vendredi 27 juillet 2012

Avec les gens


C'est désespéré, mais peut-être que la vie est désespérante, tout comme les gens qu'elle emmène. On croit bien faire mais on fait souffrir. On pense avoir le droit au bonheur et les autres vous tirent vers leur malheur. Qu'est-ce qu'il faut faire avec les gens? Même le temps ne les adoucit pas, ne lisse pas les relations. Bien au contraire il cristallise les ressentiments, installe le jugement au plus profond de chacun, empêche les autres d'être ce qu'ils sont.

Qu'est-ce qu'il faut faire avec les gens? Pour continuer de les aimer sans subir leurs tourments qu'ils projettent à tout va sur ceux qui les entourent? Il y a des voix qui murmurent à mon oreille « insister, insister... » et d'autres parfois prennent le dessus: « s'enfuir comme un anachorète ».

Singulier-pluriel


20/07/2012

Quand la solitude s'accroche à moi pour me garder en son silence
Que mes mots n'osent plus l'écrire de peur de voir mourir l'amour
Je te regarde de trop loin de mon étoile au coeur immense
Qu'adviendra-t-il de cette distance, de mon destin et ses détours

Mes promesses qui ne s'adressent qu'au ciel sans jamais te trouver
Tes caresses qui me retiennent et mon coeur qui balance entre vos deux éternités
Peut-être n'aurais-je pas dû convoiter le bonheur des autres
Laisser ta sylphide vérité se parer d'autres apôtres

Je n'ai que des questions quand mon âme s'évapore et que mon coeur s'endort à tes côtés
Je manque d'envergure, peut-être aussi de fermeté
Rien ne devrait te forcer à tolérer l'offense de cette vacuité sauvage
Quand la mort elle-même ne peut souffrir l'attrait de ton visage

Je ne suis rien, je ne suis personne, rien qu'une promesse faite au vent
Demeurer solide, dur et suffisamment pur pour devenir ton astre étincelant
Enfermer dans mes songes et dans mes vers juste un peu plus que des idées
Ne serait-ce qu'un fragment de nous deux, l'image d'un bonheur débridé

Un de plus


19/07/2012

Un poème de plus annulant tous les autres,
Un présent supplémentaire dirimant tous les autres.
Il n'y a rien à faire, aucun temps du récit n'existe sans le présent du lecteur,
Aucun ne crie plus fort qu'un éphémère instant.
Tentative vaine que de figer un univers dans les courbes de l'alphabet,
Aussitôt que le présent de la conscience disparaît,
S'évanouit la conscience du présent,
Et avec elle, toute vérité humaine.
Tous les plus beaux instants,
Toutes ces tentatives de pousser l'existence à travers le temps
Ne seront rien au final
Qu'un éternel sursaut,
Un de plus...

Sans mémoire


19/07/2012

Sur le fruit mort, tombé de l'arbre, poussera bientôt un autre arbre qui effacera le souvenir de l'ancien, ou peut-être le perpétuera.
Là-bas le soleil tape fort sur la carcasse du hérisson trépassé, allongé dans l'herbe dans un ultime don, et dont la terre bientôt se fait le linceul. À sa place, rapidement, la végétation va croître sous la poussée de cet engrais organique. La vie, comme un coup d'éponge sur ce qui a vécu son temps, se fraye un passage vers l'avenir.
Elle s'obstine à oublier le passé en s'épanouissant sur sa dépouille, inconsciente, inéluctable, sans respect aucun pour ce qu'elle abandonne.
La vie est cet irrespect du mouvement pour ce qui a cessé d'être mû.

jeudi 26 juillet 2012

Les aveugles

C'est triste les gens qui s'en foutent et ne respectent rien, qui voudraient tout casser sur leur chemin. Il me semble qu'on peut demeurer tout entier concentré en soi-même tout en gardant les yeux sur le monde et l'aimer. Aimer suffisamment la liberté et l'altérité pour ne pas bousculer les choses, les gens, les laisser être eux-mêmes.
Mais non, il y a ceux qui regardent partout pour ne trouver qu'eux-mêmes. Ils ne savent pas ce qu'ils sont, cherchent désespérément à investir un corps. Ils posent les yeux sur vous comme sur un objet à posséder. Ceux-là sont les aveugles de ce siècle, ne sachant se trouver et ne trouvant personne.

La rivière

Il y a quelque chose d'intime entre cette rivière et moi, moi qui, de tunnel en tunnel, de l'ombre à la lumière, épouse son sillon. Ce n'est pas une intimité exclusive j'en suis conscient, on lui confie nos secrets et elle nous aide à les charrier, à travers notre temps, pour qu'on se sente enfin nu et léger lorsqu'on est en soi-même.

Un autre tunnel et je l'attend...

Une autre vie, un autre moi et c'est elle qui m'attend, toujours là.

Par pitié, faites que rien ne change, il est bon que certaines choses persistent lorsqu'on est en mouvement. Chaque fois que je me reconstruit, que je m'ajuste à moi, c'est elle qui m'accueillit, qui ma ramène à toi.

Je crois, mais surtout ne dites rien, je crois que roulent en ces eaux bien plus que quelques pierres, une part de ma mémoire, un peu de l'avenir aussi.

Je sais qu'en regardant plus fort, je pourrais voir vos souvenirs qui reposent en son lit.

Mais ne nous y trompons pas, chaque goutte en son sein va bien au delà d'une poignée de destins.

Seul au monde

N'aie crainte d'être seul, le monde te parlera
Du bout de chaque feuille aux nuits de tous les cieux

À ceux qui vivent en silence, il murmure tout bas
Des mots partant du coeur pour mourir sur les yeux

lundi 9 juillet 2012

La demeure des artistes

Je vis au fond d'un trou entouré de lumières
Il me suffit de tendre la main pour éclairer ma demeure
Et ramener pour un temps ces douces lueurs d'ailleurs
Partout je suis, résident d'autres sphères

J'ai à l'extrémité de mes membres
Comme de longs pinceaux aux couleurs de l'ambre
À l'aide desquels, sur l'ombre de mes murs
Je peins les courbes de mes pensées impures

Lorsque tout redevient noir et qu'il n'y a plus rien dehors
Je tourne mon regard vers ce vertige noir
Et tout ce que j'ai peint redevient de l'or
Ma maison coruscante est devenue l'espoir

Deuil des jours

En frappant à la porte du toujours, un grand "maintenant" m'a répondu
J'avoue qu'alors ma surprise fut grande, tellement que je n'ai su
Su ou voulu, détricoter le fil de mes croyances adolescentes
Les mêmes qui m'ont menées ici, dans cette poésie naissante

Me retournant alors dans l'instant fugace à l'éternité si profonde
J'allume une cigarette et de la fumée qui court observe les ondes
Rien dans ce mouvement entrelacé ne laisse présager la permanence
Je tente alors, un peu têtu, de visualiser chaque état de ma conscience

Et malgré moi, lorsque le film ralentit, tout se remet à danser
Me laissant égaré, interdit, mais prêt à tout recommencer
On m'a dit un jour qu'un homme ne gagne rien à renoncer
Dans ce deuil du présent où meurent chacune de mes pensées
Je mûrit lentement mais jamais ne rattrape que le passé

dimanche 8 juillet 2012

Sisyphe

Ce ne sont pas les quelques notes un peu tristes que j'arrache à mon âme qui suffiront à faire chanter la vie.
J'ai compris maintenant tous ces adeptes du chant prêts à crier plus fort que la nuit.
Ils croient en quelque chose qui les dépasse, pensent être autant de lignes d'une même symphonie.
J'étais comme ça je crois, l'espace d'un songe et de quelques poussières.
C'était avant qu'une tempête nommée réalité n'envoie tout valdinguer vers l'incommensurable éther.
C'est étrange que je me souvienne aussi agréablement de cette époque sans désir de m'y replonger,
Comme qui s'est finalement sevré d'un imminent danger.
L'opium du peuple et de tous les tristes individus que nous sommes
Par trop inaptes à épouser le chaos dont sont fait tous les hommes...
Je suis né au paradis puis j'ai traversé le purgatoire.
Aujourd'hui, je marche en enfer sans une quelconque échappatoire.
Sisyphe trop humain, toujours affairé à reconstruire ce qui sera défait demain...
Et si le bonheur c'était justement la connaissance que les actions du jour seront lavées demain,
Qu'il faudra chaque aurore rouler avec le roc au bas de la pente que l'on gravira encore et encore juste parce qu'on est humain...?

Grappes de vie

C'est par grappes entières que l'expérience tombe de mes membres,
Par grappes entières encore, que je me nourris de chaque possible.
Quand s’égrènent ainsi les jours à mincir puis manger,
Que s'échappent de ma carcasse usée toutes les promesses d'Aglaé,
Je ne me reconnais plus alors
Dans les portraits que le temps s'acharne à figer
Mais dans le son du vent dehors,
Résonne comme un écho du mouvement qui m'a fait.
Que suis-je alors sinon cette succession d'instants
Que la conscience s'acharne à rendre vivants?
Qu'y a-t-il entre tous ces moments,
Ces interstices où je m'enlise fermement?
Qu'y a-t-il d'autre en moi que cet originel chaos?
Rien de plus qu'un support à l'oeuvre de Clotho...?

Mesure

D'aucuns mesurent la vie à l'ombre de leurs passions
D'autres à la patiente alternance des saisons
Moi je compte le temps à l'étendue de mes mensonges

Page blanche offerte au destin, j'offre à la plume mes songes
Je griffonne frénétiquement des vies qui pourraient être moi
Je les affine avec application afin que d'autres y croient

D'un coup d'un seul, je pars en moi-même, en quête d'autres probables
Je ne suis personne, j'ai été une vie, je redeviens tous les possibles
Autant de fois qu'il faudra pour peindre des trompe-l'oeil sur mon immense vacuité

samedi 7 juillet 2012

Un tout

Je suis à la fois vieux et myriade d'enfants à la sève agitée
Vieil arbre fatigué, jeunes pousses tendues vers l'éternité

Une part de moi: foisonnement de promesses à peine dévoilées
Et sagesse silencieuse grâce aux coteaux de vie dévalés

Je ne saurais être moi sans cette force qui part en toutes directions
Ses fragments de nos vies qui partent à la conquête d'une possible éclosion

Cela ne suffit pas, il me faut être immense en devenant abstraction
Comme si quelque distance supplémentaire pouvait me donner raison

Au fond je suis mariage, rêve d'une éventuelle harmonie
Entre leur physique élémentaire et mon immense inertie

La fuite des jours

À la brune, on se se rencontre parfois
Sous des traits familiers, identité d'autrefois

À l'aube, sous le ciel encore sombre
On gratte un peu, cherchant sous les décombres

On tombe alors sur les ombres d'hier
Qui rechignent à suivre notre faible lumière

Puis il faut marcher, seul sous le soleil nouveau
Que rien n'empêche désormais de brûler notre peau

La compagnie de notre risible morale écorchée
Qui se fait pesante sur le coeur où elle s'est incrustée

Le gouffre du doute, gueule ouverte sans aspérité
Est une invitation incessante à la liberté de chuter

L'homme est comme les jours
Sans cesse en fuite, sans repos ni détours

Et ce mouvement des particules imposé par on ne sait quelle cause
Qui imprime sa vérité neuve dans chaque aurore et crépuscule rose
Cet élan qui rend demain si différent d'aujourd'hui
Tout comme l'humain par l'érosion de sa vie
Nous pousse inexorablement au-delà de nos nuits