samedi 19 novembre 2011

Cent soixante huit

Sept milliards de rêves
Pour une poignée de mensonges et des poussières...
Trois cent mille désirs
Et six milliards de déceptions
Dix mille cinq cent lois
Contre cent mille illusions bien dressées
Cinq cent millions de solitudes
Moins Cent soixante-quinze amis virtuels
Six jours de travail
Mais un seul jour pour le seigneur
Onze crimes contre l'humanité
Et trois cent soixante-cinq jours pour les perpétrer
Un seul sourire
Pour des  dizaines d'années gagnées
Trois millions de haines
Et deux cent quatre-vingt dix-neuf mille neuf cent cinquante perdants
Une seule idéologie
Pour plusieurs millions d'individus
Sept fois dix puissance vingt-deux étoiles
Alimentant la solitude d'une planète
Une phrase pleine de grâce
Et quelques millions d'usurpateurs
Entre trois mille et sept mille langues
Pour une seule conscience
Une centaine d'individus
Pour voiler la communauté
Deux mille ans d'institution
Pour détruire la pureté
Un coup de couteau
Pour briser trois vies
Une seule bombe
Et deux cent trente sept mille vies soufflées
Une mégalopole
Se nourrissant de trente-sept millions sept cent trente mille âmes
Trois couleurs primaires
Pour d'infinies nuances
Ton petit coeur solitaire
Pour aimer sept milliards de frères
Et toujours la même violence
Contre l'infinie unité de l'univers
Enfin mes cent soixante huit mots
Offerts à autant de néants

vendredi 11 novembre 2011

Des bouteilles

Une bouteille de poèmes que l'on jetterait au vent
Pour qu'elle dérive dans le ciel et s'avance lentement
Vers un dieu égaré qui la prendrait d'une main
Étanchant alors sa peine en courbant nos destins

Des sentiments que l'on plante dans le coeur des enfants
Il ne reste que l'hiver des jours futurs bien amers
Dont nulle puissance, pas même le grand Demeter,
N'a plus la force de porter dans les airs

Quelques rires enfuis
Perdus dans nos souvenirs
Viendront à hanter la nuit
Où point d'étoile ne luit

Tu cueilleras peut-être toi voyageur égaré
Ces quelques vers modestes que la poésie refuse d'enchanter
Et tu porteras à ton tour le lourd fardeau de nous autres égarés
Qui, de toutes nos vaines illusions, ont choisi la beauté

dimanche 6 novembre 2011

Nous

Tu pourras bien être les ténèbres ou même un coin de paradis,
Loin s'en faut pour que la trêve soit respectée ici...

Nous ne connaissons pas le repos
Maudits enfants du chaos.

Répand ta lumière et nous sèmerons l'ombre à sa suite.
C'est ainsi que l'on vit, entre deux opposés où plus rien ne résiste.

Tu peux bien chanter, nous imposerons le silence
Pour envelopper tes propos d'un peu de notre démence.

Quand tout est mû nous cherchons l'immobile,
De l'absolu nous créons le néant.

Tu ne trouveras rien en nous
Et tu y as déjà tout.

Nous ou rien, c'est pareil.

Nous sommes un fragment d'espace traversé par le temps...

Leur style

Est-ce que les gens ne confondent pas le style avec une forme de faste littéraire, de prétention linguistique faisant primer la décoration sur l'architecture?

Plût au ciel que les hommes eussent compris plus tôt l'inefficience d'un style trop pompeux et chargé, celui qu'une nouvelle aristocratie en mal de mondanité aime à arborer, confondant le caractère coruscant d'une chose avec sa beauté intrinsèque.

La dérisoire simplcitié de ce procédé littéraire et sa profusion n'en fait-elle pas précisément un artifice à la valeur douteuse? Un instrument de sophiste ne saurait faire passer, aux yeux avertis, un béotien pour un génie, ni le plagiat pour l'originalité.

Il s'agit bien souvent d'être précis et simple, y compris dans la métaphore, pour être le meilleur ambassadeur de la poésie. Le meilleur éclairage (jugement bien subjectif par ailleurs) est bien rarement le plus intense.

Affirmation

Celui qui crée est celui qui affirme.

Socrate refusait d'écrire car il aspirait à l'éternité dans la contemplation et non à l'immortalité dans l'action.

Lorsqu'on sait que "les convictions, plus que les mensonges, sont les ennemis de la vérité" (Nietzsche), faut-il encore affirmer quoi que ce soit, quand bien même il s'agirait de notre propre existence?

Présent

Plus rien ne murmure sous mes pas
Pas même le pavé lézardé de fissures

Tous les sons sont partis
Vivre aux couleurs de l'azur

Seul mon coeur chante
À l'envers de mon âme

Il est le rythme du temps
Qui de moi se repaît

Plus rien ne brille que l'obscure vérité
Et les ratures d'antan incarnent la propreté

La matière exsangue, morne et sans couleur
Sous mon regard aveugle se transforme en néant

Un coeur vivant, une âme morte
Les cohortes d'humains en mouvement

Répétition

La répétition n'est que là où on la voit
Car chaque cycle nouveau, quand bien même éternel
Est une actualité inédite se détachant du reste par sa propre occurrence.

Ne voir dans la répétition du même que la découverte ininterrompue du nouveau est une force d'esprit dont disposent les sages...

(Et dont je manque un peu)