni informaticien. Je serais moi! Je serais un homme qui vivra sa vie comme il l'entend sans en avoir rien à foutre du reste.

En attendant, le temps passe, lui, sans hésitation, sans anticipation, il n'est que présent se consummant au fur et à mesure de sa propre existence.

La vie ça se vit, j'ai 24 ans et c'est ce que je fais. Ca déplait à certains oui. Certains qui n'ont pas compris que la société est une construction absurde construite sur du néant. Moi je vis comme je l'entends, chaque moment comme il me plaît, je ne pense pas au futur, je pense à ce qui existe ça suffit bien.

Je suis heureux et je vous emmerde!

dimanche 7 mars 2010

Si j'ai mal

Si j'ai mal à la tête ce soir, c'est ce monde absurde où personne n'aime, qui vient casser mes synapses et veut me plier à sa volonté.

Si j'ai mal au coeur parfois c'est quand je me laisse submerger par tant de bruit et de chocs, celui que font vos armures qui s'abattent les unes sur les autres avec violence parfois.

Si j'ai mal aux cotes, c'est que j'ai pris des coups pour me sentir vivre.

Si j'ai mal à l'âme c'est que je veux être celui que certainement je ne suis pas.

Si j'ai mal aux yeux c'est que je ne peux plus voir que ta pureté onirique qui m'éloigne de tout.

Si j'ai mal d'entendre, c'est que trop de mensonge se transporte à mes oreilles et rature les identités des gens qui se mentent.

Si j'ai mal c'est moi qui résiste à toi ou l'inverse.

Si j'ai mal c'est ma faute alors je me soigne et tout va bien.

Avec le temps

"Avec le temps, tout s'en va" et tout s'en vient aussi.

Avec la nuit fuit la conscience et arrivent les rêves pour nous garder.
Quand vient l'aurore s'en vont les rêves, s'en vient la vie.

Et oui, les poussières volent au vent avec le temps qui les poussent dans le dos, et puis il y a des graines qui cessent d'être trimballées de terres en terres et puis qui posent leur univers qui va s'éclore au fil de l'eau.

Avec le temps, il y a des doutes qui meurent, d'autres qui naissent, certains qui restent malgré les saisons.

Avec le temps la vie advient, un jour interrompue, un autre rendue.

Avec le temps va rien ne s'en va vraiment puisque tout ce qui part revient, même différent.

Avec le temps Léo, il y a ta voix qui décline, tes voyelles qui se taisent, puis avec un petit peu plus de temps, tu resurgis plein d'entrain, et tu ne meurs jamais.

Avec le temps tout arrive, tout existe.

Avec le temps, tout, tant, et si bien. Avec le temps tout est temps, tout étant.

Je voudrais te dire

Je voudrais te dire
Ces choses que je lis dans les rides qui plissent le coin de tes yeux
Et puis t'écrire le reste qui dort tapie dans le creux de mes tripes.

Te dire des mots qui remplaceraient mes actes,
T'écrire cette réalité que j'aimerais t'offrir.

Je voulais te dire aussi
Que j'étais terrorisé par la femme si féminine que tu représentais.
Je voulais t'écrire de ne plus attendre des moments qui me dévorent et me laissent morts.

J'ai voulu te dire
Que c'était fini et que je n'en valais pas la peine,
T'écrire un poème que tu garderais où tu pourrais lire ce que j'aurais pu être...

Te dire tout haut les choses qu'on pense tout bas les paroles interdites,
T'écrire en tout petit, l'immense royaume que j'entrevois quand tes yeux me voient.

Maintenant je veux te dire
Que je ne sais pas où je vais ni vers quoi t'emmener.
Je t'écris ici mon temps qui t'est offert et que tu peux prendre à volonté.

J'ai choisi de perdre alors je t'en prie vient gagner, gagner mon coeur et puis mon temps que je ne compte plus dorénavant.

Intermittence

Tu te fermes; et puis tu t'ouvres, par intermittence. Comme une boutique devant laquelle je ferais les 100 pas tous les jours, attendant l'ouverture avec impatience, guettant une brêche que je pourrais combler de tout mon être, de tout mon amour.

Quand tu n'as plus peur, et que tu tombes le voile avec pudeur, je suis une bulle à l'intérieur de laquelle plus rien ne peut t'atteindre.

J'aime quand tu n'as pas peur d'être humaine, quand tu n'as pas peur de souffrir. Et j'aime que tu le dises...

C'est marrant parfois j'ai l'impression que deux personnes issues de mondes différents, ne peuvent s'aimer que dans un silence de l'être, quand la pensée se tait, noyée sous les sentiments et cet instant qui pourrait durer le temps du temps.

Et puis ma voix alors se fait plus douce, devient murmure. Ainsi la tienne se fait plus lisse et puis s'enroule autour de moi. Je voudrais ne plus parler quand je suis avec toi, ne plus rien faire que vivre en silence, de tout mon être.

Mais est-ce normal qu'aimer ainsi? Est-ce bien possible?

Brusquement, la vie des Hommes s'en revient nous submerger pour nous rejetter de notre île à ces rivages inhospitaliers où tu t'en vas suivre ton chemin avec les gens de ton quotidien et moi qui part un peu plus loin, seul en regardant au large, si loin de ton horizon.

Je ne comprends pas pourquoi les femmes que j'aime n'existent que dans ces moments de pure présence physique, hors du temps, loin de tout.

Est-ce que c'est faire fausse route que de vouloir malgré tout laisser au temps le temps d'abaisser les montagnes qui nous séparent, de lisser un monde plein d'aspérités, de gouffres insondables.

Un jour un ami m'a dit que le temps était la parole de Dieu sur Terre, sa manifestation évidente.

Dorénavant je me tais. Et j'écoute.

mardi 2 mars 2010

Comme un fantôme

Je n'écris plus parce que les mots ne viennent plus. Ils semblent mourir à peine éclots, ils sont si loin de ma conscience, comme insaisissables, incontrôlables.

La sérénité? Enfuie, loin, bien au-delà de mon horizon maintenant...

Je me tourne le dos, je ne m'entends plus qu'en bruit de fond, je ne réponds plus à cette musique lassante, je la fuis.

Une des plus grosses épreuves de ma vie m'attend, elle est si dérisoire quand j'y pense de loin en passant, et si écrasante quand je lui fait face, quand je me brûle à son feu.

Les mots eux, s'en vont s'en viennent nonchalants dans ma prison de fou. Ils me traversent mais je ne les écoute plus et ils voyagent vers d'autres âges.

Les peurs d'hier ont été remplacées par celles de demain et je ne sais plus de quoi me méfier.

Je dis ce qu'il faudrait taire, à mon insu, mon silence est plus éloquent qu'un cri de douleur et plus perçant.

Elle me dit doucement ce que je ne regarde plus et je contemple un peu triste les ruines de mon ego, tourbillonant dans une pièce vide remplie de courants d'air.

Cette pièce c'était moi, maintenant ce n'est plus rien, un peu de lumière jetée là sur quelques doutes se disputant les restes d'une certitude enfuie sous des regards tangents s'ignorant volontairement, l'air de rien.

Il parait que la liberté est un territoire à coloniser, un territoire de sa propre conscience. J'y réfléchis, je tourne autour, ébauche des plans de bataille que je vis en rêve éveillé.

Je rêve ma vie et ça m'ennuie.