mercredi 17 février 2010

Loin de toi

Tous ces jours loin de toi
Qui m'éloignent de moi:
Trop d'amour déversé
Sur les rives d'à côté.

Et le temps assassin
Qui efface nos émois,
Par des rêves consommés
Que l'on cesserait d'aimer.

Seul ton regard balaie
Tous les doutes installés,
Et ton souffle lustral
Mue ma mort en pétales.

Vers tressés

Petits vers enlacés que tu prends par la main
Où mes mots sont des doigts qui s'entremêlent aux tiens.

Infusion de minuit où te parle mon lit
Mes bouteilles à la mer que tu bois à la lie.

Ce cantique démodé est un sourire en laisse
Psalmodié dans ma tête quand mes lèvres tu presse.

Gloire au fertile amour que tu sèmes tous les jours
Sur ma terre assêchée que ta source vient mouiller.

Mais quand sombre la nuit, c'est ma haine qui me dit
Tous ces mots regrettés qui te crient ma folie.

Orbite

La pointe de tes lèvres: ma périhélie.
Je m'y brûle comme à la vie.

Avances-tu le menton,
Me mué-je en santon,

Que tu déplaces sur ton coeur
Où s'embrasent mes heures.

Toi, moi et l'univers

Toi et moi et l'univers,
Dans un subtil déplacement vers
Le noir canon d'un revolver
Qui crêve mon coeur ton âme en l'air.

Et eux et elles qui chantent encore
Leur tendre haine en désaccord.
L'encre de mon coeur colore ton âme
D'un voile vermeil sur toi si femme.

Nous et cette forte pesanteur
D'un espace-temps qui plie les heures,
De ta présence par trop intense
Devant nos jours enfuis d'avance.

J'aurais voulu ma mie te sentir nue,
Chanter ton nom en milles vers,
Souffler ton air que j'ai connu,
Puis à tes pieds que l'on m'enterre.

La "the nana"

Qu'aurais-je à dire à tes souliers,
Qui loin de moi s'en sont allés?

Nul désir en moi ancré
N'ont réveillé tes vains soupirs.

Mensonges pieux et vieux affronts
Sont tout ce que m'inspire ton nom.

Et toi prétentieuse tu voudrais
Siffler nos coeurs comme du Vouvray.

Renaissance

Anodine pureté déposée par la neige,
Tu rends à volupté son ordre et sa beauté.
Géants verts endormis par l'hiver qui s'abrège,
De ta vertu sont parés, fiers et fatigués.

Tu es le sel des saisons
Offrant ce nouvel horizon.
Après l'offense des gercures
Tu donnes au monde sa vraie figure.

vendredi 12 février 2010

Inspecteur Derrick

Je suis un jeune petit vieux,
Un poète arythmique quelque peu pathétique,
Qui dit mieux?

Dans mes rêves de succés,
Je troque mes habits usés
Pour un style déjanté.

Si je reste seul assez longtemps,
L'inspiration s'en vient qui m'entend,
Et ma muse me détend.

Ma femme, d'un certain âge, m'encourage.
Elle dit à qui veut l'entendre que son mari est un génie,
Sauf quand je pète au lit...

Elle regarde Derrick avec le chat du voisin,
Monte le volume et mon rêve prend fin,
Alors j'ai acheté un chien.

Je rumine mon chagrin en regardant le générique.
On est dans un monde où les cons font du fric.
J'observe ma Monique...

Trop vieille. Avant d'avoir un radis je finirai alcoolique.
Poète maudit ça fait chic mais sans poème y a un hic.

Les rêves... C'est quand même bien pratique...

Péripatéticienne

Averse de doute sur moi ce soir,
J'ai froid j'ai peur et je le dis.
Renverse la tête que je t'admire,
Saupoudre mon âme avec ton rire.

Sans vent ni voile point ne m'envole
Que ton sourire qui me dévore
À l'ombre d'un ciel où tu racoles
Quand tu désires l'argent des morts.

Vaines prières que rien n'étouffe,
Pas même le vice qui les fait naître.
Et ces valeurs comme des pantoufles,
Que l'on rechausse pour le paraître.

N'était ta feinte dilection prétendant me tromper,
Tu serais mon Eole qui ma joie perdue gonflerait.
Mais cette nuit gercée par une fraîche bise,
Ne laisse dans ta sébile que ma flâneuse sottise.

jeudi 11 février 2010

Les mots vrais

"Menteur, menteur..." souffle l'écho de ma conscience.
"Sale imposteur!" s'écrie la voix de ma patience.

"Froussard, froussard!" me crient les gens par leur regard.
"Sale égoïste!" me lancent les femmes que j'ai trahies.

"Regarde-toi..." font les amis que j'abandonne.
"Pauvre de toi..." pleure cet amour qui me harponne.

"Qu'est-ce qu'il attend?" s'interrogent-elles innocemment.
"Quel abruti!" s'écrient en choeur leurs prétendants.

"Laissez-moi donc..." leur murmuré-je baissant les yeux.
"Je te déteste..." sanglote mon coeur tellement envieux.

mercredi 10 février 2010

Je te quitte

Je te quitte:

Parce que je pourrais trop t'aimer.
Parce qu'il se pourrait que je ne sois pas à la hauteur.
Parce que tu m'impressionnes.
Parce que tu es trop belle.
Parce que peut-être ne m'aimeras-tu pas autant que moi je t'aime.
Parce que tu es trop libre.
Parce que tu manges les hommes.
Parce que d'autres te veulent qui pourraient t'aller mieux que moi.
Parce que d'autres existent dans ton monde.
Parce que tu as le choix.
Parce que je ne veux pas que tu me quittes.
Parce qu'ainsi tu ne pourras pas ne plus m'aimer.
Parce que c'est sans aucun risque.
Parce que c'est simple.
Parce que j'aime la solitude.
Parce que c'est ma façon d'aimer.
Parce qu'il te faut ce qu'il y a de mieux en ce monde.
Parce que tu ne mérites pas le doute.
Parce qu'il y a d'autres femmes à quitter.
Parce que j'ai peur.
Parce que je t'aime...

Je t'interdis

Je t'interdis:

de faire la fête,
de rire sans moi,
d'en aimer d'autres,
de trouver d'autres hommes beaux,
de ne pas m'admirer en secret,
de pouvoir vivre sans moi,
de voyager,
d'être heureuse quand je ne suis pas là,
d'être désirable,
de plaire aux autres,
de me faire peur,
de ne pas avoir aussi peur que moi,
de ne pas m'attendre,
de croire que je peux te rendre heureuse,
de rêver,
d'avoir une vie privée,
de connaître des choses que je ne connais pas,
de ne pas tout me dire,
de trop parler,
de ne rien dire.

Je t'interdis la vie moi qui veut la remplacer pour toi.

Ma plus grande peur

Il n'y a presque rien que j'écrive et qui me laisse cette sensation d'achevé, d'accompli.

Quand je m'écoute, quand je me relis, je vois cette ennuyeuse mélancolie qui suinte de chacune de mes tournures de phrase, des mots eux-mêmes.

Pourquoi est-ce que je continue d'écrire? Parce que j'espère. Et j'attends cet instant rare, où se lire procure des sensations presque étrangères à soi, de celles qui ont l'intensité des autres et leur génie. Je m'écris et j'attends en me lisant, cette surprise si violemment agréable de reconnaître en l'autre un "tu" si semblable à soi. J'écris comme si les mots me permettaient de tomber amoureux de moi-même. C'est effrayant mais ça n'arrive jamais...

J'ai toujours plus ou moins eu ce que je voulais avec le temps alors je patiente avec les mots. D'eux je façonne des miroirs et j'espère secrètement qu'ils se mettent à parler de moi et me disent que je suis beau.

Les mots n'attendent rien de leur auteur et c'est certainement pour cela que je les aime tant.

Ma plus grande peur c'est ce que tu attends de moi.

Ma mélodie inachevée

Je voudrais l'écrire une fois pour toute cette symphonie que j'ai dans le coeur, comme un ailleurs auquel les gens pensent quand ils pleurent. Vous savez, de ces musiques qu'on oublie pas, de celles qui trouvent refuge dans les replis des âmes flouées, qui dorment au fond des mots et des regards de ceux qui osent, qui osent encore se regarder dans les yeux.

Mais c'est en vain que je l'attends, cette inspiration géniale censée me délivrer de tout, de toi, mais peut-être de moi surtout.

Un accord, c'est un bout de chemin qu'on suit et qui vous mène au paradis comme ça, l'air de rien, en passant.

À quoi penses-tu toi qui réussit à chaque fois, ce pari incensé de te dissoudre dans le tout et d'en revenir toujours, si triomphant? Penses-tu seulement?

À quoi bon chercher un mode d'emploi, me dit la voix qui est moi mais sans l'être, elle qui me parle jour et nuit. Je me parle à moi même constamment! Et c'est une poésie je vous l'assure. Je la tutoie et elle aussi. Elle m'ordonne, elle me dirige. Elle est peut-être moi mais ce moi plus lucide, moins fragile et plus raisonnable, moins débile et plus volontaire.

Elle vient d'ailleurs de me dire, il y a quelques lignes déjà, que lorsqu'on attend qu'on vous montre comment faire les choses, c'est qu'on a déjà trop peur de les faire...

Et de quoi aurais-je peur s'il te plait? De m'apercevoir que ma mélodie, "ma mienne", ce serait tout ça? Ceci, que je crache quotidiennement et qui n'éclaire d'autre que moi? Ce serait ça le meilleur de moi? Cette médiocrité habituelle qu'aucune personne au monde un tant soit peu intelligente n'irait acheter.

Mon oeuvre c'est une plainte perpétuelle que je suis seul à écouter...

Tout ce que je crée n'aura jamais de succés. Moi qui prétend m'en foutre royalement. Hypocrite envers soi, voilà un crime qui devrait être puni. Il semble qu'il l'est, l'identité flouée se venge immanquablement.

Je vis dans un monde qui n'appartient qu'à moi, où tout est décalé, tout est banal. Mes perles sont des cailloux ici...

Je suis cette grenouille prince de sa mare et dont le monde se fout éperduement. Assis sur mon nénuphar, je contemple mon reflet qui me parle et qui m'ordonne, au sein de mon royaume factice. J'attends et je laisse passer le temps sans trop me faire remarquer.

Malgré moi, chaque jour je rêve d'être une sirène dans l'océan des autres, pendant que le mien s'écoule doucement de mes yeux fatigués et de ma plume rabougrie.

Ma mare c'est moi et parfois j'en ai marre d'être moi...

mardi 9 février 2010

L'homme comme inabsolu

Le temps est la modalité d'existence de tout objet fini ayant conscience de sa propre finitude.

Par ailleurs, la conscience n'est-elle pas précisément l'attribut de ce qui est fini?

Il semble que la conscience humaine, que je mêle intrinsèquement à l'identité, soit une barrière à la compréhension de ces absolus.

En effet, la conscience est consubstantielle au temps et par là même, à la durée. La conscience n'existe que dans le moment présent bien qu'elle conceptualise le passé et le futur. Ainsi, toute conscience existe par le temps, ce qui nous amène à la conclusion que toute chose intemporelle, tout absolu ne peut posséder de conscience et donc connaître sa propre existence.

L'esprit serait donc l'entité qui soumet l'individu au temps, toute chose sans esprit connaîtrait une existence intemporelle.

Le fait de devoir raisonner dans le temps, rend l'homme inapte à comprendre l'absolu, à le vivre.

L'homme est donc piégé dans cet espèce d'éternel retour, ce questionnement de l'origine qui conditionne la fin.

Il nous est impossible de vivre l'infinité.

La seule manière pour l'homme, semble-t-il, d'envisager l'infini est sous la forme cyclique, c'est à dire de l'éternel recommencement. Ainsi quand l'homme veut appréhender l'infini il se pose la question de l'origine. Et lorsqu'il s'interroge par la suite sur l'existence possible d'une fin, la réponse invariable est la répétition de l'origine, et ce infiniment.

Pour que l'homme puisse sortir de son humanité pour saisir l'essence absolu des choses et de lui-même, il faudrait qu'il brise ce cercle; mais pour devenir quoi? Certainement pour ne plus penser, mais pour être purement et uniquement.

Aphorismes 2 le retour...

À défaut de tout montrer, efforce toi de ne rien cacher.

La poésie c'est nettoyer les mots de la morale.

L'infini est par essence intemporel.

Le cerveau c'est des milliards de mains, toutes craquant une allumette dont la flamme est une pensée.

Chaque action dans la vie est une manière particulière de cartographier son âme.

La poésie naît de la démarche et non de l'oeuvre finie.

L'oeuvre finie, comme le poète, deviennent de purs produits.

Lorsqu'on est vrai, vraiment soi, on ne peut faire souffrir personne, seulement ceux qui ont décidés de souffrir eux-mêmes en plaçant dans votre personne les quelques rêves brisés qui les hantaient.

Vivre chaque expérience de manière vraie, en étant parfaitement soi-même à chaque instant et sans mensonge, est le seul moyen de n'avoir aucun regret, d'apprendre de la vie.

Je suis moi donc je suis libre, infiniment.

Aimer sans rien attendre en retour, c'est être libre de tout, libre des autres.

La nature est une femme mille fois trompée qui continue malgré tout d'aimer.

Finalement la plus haute forme de justice n'est-elle pas précisément l'absence de jugement?

L'on est vraiment blessé que lorsqu'on accepte de l'être.

Les gens qui ne savent pas voir la poésie hors de la morale ont tout simplement trop peur de leur propre vacuité...

L'art ne tolère pas dans son royaume, ceux qui taisent leurs propres doutes.

L'art doit atteindre votre être, et le changer, définitivement.

Les vieux sont beaux pour qui sait voir en eux autre que sa propre peur.

Quelqu'un qui vous lit: c'est déjà une forme de respect.
Quelqu'un qui apprécie ce que vous écrivez: c'est déjà une forme d'amour.

Le vrai courage c'est être soi-même et s'accepter ainsi.

Les choses qui se font par comparaison ne sont qu'un leurre.

Il faut marier ce que l'on est à ce que l'on voudrait être il me semble et non pas divorcer.

Les gens sont des boîtes, on y met bien un peu ce qu'on y veut mettre.

Toutes les formes sont valables, ce ne sont que des supports.

La poésie est dans tout mais il faut savoir la déterrer parfois, comme un enfant qui gratte la terre.

Les bons écrivains doivent être ceux qui font ressortir ce qu'il y a de beau dans le laid; ce qu'il y a d'unique dans le commun.

De la nature du temps

Le temps, c'est la durée qu'il faut à la matière pour passer d'un état E à un état E+1, ou bien d'un objet à un autre. C'est le temps nécessaire à la matière pour traverser le vide.

Si la vitesse de la matière, qui permet de faire varier cette durée, est sans limite, alors le temps n'existe plus, tout est définitivement présent instantané.

Mais ce présent infini n'existe que dans le mouvement: un mouvement qui doit avoir une vitesse infinie, la matière cessant donc d'être localisée sur un point donné mais étant potentiellement partout à la fois.

Le temps semble donc être une différence de vitesse de la matière. Dit autrement: la vitesse de la matière créée le temps.

Infini et temps

Si l'univers est infini, tout existe.

Par conséquent, tout existe déjà et n'est pas en train d'être crée car si cela était le cas, tout n'existerait pas puisque certaines choses seraient encore à créer.

Pour cette raison, l'infini doit forcément exister hors du temps.

En effet, si l'on considère que tout est crée à un instant T, alors si le temps existe, existe forcément l'instant T+1. Or entre l'instant T et l'instant T+1, forcément de nouvelles choses seront apparues, ou bien d'anciennes se seront modifiées, les choses qui étaient ne seront de toute façon plus les mêmes.

Tant qu'il y a du temps, il reste des choses non créées.

En conséquence, l'infini existe forcément hors du temps, dans un instant qui s'étire à l'infini.

Ainsi, si le temps existe bel et bien malgré tout, alors c'est qu'il existe une infinité d'infini dans chaque instant du temps qui en compte une infinité.

Le temps fige les choses et donc leur impose une finitude, un état. L'infini est donc par essence intemporel.

lundi 8 février 2010

Mort mélodique

Des têtes qui bougent des âmes qui écoutent. Le pincement répété de cette corde qui lance ces vibrations acoustiques sur les coquelets.

Tannn, et ce rythme qui bat, comme un métronome du corps, pliant l'humain sous sa volonté tyrannique. Un mariage, entre cet homme, la matière et ses ondes qui les modèlent.

Bruit métallique qui frappe l'oreille, puis retentit, dans un résonnement décroissant.

Odeurs de bois qu'on imagine dans les pincements. Et des bruits doux, des impacts amoureux, ce bois qui prie avec nos coeurs.

La musique est là par intermittence, elle mange les silences qui la composent, elle se métamorphose.

Le corps s'endort, quitte cette réalité précise pour des contours plus éthérés.

L'anatomie humaine n'est plus qu'une racine plongée au coeur de la Terre. Et l'âme grandit dans ses branches, de cette symphonie se nourrit.

Hop bourgeonne l'extrémité d'un de mes cheveux. Une feuille se crée contenant sa propre mélodie qui m'emmène en se dépassant.

Je fais du stop dans les cymbales de la batterie, je me fais emmener par les basses dans des percussions qui dansent l'espace.

J'ondule, je fuis, j'agis.

Musique je suis, les retombées éclatent autour de moi dans des explosions de papillons, chacun tenant fermement sa note dans le silence. Et l'on se pose, eux moi, décomposés en morceaux ailés, sur ces fleurs amoureuses qui déversent leur harmonie sur nous devenus caisse de résonnance pour l"infini.

J'oscille, je fonds, je jouis.

L'espace est mort, et s'aplatit.

Tout le monde s'écrase, le ciel musical touche à terre. Je suis mort mélodiquement pendant que d'autres vivent méthodiquement.

Ce qu'on gomme

Je ne gomme plus désormais les petits écarts que l'on fait en écrivant.

Les hésitations, les moments d'inattention, les culs de sac. Je dessine à main levée sans jamais lever la main. Un seul coup de crayon, le même pour commencer et achever.

Alors ainsi seulement je me contemple, je me regarde dans mon sillage irrégulier. Dans mes détours je met à jour ce chaos régissant la conscience.

Le cerveau c'est des milliards de mains, toutes craquant une allumette dont la flamme est une pensée. Simultanées, elles embrasent l'esprit et réclament toutes un chemin jusqu'à la conscience, un traitement de faveur par rapport à leurs soeurs.

Si l'on pouvait seulement se décaler de quelques centimètres par rapport à la réalité, quelques centimètres vers le noir, je suis sûr que l'on verrait sur les cerveaux, se peindre les sillons de ces milles lueurs formant un chemin mouvant sur le cerveau. On verrait Dieu en train de peindre son doux chaos sur nos âmes.

Finalement, ces derniers temps c'est l'écriture automatique qui m'attire. C'est une phase, je le sais bien... Je dois explorer cette technique et en apprendre le résultat.

Chaque action dans la vie est une manière particulière de cartographier son âme.

Les cartes changent et les légendes aussi, offrant ainsi une mise en relief, une compréhension toujours plus profonde, créant le doute. Le doute ne quitte jamais la progression. Il est le frère de la connaissance.

Peut-être qu'à force d'écrire les pensées qui jaillissent, à force de spontanéité, je saisirais un peu de la logique du chaos?

J'ai un crayon et cette gomme est là si obsolète. Le crayon parle mais la gomme muette jamais n'écoute. Pendant que moi, je remonte de ce claquement de fouet que fait la pensée qui éclate, tout au long des sinuosités de son sillon, jusqu'à l'instant initial, l'illusion totale, préparée depuis un infini passé qui j'en suis sûr par essence nous échappe, celui qui la fait naître.

Y a-t-il un instant T d'où jaillit la pensée? Ou bien n'est-elle que l'étape logique préparée par le temps, depuis l'origine de toute chose, le tronçon d'un processus insaisissable parce que méta-humain.

Si l'on efface ce qu'on ignore, autant raturer sa substance, autant se détricotter de l'univers. Je laisse mes ratures partout sur mon cahier et sur vos yeux. À vous de les interpréter ou de les mettre de côté. Je m'en fiche, je veux éclairer mon passage si profondément dans le vide que j'imagine, si fort, comme un trou noir d'ou finalement la lumière la plus intense vient basculer dans un envers bien mystérieux.

À quoi ça sert, je n'en sais rien, mais tant pis, mais tant mieux...

Métamorphose

L'amour blesse d'une douce manière, certains qui s'y sont offert, comme on prendrait les coups à la place d'un ami.

D'autres voient la vie à travers la conscience, qu'ils agrandissent avec des instruments scientifiques qui nous révèlent un défilé d'atomes, de vertigineuses valses de particules parsemant le vide qui nous compose. On vit aveugles et l'on ne fait qu'imaginer ce que d'autres nous racontent, par la chaleur de cordes vocales ou bien la froideur des instruments, de ces prothèses parfaites.

Moi j'imagine souvent ce que je ne peux pas percevoir: mon corps plein de vide et ces atomes virevoltant à l'intérieur. Ma vue épaulée par ma conscience ne me laissant voir de cette réalité (?) qu'un simple morceau de matière, bien stable, bien fixe. Les couleurs de ce monde que l'on possède si incomplètes. J'imagine aussi ce temps qui tombe à intervalles fixes, comme les grains du sablier mais qui pourtant, du fait de nos limites, nous apparaît comme coulant, fluide et continu, comme un état à jamais en transit.

Et pourtant cela fonctionne, on vit, on survit dans ce monde avec le peu de données qu'on en a, malgré nos interprétations erronnées, nos gouffres d'ignorance, d'arrogance aussi face à la dérisoire parcelle de certitude à laquelle nous nous accrochons désespérement mais sûrement.

Alors c'est vrai qu'on se détache petit à petit. On se sépare des gens à trop envisager la vie dans ces zones d'ombres et de non-dit, de non-perçu. Rien ne nous touche. Tout est relatif, tout semble probabilité, brièvement fixée sur un instant T, cet état figé qui constitue l'unité (?) de temps et qui en appelle une autre.

Ce présent. Ce présent toujours fuyant, évanescent. Et nous à jamais vivant en lui et toujours cherchant l'ailleurs, l'autre moment, anticipant ou regrettant et jamais vivants, jamais vraiment morts, juste esclaves de nos propres mensonges: ceux de la conscience.

Puis je me détache toujours, sur fond de musique, je m'éloigne des autres, de leurs soucis, de leurs petites entreprises dérisoires, de leurs désirs, de leurs sentiments. Je me détache car rien ne me touche, à peine la mauvaise (?) émotion ou le sentiment malsain m'effleure, je m'en sers pour prendre appui, et d'une impulsion m'en libérer pour en faire autre chose: la sublimation. Jamais je ne reste emprisonné. Par conséquent j'apparais comme inhumain à certains, entité jamais atteinte par le chagrin, par les coups d'âmes.

La souffrance n'a plus de prises, je peux m'enfuir quand je veux et rester seul dans ma sérénité.

Mais cela requiert souvent le silence. La solitude. Le mouvement. Je marche et je m'envole, je n'appartiens plus à ce monde, à ces hommes qui gesticulent et souffrent par leur propre faute.

Je n'ai plus peur: ni de l'avenir, ni des autres, ni de moi-même, ni de la vie, ni de la mort.

Tout est cadeau, les choses qui adviennent adviennent et puis c'est tout. Je ne désire rien. Je ne refuse rien non plus.

Je suis bien, si bien. Pas comme on flamberait de bonheur au sein de l'illusion. Plutôt comme on irradie la douceur au creux de sa raison.

Je me sens calme et puis serein. Pourtant je m'inquiète un peu, je n'ai plus rien d'humain dans cette liberté et ce contrôle absolu de mon être.

Est-ce bien normal d'être ainsi? c'est bien ici que m'ont mené mes pas, et mon chemin semble poursuivre cette voie.

Et ces questions, semble-t-il, m'accompagneront tout au long de mon périple, tels de vieux arbres bordant la route.

Je vous rassure, je vous écoute, je vous écoute...

Le poète égaré

La poésie comme un horizon qu'on poursuivrait
Un souhait, en vain, démesuré, qu'on désire vrai.

Chaque jour sonne la diane qui nous enjoint à la bataille.
Ce soleil sur sa toile azurée qui nous dévoile l'air amusé,
Parle aux étoiles des mots d'été en leur contant la destinée
De ces poètes faits de paille que l'illusion sans cesse entaille.

Petit pantin qui tourne en rond sous les étoiles.
Aveugle errant cherchant son coeur partout ailleurs,
Si loin de lui, cette vérité qui constamment lui sort du coeur.
Petit humain si émouvant qui peint son âme hors de la toile.

Dans le vide des désirs sommeille la chute à tes errements,
Où souveraine de l'esprit l'âme des hommes jamais ne ment.
Trouver ta place hors de ce moi ne signifie que l'égarement.
Regarde en face le bonheur qui dort en toi profondément.

La poésie comme une destination toujours atteinte,
La douce lueur d'une bougie jamais éteinte.

dimanche 7 février 2010

GR4

Il y avait deux garçons, deux jeunes hommes: Adrien, c'est moi, et Amine, c'est mon ami d'enfance, mon compagnon sur la "voie", mon commensal pour déguster la vie. Il fallait qu'on parte tous les deux, il fallait qu'on partage un moment d'intimité à trois: la nature, lui et moi. Alors on s'est décidé: la troisième semaine d'Août 2009 sera celle du grand voyage; Celui où l'on part seuls, avec nos consciences. La destination? À vrai dire nous n'en avions pas vraiment, bien que le projet initial était de rallier Langogne depuis St Flour en suivant le fameux GR4.

Premier souci à l'heure du départ: la balance qui me situait à 82 Kg alors même que j'en pèse 65. J'imaginais mal ma conscience prendre 17 kg en quelques jours à peine. Non, c'était mon sac le fautif; Ma petite maison que je traînais sur mon dos tel un bernard l'hermite. Sans elle je désapprendrais vite à marcher: silhouette claudicante sur les hauts plateaux de la Lozère (mais cet épisode vient plus tard...). Amine lui s'était affublé de 12 kg de logis seulement, mais c'était pas mal quand même, ça suffisait à imprimer la trace des bretelles sur notre peau.

Nous avons pris le train à Limoges un Dimanche matin très tôt, je m'en souviens bien. On ne manquait de rien sinon de sommeil, parait-il que l'on s'en passe bien quand on est jeune... Dans ce cas là excusez les papys que nous sommes parce qu'on a lutté quand même pour ne pas sombrer dans les bras de cette catin qu'on nomme Morphée.

Heureusement qu'il y avait notre troisième compagnon de route, c'était une femme, Vénus parmi les vénus, belle à vous faire oublier que vous existez... Alors pensez bien que nous restions éveillé malgré tout, l'oeil fatigué mais hypnotisé par son charme débordant: la nature...

Elle, c'était un peu notre destination finale, notre ultime étape, mais on s'est vite rendu compte qu'il ne fallait pas aller bien loin pour la trouver; Elle était là un point c'est tout, elle dormait là un peu partout; En nous, autour, elle était nous, on venait d'elle.

Partis de Limoges pour arriver à Brive. Puis quittant Brive pour Aurillac, on parlait pas beaucoup, on se regardait, on était bien, ça suffisait. On avançait vers le bonheur, on y était déjà jusqu'à mi-cuisses.

Dans le car d'Aurillac à Neussargues, il y a cette vieille sorcière à l'air affable qui est venue s'asseoir à côté de moi. 1m50 de complexion heureuse et puis son charme de vieille bien à elle. Elle avait de la barbe, quelques poils blancs sur le menton qui lui allaient bien.

Au début j'étais gêné qu'on vienne ainsi me déranger dans mes rêveries solitaires; Puis je l'ai observé du coin de l'oeil, elle m'a attendri. Je lui ai souri puis on a discuté. Elle aussi était venue vivre un peu dans cette région où la nature, dit-on, est plus riante, est plus présente. J'ai bien vite compris que c'était elle notre mère à tous, qu'elle nous berçait du berceau à la tombe, qu'on sortait de ses entrailles pour y retourner.

Amine me regardait, il était bien, il était là. Un peu inquiet au début de ne pas trouver ce que l'on cherchait, puis vite rassuré, bien certain de ne pouvoir le rater. Il a le regard franc Amine, ça m'a marqué. Quand il vous regarde, on se sent sondé, on se sent petit, c'est parce qu'il a les yeux de la vérité, ceux qui ne portent pas de jugement. Dans ma culture, c'est tellement rare que j'ai mis bien du temps à l'accepter.

De Neussargues à St Flour, nous voyagions dans un petit van de la SNCF. On était juste nous, le conducteur et une fille qui avait son charme. On l'intriguait un peu, je l'ai regardé, elle était libre elle s'est lassée.

Avant de partir on s'est un peu dégourdi les jambes, les gendarmes ont fait leur ronde, j'ai plaisanté en disant que ça devait être peinard d'être flic ou gendarme dans la région. Le conducteur a souri, il était des nôtres, un gars gentil qui aimait sa terre. On a fini par partir à travers le paysage vallonné, entourés de collines verdoyantes jonchées de champs où paissent les vaches, paisibles; Nous on rêvait loin des usines.
Sur le chemin deux fermiers accompagnaient leurs bovins sur la route, on est resté derrière un petit moment, un peu amusés, un peu fascinés. Dans ces lieux là, tout est humain, on s'entraide plus qu'on ne s'entretue. Probablement parce qu'on sait ce qu'il en coûte d'être seul et qu'on a pas honte d'être ce qu'on est: des hommes tout simplement.

Nous avons bien fini par y arriver à St Flour, ville nichée sur son plateau, golem couché surveillant sa vallée. C'est là que les choses sérieuses commençaient. Amine était d'avis de pique-niquer hors de la ville, il voulait pas retarder d'une minute son immersion dans ce paradis vert qui nous regardait. J'étais plus terre à terre, un bon déjeuner c'était byzance et j'en rêvais. Ce que je voyais moi, c'était un bon resto avec des produits locaux, je voulais aussi qu'il découvre les joies culinaires qui ont bercées mon enfance. On s'est fait conseiller un petit estaminet par un commerçant du coin. Pour le rêve, c'était loupé, rien que l'accueil était raté. À croire que pour que les gens vous accepte,il faut être français. Pourtant Amine il avait le même amour qu'eux pour leur pays mais c'est pas ce qu'on leur disait devant leur télé... Mon pote, il l'a bien senti qu'il aiguisait les curiosités, mais le garçon a l'habitude et la compréhension bien plus large que tous les étriqués de la conscience; Ceux qui "sont nés pour mourir" comme il aime à le dire; Ceux qui sont nés pour grandir comme j'aime à le croire.

Voilà donc, un marocain et un sans terre au fin fond du Cantal, sur la terrasse d'un petit resto. La serveuse était belle, je suis tout de suite tombé amoureux de cette vénusté simple. Le genre de femme qui reste toujours un peu fille, un peu inconsciente et surtout libre, dés qu'on veut les mettre en cage elles s'envolent comme un oiseau. Ce genre là m'a toujours rendu fou, je n'aime que les entreprises impossibles, que les femmes qui veulent toujours plus que je n'ai à leur offrir... Au fond on est pareil elles et moi, ça doit être pour ça. Amine aussi l'a bien yeuté la gazelle, j'étais jaloux, je voulais la posséder.

Il fallait bien commander alors on a choisi une des spécialités: la truffade. On s'était bien foutu de notre gueule, on nous aurait servi la même à Paris, voire même à Rabat... Au moins, nous étions rempli comme des barriques et courageux comme des lions (la sieste en moins). Bien rassasiés et avinés, forts de 2 kg supplémentaire chacun, on a laissé nos pieds nous porter jusqu'au GR4, en demandant notre route à la gare. Au préalable on s'était changé en vrais baroudeurs, en vrais randonneurs, on en avait la dégaine en tout cas et ça nous grisait pas mal.

La randonnée a donc commencée en suivant le chemin du bout du monde... Ça ne s'invente pas, c'était marqué sur les panneaux. On s'y est aventurés, l'excitation au creux de la poitrine, nous avons fait connaissance avec le quatrième compagnon de route. Il était sans cesse vêtu de rouge et blanc pour qu'on le reconnaisse. Il attendait toujours devant nous: au détour d'un carrefour, sur une pierre ou sur l'écorce d'un arbre. Cette balise allait devenir notre meilleur ami, un ami aimant un peu trop jouer à cache-cache...

La première fois que nous avons quitté la route, c'était pour suivre un petit sentier de terre et de cailloux. Ça a commencé par une côte, histoire de nous mettre rapidement dans le bain. Les couleurs m'ont toujours frappées dans cette région: du vert émeraude des champs et prairies au bleu azur du ciel ensoleillé. Paysage aquarelle qui s'évanouit lorsqu'on tente de le retenir autrement que par une impression fugace. Nous traversions cette peinture comme deux fantômes qui prendraient consistance à chaque pas de plus vers l'oubli. Amine a pris quelques photos, c'était plus pour montrer à sa copine les décors oniriques que l'on aurait traversé. Tous les deux on avait bien compris que la vie n'était pas un produit, que les expériences ne tiraient pas leur vérité ni leur substance du fait de leur reproductibilité. La vie n'est pas une marchandise! Un point c'est tout! Les souvenirs sont faits pour être dans la tête, ils ne connaissent aucun autre format que l'humain, aucune cage.

Le premier village qu'on a traversé ne payait vraiment pas de mine mais on l'a habillé de toutes nos espérances alors c'est devenu beau; Il a fallu prendre des photos... Je me suis agenouillé devant l'église: premier cliché. Amine à côté du monument aux morts: second cliché. On a continué notre route. C'est là que les balises ont commencé à jouer à cache-cache et qu'on a eu quelques doutes... Je me souviens qu'on s'est demandé combien de bornes on parcourrait s'il fallait chercher toutes les 5 minutes notre chemin: avancer au hasard, rebrousser chemin, piétiner, maudire la fédération française de randonnées, puis finalement apercevoir notre compagnon de route et repartir à ses côtés, soulagés.

Au début il n'y avait rien de vraiment exceptionnel, c'est vraiment lorsqu'on a commencé à grimper sur les plateaux (peu avant Le Pirou) qu'on s'est senti récompensés. C'était un petit chemin typique de la région au milieu des champs et bordé d'arbres. Il y avait des Salers un peu partout, ça faisait des tâches brunes sur l'herbe verte.

Après le Pirou nous avons traversé un coin très glauque: petit chemin longeant une forêt sombre, un soleil qui fuyait face aux nuages gris et teintait la lumière d'inquiétants reflets d'ombre. Au détour d'un virage, juste avant de traverser une rivière pathétique: une ferme abandonnée, à moitie mangée par le feuillage. Nous nous imaginâmes la découvrir en pleine nuit, à la lueur d'un éclair. La petite lucarne aux contours effrités nous aurait révélé un visage squelettique: vision "blairwitchienne" aurait dit Amine. Ce qui est sûr c'est qu'on n'y aurait pas passé la nuit, même si nous sentions bien que ça l'aurait amusée, elle, de nous piéger ici. Après la petite rivière, c'était pire: on a dépassé une décharge remplie de bâches et de formes sales à moitié dissimulées sous le tapis de feuille morte, en contrebas du chemin. J'imaginais alors un tombeau de cadavres dévorés par les mouches, accumulés là par un fermier psychopathe... L'esprit du lieu nous jouait des tours...

Vous l'aurez bien compris, à cette heure nous n'avions plus vraiment la tête à gambader allègrement sur les chemins, d'autant plus que les gourdes se faisaient dangereusement vide. C'est marrant l'eau. Dés lors que l'on craint d'en manquer, elle se fait précieuse à nos yeux, bien plus que tout l'or du monde. Se rationner devient presque impossible et le manque vous pousse dans une soif frénétique, une soif inextinguible: le fait qu'elle puisse revenir la rend omniprésente. Fort heureusement, une ferme et trois maisons nous attendaient un peu plus loin sur la route. La route! La vraie, en bitume gris, langue de ciment démesurée. C'était bien la première fois depuis notre départ que l'on se réjouissait de sa présence. Nous étions arrivés à La Baraque. Là, une femme, la soixantaine, parlait avec deux hommes d'âge mûr; On s'est approchés et on a demandé poliment si on pouvait remplir nos gourdes. Nous devions vraiment faire pâle figure, éreintés, un peu refroidis par nos cauchemars forestiers. La femme est partie remplir nos gourdes, dés qu'elle est revenue, on s'est jeté dessus: c'était le luxe. On a remercié puis nous sommes repartis, lui, moi, et cette balise que nous suivions sur ses chemins, tels des rides sur le visage de la nature.

Nous ne sommes pas allés bien loin, la nuit grignottait les restes du jour, on est resté à portée d'ouïe du petit hameau, nous pouvions même voir la route d'où nous étions. Notre choix s'est porté sur un joli petit champ limitrophe à celui de vaches plutôt curieuses qui nous fixaient l'air ahuries. Il y en avait une qui meuglait plus que les autres, c'était étrange, on s'en est vite désinterressé. On a d'abord posé la tente près d'une petite allée de chênes. Il y avait plein d'araignées et d'autres bestioles inconnues sur le sol alors même que nos pieds n'aspiraient qu'à le fouler sans carcan aucun.

La tente fut bien vite montée: quand la technologie a du bon... Un tracteur passait au bord du champ, on l'entendait gronder. j'ai couru pour aller voir si ce n'était pas justement le propriétaire. Je m'étais mis torse-nu ainsi qu'Amine qui était resté près de le tente. J'arrive au bord du chemin juste au moment où le tracteur passait, 2 chiens couraient autour et aboyaient sur le monstre mécanique. Heureusement le conducteur a calmé ses 2 border collies, il a bien vu que je n'en menais pas large avec ma phobie des chiens. Le gars me regardait bizarrement, je pense qu'il nous a pris pour deux homosexuels... Je l'ai salué puis j'ai demandé si c'était bien lui le propriétaire et si on pouvait camper là pour la nuit. Il m'a répondu que le champ n'était pas à lui et qu'il connaissait le propriétaire: un type de la région qui habitait un peu plus loin. On pouvait rester là tant qu'on ne faisait pas de feu; Je l'ai rassuré sur ce point, il a encore un peu parlé puis on s'est quitté.

Je suis revenu à la tente et j'ai tout expliqué à Amine. Il y avait un petit bois au bout du champ et j'avais très envie de m'y ballader, on est parti l'explorer tous les deux. Il y avait des petits coins superbes où l'herbe pousse comme sur un tapis de mousse, c'est agréable à fouler, j'avais mis mes claquettes, c'était comme marcher sur des nuages.On s'est promené un peu mais on a vite aperçu une bâtisse pas bien loin alors on a rebroussé chemin. Pendant ce temps là, la beauté de l'herbe en lisière de ce petit bois nous avait fait tous les deux gamberger; À tel point qu'Amine a dit: "on peut déplacer la tente ici..." et moi fainéant: "Oh non, on va pas s'emmerder à la remonter...". Amine qui possède certainement un sens pratique plus développé que le mien (ce qui entre nous n'est pas bien difficile), m'a expliqué qu'on pouvait très bien la soulever jusqu'ici sans la démonter. Ca m'a tout de suite séduit alors après quelques secondes d'hésitation, on s'est exécuté. On avait trouvé notre coin pour la nuit.

C'est alors que nos estomacs nous ont rappelés leur existence et à vrai dire on était assez réceptifs à ce genre de plainte. J'ai sorti le pain, le saucisson et les petites salades en conserve que l'on avait acheté à St Flour. On a mangé ça à l'aide de nos sporks (cuillers-fourchettes-couteaux tout en un) achetées au vieux campeur à Limoges. Plus que mangé, on a dégusté, car entre temps la nature nous avait fait comprendre que les choses simples sont les plus précieuses en tout point. Nous en tout cas y attachions de l'importance et l'on se sentait bien.

Après le temps du repas, c'était le temps du sommeil, sur un autre rythme, celui du repos. C'est alors qu'on est rentré dans la tente, on s'est changé puis on est rentré dans nos duvets trop chauds. D'abord on s'est très vite rendu compte qu'on se gênait côte à côte, et puis toujours la chaleur. On sentait notre peau se coller au duvet, on se sentait poisseux comme des poissons sur leur étalage. On a tenté la position tête bêche, il y avait déjà moins de proximité, on était un peu mieux bien qu'il fasse toujours chaud.

On a mis du temps pour s'endormir et pourtant trop fatigués pour la discussion. Notre nuit fut composée de courts instants de sommeil ponctués de longue plages de somnolence, c'était fatiguant à force.

Je me suis réveillé vers 4h du matin et je suis sorti pour aller pisser, c'était mon heure. C'est alors que j'ai bien vite oublié cette mauvaise nuit, voyant le ciel étoilé j'ai cru mon coeur s'arrêter. C'est fou qu'un acte aussi terre à terre et si dérangeant ait pu m'amener à contempler spectacle aussi exquis, un des points culminants de ce voyage. Le ciel était tâché d'une myriade d'étoiles dont la densité variait pour former par endroits de véritables plages célestes où les grains de sables seraient un feu ardent et coruscant sur fond de ténèbres bleu espace. On aurait dit comme des poussières d'éclats qu'on aurait jeté ça et là sur la nuit pour qu'elle s'illumine de cet air aquarelle, de ce style insensé. Dieu que la nuit est majestueuse à contempler, loin de la lumière des villes. Tellement stupéfiant ce paysage s'affichant, là, en toute simplicité, entre les cimes des connifères environnants, comme si le ciel découpait la nature pour offrir une tranche d'univers sidéral. On croit observer une photo retouchée et pourtant c'est bien réel, la plus pure expression de l'harmonie naturelle, de sa beauté irrationnelle. Mon coeur en bat encore et je regrette de n'être resté planté là, face à l'infini, qu'une petite minute, béatitude abrégée par le froid, et par la peur aussi, un peu, d'être dehors au milieu de ces bois nocturnes.

Je suis rentré dans la tente tout fébrile, me suis allongé sous le duvet, cette fois la chaleur était la bienvenue, puis j'ai appelé doucement:
-"Amine...Amine, tu dors?"
-"Non...Qu'est-ce qu'y a?"
-"Je suis sorti pour aller pisser et tu deveniras jamais ce que j'ai vu."
-"Quoi?"
-"La plus belle chose au monde, le ciel comme on le voit jamais, tu devrais aller voir par toi-même..."
Amine est sorti, il a tout de suite compris, la nuit nous avait consolé de l'absence du sommeil, elle avait pansé nos âmes.

Puis finalement, est arrivé le jour, on s'est réveillé, fatigués mais heureux, les premières chaleurs se faisant sentir, il était presque 10 heures et il était temps pour nous, temps de reprendre la route.

On est sorti de la tente s'étirer un peu, profiter du cadre. Petit déjeuner, rapide comme la toilette, et on a tout remballé dans nos sacs à dos. Les premiers pas font mal puis tout devient automatique, nous rejoignons le chemin. On est passé devant le champ où il y avait la vache folle, elle hurla à la mort en notre direction dés qu'elle nous vît, comme pour signifier son mécontentement face à notre intrusion dans un territoire qu'elle domine. On aurait dit un taureau parmi ses femelles, ou plutôt une reine folle parmi les odalisques. Elle s'est approchée en meuglant l'air menaçant, tous les yeux du champs s'étaient braqués sur nous, la tension était palpable. On s'est très vite sentis mal à l'aide, du coup on a repris la route cahin-cahan avec nos immeubles sur le dos, il faisait beau.

On cheminait entre forêts et champs, toujours suivant notre balise rouge et blanche. On recroisait la route parfois, il fallait même la suivre bien que cela soit déplaisant. De toute façon dans ces contrées les routes étaient bien peu usitées: quelques voitures, des tracteurs et c'est bien tout. On faisait une petite pause parfois, sur un vieux tronc couché et on en profitait pour discuter. On marchait certes, mais on avançait aussi sur notre voie spirituelle, réalisant le vieux rêve greco-antique d'accorder esprit et action.

Bientôt nous traversames une voie ferrée, et juste après: plus de balise, on était perdu. On a tourné en rond un petit moment, environ une demi-heure avant de se décider à arrêter une voiture pour se renseigner. Fort heureusement pour nous, une dame nous a indiqué un chemin que l'on pouvait apercevoir de là où nous étions. On l'a remercié, puis on s'est dirigé à sa rencontre. Avec soulagement nous aperçumes notre chère balise. À ce moment, l'agacement d'avoir perdu du temps et la douleur infligée par le sac m'ont momentanément abattu. Il a fallu que je m'assois un peu et que je me plaigne beaucoup avant qu'on puisse reprendre la route. J'ai placé un morceau de tissu replié sous la bretelle gauche du sac à dos, ça aidait un peu.

Le chemin qu'on suivait s'était un peu rétréci, on passait dans des forêts assez basses, les herbes recouvraient la voie. On fut donc bien étonné de dépasser une voiture arrêtée en plein milieu. Il y a 2 jeunes hommes qui sont sortis de derrière la voiture à notre approche, il avaient l'air un peu gênés, les hypothèses allaient bon train entre Amine et moi. Bref on a continué, toujours jusqu'à arriver dans un petit hameau de 3 maisons. Les gourdes étaient déjà presque vides, le soleil tapait bien fort, il nous fallait opérer un petit ravitaillement avant de poursuivre plus loin. On s'est approché d'une des maisons et on a frappé à la porte. C'était une belle maison en pierres anciennes planté au milieu de l'herbe. Un homme à l'air avenant est venu vers nous et on lui a expliqué notre situation, nous avions besoin d'eau. Il avait l'habitude de voir des randonneurs, aussi a-t-il accédé à note requête avec enthousiasme en nous expliquant que c'était sa maison de vacances. C'était un corse qui était tombé amoureux de la région. Après avoir discuté un peu plus, nous sommes repartis à la poursuite de notre 4ème compagnon, toujours nous précédant. On arrivait sur un chemin en pente jonché de gros cailloux et rochers qui affleuraient à la surface. Il fallait être prudent, et la marche demandait des efforts. La frondaison formait une arche au-dessus de nos têtes. On pouvait voir les rayons du soleil qui filtraient à travers les feuilles et qui tombaient sur le sol comme les fils d'une harpe dorée.

Cette pente rocailleuse était bien plus fatiguante que toutes les cotes que nous avions grimpé jusqu'à présent. Les sac à dos imposaient leur poids contre nos efforts pour ne pas devoir courir, les muscles des jambes me tiraillaient de plus en plus. On entendait de plus en plus un bourdonnement incessant qui semblait émaner de toute la forêt elle-même. Lorsque nous passâmes à côté d'un champ où broutaient quelques chevaux, nous comprimes l'origine de ce sinistre bruit. Des centaines et des centaines de mouches s'affairaient sur et autour des chevaux qui parfois agitaient vainement, résignés, leur queue pour balayer les intrus pugnaces. Les mouches faisaient résonner la forêt, et la chaleur semblait les exciter.

Nous arrivâmes finalement en bas du chemin, une rivière presque à sec coupait en deux un champ innocupé. Là un panneau indiquait une auberge: "La maison d'Elisa". Il était midi passé, ce devait être un signe du destin. Nous traversâmes les chaussures dans l'eau pour faire face à une interminable cote raide comme une piste noire. Nous nous engageames sur la route courageusement. Je me mis dans l'état d'esprit "endurance": ne pas penser à la fin de l'effort, trouver un rythme régulier que je puisse garder presque indéfiniment. Amine lui avait opté pour une autre technique et grimpait le plus vite possible pour atteindre le sommet. On ne se parlait pas beaucoup durant l'escalade, je fixais Amine au loin devant moi et je me sentais bien dans l'effort à transpirer à grosses gouttes, je me concentrais sur mon pas.

Une fois en haut, nous débouchâmes sur un petit hameau surplombant la vallée, nous fîmes une petite pause pour reprendre notre souffle, et l'eau que l'effort nous avait volé. L'endroit était beau, image type de la france rurale: une dizaine de maisons en pierres puis une route sortant du village entre les champs et bordée de frênes. Nous la prîmes, elle était jonchée de bouses de vache et dieu que j'aimais cette odeur tout droit sortie de mon enfance. Je me sentais plus poisseux qu'un hareng, il fallait absolument que je me douche avant de manger. Après 500 mètres de marche, nous arrivâmes dans un gros virage bordée par une végétation dense qui devait certainement son existence à une source que nous entendions couler faiblement le long de la route. En contrebas, il y avait une grosse citerne d'où débordait une eau limpide qui était acheminée via un tuyau en caoutchouc noir plongé dans la citerne. L'eau paraissait fraîche, et si pure. C'était décidé, je prendrais ma douche ici. Amine était plus hésitant quant à la qualité de l'eau, de mon côté je me doutais qu'elle devait être extraite de la source que nous avions perçue tout au long du chemin. Je déballais mes affaires: savon, serviette et vêtements de rechange. J'enlevai mes vêtements et me mis sous la citerne: l'eau était glacial, cela me fit un bien fou. Une fois l'opération finie, Amine s'est laissé tenter aussi pendant que je me rhabillais. Nous étions prêts: propres, raffraichis et réveillés pour nous rendre à l'auberge. Nous reprîmes la route et nous débouchâmes rapidement sur un hameau puis, quelques maisons plus loin, sur l'auberge.

Là-bas, des randonneurs prenaient déjà leur repas en terrasse, ils nous saluèrent. Nous entrâmes dans la maison, c'était une de ces maisons paysannes de l'Auvergne, avec ses grands cantous, aménagée en bar-restaurant. L'auberge pouvait accueillir tout au plus une dizaine de tablées, nous prîmes place à l'intérieur, près de la fenêtre, humant les odeurs de cuisines à l'ancienne qui nous ouvraient l'appétit. On aurait tout aussi bien pu être chez ma grand-mère tellement le lieu était familial. J'avais vue sur la cuisine où une vieille dame s'affairait aux fournaux. Le serveur vint nous voir, ce devait être le fils de la cuisinière, il nous décrivit le menu unique. La pintade à la sauce à la crème de girolles m'emmena dans un doux rêve éveillé.

Amine me faisait face, on était bien, tout frais de notre douche sauvage et ennivrés par l'épuisement. Le garçon nous amena quelques apéritifs: des olives à l'eau de vie. Quand Amine en mit une dans sa bouche, je vis son visage s'éclairer et prendre une expression complice: la cerise devait lui parler. Il me dit de goûter sans plus attendre, ce que je fis et alors je compris, je compris ce qu'il ressentait. Jamais nous n'avions goûté de mets aussi délicats que celui-là: une subtilité inégalable, une cascade de saveurs se succédant, chacune s'harmonisant parfaitement avec la précédente et la suivante dans une mélodie gustative d'une justesse inouïe.

Le repas commencait plutôt bien. Dans l'auberge, mis à part nous, seule une autre table était occupée: par des retraités de la région certainement qui discutaient de choses banales, de celles qu'on entend dans les campagnes, de celles qui vous rassurent et vous bercent. Personne ne faisait attention à nous, et on se sentait diablement bien.

Le repas était un havre de paix au milieu de l'effort. On aurait dit qu'à force d'avoir marché, nous avions atteint la maison d'anges isolés entre la Terre et le paradis. On est sorti de là comme d'un rêve, un peu hagards, un peu à contre coeur.

On a repris la route le ventre lourd mais bien heureux. On approchait d'un petit village et notre prochaine escale s'affichait sur les panneaux: Le Malzieu Ville. Ce nom restera à jamais en surbrillance dans la planisphère de mon âme.

Il faisait terriblement chaud et il y avait une petite fontaine dans le village, sur une place où une famille jouait à la pétanque. Les gens saluent tout le temps les voyageurs. Peut-être parce qu'ils n'ont pas honte d'être humains si personne ne le répète, si ça s'oublie rapidement, je ne sais pas. On a bu un peu puis on est reparti.

Il y avait une fille au balcon de sa maison qui nous regardait passer, elle a souri et nous a dit bonjour. Elle était belle, on était beaux aussi certainement... J'ai toujours aimé laisser les choses à l'état de possibilité avec les femmes: ça m'évite de tout gâcher et je me sens tellement libre.

Au sortir du village, on a emprunté ce joli chemin en terre qui montait. Il y avait quelques arbres et des champs avec des herbes dorées ondulant sous la caresse du vent. On aurait dit la chevelure d'une femme du nord, de ces fils séraphiques qui font écho au soleil. On discutait, on riait, on se taquinait. La fatigue nous rendait un peu idiots et on remontait en enfance.

Au bout d'un moment, le sentier s'enfonça dans la forêt, c'était un total changement d'atmosphère. L'air était humide et on entendait l'eau couler autour de nous. Nous savions qu'il y avait une rivère en bas, Amine rêvait d'aller s'y baigner. Le problème c'est qu'on était complètement crevé et que notre chemin ne cessait de s'en éloigner. Finalement il a bien fallu se résigner à coller aux basques de notre ami GR. Il a fallu grimper encore, sur des chemins escarpés, puis enfin on est arrivé tout en haut, à Saint Pierre le vieux.

On en a pris plein les yeux là-bas, assis sur le rebord du monde, on pouvoit voir le Malzieu Ville en contrebas et toute une étendue de paysage superbe, vallonné, sauvage. La rivière creusait son lit sinueux en dessous. C'était le silence parfait, il n'y avait que nous et le soleil. Et ce rapace aussi qui planait haut, tellement haut qu'il semblait une mouche sur l'océan du ciel. On n'avait rien à dire dans un endroit pareil, il fallait juste vivre.

On est resté tous les deux sur ce petit plateau au bout du monde. On a laissé le lieu nous intégrer petit à petit à sa beauté, à sa réalité brut. On regardait Le Malzieu Ville en contrebas et hésitions à redescendre parmi les hommes.

Au bout d'un moment, Amine et moi nous prîmes nos jambes et nos sac à dos et l'on se mit à marcher, à descendre sereins vers la petite ville. Ce voyage n'aurait jamais de fin, il nous emmènerait jusqu'au bout de nos vies, et nos deux coeurs qui battaient à l'unisson, nos pas qui rythmaient ce silence de la nature, racontaient une histoire à nos esprits: celle de la liberté qu'un jour les hommes ont prise à jamais.

De la poésie

La poésie c'est nettoyer les mots de la morale.

Déconstruire leur univers sémantique pour y peindre un sens inédit, un sens unique.

La poésie est dans toute chose et le poète s'attache simplement à la faire ressortir. Ceux que j'admire particulièrement sont les poètes ayant choisi la difficulté, ceux qui montrent la poésie là où elle est absente au premier regard: dans le mal, dans la vulgarité, dans la souffrance.

Un poète dépoussière les mots, parfois il les tailles à grands coups de serpes pour leur donner la jeunesse en allée, celle que les hommes et leurs usages ont ensevelis sous des tonnes de morale hypocrite et d'aveuglement feint.

Léo Ferré ou l'art de faire résonner le mot à sa place. Le mot vulgaire, le mot familier, le mot argot. Avec lui, les mots sont à leur place, ils sont beaux, ils résonnent et vibrent heureux, d'où qu'ils viennent.

Lautréamont ou l'art de faire tomber la poésie du pied d'estale où les hommes l'ont hissée de force. L'art de déranger par les mots, d'observer l'âme humaine à la loupe de ces propos inquiétants, de ceux qui dorment au fond des âmes, dans l'inconscient bienheureux.

La poésie naît de la démarche et non de l'oeuvre finie. L'oeuvre finie, comme le poéte deviennent des purs produits. Les gens se les approprient et y mettent ce qu'ils y veulent. D'aucuns souhaitent s'y retrouver: ils s'y retrouvent. D'aucuns y voient leur antithèse: ainsi soit il.

L'oeuvre n'est qu'un produit offert à la comparaison, au jugement, à la gloutonnerie critique, à l'exégèse sotte.

C'est la démarche qui fait l'art, qui fait la poésie. L'humain qui réalise n'importe quelle action avec honnêteté, sans calcul et de manière "vraie", celui là crée de la poésie.

Il y a autant de poésie dans le sourire d'une mère qui aime son fils que dans tous les vers de Victor Hugo.

Il y en a autant dans les quelques mots d'amour maladroits tracés par cet écolier de 8 ans transi d'amour pour sa camarade que dans n'importe quel livre de Lamartine.

Pas de sacralisation s'il vous plaît, pas de lettres de noblesse, la poésie est à tout le monde. Tout homme est un artiste, un poète. Ils dorment parfois simplement trop enfouis sous les rôles, les couches d'ignorance inculquées à coup de soumission et de mensonge.

Soyons nous-mêmes et il n'y aura plus ni artistes ni poètes, il ne restera que des Hommes.

Et la liberté.

samedi 6 février 2010

L'initiateur

C'est le titre que je vais me descerner.

J'ai une fâcheuse tendance au mysticisme ces derniers temps et une des conséquences à cela est le fait que je me convaincs que tout le monde a un "rôle" au monde, une sorte de destin, un talent particulier, un attribut (au sens spinozien) prégnant de sa substance de son hypostase.

Figurez-vous que je me suis toujours considéré comme un égoïste égocentrique, ou inversement c'est selon. Et pourtant plus le temps avance et plus je me rends compte que l'univers m'a joué un drôle de tour.

Moi qui suis purement égoïste, mon principal attribut en ce monde serait de montrer aux gens ce qu'ils peuvent faire, ou plutôt que leurs rêves et tout ce qu'ils peuvent avoir l'envie de faire, leurs sont accessibles.

Et c'est comme ça que je me retrouve à "enseigner" la philosophie à des jeunes de lycée technique, à parler lecture à des anciens élèves que l'éducation nationale considérait comme "perdus", à relire les textes d'amis, d'élèves ou autres personnes qui se sont mises à écrire (après m'avoir lu?).

Je devrais être heureux de tout ça, finalement, c'est comme faire éclore une fleur, on ne devrait jamais être jaloux de sa beauté... Et pourtant, moi l'égoïste, je me retrouve forcé de prendre ma satisfaction dans le fait que les autres réussisent, s'affutent, se trouvent, s'explorent sans barrières.

Finalement, est-ce que j'en suis si heureux? Est-ce que je suis simplement jaloux parce que je ne pense qu'à ma petite gueule, parce que j'estime que c'est à moi de réussir, d'être au-dessus des autres? Autant de pensées à gerber, réellement. Parfois je me ferais vomir moi-même.

Mais si j'en arrive à penser cela, c'est qu'au fond, je ne suis peut-être pas si égoïste, et que je l'aime ma "vocation". C'est peut-être le seul moyen de pardonner mon égoïsme: ne m'offrir l'accomplissement qu'à travers celui des autres. C'est beau, sublime même.

C'est sûrement vrai que je suis fait pour être enseignant. Et puis d'abord peut-être qu'il y a forcément de la souffrance lorsqu'on accouche ou fait accoucher. Certainement même, il ne faut pas s'en cacher...

Je serais celui-là, celui qui vient briser les normes et les spécialisations, et les étiquettes, et les classements, la taxinomie, l'ordre!

J'ai toujours aimé faire ce que les autres pensaient qu'on ne pouvait pas faire. Et bien l'idée semble suivre son chemin dans d'autres consciences mutines.

Le destin semble m'offrir la réalisation concrète de toute ma philosophie: "aimer sans rien attendre en retour". Est-ce que je vais encore me dégonfler? Je ne peux pas faire autre chose, c'est comme si ma vie entière n'avait été qu'une longue préparation à cela.

Agitateur de neurones, boutefeux, initiateur, restaurateur, accoucheur ou tout ce que vous voulez.

Maintenant je sais. "Et la reconnaissance?" dit une petite voix dans ma tête. La reconnaissance on s'en fout, la reconnaissance c'est ce que les autres pensent, et l'on n'a vraiment aucun pouvoir sur ce que les autres pensent de nous-même.

Lorsqu'on est vrai, vraiment soi, on ne peut faire souffrir personne, seulement ceux qui ont décidés de souffrir eux-mêmes en plaçant dans votre personne les quelques rêves brisés qui les hantaient.

Je parle vrai et j'aime regarder les vagues que cela fait sur toutes les âmes bien rangées.

Ligne de bascule

Je pourrais très bien basculer encore, dans cet absurde, dans cet état où je m'en fous, où je me fais du bien en me faisant du mal ou inversement. Ce serait si simple.

Mais j'ai choisi de donner un sens à ma vie, je m'en suis crée un parce que ça m'allait bien, ça permettait que la vie roule.

C'est un pur choix c'est certain. En fait la vie ce n'est rien d'autre que ce qu'on y met, comme tout le reste.

Il y a des jours où tout ça revient vous prendre, comme une lame de fond et on vacille un peu, parfois on tombe pour de bon. Et moi j'écris, c'est mieux ainsi.

C'est des périodes qui reviennent à intervalles plus ou moins réguliers, des cycles. Tout est cyclique de toute façon dans l'univers. Et les cycles en forment d'autres, et tout ça forme une ligne droite lorsqu'on ne voit pas suffisamment loin en avant ou en arrière.

Je construis mon sens à la vie, édifice intriguant face au vide. Parfois je me dis qu'il serait si simple de le délaisser, peut-être plus réaliste (un mot que je déteste).

Et puis en fait, je m'en tamponne le coquillon. Parfois je perds ce sens de vue parce que je n'ai pas le recul nécessaire. C'est comme dans le sport: il y a des moments où l'on semble stagner, voire régresser, on se dit que tout ça n'a finalement aucun sens, qu'on se fatigue pour rien. Et puis en fait, si l'on continue à avancer malgré la tempête, on se rend compte qu'au bout du compte, on a franchi un palier. Un palier important. De ceux qui vous maintiennent à jamais, ceux dont on ne redescend plus.

Alors j'avance, parfois sans trop savoir pourquoi mais le courage finalement n'est-ce pas cela?

Madame musique et soeur silence

La musique est toujours là,
Il suffit qu'elle se déploie
Pour que j'en reste coi.

La musique est toujours là...

Dans l'écho de ces pas
Même dans cet autre qui n'est pas moi.
La musique vit là, en toi, en soi.

Dans l'harmonie de la matière
Et même un peu dans le souvenir d'hier.
Avec du swing ou adagio,
Maître du rythme: monsieur tempo.

La musique est toujours prête,
Qui veut la prendre par les reins
Partir valser dans les clavecins?

La musique est dans vos têtes...

Mais chut, il faut parfois faire place à sa soeur le silence
Cette grande dame qui ne fait que passer, fugace
Grâce à qui demoiselle musique sur sa balançoire balance
Les pieds dans le vide et ce sourire pleine face.

La leçon de toute chose

Depuis un an et demi environ, j'ai toujours pensé: "il y a une leçon à retirer de chaque expérience".

Et c'est l'enseignement qui m'a le moins trahi jusqu'à présent parce qu'il s'est toujours avéré exact. Pour plusieurs raisons peut-être: en premier lieu parce qu'il y a réellement un enseignement à tirer de nos expériences, en second lieu parce que si l'on s'en persuade assez, alors on finit par créer soi-même cet enseignement. Au final n'est-ce pas la même chose? Dans les deux cas j'ai l'impression de grandir grâce à ça.

Il y a, je disais donc, toujours une leçon à tirer des expériences, mais lorsqu'une même expérience survient deux fois, un même défi, c'est que les leçons n'ont pas été tirées du premier coup. Et c'est bien ce qui m'arrive en ce moment.

Il y a un an et demi, lorsque j'ai débarqué à Limoges avec mon déménagement tenant dans une voiture et mon cerveau presque à zéro pour un nouveau départ, j'ai vécu une situation quasi similaire à celle d'aujourd'hui. Seul le contexte a changé. Je n'ai pas su, à l'époque, faire face à cette situation et m'en sortir sans regrets. Aujourd'hui je vais changer...?

On peut toujours être dépassé par les évênements et leur donner une prise sur soi qu'ils n'ont aucunement en vérité. J'aime à penser que vivre chaque expérience de manière vraie, en étant parfaitement soi-même à chaque instant et sans mensonge, est le seul moyen de n'avoir aucun regret, d'apprendre de la vie.

Alors je me pose un peu hors de l'instant, hors du concret. Je m'isole dans mon esprit et je fais l'éponge. Je tente de comprendre quelle est la leçon à tirer de tout ce que je vis. Trouver le niveau d'abstraction supérieur pour grandir encore un peu. Finalement je trouve un sens, et le simple fait que je le crée moi-même ne prouve pas qu'il n'y en ait pas...

Il n'y a rien de plus agréable je vous assure. Mettre la vie en pause et chercher sereinement cette sorte de vérité empirique, celle que l'univers nous délivre à chaque instant, si l'on sait écouter soigneusement, s'écouter sans filtre. C'est le sens de la musique, celui que trop peu perçoivent.

En général, ce n'est pas trop compliqué, il suffit d'abaisser les défenses, de s'observer tel que l'on est, et la vérité semble tomber, là, toute nue, dans votre esprit apaisé.

C'est tellement simple la vie, tellement beau que ça me donne envie de pleurer. Rien ne peut vous briser lorsque vous avez compris tout ça. Rien ne peut vous faire du mal. C'est effrayant même parfois...

Pour vous donner une idée de ce que c'est: imaginez que vous allez mourir dans quelques heures, sans regrets, sans pleurs, sans craintes. Imaginez l'état de votre esprit à ce moment là, la lucidité, la vérité qui se dégage de l'âme ainsi libérée. Vivre comme cela est un véritable cadeau.

Je crois qu'il ne me reste plus qu'à faire le vide dorénavant et à dégager les leçons qui m'appartiennent. Et je le ferais avec plaisir sans aucun doute, le plaisir de qui vit.

J'occupe l'espace de mon corps à 100% et mon esprit est exactement là et comme il devrait être dans l'univers, dans ce Tout que je compose avec les autres, que vous composez avec moi.

Je suis moi donc je suis libre, infiniment.

vendredi 5 février 2010

De 'l'amour amoureux'

L'amour entre un homme et une femme, c'est faire assez confiance à l'autre pour lui abandonner sa propre liberté?

Qu'est-ce que c'est, au fond, cet amour là?

Avec les gens que je ne connais pas, ou que je connais trop bien, et puis même les autres tiens... En fait avec bon nombre de gens, j'arrive à aimer sans rien attendre, sans même exister réellement pour l'autre, en général, ça ne me dérange pas.

Mais il est un amour qui me déroute encore, un amour au sein duquel j'ai besoin d'être admiré, adoré. Pourquoi?

Aimer sans rien attendre en retour, c'est être libre de tout, libre des autres. Et pourtant avec elles, je semble fuir cette liberté... Comme si fixer son amour le plus intense sur une seule et unique personne requerrait l'abandon totale de toute liberté. L'on existe plus, dés lors, que dans le regard de l'autre. Papillon inexorablement attiré par la lumière, par cette mort sublime. Mais je suis conscient de cela et je pourrais m'en détourner... En ai-je seulement l'envie?

'L'amour amoureux' se nourrit-il de dépendance? J'allais dire l'amour entre un homme et une femme (comme précédemment) mais j'imagine que c'est le même chez les homosexuels...

Cet amour là, donc, est-il une pure invention de l'homme? De la religion? Est-ce une erreur? Une drogue? Un moyen de manipulation?

Je ne comprends pas cet amour là mais ce qui est sûr, c'est qu'à chaque fois que je veux l'aborder sereinement, en restant libre, il me semble qu'il va disparître et que subsistera à la place, cet amour presque froid à côté: l'amour du Tout, l'amour de tout.

Lorsqu'on concentre la lumière du soleil sur un point suffisamment restreint, la cible brûle. En est-il de même avec les gens?

C'est marrant tout de même l'homme... On se lance dans des batailles perdues d'avance avec la même intensité que si on allait gagner vraiment; et peut-être y croit-on finalement... Moi je n'y crois pas, que l'on puisse gagner dans cet amour. Et pourtant je m'y invite inévitablement, de mon propre chef, peut-être juste pour voir... Voir si un jour, un jour peut-être, il ne serait pas possible de gagner...

Je ne comprends rien à l'amour. Autant je suis un maître dans l'art de la séduction, autant je suis aveugle, sourd et muet en amour fou.

Je ne comprends rien à rien, et c'est tant mieux...

mercredi 3 février 2010

Petite cantate

Tu m'envois de doux bisous,
Et moi j'embrasse ton cou d'où
S'étire le temps te contemplant,
Et la mort froide se repentant.

Humide amour dans un bol d'or
Où tu tiédis ma tendre attente.
Flûtes enchantées cymbales battantes,
Les arbres te chantent du Sud au Nord.

Viens! Aux dunes enflammées
Tu iras crier tes belles années.
Va! Sur les champs de Génépi,
Construire ton lit, mon paradis.

Les gens qui jugent

C'est fou comme la nature est indifférente à ce qu'on lui fait, indifférente au bien, au mal, aux bons, aux mauvais. Elle est là et puis c'est tout. Elle se contente d'exister et de s'offrir, aveugle aux coups comme aux caresses.

La nature est une femme mille fois trompée qui continue malgré tout d'aimer.

Bonté divine, avec elle rien n'est sacré, tout est égal. Ah on pourra, nous, inventer tous les jugements de valeurs, les plus hautes lois morales, distinctions honorifiques et systèmes politiques sur lesquels on se masturbe allégrement! La nature, elle, sera toujours là, bien avant nous, bien après nous.

Finalement la plus haute forme de justice n'est-elle pas précisément l'absence de jugement?

Bobin disait que "Le bien finit toujours par perdre, c'est sa manière de gagner."

Et bien parfois, j'aimerais être comme elle, la nature, et ne jamais concourir pour la victoire, pour la gloire et autres fariboles. Et j'y arrive de temps en temps, le temps passant, le temps aidant...

L'on est vraiment blessé que lorsqu'on accepte de l'être.

Il est toutefois de mon devoir de mettre en garde ceux qui, lisant cela, seraient tentés d'adopter ce comportement du 'juste étant'. Une telle attitude dans un monde aussi hautain vous exposerait à un détachement progressif mais inexorable de tous vos proches, de tous les autres, de tous ces gens. Comble du comble, vous pourriez même paraître bizarre, étrange voire marginal à ceux qui vous jugeront, soyez en sûr, d'une irréfutable impartialité...

Cependant je vous rassure, il est un "camp" où l'on ne perd jamais...

Les gens et l'art

Il est de ces oeuvres qui vous mettent mal à l'aise parce qu'elles vous renvoient à votre propre mal être potentiel, à cette part d'ombre qui se nourrit de la lumière, à cet envers constitutif de toute face.

Ces choses là m'attirent dangereusement, tout comme le vide et la folie.

Les gens qui ne savent pas voir la poésie hors de la morale ont tout simplement trop peur de leur propre vacuité...

On ne peut attendre de la poésie qu'elle vous berce et vous rassure. L'art n'est pas un numéro de détresse que l'on compose "quand ça va pas", "pour aller mieux".

Non! L'art, me semble-t-il, doit vous toucher au plus profond et ce de n'importe quelle manière. L'art doit atteindre votre être, ce que vous êtes et le changer définitivement. Aussi infinitésimale soit ce changement, il est trop tard, vous êtes un autre.

L'art (et donc la poésie) peut faire peur, faire mal, déranger, d'un coup d'un seul découvrir le voile du subconscient, arracher vos certitudes et le bonheur bien trop facile et dolosif.

Pour ne plus avoir peur du vide? Il faut simplement cesser de penser à chaque instant que l'on va sauter. On peut passer sa vie à se persuader que l'on a pas le vertige, mais pour savoir, il faut approcher du précipice et là bien droit, se tenir face à la peur pour lui parler droit dans les yeux.

L'art est bel et bien l'esprit critique des gens sûrs d'eux. Et il ne tolère pas dans son royaume, ceux qui taisent leurs propres doutes.

Quelques gouttes

Trois gouttes de larmes, un peu de suie,
Sur ton corsage, sur ton corps sage.

Deux puits d'azur, ivres de nuit
Un doux rivage sur ton visage.

mardi 2 février 2010

Aurore

Plus haut que toi c'est le zénith
Et puis s'en vient le crépuscule.
Par-delà les ailes d'Aphrodite,
Où dieux et démons se bousculent.

Avant toi: l'aube froide et sans merveilles, si loin de ton cou,
Où Dieu, de la sublime création, a mis ce qu'il avait de plus doux.

Poumon de crytal au souffle en verre, ton monde intense sur moi s'étale.
J'agite les mains et chante en vers, de ton sourire tombent milles pétales.

Des trilles se sont perdues dans les clés de sol de tes cheveux,
Que les muses ramassent sous le regard amusé des dieux.

Dans cet océan de parfums envolés
Sommeille la nuit qui de toi s'est parée.

Des bleus à l'âme, que tu peine à cacher,
Au toi si femme que tu aimes à cracher.

La lumière que tu transportes tous les matins de la Terre sur mon destin si incertain,
Crées des ombres dans les coeurs sans vie que tu animes de joyeux cris.

Tu es de ces chants qu'on rit dans un murmure lointain.

De s'être trop chauffé à tes lueurs,
Phoenix reste cendres malgré nos pleurs.

Ange des matins rauques du désir,
Pour nous ce ciel que tu mordores,
D'une douce promesse d'avenir,
Est un aveu de mon Aurore.

Ecrire la tristesse

Le bonheur ça ne s'écrit pas me semble-t-il. Il faut le vire, le bonheur, et puis l'écrire, pourquoi pas, une fois repu.

Alors oui, parfois c'est le silence dans ma maison, souvent c'est les vacances.

Je suis heureux, aujourd'hui je le dis parce que j'ai le temps de ne plus être, j'ai le temps de parler, j'ai le temps de me séparer un peu de ce bonheur pour l'y clouer sur d'autres rétines.

La tristesse, ça c'est quelque chose qu'on veut écrire, qu'on veut libérer comme une larme. L'écriture a toujours été pour moi un exutoire. Ce n'est peut-être plus complètement le cas mais ça le reste en grande partie.

Et quand bien même, qu'est-ce que j'aurais donc à dire de si intéressant. Ecrire est fatiguant. Il y a bien un sujet qui me taraude l'esprit par les temps qui courent mais il me faut l'avoir digéré pour vous le présenter. Et il est vaste le bougre!

J'écris donc pour ne rien dire ce soir, pour me rappeler ce que cela fait de tracer quelques lettres sur le papier. Le son que fait la pensée quand elle coule.

Je suis heureux mais l'écrire n'a pas de sens, me parait même indécent. Ce ne sont pas des choses que l'on écrit, on ne lache pas ça à la face du monde comme une provocation. Nous vivons des temps difficiles où le bonheur requiert une sacrée dose d'égoïsme, mais ça... J'ai toujours su faire...

Alors oui, je vais me taire. Encore un peu, vivre l'indicible, vivre sans mots.

Désolé...