lundi 25 septembre 2017

zombies love

Voici le temps des amours morts qui s'élancent hors de terre pour poursuivre les héros des tragédies réelles. Regarde le cadavre de l'amour qui s'en vient dévorer ton coeur. Te souviens-tu de ce sourire sincère qui tel un ballon chaud haussait tes bords de lèvres? Et vois comme il devient amer et sombre, là dans la mer lorsqu'il te montre enfin le corps qui te faisais refrain.

Vois le temps des amours morts qui marchent à tes côtés comme une poupée sans âme qui vient te dévorer. Tu vois sa bouche s'ouvrir, il ne s'agit plus d'un rire ou d'un cri, pire, c'est comme une vallée béante ouverte aux vents, indifférente.

jeudi 21 septembre 2017

Pensées autour du paradoxe de Zénon d'Elée

Je livre ici une réflexion "dans l'ordre des méditations" comme dirait Descartes, ou bien dans un ordre synthétique pour paraphraser Kant. Je trouve cette approche intéressante puisqu'elle témoigne du parcours 'naturel' de l'entendement qui en partant de propositions en déduit d'autres qui font naître des problèmes sources de nouvelles propositions qui en forment des résolutions possibles, et ainsi de suite.

Dans son fameux paradoxe, Zénon d'Elée remet en question la possibilité même du mouvement pour la raison suivante: il est possible de diviser par deux la longueur (finie) de tout segment AB tout en obtenant une longueur finie, et ce un nombre infini de fois. Par conséquent, si un objet quelconque devait parcourir AB, il devra d'abord parcourir l'infinité des demi-longueurs qui le composent.

A |--------------------------------------| B
   
A |------------------| B'
 
A |---------| B''
    Etc.

Pourtant, force est de constater qu'un objet peut franchir de fait une distance finie AB en un temps fini, sans nullement être entravé par cette division à l'infini qui semble toutefois tout à fait légitime en droit.

Trois hypothèses:

La première hypothèse qui vient à l'esprit est celle qui proclame l'inadéquation du monde physique et du monde mathématique. Ainsi, la division infinie de la distance AB est légitime en droit, c'est à dire dans un monde mathématisé, mais les faits, c'est à dire l'expérience du monde physique, la contredisent.

La conséquence directe de cette hypothèse, c'est qu'il faut en déduire qu'il existe une limite à la divisibilité de l'espace-temps. Il doit y avoir des atomes d'espace, ce qu'on pourrait appeler des quanta d'espace. Toutefois une telle affirmation nous laisse avec le pressentiment que si seulement nous acquérions la technologie nécessaire pour observer l'espace à cette échelle, rien ne nous interdirait de la franchir pour observer en-deçà...

Pourtant, s'il existe une limite à la vitesse d'un objet physique, c'est qu'il doit logiquement exister une limite à la divisibilité de l'espace-temps. Sinon, nous tomberions dans l'aporie du mouvement décrite par Zénon, nous n'observerions pas de mouvement (ce point va être éclairci par l'hypothèse suivante).

La deuxième hypothèse est plus économe conceptuellement, elle se contente d'apporter une résolution du paradoxe par une analyse plus fine de la situation. Que se passe-t-il si l'on fait tendre la division de notre distance AB vers l'infini? Et bien le temps de parcours (à une vitesse v déterminée) du segment obtenu va diminuer plus la portion d'espace diminue, jusqu'à tendre vers un temps de parcours nul. Ainsi se résorbe le problème auquel nous étions confrontés, puisque plus la portion d'espace contenue dans AB est petite, plus elle est parcourue rapidement. Si l'on descend jusqu'à des portions imperceptibles, le temps de parcours sera lui aussi imperceptible. Par conséquent il n'y a pas de temps perdu à parcourir ces portions infimes. Toutes les portions d'espace obtenues sont des distances finies et aussi minimes soient-elles, elles sont parcourues en un temps fini. Si AB' est imperceptible, alors le temps pour le parcourir (t') est lui aussi imperceptible ce qui a pour résultat que nous n'expérimentons qu'un mouvement sensible et perceptible pour nous, et le parcours des tronçons infimes qui échappent à nos moyens de détection, échappe à notre appréhension du temps par sa rapidité et devient donc insensible pour nous.

La troisième hypothèse est une tentative de synthèse des deux précédentes.

Aller du point A au point B est un acte défini comme un mouvement. On peut aussi aller du point B au point A, il s'agira toujours d'un mouvement. Mais que fait-on exactement lorsqu'on divise la distance AB en tronçons toujours plus petit, s'agit-il d'un mouvement? Non, diviser un segment en segments plus petits contenus en lui n'appartient pas à la catégorie du mouvement, il n'y a pas déplacement d'un objet d'un point à un autre. On peut tout au plus considérer qu'il y a déplacement dans AB, mais comme ce mouvement ne s'effectue pas d'un point déterminé à un autre, la dénomination de mouvement n'est que rhétorique.

Si l'on observe le segment AB à partir d'une échelle déterminée et fixe, alors la distance est finie. Le champ d'observation ou d'expérience à partir d'une échelle déterminée n'est jamais infini (notamment parce que la vitesse est limité par une borne maximale). Ainsi lorsque vous divisez AB à partir d'une échelle fixée en des tronçons qui ne deviennent plus observables à cette échelle, c'est à dire qui deviennent insensibles, pour pouvoir continuer la division tout en la corrélant à une observation empirique, vous devez changer d'échelle. Ceci revient à faire du plus petit tronçon perceptible obtenu AB', l'équivalent en proportion par exemple d'AB ou de tout tronçon contenu entre les deux. Pour bien visualiser l'opération, imaginez une carte du monde où 1cm représenterait 1000km de territoire, changer d'échelle consisterait à passer à une représentation où 1cm sur la carte vaudrait 10km sur le territoire 'réel'. Faire cela, c'est s'engager dans une action qui n'a rien à voir avec le mouvement physique, il s'agit plutôt d'un mouvement conceptuel portant sur les fondements de la représentation.

Imaginez un graphique avec une droite horizontale des abscisses représentant la distance (une graduation vaut 1km) et une droite verticale des ordonnées représentant le temps (une graduation vaut 1 minute). Vous êtes chargé de représenter par un segment un mouvement entre un point A et un point B en un temps t sur le graphique. Mais au lieu de prendre le stylo et de relier les deux points par un trait, vous décidez de changer d'échelle et recréez un nouveau graphique où une graduation sur l'axe des abscisses vaut 1 mètre et une graduation sur l'axe des ordonnées vaut 1 seconde. Ce faisant vous n'avez pas avancé d'un pouce sur la représentation de votre mouvement, vous n'avez fait que changer le cadre de sa représentation.

On peut imaginer que vous ayez commencé à tracer le trait reliant AB sur le graphique précédent puis que vous ayez changé d'échelle en changeant le graphique et ses proportions tout en laissant figurer le segment précédemment tracé. Nous sommes d'accord pour dire que dans le nouveau graphique, ce segment n'a plus aucun lien avec sa signification dans l'échelle précédente. Vous avez écrit une phrase dans une grammaire particulière puis en cours de route vous avez changé la grammaire tout en gardant les phrases précédemment écrites sans les traduire: vous n'obtenez ainsi qu'un énoncé abscons qui n'appartient à aucun langage et qui n'est donc plus un énoncé. Il en va de même avec le mouvement, changer d'échelle brise la continuité nécessaire à la description d'un mouvement. Tout mouvement ne peut se mesurer qu'à partir d'un référentiel fixé et invariant. Si l'on modifie ce référentiel, il faut alors reprendre la description du mouvement à partir du début.

Or c'est précisément ce que nous ne faisons pas dans le paradoxe de Zénon d'Elée: nous commençons pas analyser un mouvement à partir d'une échelle fixée, puis nous commençons à le décrire tout en ne cessant de passer d'une échelle à l'autre sans jamais reprendre la description du début. Il ne s'agit plus d'un mouvement mais alors d'une dérive abstractionnelle. Nous entamons un calcul puis nous faisons varier la valeur de nos opérandes en cours de calcul...

Prenons un autre exemple emprunté à l'informatique. Imaginons un programme chargé d'afficher numériquement la progression entre un chiffre ou nombre d'origine vers un chiffre ou nombre d'arrivée. Nous avons besoin pour cela de déterminer dans quelle unité se fera l'incrémentation, quelle sera notre "graduation". Pourtant si nous prenions la logique employée dans le paradoxe de Zénon, nous aurions le résultat suivant en ce qui concerne cette unité de quantification:

Parcourir (A, B)
{
  unité = (B - A) / 2;
  Afficher (Parcourir (A + unité, B));
}

Le programme n'afficherait rien puisque lorsqu'il voudrait afficher le premier résultat (c'est à dire la moitié de la distance AB), il s'appellerait encore lui-même à partir d'un nouveau tronçon qui serait la distance AB divisée par deux comme origine et toujours B comme destination (il s'appellerait donc avec un tronçon égal à la moitié du segment d'origine), et ainsi de suite jusqu'à tendre vers l'infini. Il n'aurait donc jamais rien à afficher puisque cette division peut s'opérer indéfiniment. Nous n'aurions pas déterminé d'échelle de calcul puisque nous la ferions varier à chaque exécution de la fonction.

On retiendra donc de tout cela que le changement d'échelle d'une part n'est pas un mouvement et d'autre part qu'il ne permet jamais de décrire un mouvement.

Hypothèse annexe: une des hypothèses que l'on peut formuler en reliant cette conclusion à l'état actuel de la science physique, c'est que le monde ou la législation physique, pourrait, en droit, différer selon l'échelle d'observation, et donc d'expérience, utilisée. C'est par exemple ce qu'on observe en physique quantique où il semble bien que la législation n'opère que sous certaines conditions d'échelle (bien qu'il existe des exceptions). Mais plutôt que des incompatibilités dans les lois physiques au différentes échelles, il semble plus prudent, et en plus en accord avec l'expérience passée, de parler de propriétés émergentes aux différentes échelles. Autrement dit les lois qui valent pour une échelle donnée, ne sont pas fausses à une autre échelle, mais elles semblent produire un autre jeu de lois, en apparence incompatible. Tout l'art serait de produire les lois aptes à décrire les transitions d'échelles.

Passe ton chemin

Mais bien sûr, bien sûr tu as raison, que suis-je... Un feu de paille et puis voilà, qui vous laisse ébloui quelques secondes; vient ensuite une fumée trop âcre qui vous pique les yeux, et quelques cendres flottantes au goût amer. Il n'y a rien à attendre des feux de paille, rien qu'un peu de poudre aux yeux. Il n'y a pas de chaleur durable qui s'en dégage, vous ne traverserez nul hiver avec cette engeance, il ne vous accompagnera jamais sauf si vous lui donnez le monde à brûler... Trop chaud, puis trop froid, et tout cela trop vite. Trop de combustible pour un résultat éphémère et douteux.

Peut-être que tout ce qu'il faut faire avec ce genre de personne que je suis, c'est en nourrir des bovins, qui le rumineront doucement dans de gros intestins. Oui, c'est bien cela, nourrir des bovins, demeurer immobile, digéré dans une nuit finale, en attendant la grande métamorphose qui fera qu'enfin on sortira autre que soi; comme un engrais pour les plantes qui s'élancent au ciel.

Que le monde se hâte de me digérer, qu'il me refonde vite dans une forme d'existence plus aimable, en quelque chose qui ne peut plus décevoir autrui.

Que suis-je? Pourquoi perdre ton temps à te poser encore la question. Passe ton chemin, on ne bâtit pas sa maison avec des briques de vent.

mercredi 20 septembre 2017

Gravité

Tel un soleil dans les cieux noirs
L'herbe embouteille mille espoirs
Où se réfractent en la rosée
L'orbe que l'aube a déposée

Sac de chair repus de pesanteur
Tu es de ceux que rebute un labeur
Tu montes une charrue sans boeufs
Ta volonté est dénuée de voeux

Et la fleur sanglante du martyr
Qui s'offre tremblante au zéphyr
Ouvre sa blessure béante
À ces regards qui la violentent

Le poids d'un corps que l'on traîne
Est de toutes souffrances la reine
Sous lui s'effondrent chaque envie
Et la volonté même s'alanguit

Mais dehors, la lumière est partout
Qui fond rapide à pas de loup
Tandis que les corps s'amoncellent
Elle, liquide, ruisselle

Tu la regardes mais crains
De t'arrimer aussi au train
Et si le vrai voyage
Décevait bien plus que l'image...

samedi 16 septembre 2017

Deux couleurs suffisent

Parfois, je pense à toi très fort. À travers mes rideaux gris et rouges, qui filtrent ma vision du monde, et qui font se mouvoir avec légèreté cette fine pellicule chargée de matérialiser la frontière entre intérieur et extérieur. Mes songes sont comme ces rideaux légers, aériens, ballottés par les vents qui s'en vont et s'en viennent, dans une douce dérive où je réside avec tant de plaisir.

Deux couleurs pour voir le monde, et d'infinis nuances entre les deux. Deux couleurs pour sentir nos souvenirs, mosaïque d'instants objectivement communs, mais qui font ma vie et ses pus belles notes. Deux couleurs pour traverser le cours du temps tout en demeurant malgré tout entièrement présent. Rien ne différencie un souvenir d'un instant actuel. Et si j'avais tous les instants passés en mémoire, exactement tels que je les ai vécu alors, je pourrais les agencer dans un système de relation suffisamment complexe et en accord avec les lois qui constituent un monde: et tous ces souvenirs seraient la vérité présente, qui ondule comme des rideaux au vent.

Deux couleurs, qui parfois se confondent quand je pense à toi qui es si proche... Puisque tu es là, ici et maintenant... Comme un chatoiement diapré dans le frissonnement des feuilles au dehors, dans le balancement des branches aux courants aériens. Présence en filigrane que tout objet dessine. Tu es tellement tout pour moi, que tu es chaque chose: du brin d'herbe à la rose, des nuages paresseux au parfum des bruyères.

Deux couleurs pour les produire toute, deux valeurs pour accomplir le tout d'une expérience qui s'accroche à des mots. Et les mots sont alors l'expérience. Ils n'ont pas d'autre but, pas d'autre raison d'être que d'exister pour autre chose. Mes poèmes en prose sont la matérialité de mes sentiments et de mes sensations. Ils sont la transcription d'influx nerveux qui constituent un destin complet, une autre forme de partition, pour une même forme d'existence indicible et qui ne s'écrit pas. Avez-vous déjà vu un poète cesser d'écrire? Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi malgré tant de réalisations, tant d'actes et de créations, l'humain continuait quand même son entreprise inlassable, comme s'il pouvait un jour la terminer, sans toutefois jamais le faire? Incomplétude essentielle de la vie, système jamais clos qui éclot sur l'ouvert. C'est bien cela exister, se projeter sur les choses et les êtres, pour se saisir de soi d'un seul tenant, comme on tiendrait dans sa main un trésor. C'est bien cela s'exprimer, se transfuser dans les signes pour produire la distance nécessaire à la vue, à la sensation de soi-même comme chose extérieurement réelle. Et tout ceci n'aboutit pas, et c'est tant mieux. Sinon nous n'aurions pas les chants de Maldoror, mais peut-être un seul chant, ou même une phrase, un simple signe ou pire encore. Nous n'aurions pas d'après-midi d'un faune, nous n'aurions pas tous ces fragments d'humains à se mettre sous les sens. Nous n'aurions pas tant de signes pour se définir et pour jouer à se saisir, en se sentant soi-même à travers la sensation de l'Autre.

Deux couleurs suffisent pour être heureux. C'est ce que je me dis quand je regarde au-dehors le monde qui bruisse, et ne parle que de toi et de la définition si belle que tu donnais parfois de cet homme dont tu partageais la vie. Cet homme assis là, dans la boîte où on l'a mis, et qui s'observe à travers les choses du dehors qui reflètent tes gestes et les moments de toi, qui eux trahissent son existence qui sans cesse lui échappe.

Et toi ma chère, quelle saveur de toi-même tu aimais tant par moi?
Quelles sont les deux couleurs qui dans leur union te peignent un monde où vivre?

lundi 11 septembre 2017

Courage!



Courage! Souquez matelots!

Fendez les flots de cette vie!
Même la tempête s'alanguit.

Souquez frères stellaires des confins!
Ramez vers l'enfer et sa fin!


Courage! Coeurs débridés!

Frêle esquif à travers les flots
Coeur de suif mordu par les crocs.


Courage!

Derrière chaque nuage, un soleil qui rugit
L'envers de chaque orage, un rayon qui surgit.


Courage mes amis!

Affrontez les passions qui font trembler vos nuits
Un merveilleux silence vient pour panser le bruit.


Force mes amours!

Nul chemin ne s'emprunte sans détours
Aucun matin qui ne devienne un jour.


Bandez les muscles!

Chaque éclair une énergie en moins
Pour les coups de tonnerre qui vont mourir au loin.


Courage, humains!

À travers les brumes incolores
Perce la promesse d'un chamarré trésor.

Voyez déjà, comme le tumulte retombe
La force de vos bras valait bien mille bombes.


Encore, amis!

Derrière le tourment délétère
Par delà les souffrances de la terre
S'en vient l'onguent d'un repos éphémère.


Courage sisyphes!

Cette vie à une fin, comme vos douleurs enfin
Une chute indolore qui transforme en destin.


Courage!

Regardez comme chute Héméra
Dans sa gloire nimbée
Fait de tous tumultes un beau drap
Que l'aurore ôterait...

Souque! Rame! Frappe! Hurle!
Traverse la tourmente
D'un regard incendiaire!

Souffre, saigne, rage, tend
Vers le prochain instant!

Nous sommes tous les bruyants enfants
D'un trop juste parent
Chacun de nous son fragment
Dans le long cours du temps


Et dans l'infernale valse qui les malmenait, les petits êtres pouvaient entendre - étaient-ce alors les vents qui chantaient? -:

"Un soleil est le coeur d'un ami, et cet astre a sauvé bien des vies!
 Une étoile est l'amour d'un ami, et son souffle a crevé bien des nuits!"


Sur un dessin d'Amine Felk, texte de moi-même.

dimanche 10 septembre 2017

Le chemin, la voie (version rimée)

J'ai réparé les cassures de rythmes que j'ai pu identifier et fait rimer ce qui ne rimait pas. Cela me semble procurer un plus grand sentiment d'achèvement. Cette version me convient mieux, et elle est plus respectueuse de la qualité du dessin. J'espère que ce sentiment sera partagé. Je laisse la version antérieure sur le blog toujours dans un souci de témoignage: la magie n'existe pas.



Je connais un chemin.
Je connais un chemin traversant chaque route.

je connais un chemin.
Moins qu'un chemin c'est plus une déroute.

Chemin de signes abscons que nul n'a bien tracé. Le point présent appelle le prochain comme une note annonce sa fin. Et roule roule ma musique qui ne sait où elle va. Tu traverses des montagnes si hautes que la neige en réchappe au trépas. On y peut lire, lorsque la lumière la fait reluire, l'histoire d'infinis univers, dont l'un n'est que réponse de l'avenir à l'injonction d'hier. Il paraît que si l'on chauffe toute cette éternité minérale, il en sort une musique des étoiles qui racontent leur enfer ardent, et qui du paradis forment les pétales...

Je connais un chemin par où tu es passé, qui porte tes odeurs et tes voeux exaucés. Je connais un chemin que je lis comme rien, comme ploie sous le vent la grand-cime des pins. Comme défile un temps sans penser à demain.

Je connais un chemin.
Petit sentier de chair vivante ramassé dans les signes figés d'une pensée mouvante. Petit serpent de terre où les seules racines nous accrochent à l'éther ou à la contingence d'unions trop éphémères. Mon chemin s'est pris dans tes reins, dans ton sourire et ta présence sans lendemain. Petit chemin qui sinue entre les monts de ton coeur et le creux de tes mains.

Je connais un chemin tout aussi loin que proche. À l'emprunter vous pourriez bien mourir d'une mort bien fantoche, qui vous laisserait là, dans l'hébétude d'une fin de chanson par trop semblable aux précoces moissons. Ses longs lacets vous font comme un instinct qui s'accroche à vos tripes, vous accolent à son rythme fait de souffrance et de joie, fait de moments banals qu'un regard qui l'est moins fait image d'épinal.

Je connais un chemin.

Il passe sous la mer et les vieux océans, il traverse en leur coeur chacun des éléments, et n'en garde qu'une trace, fidèle à son mouvement. Tout juste un sillon d'arabesques qui sont le signe de vrais sentiments. Air, feu, terre, eau, voici bien l'essence des choses, ou bien ne sont-ce que des anamorphoses?

Je connais un chemin.

Chemin ouaté, tissé dans les nuages, qui fait de chaque humain le songe d'un mirage. La parole des vents gonfle une certaine voile chargée de faire avancer le coeur jusqu'au prochain naufrage. Capitaine aérien sur l'océan céleste, le chemin se déleste et vous lâche, sans un phare et sans rien.

Je connais un chemin que l'on arpente yeux bandés, si l'on ouvre les yeux alors il disparaît; c'est ainsi que nul, jamais, n'a pu le contempler. C'est un chemin de temps plus que d'espace mais ce dernier s'étend dans la durée... C'est un chemin qui se joue d'une musique inventée, dessine la partition d'un solfège insensé. C'est un chemin de doutes, qui mêle au sein d'une même route une voie pour la haine une voie pour l'amour. C'est un chemin qui, plus qu'il ne parle, vous écoute. Il vous donne les réponses dés lors que vous les formulez.

Je connais un chemin...

Une voie sans fers mais un possible enfer. Une route pour et vers soi, pourvue d'un néant pour toit. Je connais un chemin où fantôment tes pas, pourtant j'y marche seul, jamais je ne t'y vois.

Je connais un chemin mais, combien de fois encore devrais-je perdre ma route..?


Dessin d'Amine Felk, texte de moi-même.

samedi 9 septembre 2017

Le chemin, la voie



Je connais un chemin.
Je connais un chemin traversant chaque route.

je connais un chemin.
Moins qu'un chemin c'est plus une déroute.

Chemin de signes abscons que nul n'a bien tracé. Le point présent appelle le prochain comme une note la suivante. Et roule roule ma musique qui ne sait où elle va. Tu traverses des montagnes si hautes que la neige est vraiment éternelle. On y peut lire, lorsque la lumière la fait reluire, l'histoire d'innombrables cosmos dont l'un n'est qu'une réponse à l'autre. Il paraît que si l'on chauffe toute cette éternité minérale, il en sort une musique des étoiles qui racontent leur enfer ardent qui sont la source des paradis...

Je connais un chemin par où tu es passé, qui porte tes odeurs et tes voeux exaucés. Je connais un chemin que je lis comme rien, comme ploie sous le vent la haute cime des pins, comme défile mon temps dénuée de l'ombre de vieux lendemains.

Je connais un chemin.

Petit sentier de chair vivante ramassé dans les signes figés d'une pensée mouvante. Petit serpent de terre où les seules racines nous accrochent à l'éther ou bien à la contingence de rencontres éphémères. Mon chemin s'est pris dans tes reins, dans ton sourire et ta présence sans lendemain. Petit chemin qui sinue entre les monts de ton coeur et au creux de tes mains.

Je connais un chemin tout aussi loin que proche. À l'emprunter vous pourriez bien mourir d'une mort foraine, qui vous laisserait là, dans l'hébétude d'une fin de chanson qu'on a coupée trop tôt. Ses longs lacets vous font comme un instinct qui s'accroche à vos tripes, vous accolent à son rythme fait de souffrance et de joie, fait de moments banals qu'un regard qui l'est moins mue en épiphanie.

Je connais un chemin.

Il passe sous la mer et les vieux océans, il traverse en leur coeur chacun des éléments, et n'en garde qu'une trace, fidèle à son mouvement. Tout juste un sillon d'arabesques qui sont le signe de vrais sentiments. Air, feu, terre, eau, voici bien l'essence des choses, du moins si vous restez sur le dos de ses mots.

Je connais un chemin.

Chemin ouaté, tissé dans les nuages, qui fait de chaque humain le songe léger d'un mirage. La parole des vents gonfle une certaine voile chargé de faire avancer le coeur jusqu'au prochain naufrage. Capitaine aérien sur l'océan céleste, le chemin se déleste et vous lâche, sans un phare et sans rien.

Je connais un chemin que l'on arpente yeux bandés, dès qu'on ouvre les yeux alors il disparaît; c'est ainsi que nul, jamais, n'a pu le contempler. C'est un chemin de temps plus que d'espace mais ce dernier s'étend dans la durée... C'est un chemin qu'on joue comme on ferait parler les dieux, un chemin qui dévoile ses secrets dans des langues inventées qu'on ne comprendra, probablement jamais. C'est un chemin de doutes, qui dans un feulement de haine vous effleure d'amour.  C'est un chemin qui ne vous dit pas où aller, mais qui vous suit, vous écoute. Il ne parle jamais de lui mais pourtant vous entend le raconter. Il vous donne les réponses dans l'instant même où vous les formulez.

Je connais un chemin...

Une voie sans fers mais pour d'aucuns l'enfer. Une voie d'étincelles qu'un regard féconde et allume en chandelle. Une route pour tous ceux qui s'élancent vers eux à travers tous les autres. Une déroute solitaire pour les agoraphiles, où les pierres et les choses sont autant de chemins au sein du chemin lui-même.

Je connais un chemin et pourtant, combien de fois encore devrais-je perdre ma route..?


Dessin d'Amine Felk, texte de moi-même.

L'unité





Attrape-moi, enserre-moi, conserve-moi. Détache-toi, désenlace-nous, défais tout ça. Ton souffle en moi, ta peau la mienne, tes pleurs ma peine. Dénoue le noeud, détruit le sol, troue l'édifice, croule en néant, souffle les signes, tue les racines. Ton regard mon regard, ton haleine mon haleine, ton passé mon histoire, ton amour est ma haine.

L'amour est la mort du Je et le jeu la naissance du nous, ainsi aimer serait-ce jouer à mourir?


Dessin d'Amine Felk, texte de moi-même.