samedi 3 octobre 2009

Tripalium

Nous, les hommes, si nous pouvons encore nous nommer ainsi, avons fait de la souffrance une routine.
Nous les hommes...
Lorsque toute espèce vivante dotée d'un système nerveux s'éloigne au contact de la douleur, avec la plus grande célérité permise par la biologie; nous, les hommes, la recherchons, la cultivons même.

S'il est admis que la souffrance mentale est la plus dure, la plus perçante; c'est pourtant celle qu'on endure le plus souvent, avec le plus de constance, tel un métronome de la capilotade.
Chaque jour, ainsi, le flot d'humains devenus unité, mué en identité unique, se rue sur les routes de la torture, s'y bouscule et s'y dispute les meilleures places.
En même temps que le soleil ou la lune, ou les deux, l'homme se brûle les ailes et approuve, sous le regard désapprobateur des saisons qui passent et tentent en vain de panser nos blessures, de nous inciter au repos.

L'homme ne marche plus! Marcher est un privilège de fainéant. Marcher? quelle horreur! Il faut courir voyons! Il faut glisser, sur ces tapis roulants, sur ces escalators de l'ennui qui transportent nos carcasses tels des bovins à l'abattoir; avec musique en option pour bien détendre les neurones qui vont servir à alimenter la grande mangeuse et son amant: l'économie et son profit.

Nous ne sommes plus rien, que des nombres intercalés entre les deux infinis, que des ombres cachées entre le réel et le virtuel. Des potentialités gelées tout au plus. Des mortels empaillés.

La souffrance ça se mérite, il faut apprendre à rouler plus vite, à voler même s'il le faut, voler dans le ciel, voler par dessus les nations; voler le ciel, voler les nations.

La souffrance, on l'aime ou on CREVE!!! Nom d'un chien!