mardi 28 juin 2011

À t'aimer dans les yeux

À t'aimer dans les yeux,
À côté au milieu.
À t'aimer dans les yeux...

Des éclats des reflets,
Juste assez pour nous deux.
Un bout de ciel étoilé
Sur nos deux corps heureux.

À t'aimer dans les yeux
J'en perdrais les miens.

À t'aimer dans les yeux,
J'oublierais qu'on est vieux...

À t'aimer dans les yeux
Dés maintenant dés demain,

À t'aimer dans les yeux
Puis mourir dans tes cieux.

Seulement

Le vide c'est la vie sans toi,
Qui coule,
Inexorablement traînant ses courbes
Au sein de territoires sans cartes et sans matière.

Tu es le creux de mon coeur mâchant l'espace
De cette vacuité tienne
Qui défie mon bonheur.

Qu'est-ce qui peut prendre la place du vide,
Du vide absolu?
Tellement dense qu'il interdit la matière,
Me séparant à jamais d'une unité persistant en souvenir
Échappé de ma réalité...

La réalité du vide c'est ton adieu
Auquel je ne me résoudrai jamais,
Ou peut-être à moitie,
seulement...

Seulement je m'en vais traversant les néants
D'autres jours éhontés
Complétés par la nuit.

Les jours changent mais la nuit reste même.
Elle est le crépuscule commun à toutes les lumières,
Elle est le mien face à tes yeux verts
Bien enfuis dorénavant...

Seulement je m'en vais traversant les néants
Persistant loin de toi
Mais qui tous gardent une vague odeur de ta présence...

Et ces champs et ces plaines
Disparaissant sous mes pas.

Et ces arbres et ces fleurs
S'inclinant toutes à mes pensées
Délétères au contenu trop chargé
D'un parfum de ton coeur
Aux oiseaux dérobé...

Je suis le roi soleil
Aussi noir que l'oubli,
Ternissant mon royaume
De mon être aboli.

À peine posé-je le pas
Sur le tapis de nos rêves
Que meurent dans mes bras
Les lueurs d'Héméra.

Seulement je m'en vais traversant les néants
Accompagné seulement
De cette réalité vacante.

Seulement je m'en vais traversant les néants
Accompagné seulement
Du poids de ton absence.

vendredi 24 juin 2011

Réussir

C'est pour réussir que certains envoient leurs écrits à des éditeurs, prostituant ainsi la beauté en l'offrant à la critique aigrie, rongeant d'une jalousie mortifère toute oeuvre inaccessible à leur médiocrité. On laisse les autres décider de ce qui est beau, de ce qui doit être reconnu, etc. Au final, on vit dans un monde où notre propre opinion, jusqu'à nos goûts même, se fonde sur le jugement d'autrui, d'individus auquel on confère une certaine autorité, se basant sur des critères arbitraires et étrangers à la notion même d'art.

L'art ne peut souffrir d'aucun critère ni d'aucun dogme. Point de cursus pour devenir artiste. De deux personnes écrivant la même chose, l'une d'entre elle possédant un doctorat de philosophie et l'autre un simple baccalauréat, doit-on traiter leur oeuvre différemment? Est-ce bien raisonnable que de penser ainsi? Celui qui a bien été estampillé, officialisé par les institutions a-t-il plus de droits, plus de talent, plus de vérité que n'importe quel autre bougre proférant pourtant les mêmes propos?

On a voulu, partant d'une bonne intention, rationaliser, normaliser tout acte destiné à occuper la place publique, et ce faisant, on a mutilé la créativité et la liberté de chacun à devenir ce qu'est l'artiste: une fenêtre sur le monde. Notre besoin pathologique d'assurance, notre crainte du ridicule, ce besoin de reconnaissance et cette incapacité à penser juste par et pour soi, nous a mené à cet état des choses où l'homme est muselé par un carcan institutionnel si lourd qu'il vous enferme à jamais dans votre étroite cellule, là où l'on peut vous surveiller, là où la surprise n'est pas permise.

Et pourtant, on continue malgré tout, à perpétuer ce cycle par nous-même, sans y être contraint, devenant la continuité physique de nos institutions, reproduisant le contrôle de manière inconsciente comme si nous étions fait nous-même uniquement de: lois, locaux, hiérarchie, jugements, normes, procédures.

Peut-être devrions-nous prendre le temps de nous demander: mais qui sont ces gens derrière ces institutions? Pouvons-nous leur faire confiance? Qui sont-ils ces garants d'une orthopédie de l'âme, ceux qui quadrillent le chaos de nos âmes, les faisant plier sous le joug de la doxa? Pourquoi le font-ils?

On se rendra compte alors que rien ne les sépare de nous si ce n'est leur intérêt personnel, que tels des jardiniers de l'humanité, ils ne font que contraindre le mouvement naturel pour en tirer les fruits, pour s'en rendre "maîtres et possesseurs". On saura enfin, qu'un homme conscient de sa liberté et capable d'exprimer son être par le prisme de la créativité artistique, est un homme qu'on ne peut contrôler arbitrairement, qui préfère l'éthique aux lois et l'unité à la spécialisation. On sera sûr enfin que c'est un homme dont on ne tirera aucune croissance autre que la sienne, aucune productivité, dont on ne fera aucun profit.

Le dogme fondamental sur lequel repose ces institutions est celui de la rentabilité, or il semble douteux, au regard de ce que nous offre la nature, que celle-ci soit une fin pertinente.

vendredi 17 juin 2011

Animalité

Que ceux qui fomentent des rêves d'animalité, voulant faire de l'homme un être subordonné à l'instinct et aux sens, abolissant toute conscience, que ceux là s'interrogent.

Qu'est-ce donc qui leur permet de formuler de telles pensées si ce n'est la conscience? Comment peuvent-ils même imaginer qu'une vie aconsciente serait une vie meilleure? Comment font-ils pour colorer de leur jugement positif le fantasme d'une telle expérience?

Ils le font par la conscience qui leur permet d'avoir le choix. Celui d'imaginer l'autre, de porter un jugement sur l'inconnu. Cette même conscience qui trop souvent les embarrasse pour leur placer sans cesse la responsabilité induite par la liberté, celle de choisir, sous le nez.

L'homme peut porter un jugement sur les choses pour s'améliorer ou améliorer tout court.

Qu'ils sachent donc enfin qu'être sans conscience n'est que pour eux l'impossibilité même de tout jugement sur les choses et donc de tout bonheur. Seul le plaisir instantané, sans histoire ni futur leur est loisible, mais jamais au grand jamais ne pourront-ils éprouver le plaisir immense qu'ils ont à seulement contempler ce que serait la vie sans la conscience...

Mots chantés

Ecrit le 23/03/2011

Ecrire, écrire, comme ruisselle l'eau ou coule la musique.

Prendre les mots comme des vagues, et s'emporter dans cet océan d'idées, des pages à n'en plus finir. Je regarde les lettres absurdes qui s'illuminent par la proximité, et je ressens les sens se créer dans le miracle de l'esprit. Le couronnement humain c'est l'assemblage de la langue, c'est cette transposition de l'âme sur l'encre des mots.

Les courbes qui habillent le papier sont aussi douces que les femmes qui nous ont fait. Ah les livres sont l'humanité regroupée, à portée de main, l'inconnu du voyage, le frisson du naufrage.

J'écris cette petite chanson comme on chanterait un matin, pour se donner de l'entrain du courage.

Allez donc voir ailleurs si j'y suis, dans d'autres âges, à d'autres pages.

Esprits

Des nageurs solitaires sur le dos courbé de la Terre
Egrennent au ciel leur misère comme on jetterait du sable dans les cheveux de l'air.

L'offrande

Ton visage au teint ambré
Réveille en moi l'appétit
D'une bouche douce et sucrée
Où vient éclore mon paradis.

Je t'aime Aurore
Comme un héros défiant la mort.
Vois mon coeur qui te mords,
Comme on s'arrime à un trésor.

Garde pour toi, reine d'un jour,
L'écume des mots t'offrant l'amour,
Et de ces strophes sous-marines
La fine caresse de la bruine...

mercredi 15 juin 2011

Hélios

Soleil d'été couvre l'hiver
De sa clarté ivre de nuit
Qui sans un bruit annonce l'ère
Où le malheur furieux s'enfuit.

Les oiseaux chantent et l'amour pleut
Sur le visage des gens heureux
Où de tous ses feux l'astre chasse la tourmente.

Voyons Hélios, plus jamais ne te cache,
Que les hommes et les arbres
De froid n'aient plus l'envie d'être lâches
Et que ton feu remplace enfin les candélabres.

Le règne végétal dans son désir de plaire se pare de vert,
Les fruits dans les étals de ta substance se sont gorgés,
Il n'y a pas jusqu'à la mer qui ne se soit pour toi parée
Renvoyant tes photons aux quatre coins de l'univers.

Que ne ferais-tu pas sur l'âme des humains
Qui de tous temps pour toi ont joint leurs mains.
Ne sais-tu pas qu'ils sont conscients,
Qu'au soir de ta vie, tu deviendras pourvoyeur du néant?

Qu'enfin de tes vents balayant leurs espoirs
Tu souffleras sur leur tourment,
Préparant l'ère des nuits noires,
Des cendres humaines dans les cheveux du vent.

mardi 7 juin 2011

Un peu de nous

Il n'y a au fond probablement rien d'autre
Qu'un tas de ratures et de fautes
Éparpillées ça et là sur les blanches pages
De nos vies s'agitant pour un temps sous les nuages.

Un peu de nos coeurs finalement
Que l'on translate à tout vent
Sur tout ce qu'un regard amasse
D'une réalité sans grâce...

De la persévérance sans doute,
Pour faire de cette impasse une route
Que l'homme trace inlassablement
Entre les choses et son tourment...

Un peu de sagesse, de la résignation aussi,
Pour s'étendre dans les ombres de quelque bas-côté,
Là où ne viennent plus résonner les pas de quelques entêtés
Qui hurlent au néant le malaise de la vie...

lundi 6 juin 2011

Poème du matin

Poème du matin sans chagrin,
Lorsqu'on étreint le bonheur entre ses mains
Pendant qu'en haut l'amour dort paisiblement.

L'eau chaude qui fume dans le bol
Et les minutes qui défilent sans que l'on s'affole,
Il faudra bien pourtant partir dans la fourmilière humaine.

Encore quelques secondes d'éclosion,
On découvre le monde comme on prendrait sa tension,
On déguste l'instant qui suspend le quotidien dans sa course sans fin.

Lentement, comme on quitte un vêtement,
On laisse glisser la liberté le long de ce moment,
Et dans un mouvement las on s'en va récupérer sa place

Auprès d'hommes sans grâce que la cité efface...