mercredi 30 décembre 2009

Tango stellaire

Autour de nous, il y a:

Des quasars projetant leurs feux dans deux directions opposés de l'espace.
Des trous noirs dans lequels se perdent la lumière et notre imagination.
Des comètes qui traversent le firmament comme des nomades dans le désert.
Des planètes qui font la révolution autour d'elle-même et s'inclinent toutes face au soleil.
Des photons qui filent à la vitesse de leur lumière et qui inondent nos corps de chair.
Des étoiles jumelles qui dansent une valse presque éternelle et qui bourgeonnent d'un amour fusionnel.
Des supernovae, qui des milliards de fois pourraient souffler l'humanité dans un dernier baiser d'atomes brisés.
Des zones de vides mais qu'on imagine remplies d'autre chose.
Des mystères aussi, que l'on appelle la matière noire: théories de l'esprit qui laissent leur trace sur le réel.
Des galaxies comme de gigantesques partitions célestes où les notes sont les étoiles.
Des systèmes solaires comme on dit, où certainement la vie attend qu'on veuille bien lui montrer qu'on est gentils.
Des forces immenses que nous appelons lois de l'univers et qui nous posent bien des soucis.
Des astres froids qu'on dit naines rouges parce qu'ils sont comme le feu qui se repose de trop d'été.
Des lunes aussi qui font rêver bien des pensées, et qui remontent la mélancolie comme une marée.
Des atomes qui sont partout et qui sont nous, ils tourbillonnent dans le néant et cristallisent l'énergie en matière.
Des distances astronomiques que l'on mesure en années lumières et nous découvrent un univers bien solitaire.
Des constellations: broderie humaine sur tapis de nuit stellaire.
Des vibrations qui forment un langage interstellaire: un mélange de Wagner et d'Apollinaire qui murmure à la matière.

Et nous on vit comme des badauds, c'est tout on vit... Seulement faudrait pas qu'on oublie qu'on est qu'un point dans l'infini.

mardi 29 décembre 2009

Le train de l'amour

Quand le coeur s'en va, loin de la raison, pour ne plus revenir.
Quand le coeur rougit loin des saisons, de tous ces souvenirs.

On a tous vu son visage en rêve.
Et on l'attends, là sur la grève.

Ça ne sert à rien l'espoir, si c'est pour le laisser
Se faire mâcher par les crocs de l'oubli et du passé.

On est bien beau tiens, là devant nos années,
En spectateur bien aguerri
On frissonne au moindre bruit.

On se fait notre film, on vend notre coeur.
Et pourtant l'amour passe toujours à l'heure.

Il trottine capricant sous les fenêtres de notre ennui.
Pendant ce temps là, les secondes filent avec la nuit.

C'est tellement facile de passer à côté de tout.
On reste assis, on regarde les autres aller au bout.

Un train ça se prend, il faut monter.
Pourtant on reste souvent sur le quai.
Les hommes c'est fait pour aimer, par pour compter...

Super Novae

Il y a des anges dans ma tête qui secrètement tissent ma chair sur le firmament des étoiles. Pour que mon âme s'envole au son de leur sylphide musique, leurs bras de velours hissent cette grand voile.

Les aèdes de mon coeur aiguisent leurs appoggiatures pour préparer la paix qui va pleuvoir. Vois les odalisques qui touillent l'ambroisie dans le chaudron des mélodies, afin de former ces gouttes de vie lustrales qui nettoient jusqu'au paradis.

Ce soir les lions dorment dans la bruyère des déserts. On couvre les abysses de longs tapis venus d'orient pour que dans la bouche des lovelaces jamais plus ne tombent les enfants.

Point de Géhenne sur ces terres en vies, ni point de haine quand vient l'humain, ce frère aux yeux qui font risette. Ils dorment dans mes tripes émollientes les enfants du rythme, et je les berce d'un lent tempo où s'accrochent les sons, ces astres du ciel azur.

On a cousu dans les habits du miel les djellaba d'un amour vermeil qui sommeillait au creux des dunes. Ils n'auront pas froid quand dans l'air s'élèvera la voix qu'ils devront suivre comme une voie.

Lorsque les mages des souterrains entonnent enfin les litanies d'antan, de celles qui réveillent les morts heureux et le souvenir de nos parents.

Lorsque les mages des fonds marins balancent le rythme au creux des reins de tous les morts qui les adorent. Alors leurs os deviennent d'or et Vénus s'empare de leur corps.

Essuie les gouttes du pêché qui perlent à tes lèvres, et pardonne à toi-même la faiblesse de ton monde. Joint les mains si tu veux bien, nous nous dissoudrons ensemble dans ce vin, que tu as vu et qu'ils ont bu, déjà, demain.

Entends-tu cet orchestre qui de nos pieds fait des esclaves enchaînés à la liberté? Elle s'est liée d'amour à notre espèce jusqu'au crépuscule des temps, certains la disent folle à lier mais la folie est son quartier.

Trouve là en toi si ce n'est déjà fait! Moi je pars, vers le noir, ce silence qui entoure le son pour mieux le faire éclater. Je vais peindre mon âme d'une ombre vive à faire rougir les muses du ciel. Puis je plongerais dans un trou noir, voir si Dieu se montre de l'autre côté de l'univers, là où les hommes ne peuvent aller.

lundi 28 décembre 2009

Larmes d'une déesse

La beauté c'est les larmes de ta joie,
La beauté c'est les armes de ta voix
Que tu déposes à mes pieds, juste pour moi.

L'ennui c'est que sans charme, sans émoi,
N'est que le drame de soie des rois.
Va! Tu peux toujours réveiller la beauté,

Elle dormira à poings fermés,
et tu n'auras que dame vulgarité.
Je t'avais dit, rappelle-toi, il faut souffrir!

Il faut souffrir pour aimer,
Il faut saigner pour s'imprimer
Sur le parchemin de ces sentiments amers

Au bout duquel sommeille l'amour
La mère de la muse harmonie,
Pour qui les hommes perdent la vie.

La beauté c'est les larmes,
Ta beauté c'est les armes,
De cette voix qui dors en moi

Et qui pour toi se réveillera
Et ainsi tout emportera.
Ta beauté c'est mes larmes, mes larmes c'est ton royaume

Où germe ton innocence
Sur le tapis de mon martyr.
Les yeux qui piquent, la voix qui glisse,

Sur ton chemin complice j'esquisse
les courbes d'un mot nommé beauté
Car rien n'est trop beau pour une fée.

Tu vis au loin dans ces étoiles,
Tapie dans l'ombre comme une toile,
Et tu m'emmène boire ton feu

Pour qu'à ta beauté, enfin,

Je dise adieu...

dimanche 27 décembre 2009

Le prisonnier

Avant qu'on m'enlève du monde, avant qu'on le nettoie de moi, j'habitais un petit appartement dans un quartier mal famé de Paris. J'avais d l'habitude d'être libre et de ne pas me battre pour continuer à vivre. Le quotidien n'était pas que sourires et c'est d'ailleurs pour ça que l'avenir m'a jeté là. J'ai fait une bêtise, un crime comme ils disent, c'est tout pareil, j'ai dérapé et suis sorti de la route.

Je me souviens, ce jour de Mai, ils sont venus les gardes de la paix. Ils m'ont mis les menottes aux menottes, on faisait la pair c'est clair. On m'a traîné dans un corbillard roulant, je baissais la tête, on m'effaçait. À un moment donné, le véhicule s'est immobilisé, puis la portière a coulissé, on m'a fait glisser sur des pieds morts, sur le pavé bien régulier, et on m'a ouvert les portes de l'oubli.

Du moment que j'ai franchi le seuil, tout a changé, tout a eu un prix dans mon esprit qui depuis lors jamais plus ne s'est tut.

Et aujourd'hui, alors que je me souviens sur mon lit sale, ces mêmes gardiens de la paix sont en route pour me ramener dans leur monde enchanté où les accidents sont interdits. Ça y est; je les entend... Ces pas qui m'ont tant fait cauchemardé, aurais-je pu m'imaginer qu'aujourd'hui je les désirerais tant? Les murs de cet enfer résonnent des rêves de paradis, résonnent des pas des gens maudits. Les voilà qui arrivent devant ma cellule, l'organisme veut m'expulser, il m'a bien digéré alors c'est mérité. Les clés cette fois-ci ouvrent la loquèle et la porte coulisse une dernière fois. Les hommes en bleus me montrent du respect, il faut partir, il faut revenir, je ne sais plus bien mais il y a ma tête et mes pensées qui eux ne m'ont jamais quitté.

Je me lève doucement et l'on me mène à ce même seuil avec mon baluchon d'affaires dans la main gauche. On me souhaite bon courage et moi j'avance un peu, sans me retourner, puis je m'immobilise un peu grogui. Je redessine au crayon les contours de cet homme qu'ils ont gommé, je m'imprime dur comme fer, mes premiers traits sur le papier quadrillé de la société. Je n'ai pas le droit de dépasser alors cette fois-ci je m'appliquerais. Au moins j'essaierai; jusqu'à ce que libéré, la plume de mon âme laissant perler mes pensées comme une rosée sur ce monde sans matin vienne transpercer la feuille de leur virtualité et qu'on m'oublie une fois pour toutes.

mardi 15 décembre 2009

Etre ou ne pas être...

Est-ce qu'il y a vraiment une position raisonnable? Par "position", j'entends croyance, position spirituelle et/ou scientifique, ou plus simplement: conception du monde.

Est-ce que l'option rationaliste est-elle si raisonnable que ça? Peut-on être raisonnable d'ailleurs? La position rationaliste consisterait à se reposer sur ses sens, et particulièrement la vue puisque c'est le sens de la science. En effet quoi de plus rationaliste que la science? elle en est certainement l'incarnation même.

Mais concevoir le monde selon les connaissances scientifiques, c'est accepter une conception tronquée, une conception incomplète ou en cours de construction. La science n'explique pas tout, je dirais même qu'elle a une fâcheuse tendance à décrire, mesurer, plus qu'à comprendre, expliquer. Par ailleurs, il suffit de lire les publications scientifiques en astrophysique, où des conceptions de l'univers toutes plus originales les unes que les autres s'affrontent, pour se rendre compte de la fragilité d'une telle conception. Où commence le domaine de la croyance et où commence celui de la connaissance? la connaissance semble se situer à l'intersection de la vérité et de la croyance. Ainsi qu'est-ce qui nous permet de dire que la conception chamanique du monde, par exemple, constitue une croyance plutôt qu'une connaissance? Faut-il se baser sur l'expérience? Sur la vraisemblance? D'une part l'expérience démontre que ces théories fonctionnent au sein de leurs cultures "nourricières", et d'autre part rien ne nous permet d'affirmer que notre conception du monde est plus ou moins vraisemblable, probable, que la leur.

Il semble donc opportun de considérer toute connaissance comme une croyance justifiée (ce peut être le cas par plusieurs méthodes de justification).

Ainsi, pour savoir si l'on est raisonnable dans sa conception du monde, il faut admettre qu'il existe une vérité d'une part, et de l'autre côté: tout le reste... Comment se construit une connaissance? Il me semble qu'elle peut provenir de deux sources. D'abord, celle d'un choix conscient: on choisit de croire en tel théorie et de l'ériger en vérité puis on s'évertue à justifier, à faire coller la théorie avec les autres déjà en places et avec la réalité. D'autre part, elle peut être le fait du pure empirisme et s'ériger en tant que connaissance par nécessité: l'expérience d'un fait (réalisable par n'importe quel individu) de manière répétée crée donc la connaissance.

Cependant, à ce stade de la réflexion il faut noter un point important: toute connaissance que nous pouvons ériger en tant que telle se base exclusivement sur la description de notre univers et de ces mécanismes. En aucun cas, la connaissance ne peut être appuyée par l'expérience lorsqu'il s'agit de comprendre les causes, l'essence même d'une entité, la "chose en soi". Ce domaine relève donc exclusivement de la croyance (justifiée ou pas). J'appellerais ce domaine: connaissance profonde

Alors, si la connaissance profonde n'est qu'un choix (c'est le cas de toute croyance), cela signifierait qu'elle n'existe pas, qu'elle n'est que pure création ex-nihilo.

Par ailleurs, pouvoir affirmer que quelque chose existe, c'est déjà connaître, et donc opérer un choix: avons-nous les connaissances profondes nous permettant de définir l'existence et par là même, de déterminer ce qui existe ou non? Par conséquent, ce qui existe et ce qui n'existe pas sont les mêmes choses pour nous simples humains. On fait sortir l'existence de la non existence par un choix conscient, un choix nourrit par toute l'épistème de notre culture.

Dés lors, si quelqu'un se pose la question de savoir si un 'objet' (ou entité au sens large) existe ou n'existe pas, la vérité se situerait donc quelque part entre les deux: ce serait ni une existence, ni une non existence. On pourrait donc parler de probabilité (et la physique quantique sur ce point vient illustrer à merveille le principe). Tout ne serait donc que probabilité à tout instant.

Dans ce cas là, le sujet conscient qui opère un choix et affirme l'existence ou la non existence, c'est à dire crée la connaissance, ce sujet a-t-il par son acte volontaire une influence sur la "chose en soi"? Peut-il déterminer la valeur de l'objet un peu comme le principe de physique quantique: "l'obervateur agit sur l'observé". Ce qui impliquerait une vérité faite de probabilité (c'est à dire un mélange de vérité et de non vérité, de factuel et de contre-factuel) dans laquelle la conscience viendrait arrêter une des nombreuses combinaisons possible pour bâtir ce que nous appelons "réalité", la nôtre tout du moins.

Mais au final, après tous ces jolis mots, cette belle rhétorique, que reste-t-il? Faut-il être rationaliste? Comment faire la part des choses entre nos instincts, nos sensations, nos certitudes, nos pressentiments... Faut-il opérer ce choix? N'est-ce pas se priver de toutes les autres valeurs de réalité possible? Est-il même possible, à l'aide d'un langage qui repose sur un choix arbitraire (cf Saussure) de pouvoir saisir la vérité, de pouvoir créer autre chose que du pur arbitraire?

Je n'ai pas la réponse à ces questions mais mon instinct me dit de rester ouvert, à l'écoute et même si ce n'est pas très rassurant, je n'hésite jamais à reconstruire entièrement ma conception du monde, à chaque instant!

mercredi 9 décembre 2009

Nuages

Tu sens cette pluie lustrale qui caresse nos joues?
Dis-lui que mes crimes sacmenteurs coulent avec elle,
Et que ces nuages délateurs qui jamais ne ruissellent
Sont sur le champ du ciel autant de pioupious devenus fous.

Que ceux qui filent aux cieux, vieux et indolents
ne recueillent jamais plus les vapeurs de ce temps
Et que ceux d'en bas sachent qu'ils sont obreptices
Ces mendiants laniaires qui point ne s'assombrissent.

lundi 7 décembre 2009

Langage

Parfois je ne sais plus si je dois m'exprimer en prose, comme si je m'adressais à quelqu'un d'autre ou à moi-même; ou bien si je dois parler en vers, avec la poésie de l'âme déposée dans les mots. Et puis, il y a la musique aussi, quand je prend ma guitare pour improviser, c'est comme un enfant qui voudrait parler, qui voudrait hurler, qui voudrait pleurer avec un langage qu'il ne perçoit qu'en partie, avec un langage qui le domine.

Toute cette frustration de ne pouvoir m'exprimer aussi librement que ma pensée l'exige, vient se concentrer sur ma réflexion et la fait s'interroger sur la nature de cet homme; cet homme qui s'exprime avec tout ce que le monde lui fournit d'intermédiaire.

Si je devais définir l'homme, je dirais: être vivant à l'étonnante capacité de produire un langage à l'aide de tous types de supports imaginables. Finalement, l'homme c'est le sens. Nous n'aurions pas de langue que nous communiquerions à l'aide de poignée de porte, nous imaginerions bien un code pour se comprendre. Quelque part, l'homme met de lui un peu dans tout, puis il se trouve aussi un peu partout. Foucault dit que le langage existe en dehors de l'homme qui, lui, ne fait que "scintiller dans l'éclat de son être" le mot. Si c'est bien l'homme qui a inventé le langage, alors c'est peut-être en cela que l'humanité a réalisé son plus grand souhait: l'immortalité. Le langage une fois crée a acquis son existence propre, et ce à tel point qu'il en domine même son créateur. Vous savez, ça me fait un peu penser à ces langages informatiques qui se réécrivent eux-mêmes. Lorsque Kernighan et Ritchie ont inventé le langage C par exemple (à l'aide d'un langage appelé 'assembleur'), ils l'ont ensuite réécrit avec lui-même...

En fait, Foucault avait certainement raison: lorsqu'on retrouvera l'unité du langage, la figure de l'homme se sera alors complètement dissoute en lui. L'homme n'a pu exister qu'à travers les lacunes du langage. Et puisque tout est potentiellement langage, tout est donc potentiellement humain.

Je me perd parfois, à trop vouloir écrire, je laisse les mots me dominer et ma pensée se faire guider vers cet absurde verbiage. C'est plus sûr de penser en silence, dans le silence de l'âme. Quoique même ce royaume a été colonisé par le langage et reconstruit par lui.

J'ai l'impression de refaire le chemin en sens inverse, plus je réfléchis, et plus les choses se brouillent, plus la simplicité vient effacer le bruit. Lorsque je veux retrouver l'origine de ma pensée, le langage m'en détourne, et je lance des cris dans ma tête, des cris qui n'ont plus rien d'humain.

Je ne sais plus comment m'exprimer, il faudrait fondre tous ces moyens d'expressions dans un langage ultime qui se détruirait lui-même dans une sorte de big bang perpétuel.

Si je pouvais cesser d'être humain, je pourrais enfin, peut-être, comprendre la pensée.

mercredi 2 décembre 2009

Moutons et société

"Sommes-nous des moutons?"

C'était la question posée au dernier atelier de philosophie que j'ai co-animé (avec le professeur de philosophie du lycée où je travaille).

Voici maintenant ce que j'ai à dire sur ce sujet, en réaction à cet atelier et les propos qui y ont été tenus par les élèves.

Il me semble que d'une certaine manière, nous nous comportons en moutons sur beaucoup d'aspects de la vie quotidienne, voire même de la vie spirituelle. Prenons l'exemple de la mode, de nos styles de vie, de nos opinions politiques. Dans une grande majorité, il est indéniable que l'homme répond à un instinct grégaire assez fort, mais la question à se poser est la suivante: "qu'est-ce qui pousse l'homme au conformisme, au suivisme?"

Plusieurs raisons ont été avancées par les élèves, mais le socle commun à toutes leurs réponses est le suivant: les hommes se sentent en sécurité dans la multitude, faire comme tout le monde possède indubitablement un côté rassurant. On peut là aussi faire le parallèle au monde animal pour expliquer ce sentiment de sécurité induit par le suivisme.

Lorsque les moutons se réunissent en troupeau, c'est en grande partie pour optimiser la survie de l'espèce. Le mouton est un animal très vulnérable aux prédateurs (tels que les loups) et un individu isolé aurait tôt fait de se faire dévorer. Le meilleur moyen de survivre lorsqu'on est un mouton c'est d'être bien au chaud au milieu du troupeau de ses semblables.

Maintenant, si on dénonce souvent le comportement de "moutons de panurge", c'est certainement à tort puisque là encore, c'est la survie qui explique une telle attitude de soumission aveugle. En effet, lorsqu'un mouton sort du troupeau ou développe une réaction de peur et s'enfuit, il est tout à fait normal que les autres suivent car l'immobilité constitue un danger, et il y a de grandes chances que le comportement du mouton qui s'affole soit motivé par un danger bien réel que les autres n'ont pas encore perçu. Il apparaît donc normal et même préférable pour la survie de l'espèce, de s'organiser en troupeau à l'instinct grégaire développé.

Cependant l'homme est bien plus complexe qu'un troupeau de mouton, même pris dans l'ensemble qu'il forme à travers la société. D'abord les hommes ne forment pas qu'un groupe et bien souvent se réunissent en "clans", en communautés: communautés religieuses, communautés vestimentaires, communautés idéologiques... À travers ces regroupements, il est évident que l'homme cherche à se construire une identité, et le communautarisme permet à l'individu de substituer l'identité du groupe à la sienne propre. La communauté est ainsi vectrice de valeurs, d'opinions, et d'une apparence aussi qui se manifeste à travers des signes extérieurs multiples (foulard, gourmette, marques...). La communauté donne du poids, de l'épaisseur aux choix, aux traits constitutifs de l'individu, comme si elle assermentait ce qu'il est. Mais la communauté forme un bloc monolithique et n'est pas un ensemble souple qui viendrait s'adapter, épouser l'individu, bien au contraire elle a plutôt tendance à le façonner à son image, à faire de tous ses membres des copies conformes qui agiront effectivement comme des moutons, au nom d'une identité figée qui ne se remet pas en question.

Hors, si l'on se pose la question de savoir dans quel cas une telle forme de conditionnement est utile à l'homme dans son auto-définition, dans l'élaboration de son identité, il apparaît que la période de l'enfance correspond à la situation où ce conditionnement est nécessaire. La formation de l'individu dans la société doit forcément en passer par l'éducation et donc par une certaine forme de soumission à des valeurs, des règles de conduite qui lui sont dictées de l'extérieur. L'enfant, jusqu'à un certain âge a besoin qu'on lui apprenne à devenir homme et ne serait qu'un animal sans cet apprentissage. C'est donc une phase primordiale qui va donner les outils à l'enfant de se construire plus tard en tant qu'homme, et en tant qu'homme libre, en un choix totalement libre et affranchi de ce conditionnement. Pour cela, il faut que ce conditionnement, à partir d'un certain âge, cesse ou diminue, et parallèlement, s'explique lui-même, se révèle à l'homme en devenir qui une fois conscient de celui-ci pourra s'en affranchir et exercer son libre arbitre.

Nous sommes donc des moutons durant toute note enfance, et ce pour le meilleur. Mais nous ne devons pas rester des enfants toute notre vie, et l'homme correctement éduqué (et je parle ici d'éducation au sens large, non pas en tant que simple accumulation de connaissance) doit s'affranchir du "troupeau" et trouver sa propre identité au sein de celui-ci, sans en dépendre. Cela ne passe par par le reniement de la société, bien que cela soit une possibilité pour quelques individus et pour un temps, mais demande un certain courage et une certaine maturité. Il faut être capable de justifier son originalité, il faut être capable de ne pas trouver l'épanouissement dans la reconnaissance des autres ni dans leur jugement, mais dans son propre conformisme à notre éthique, à nos valeurs humaines. En fait, être un homme dans la société requiert d'être autonome mais pas renfermé. Il semble important de rester ouvert aux autres et de les aimer.

Lorsque la solitude (dans tous les sens du terme) ne fait plus peur, l'homme devient alors un membre dont l'identité n'est pas héritée du groupe, mais qui constitue celui-ci. Il est alors possible de vivre au sein de la société et ne plus être un mouton, voici le passage de l'enfance à l'âge adulte effectué.

Nous sommes malheureusement dans une société peuplée en majorité par des enfants qui ne veulent ou ne peuvent pas grandir. À l'éducation maintenant de savoir relever le défi qui lui est lancé.

lundi 23 novembre 2009

L'escalier

Il court, il court, dans les escaliers de la mort,
Quatres à quatres les marches dévalées
Envolées les portes pour s'en aller,
Il court, il court et descend, descend encore.

Son regard affolé plonge vers ce gouffre
De pierre tourbillonnant vers l'indécent,
Son corps tambourine et souffre, souffre,
En même temps que l'écho de ces pas dansants.

Regard baissé, et dos bien droit,
Jamais ne dévie de sa course folle,
Pieds affolés écrasés par le poids
De ce corps fuyant sous ses épaules.

Clap clap, clap clap, clap clap,
Font les souliers cognant les marches,
Et dans les virages jamais ne dérapent,
Dans ce colimaçon qui mâche

L'écho de son coeur devenu fou
Qui va tremblant hurlant partout;
Et sa chute n'a plus de fin
Tellement l'escarpe épouse le rien.

Coincé, coincé, ce corps piégé
Croyant s'agiter pour son salut,
Qui fend l'air las et si léger.
Là-haut, enfin... Le monde s'est tu.

jeudi 19 novembre 2009

Je me souviens

Je me souviens les soleils du maroc
Empaquetés dans ma jeunesse,
Et les odeurs de mer épaisse
Qu'on ramenait pour faire du troc.

On s'échangeait nos rêves
Dans la cour de l'école,
On se donnait notre parole
Que la vie n'aurait pas de trêve.

Je me souviens le regard de miel
Dont m'enveloppait Fatima
Pendant que je dévorais sous son ciel
Les pâtisseries de son climat

Lorsque la fluorescence de l'écume
Avance la nuit comme un train fantôme,
On se prend à imaginer des fées lucioles
Prenant les vagues sur des carrioles.

Je me souviens rabat et Essaouira,
Pareilles pour moi à la grande Shamballa.
J'y suis allé sentir leur âme
Qui me revient parfois en larmes.

Un jour j'ai rencontré un Gnawa
Qui nous a montré sa folle danse
À mes compagnons de joie et moi,
En tourbillonant il nous a tiré dans sa transe.

Chaque jour de ces temps pas si lointains
Etait comme l'escalade de la dune
Où le sommet une fois atteint,
Offrait la mer sans retenue aucune.

Je me souviens cet homme du haut de sa tour
Qui chaque jour appelait les fidèles à la prière.
Ce chant du muezzin qui déroulait ses atours
Et nous enveloppait de son voile d'air.

Je me souviens de toutes ces choses
Et de tant d'autres aussi,
Qui de mon souvenir à peine écloses
Se meurent de vivre ici.

dimanche 15 novembre 2009

La vie active

"Au moins, j'suis dans la vie active, j'sers à quelque chose..." disait Mohammed, comme tant d'autres. Comment a-t-on pu mettre une idée pareille dans la tête des gens. La réification est aboutie au point que l'on se juge comme des objets. Même les objets inutiles sont considérés pourtant, alors pourquoi...?

On devrait leur dire tous les jours à ces gens qui se lèvent la nuit pour aller bosser toute la journée comme des chiens pour gagner des sous qui ne seront pas à eux au final, pour gagner la dignité qu'ils croient avoir perdu, et que le travail va leur rendre parait-il, que leur vie est une oeuvre d'art.

L'honneur perdu, c'est tout ce que je vois scintiller dans les larmes de cette femme attendant 12 heures par jour sur les parkings que les automobilistes viennent régler leur note.

Et ce petit patron qui se permet d'ordonner à cette pompiste, fière d'offrir sa vie pour ses enfants, de proposer systématiquement le lavage des vitres, et de lui dire qu'elle a été embauchée pour ça. Il fait nuit quand elle commence à travailler et il fait nuit quand elle finit, mais il fait jour dans son coeur à elle et c'est son soleil qui éclaire la vie de ses gosses et non pas le scintillement poisseux de vos sous!

Et vous leur faites croire qu'ils servent à quoi s'il vous plaît pour qu'ils continuent à nettoyer votre merde, pour qu'ils la bouffent aussi de désespoir! utiles à la société? Mais encore? Utiles dans quel sens, utiles parce qu'ils ramènent de l'argent tels des fourmis inlassables? Et dés qu'une conscience a le temps de naître malgré vos horaires infernaux, vous donnez un coup de pied dans la fourmilière et vous regardez amusés la débâcle funeste qui se déroule loin de vos yeux. Prenez garde qu'un jour les insectes que vous prenez pour esclave ne regardent pas vers le haut, et qu'ils vous voient là, dans vos appartements immenses, affalés sur vos canapés, pétris d'orgueil et remplis comme des barriques. Vous foulez le même sol que nous, n'oubliez jamais ça.

Vous n'avez plus rien d'humain, vous êtes d'une autre espèce dorénavant et la nature ne vous le pardonnera jamais. Gobergez-vous bien pendant qu'il en est encore temps, un jour vous vous vomirez.

Comme s'il fallait être utile pour mériter de vivre quand chaque vie est une danse folle, une oeuvre d'art en perpétuelle représentation, un cri d'amour jeté là au hasard, qui se pose sur les gens.

Chaque mouvement de la vie quotidienne, chaque mot, chaque regard est indispensable à l'univers car nous le constituons. À vous, les fourmis, les petites mains de l'amour, les hommes, je voudrais vous dire ceci. Lorsque vous prenez vos enfants dans vos bras, vous valez mieux que tous les millionnaires de la galaxie. Chacun de vos sourires fait se réveiller l'amour. Et vos larmes, oui vos larmes qui viennent frapper la pavé, tout comme vos pieds fatigués, ce sont autant de blessures infligées à l'harmonie.

Vous êtes beaux en tous points, avec ou sans travail, la vie bien menée est rémunérée par le bonheur un point c'est tout. Il n'y a rien à chercher ailleurs.

"Quand on ne travaille pas on pense beaucoup" disait encore Mohammed. Ah oui, c'est vrai ça... et on ne vous a pas appris à l'école à dompter cette pensée, à l'affronter, à la connaître, et à vous reconnaître en elle. Cette pensée qui vous effraie, c'est votre identité la plus profonde, c'est votre conscience d'humain qui vous murmure inlassablement du fond de sa prison que vous vous perdez petit à petit. C'est un crime que l'éducation ne prépare pas à ça. C'est une folie que le travail étouffe cette flamme qui ne demande qu'à réchauffer votre âme.

Cette pensée, c'est l'embryon de la révolte à venir, c'est un phare vers vous-mêmes. On vous ment perpétuellement, même avec tout l'or du monde et le travail le plus prestigieux qui soit vous ne serez pas heureux tant que vous ne vous connaîtrez pas. Vos pensées sont des fleurs qui ont besoin d'être entretenues, sinon c'est tout votre jardin intérieur qui se meurt. C'est ce qu'il y a de plus mystique en l'homme, de plus sacré, de plus fou. C'est une musique.

Envoyez paître vos patrons, crachez leur votre dégoût à la face et partez, partez! La liberté sommeille au fond de vos tripes, il faut la prendre sans demander, de toute façon elle est toujours d'accord, elle est à l'homme. Marchez libres, goûtez ce sentiment exquis, rien ne vous retient, ensemble on peut inventer la vie, et nous ne nous laisserons jamais tomber. Partez, réunissez-vous, cultivez un bout de terrain, discutez ensemble, hébergez-vous les uns les autres, apprenez à vivre sans eux, vous n'avez rien à envier, tout est à vous, vous êtes tout!

Nous apprendrons ensemble à changer les règles, d'ailleurs des règles, il n'y en aura pas, nous vivrons avec des valeurs, selon l'éthique et c'est tout! Les règles c'est bon pour les enfants, et l'enfance ça ne dure qu'un temps. Nous recréerons l'éducation, tout passe par là, c'est là que les valeurs doivent se transmettre, c'est là que l'on apprend à être un homme. La politique? Laissez-tomber, pari insensé que de vouloir imposer à des milliards d'êtres humains un modèle unique, figé. Vivez selon votre éthique, soyez un modèle pour les gens qui vous entourent, et les gens vous écouteront, les gens vous suivront même. Laissez-leur le temps, sachez être, n'attendez rien des autres, n'imposez pas, soyez et vous agirez immanquablement sur votre coin du monde, faites-moi confiance. Il suffit d'un homme pour animer les consciences car nous sommes tous d'une même réalité, d'un même système que nous tentons de comprendre jour après jour. Et voilà, c'est pas plus dur que ça, vous verrez, on arrête tout: le profit, les jugements, les lois, la standardisation, la réification.

Les choses n'ont de valeur que celle qu'on leur accorde...

vendredi 13 novembre 2009

L'absolue beauté de la musique

L'absolue beauté de la musique c'est ton air qui passe inlassablement dans l'air, faisant vibrer les atomes de cette danse aux innombrables formes.

C'est la sensation troublante de légèreté dont l'âme s'imprègne et gonfle à tel point que le corps veut s'envoler qu'il devient trop étroit, comme si l'on aspirait à plus, à devenir libre comme ces ondulations rythmées qui troublent l'immobilité du silence.

Absolu, beauté et musique sont des mots faits l'un pour l'autre, sont des mots d'un temps absolu. C'est un claquement de corde où résonnent ces fréquences magiques qui se déroulent comme une cascade.

Un fleuve roulant dans mon coquelet, une géométrie un peu folle, une disposition improbable des ondes vibratoires, une caisse de résonance faite dans l'extase avec l'exquis comme matériau et l'humain comme chef d'orchestre et public.

Cette musique peut éclater dans la tête: imaginez un mot, suspendu, là, dans votre esprit, qui viendrait se fragmenter en mille milliards de notes assorties sur des couleurs pareillées et qui viendraient s'envoler comme des papillons emportant leur secret, distillant cet amour à peine éclot, éphémère, jusqu'à brûler dans l'instant.

La musique c'est tous les sens à la fois: cette vision anarchique où la géométrie prend parfois des airs de labyrinthe; cette sensation de picotement dans le corps et cette envie d'éclater au grand air; ces goûts sonores qui éclatent sous vos yeux à la saveur mélancolique; et ces sons qui prennent forme: les escaliers dorés du piano montant vers la aigus, et ces odeurs de bois S'empaquettant dans les graves.

Les mots peuvent représenter cette symphonie qu'ils composent, qu'ils comportent et qu'ils déposent comme des offrandes à qui sait les faire s'envoler, comme des bulles émanant d'une âme ou bien d'une bouche. Il faut les dénouer délicatement pour qu'ils délivrent leur sens épicé et roucoulent décomplexés.

C'est suave la musique, quand ça glisse sur l'esprit en l'enroulant dans du miel. c'est doux, c'est Vénus parlant l'humain à l'homme, c'est le soleil retenant son feu pour écouter.

Il y a une oeuvre qui gît en nous, de celle qui vous relie à l'univers qui peut alors écouter vos prières puisque vous parlez enfin sa langue, cette oeuvre c'est celle déposée en nous, comme un chemin à emprunter: l'absolue beauté de la musique.

L'absolue beauté de la musique c'est Dieu qui nous répond "je t'aime, je t'aime".

vendredi 6 novembre 2009

Petite Terre

Petite Terre perds pas courage.
Petite Terre perds pas confiance.
Même s'ils continuent de têter ton sein alme alors que tu te vides de ton suc.

Petite Terre tout n'est pas perdu. Regarde, regarde ces gens que tu abrites et qui souffrent avec toi.
Observe bien leurs yeux, tu aperçois cette flamme qui vacille au milieu de la nuit?
C'est la couleur des pauvres qui inlassablement réparent ton manteau. Les petites mains de l'amour qui tissent la toile de ton destin, c'est eux, c'est eux! Aperçois-tu dans ta lente agonie, cette danse des âmes en ton nom, en ta gloire? C'est la cellule de ta guérison, ton cancer inversé, ils en détiennent la clé aime-les, aime-les, aime-les.

Petite sphère qui va dans l'univers dansant sur de sombres prières pour des pères que nous ne connaissons pas. Pardonne-nous. Si tu es sêche par endroits, si tu perds tes cheveux, plusieurs millions par jour, c'est notre faute. Si tu te réveilles le matin, la bouche pâteuse, une migraine infernale et du mal à respirer, c'est que nous t'asphyxiont. Tu as mal, dis? Tu as mal, comme nous, comme eux?

Petite lumière dans le ciel, ne t'éteins pas surtout, ne prend pas froid. Nous sommes une espèce qui met plus de temps à grandir que les autres. Quand il faut 2 ans pour certains de tes enfants, notre adolescence se compte en milliers d'années.

Petite perle azurée, nous apprendrons à panser tes blessures, et nous danseront plus fort que la glace enkyste.

Petite Gaïa, Dieu que tu es belle. Nous sommes une part de toi alors comment les choses pourraient-elles ne pas s'arranger, comment pourrions-nous continuer à nous mutiler? Il faut comprendre tu sais même si c'est triste, même si ça blesse.

Petite maman, te souviens-tu les jours heureux? Y en at-il jamais eu? Te souviens-tu ces jours merveilleux où la mort donnait la vie, se faisait sage-femme inter-espèces? Je m'en souviens tu sais même si je n'étais pas là, je m'en souviens par toi.

Petit berceau qui va rouillant, tiens bon encore quelque temps, tout vient à point ou tout s'en va.

Petite vie ne t'éteins pas, nous gagnerons à force d'amour.

Petite Terre, ne t'arrête pas, tourne, tourne, et tout ira tu verras.

Léopard

Un fantôme glisse parmi les arbres, dans les ombres vespérales qui épousent sa robe.
Démarche sylphide d'un autre monde, ange des ténèbres dont les motifs hypnotisent, fuient la raison. Tout le monde dort et cette présence jamais ici s'en va dans son royaume, avec l'assurance des dieux.

Des épaules musclées sur un cou épais. Une tête massive aux crocs acérés. La couleur du sable qui vient manger les contours de la nuit dans une douce transition formant cette diaprure cerclée sur le pelage. La bête marche parmi ses sujets.

Tueur solitaire à la beauté démoniaque qui fascine même ses proies. Puissant tu grimpes dans les arbres avec l'agilité du vent, tenant fermement en ton pouvoir la proie qui de ta gueule pend mollement. Tu soulèves avec célérité ces kilos inertes qui pèsent pourtant plus lourd que toi, athlète incontesté.

Les arbres, ta demeure, où nonchalant tu t'affales sur une branche et laisse pendre tes pattes dans le vide sur lequel tu sembles danser. Ta queue remue lentement, et marque la cadence de ces nuits africaines à la chaleur de plomb. La forêt t'adule et s'incline vers toi, elle te cache en son sein, puissance gracieuse parmi les apprentis tueurs. Tu es le prédateur de l'arrogance. Ton corps au repos semble agité sans cesse à sa surface, théâtre d'une danse sacrée, invocation d'une mort violente, d'une mort sublime.

D'un geste brutale, assuré mais sans orgueil, tu décides qui doit mourir pour toi ce soir. Si j'écoutais mon coeur, je t'offrirais mon cou dans la tendresse d'un ultime élan que tu briserais d'un létale éclair, et ainsi dévoré dans ton étreinte, puis digéré, je sublimerai mon être et deviendrai, moi simple humain sans grâce aucune, figure évanescente sur la toile de tes muscles insensés.

Les modèles

Ecrire est une passion dévorante, plus qu'une passion que dis-je c'est un style. De vie, un style d'amour. Ça vous remue les tripes, ça vous prend là dans tout le corps, qui se languit sans trop savoir pourquoi, sans trop savoir comment...

C'est un léger courant qui vous porte, vous le suivez ou le laissez filer. Une voix, qui glisse avec aisance sur le monde des esprits, sur l'invisible, une voix pour s'accorder.

C'est vous, mes modèles, qui m'avez fait entendre cette musique visuelle, cette écriture symphonique, cette synesthésie de tous les sens réunis. Vous ouvrez au hasard des portes dans le noir, des portes vers la lumière. Et je ne vois plus que ça, et je n'entend plus que vous, qu'eux tous, que notre mère, que notre père, et cette source intarissable à laquelle je m'abreuve, loin de leurs sillons ensanglantés d'un sang pur, d'un sang pur comme les étoiles et qui vient tacher leur anti-conscience.

Emmenez-moi avec vous. là-haut! Ce serait formidable. De voler, parmi vous. Je sais des voies vers votre voix, je les emprunte assez souvent, quand ça me prend, quand ça me chante.

Et je gueule, je gueule si fort à l'intérieur que ma carcasse en tremble, que mon coeur fait du tam-tam, me montre un rythme ineffable. Je gueule si fort dans leur silence de nécropole que mon être s'étire, englobe assez d'espace pour que le silence de leur mort et de la décomposition ambiante soit remplacé par mon silence, assourdissant, et lénifiant tout en même temps.

Vous êtes là. Je le sais. Je vous vois vous savez, je vous entends. Et vous me prêtez vos voix sans le savoir, ou bien le savez-vous, et vous venez me visiter quand je vous appelle, alors je vous dit merci.

Merci Léo... Merci Céline... Merci Anders. Petit à petit j'ai recueilli les morceaux de mon être éparpillé, brésillé en mille milliards de mille morceaux. C'est au son de votre musique que je me suis réchauffé, lorsqu'il faisait froid et que le courage me manquait.

Les modèles, les modèles, les modèles... C'est un drôle de mot pour vous nommer. Inapproprié? Si l'on veut. Mettez-y ce que vous voulez à l'intérieur. De toute façon les gens s'en foutent! On ne reconnaît même plus les fleurs en plastique des véritables, des authentiques. L'inerte se fond dans le vivant, en fait sa deuxième peau en ces temps accélérés.

Les modèles. Certes. On pourrait discuter ce choix. On pourrait le critiquer, comme l'époque aime tant à le faire. On ne fait tellement plus rien, que le peu qui ait fait, on s'empresse de le critiquer, de l'interpréter, de donner son avis, de le discuter, de le disséquer, on a même des spécialistes pour ça. L'art est un fruit qu'ils vident de son jus sans ménagement. Parce que ça leur fait peur, la vie. Ça leur fait peur l'amour. Alors bon, laissons les discuter.

Ils discuteront, et nous, nous mangerons. Les dernières femmes se sont envolés avec la fin du monde, j'irais les retrouver parmi vous. Dieu que les femmes me manquent de nos jours. Elles ont toute déserté. Ce n'est pas possible elles se sont passées le mot ou quoi. Et elles ont cru pouvoir nous piéger, avec ces poupées faméliques, fardées et dégoulinantes de mascara, de l'embarras de leur corps étranger, qu'elles n'habitent plus. Elles ont cru nous AVOIR! et elles ont eu raison, lorsqu'on ne reconnaît plus les fleurs, il est temps de mourir. "On ne couche qu'avec des morts" disait Léo. C'est vrai. Nous on couche avec des mortes que l'on a maquillées en poupées. C'est triste le monde moderne. Pas un sourire rien, on vous rend la monnaie puis vous vous taillez, loin d'ici, loin du froid de leur rayons frigorifiques où il entassent la fausse nourriture. Morte elle aussi depuis longtemps et remplacée par le vide, celui qui tue.

Ils ne savent plus sans vous. Ils ne savent plus... Vous... Les modèles. Pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font, ils ne savent pas qu'ils non vivent.

Les modèles... Nous sommes seuls. Si seuls ici depuis que votre voix est recouverte par l'acier froid et le ronronnement des machines qui tournent sans cesse, qui tournent sans mort, comme la mort.

Merci quand même...

Les cons

J'évolue parmi vous, mais je suis d'un autre monde. Vous portez le malheur et vous ne le savez même pas, vous foncez, tête baissée, dans votre propre négation.

Nous sommes nés sur la même planète mais je suis d'une autre étoile. On vous laisse des copies de sentiments, des simulacres d'existences, et on vous laisse jouer avec, comme les gosses que vous êtes. et vous ne vous en rendez même pas compte, trop occupés que vous êtes à examiner en spécialistes de l'inaction, du non-être, les produits de vos mensonges, que vous jetez par les fenêtres.

Tu es sur cette Terre mais moi j'y suis plus que toi. Ton regard s'approprie, ton regard asservit et c'est ta propre servitude que tu projettes sur les choses. Mon regard s'interroge, mon regard s'attendrit et c'est mon propre amour que je projette vers les entités.

J'existe, là, ici, ailleurs, au milieu de vous, meute de loups aux crocs bien aiguisées, au milieu de vos questionnements enfouis, ravalés par l'orgueil que vous dégueulez en façade pour ne pas vous faire bouffer par votre propre ego de carton qui vient remplacer jusqu'à vos identités même.

Il croit l'aimer et elle aussi. Ses organes cassés, atrophiés, sont soutenues par les siens, blessés, incomplets. Votre amour n'est que béquille s'appuyant l'une l'autre, votre amour n'est qu'équilibre sur du vide, n'est qu'illusion. Mon amour n'est pas votre fiction, il est sans concession. Mon amour ne se repose pas sur les autres, il les nourrit. Mon amour ne prend rien, il donne tout et prend ce qu'on lui donne, ou il s'en va pour rester seul avec le monde, un point c'est tout!

Vous êtes beaux, vous êtes grands, vous êtes puissants, rois trismégistes qui s'annulent.
Et je suis laid, je suis petit, et vulnérable mais pas mon âme, mon âme vous ne l'aurez jamais. Vous comprenez, nous ne volons pas dans les même sphères. Les sphères d'influence ne côtoient pas les sphères de l'énergie. La roue du pouvoir ne tourne que dans la vide. Il faudrait descendre de vos roues dans lesquelles vous courrez comme des hamsters, pour pouvoir enfin fouler le chemin que j'emprunte. Et puis comprendre enfin, que vous êtes cons! Et naître! Au monde, naître à vous-même.

JE VOUS AIME!

lundi 2 novembre 2009

Toi

Toi toi, toi.

Dans le creux de mon âme
Lovée comme un chat,
Tu dors vénus femme
Entourée par les rats.

Et moi l'amour dans les yeux,
Je contemple tes cieux
D'où coule un peu de sel
Telle la pitié du missel.

Emporté par l'élan de mon sentiment libéré
Je tends mes bras ouverts vers la vallée de tes rondes
Jaloux, j'entends les dieux qui se réveillent et qui grondent
Innondant nos destins de leur injustice sacrée.

Pendant ce temps là tu tournes autour de mon chagrin,
Affamée par la peine qui sourde de tes reins.

Et ceux que l'on attend plus se lèvent.
Se lèvent pour couvrir
Ton corps toujours d'accord
Qui s'ouvre à leur désir.

Et moi moi, moi.
Vieille âme trahie,
Je flâne déjà mort
Voulant mourir encore

Toi toi, toi.

Qui je t'aime ne m'a jamais dit
Aurais-je du fondre sur toi
Comme ces rapaces alanguis
Qui de tes courbes divines ont su se faire rois, rois, rois.

samedi 3 octobre 2009

Tripalium

Nous, les hommes, si nous pouvons encore nous nommer ainsi, avons fait de la souffrance une routine.
Nous les hommes...
Lorsque toute espèce vivante dotée d'un système nerveux s'éloigne au contact de la douleur, avec la plus grande célérité permise par la biologie; nous, les hommes, la recherchons, la cultivons même.

S'il est admis que la souffrance mentale est la plus dure, la plus perçante; c'est pourtant celle qu'on endure le plus souvent, avec le plus de constance, tel un métronome de la capilotade.
Chaque jour, ainsi, le flot d'humains devenus unité, mué en identité unique, se rue sur les routes de la torture, s'y bouscule et s'y dispute les meilleures places.
En même temps que le soleil ou la lune, ou les deux, l'homme se brûle les ailes et approuve, sous le regard désapprobateur des saisons qui passent et tentent en vain de panser nos blessures, de nous inciter au repos.

L'homme ne marche plus! Marcher est un privilège de fainéant. Marcher? quelle horreur! Il faut courir voyons! Il faut glisser, sur ces tapis roulants, sur ces escalators de l'ennui qui transportent nos carcasses tels des bovins à l'abattoir; avec musique en option pour bien détendre les neurones qui vont servir à alimenter la grande mangeuse et son amant: l'économie et son profit.

Nous ne sommes plus rien, que des nombres intercalés entre les deux infinis, que des ombres cachées entre le réel et le virtuel. Des potentialités gelées tout au plus. Des mortels empaillés.

La souffrance ça se mérite, il faut apprendre à rouler plus vite, à voler même s'il le faut, voler dans le ciel, voler par dessus les nations; voler le ciel, voler les nations.

La souffrance, on l'aime ou on CREVE!!! Nom d'un chien!

mercredi 30 septembre 2009

Léo

Des cheveux blancs qui lui font comme un nimbe lorsqu'il regarde au ciel dans la lumière des spots.
Cette écorce épaisse qui lui couvre le visage, abritant cette sève dense.
Au milieu: deux puits où gît l'humanité comme dans deux trous noirs.
Et cet air las du guerrier de la vie, du marcheur sans destination, qui a vu du pays...
Et puis dessous; dessous y a cette âme; aérienne; qui envole les pensées comme des bulles de champagne, qui vous montent à la tête, comme des oiseaux prophètes.
Il y a ce corps bien planté, qui plonge ses racines sur le sol ainsi foulé.

Puis cette voix qui s'élève, qui dresse des monuments à la gloire des gens simples, aux héros oubliés dans les cales des usines, tels des bateaux fantômes qui n'ont pas mouillés leur cul dans les eaux du destin.
Elle donne forme à nos tripes qui s'endorment débiles, dans les froufrou de leur fiction, de leur monde illusoire où l'on récolte l'homme à la passoire de la norme.
C'est comme un baiser divin, melliflu, déposé sur chaque âme comme le tampon de la vie.

J'ai descendu tes mots dans le sens du courant, j'ai découvert le beau en buvant ton chant.
C'est un peu de ton style qui transparaît là, dans ces pavés jetés sur ce cahier ouvert.
Mon histoire je l'écris, à l'encre de tes mots qui irriguent ces pages d'un sang impur, d'un sang vrai, qui fait battre vos tempes! qui bat la mesure de l'incommensurable.

Bleu, BLEU! S'écrit-il. Laissez vos âmes redevenir bleues, comme au temps des humains où le ciel ne pleurait pas d'être sali, où l'envers n'était pas encore l'endroit et le bonheur détruit.
Puis faisant cligner ses paupières, pour rattraper cette palinoptique réalité, il regarde derrière cet horizon en carton que l'on appelle profit.
Son prénom c'est Léo, pour d'aucuns, il est là-haut et pour d'autres il est dedans. Dans chaque battement de coeur, dans chaque larme versée, dans chaque amour perdu, il existe éphémère, jetant des ponts sur la mer.

Je t'aime pour les ailes que tu colle sur nos âmes exsangues.

dimanche 27 septembre 2009

J'écris

Ce soir j'écris pour:

la chaleur du nid, celle de la famille et de son pouvoir lénifiant.
L'harmonie d'une musique dont les vibrations viennent résonner dans le coquelet avec douceur.
L'amitié, qui vient vous libérer chaque fois que vous vous ensablez dans les contraintes.
Les gens dans les parcs qui vont et viennent s'imprégnant de l'esprit des lieux, de la vie des arbres et de la nature.
La caresse du soleil qui fait se rouler par terre les animaux.
L'effluve d'une femme qui embrasse toutes vos cellules jusqu'à étourdir la conscience.
L'odeur de la nourriture d'antan, celle qui réunit, celle qui sublime les nécessités, fait de la survie la vie.
J'écris pour ma famille: l'amour des parents qu'on ne mérite pas tout le temps et qui pourtant vous inonde de sa constance.
Celui des grands-parents légèrement teinté d'inquiétude et qui se repaît de notre insouciance.
J'écris pour Courtilles et ses maisons agrestes, derniers remparts contre l'hiver. Ces demeures faites pour affronter la nuit et le froid. C'est la présence des autres qui est propitiatoire à la vie, au bien-être.
J'écris pour le détachement que procure une escale chez maman et papa. Cette petite pause dans la routine qu'on s'est construite, on se laisse aller, vivre, ça ne dure jamais assez comme toutes les trêves.
Je chante les soirs d'été sur la terrasse à Corbés, à manger et boire le sang de la terre, à partager le savoir qu'être en vie ça se fête, réunis.
Et puis les voyages en train ou en car. D'une petite impulsion de départ, on obtient son billet: le droit de se reposer d'un point à un autre, le droit de donner les clés à quelqu'un d'autre et de vagabonder avec alacrité parmi les pensées qu'on égrène comme du bonheur, comme des notes de musique.
J'écris pour la marche, ce mouvement qui devient progressivement naturel, qui vous emmène autant que vous l'initiez. Lorsqu'on marche, l'on est souverain, l'âme tranquille et sûre d'elle attire tous les regards quand elle avance, c'est la danse de l'univers.
J'écris pour les ciels étoilés d'été à la campagne. Ce scintillement du firmament qui irradie des profondeurs, de cette couleur bleu nuit qui appelle l'infini.
J'écris pour la planète qui nous abrite et nous nourris, au sein même de la violence de l'univers qui ne cesse de se détruire pour rebâtir.
J'écris pour moi, oeuvre d'art qui donne forme nouvelle à la vie, pour mon chemin qui aime les détours et qui se perd pour resurgir, pour la symphonie que je compose jour après jour, temps après temps.
J'écris pour vous, qui cherchez du rêve, qui cherchez la vie dans ses signes, pour que vous retrouviez votre voix.
J'écris pour Tout, à qui j'emprunte des morceaux de vérité, à qui j'emprunte l'humanité.
J'écris autant que je parle avec des courbes, mélodiques ou graphiques, pour encenser la forme, la souligner dans son envol.
J'écris!

samedi 26 septembre 2009

La vérité sur la vérité

Dans ce texte, je vais tenter de développer et d'exposer deux théories fondamentales de la vérité. Par vérité, j'entends l'explication de la nature de l'univers et de tout ce qui est. Il semble indispensable de commencer cette réflexion par un petit rappel des connaissances actuels en physique.

Si l'on s'interroge sur la nature de l'univers, de la réalité, sur le plan physique, il apparaît que toute chose est de l'énergie. En effet, la matière est une forme d'énergie; ce que nous appelons le vide est rempli d'énergie (énergie noire, photons...). Nos pensées sont caractérisées par les influx électriques du cerveau (notez que je ne dis pas qu'elles naissent de ces influx), bref absolument tout, du virtuel au concret, est fondé par l'énergie.

Ainsi nous connaissons celle-ci sous différentes formes ou modalités d'existence: la matière, le vide (qui est rempli d'énergie), et l'énergie au sens plus traditionnel (chaleur, mouvement, électricité...).

Qu'est-ce que l'énergie? Pas plus moi que les astrophysiciens les plus doués ne savent ce qu'est l'énergie. On peut la mesurer, la classer, étudier ses effets mais fondamentalement, en substance, c'est une notion inconnue. Donc cela implique que nous n'avons pas la moindre idée de ce que nous sommes, de ce que le monde est.

Pour en arriver à cette "philosophie de l'absolu", du tout, il suffit de partir d'un simple problème langagier. Lorsqu'un énonciateur formule son énoncé, il utilise généralement un code (la langue) accepté par convention et qui servira à la communication entre les individus. Si cet énoncé n'est perçu par aucun co-énonciateur (au sens entendu par Culioli), a-t-il réellement un sens? Imaginons que l'énonciateur en question est le seul survivant de l'humanité et de toutes formes de vie dotées de conscience. L'énoncé a bien du sens pour lui mais s'il venait à mourir, quel serait le garant, le gardien du sens de cet énoncé. En outre l'énoncé existerait-il toujours (même s'il est écrit sur du papier). Ainsi, le sens est-il quelque chose qui est crée par l'individu lors de la réception d'un signe? Ou bien est-ce le signe, la "chose en soi" qui renferme son propre sens et dés lors, le récepteur ne serait qu'un pêcheur, un témoin.

Cette dernière solution semble difficile à croire lorsqu'on admet toutes les difficultés de communications inhérentes au langage et à tous systèmes de signes. En effet tout système de signe pré-suppose, pour être compris, une culture commune, un partage, une convention. Or même dans ce cas, rien n'empêche un individu de donner un sens nouveau à un signe pourtant accepté par tous depuis longtemps. C'est simplement l'imagination qui va donner son sens à un signifiant. C'est donc une action purement individuelle bien que l'homme ne lui accorde de valeur que par la reconnaissance des autres (c'est ce que Saussure appelle l'arbitraire du signe).

S'il semble en être ainsi pour le sens (et la multitude de langues existantes ainsi que leur différentes manières de représenter le monde sont un facteur supplémentaire qui abonde en ce sens), qu'en est-il de la réalité?

Rien, sans conscience, ne peut prouver, témoigner de l'existence de la réalité. Elle pourrait très bien être là aussi une production purement individuelle façonnée par l'esprit. cependant l'homme en étudiant la matière (et donc l'énergie) a trouvé des traces et les preuves de l'existence de celle-ci précédant de loin celle de l'humanité et de sa conscience. Il serait douteux que ce soit l'individu qui ait donné forme à cet état de fait... Pour quelles raisons? La peur de se sentir le maître d'un monde illusoire?

Cette explication ne trouve aucun écho en moi ce qui me pousse à l'éliminer temporairement. Les preuves de l'existence très ancienne de l'énergie impliquent donc que la réalité existe hors de l'homme. L'homme et sa réalité (celle qui est filtrée et distillée par sa conscience) sont telle une cellule évoluant dans un milieu avec lequel elle entretient une interaction. Le cerveau et la conscience sont le relais entre cette réalité physique et notre réalité perçue que l'on pourra nommer: réalité anthropique.

Ainsi semblons-nous vivre dans un monde à la réalité physique indépendante de notre existence. Au contraire, le sens, semble être une production purement humaine tendant à être la digestion, la réaction de notre conscience (et donc de notre réalité) face à la réalité extérieure qui nous est inconnue (physiquement, la grande majorité de l'univers nous est invisible, le cerveau et la conscience, filtrant et traitant l'information pour en donner une version qui nous est propre et diffère selon les espèces). Ceci aurait pour conséquence qu'un énoncé n'a pas de réalité physique (hors de nous), et l'émission et la réception d'une information ne serait que l'appel d'une conscience à une autre par l'intermédiaire de la réalité physique devenue support.

jeudi 3 septembre 2009

Cyclotron

Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, je vais vous faire chanter et danser avec mes mots d'anté-berceau! Emballez-vous! virevoltez! envolez-vous dans ce souffle lyrique des jours néants. Dans ce trou noir inversé, tel un endiablé volvus.

Entrez en transe, suivez la cadence sucrée qui agite vos molles guibolles! Voyez! Votre démarche capricante vient rythmer mes mots. Je les scande à vos faces vultueuses! Mes mots sont la forme de vos pensées!

Consumés, absorbés et happés, tout ça à la fois, dans ce vortex infernal. Vous êtes ici: sans dessus-dessous; La tête en bas; Les pieds en l'air; le coeur las; Et le sang plein de bière. Rertournez vos égos braves hobereaux, pour en montrer l'envers. Défiez la gravité et brésillez-vous dans la non-atmosphère. Entrez dans mon concert. Accordons nos sens à l'unisson et vibrons à la fréquence d'un cyclotron.

Musique de l'âme, musique des étoiles, musique du tout, musique du rien. C'est du pareil au même! On tisse sa toile, on se rejoint, jamais bien loin. À portée d'idée, l'amour pour véhicule déblindé.

Soudain!... on aperçoit le centre... L'origine de l'univers? On ralentit, on freine un peu... Mais c'est trop tard... On va crever! Et l'on sait pertinemment qu'on aura tout le temps de le ressentir. On se dirige vers la sortie, le manège ralentit. Un peu hagards, étourdis; La route fut longue et cahoteuse, en était-ce seulement une?

Oh voyez! Nos corps de chairs tout en lambeaux; Nos esprits d'airs tels des bateaux... Tout le monde entend le silence de cette sirène assourdissante qui pulse, pulse, pulse! De plus en plus fort à travers nos entités.

TERMINUS!!! Tout le monde descend. Ici la folie! Ou bien la vie comme ils la nomment aussi...

Ma gueule

J'ai une gueule de boxeur,
une gueule de cogneur.
Le regard enjôleur
et parfois l'oeil ailleurs.

J'ai la face lunaire,
de celui qui a souffert.
Où les cicatrices de la vie,
y ont pu faire leur nid.

j'ai le regard serein,
de celui qu'on aime bien.
Il y a la vérité sur mon front,
qui parfois me donne l'air con.

Mais dans le fond de mon coeur,
s'est tapie la douleur.
Et c'est le chaud de ma haine
qui fait gonfler mes veines.

Comme un coq de basse-cour,
chacun de mes pas est lourd.
Mais au fond c'est l'amour
que cache tous ces atours.

Et demain?

Il faudrait dire à ces hommes là,
que les gens qui meurent comme des chiens,
Aujourd'hui malheureusement,
ça n'arrive pas que demain.

Il faut que je te chante mon âme tout haut,
comme le ferait un oiseau.
J'ai des doutes sur la vie,
ça c'est ma musique de la nuit.

Même le rose de tes joues
n'empêche pas que je mes les pose
ces questions qui osent
troubler ma vie, la mettre en pause.

C'est une chanson en prose,
déclamée par Léo.
C'est une chanson jalouse,
qu'on range dans un fourreau.

Je t'ai rencontré un soir de tempête:
marin tanguant sur bateau ivre.
On s'est collé tête contre tête:
tu m'as donné ton envie de vivre.

Et moi du haut de mes 24 ans,
j'te regarde de haut tout en craignant,
d'écraser la fleur que tu es,
cette jolie pousse qui promet tant.

Tu sais si j'hésite à me lancer,
c'est que la conscience chez moi vacille.
j'ai construit une statue avec mes souvenirs,
et lentement je la déshabille.

C'était la nuit maintenant je crains,
d'avoir maquillé une poupée.

vendredi 24 juillet 2009

L'être et les mots

Je voudrais débuter ce livre sur la relation qu'entretiennent les mots avec la réalité, avec ce qui est, au sens originel. Il me semble indispensable, dans une société comme la nôtre, d'être conscient du pouvoir des mots qui comme toute
création humaine, est un moyen dont la fin peut-être déterminée seulement par l'Homme.

Cette réflexion fermente en moi depuis un an environ mais l'envie d'écrire un livre à ce propos m'est apparue en réfléchissant au terme d'"actifs" ou à l'expression "population active" pour désigner la masse laborieuse. À priori, point de sous-entendu dans l'usage d'un mot si anodin en apparence. Mais comme l'a décrit Saussure, aucun mot n'a de sens positif en lui-même, son sens lui vient par un jeu d'opposition au sein du système langagier, et sa "valeur" est changeante et alimentée par un réseau complexe d'associations, à d'autres mots, d'autres notions.

Ainsi donc, dés lors qu'on emploie le mot "actifs" pour désigner les travailleurs, on force l'utilisation d'un mot "négatif" (inactif) (au sens qu'il prend son sens, par ajout d'un affixe de négation accolé à son antonyme) pour désigner le reste de la population. Il serait naïf de ne pas prendre en compte l'impact de ce procédé sur la perception du sens figuré par le mot, de son "univers sémantique" dirais-je.

D'une part, l'emploi d'un terme "négatif" vient donc représenter toute une partie de la population, mais en plus, tout un réseau d'associations, de jeu synonymique et de liens sémantiques (qui forment l'univers sémantique) se met en place; et d'arrière-plan, passe en surimpression au premier plan, pour finalement devenir le signifié du mot. Pour rendre les choses plus claires, je prendrais l'image d'un arbre: le mot est un tronc sur lequel des branches et des feuilles (l'univers sémantique) vont pousser, jusqu'au moment où ces branches et ces feuilles sont si nombreuses qu'elle cachent tout ou partie du tronc. Et bien c'est le même mécanisme qui se met en place avec les mots, phénomène induit par le caractère systémique de la langue.

Etudions donc un instant l'univers sémantique du mot "inactif". Dés le début, des synonymes viennent alimenter le champ du signifié: léthargique, oisif, inopérant, désoeuvré, inutile (pour n'en citer que quelques uns)...Ses synonymes, vont à leur tour appeler d'autres liens, plus complexes, où les concepts, notions vont prendre racines: les inactifs sont coûteux
à la société; ce qui est inutile doit être jeté; l'oisiveté est dangereuse...

Ces opérations ne s'effectuent pas, en tout cas rarement, de manière consciente, et c'est précisément le danger des mots. C'est lorsque l'on est conscient de ce fourmillement perpétuel, de cette ébullition sémantique, que l'on peut s'affranchir des mots, que l'on peut s'en rendre maîtres de leurs "effets secondaires". Car pourquoi tous ces mots ont il une connotation péjorative? Parce que la société, l'usage, la morale, a insufflé en eux des projections de jugements de valeur. Le mot agit alors comme une lithographie, ce qu'il éclaire va recevoir l'ombre des motifs, de l'univers sémantique qui constitue le mot. Il transforme donc la réalité par un mécanisme de projection. Il nous semble évident dans le cas d'une lithographie, que les motifs qui seront projetés sur le mur, ou n'importe quel objet éclairé, n'en constituent pas sa réalité physique, sa substance, son hypostase; et que ces motifs, ces ombres, ne sont précisément que des projections, provenant d'une autre source. C'est le principe de: l'observateur agit sur l'observé.

On voit donc à travers cet exemple, comment une portion entière de la population peut être discréditée, dévalorisée, comment les mots projettent les jugements de valeur qu'ils contiennent sur la perception de la réalité qu'ils éclairent.

Nous sommes donc, et nous le voyons tous les jours, dans une société qui méprise, qui stigmatise l'inactivité, qui en soi, n'est ni mauvaise ni bonne et dont la valeur n'a pas toujours été la même (de la grèce antique à aujourd'hui, le jugement sur l'inactivité a bien changé). Bien au contraire, beaucoup de philosophes vous diraient que la contemplation entre en grande partie dans la fabrication de la sagesse. Cette population là, est donc marginalisée, victime de tous les processus de "réintégration", de standardisation de la société moderne, visant à la remettre sur "le droit chemin", à détruire la honte qu'elle lui procure. Si ces processus échouent, les individus sont jetés négligemment tels des machines usagées, remplaçables, deviennent la source d'une crise profonde, le témoin de la schizophrénie d'un monde qui nie sa diversité, qui ne se reconnaît que dans une part infime de lui-même. L'utilisation du mot "inactif" révèle donc bien des choses, et a bien des effets néfastes sur la réalité, car qui fait les réalité? Les Hommes. Et si les hommes n'ont pas compris que le signifié du mot "inactif" n'est pas la réalité de ce qu'il représente concrètement, de la "chose en soi", et que le sens n'est qu'une projection humaine sur une réalité qu'ils ne peuvent appréhender autrement, alors ils créent donc cette réalité là, celle qu'ils croient être la "seule", la "vraie".

Ainsi on commence à entrevoir la puissance "créatrice" des mots. Les mots sont le ciment d'une réalité que nous façonnons nous-mêmes pour lui donner sens, pour la comprendre. Et comme tout ciment, ils se solidifient, laissant ensuite au seul temps, et à "l'usage", le pouvoir de les éroder, de les façonner différemment afin de dessiner une réalité mouvante, en perpétuelle reconstruction.

vendredi 26 juin 2009

LISA

Faut que je te le dise aujourd'hui, tout ce que je peux répondre à ton ultime lettre c'est ça: je t'aime. Tu les as déjà entendu de ma bouche, ces mots là, et même d'autres j'imagine, maintenant que tu es libre, libre de moi. Je ne vois pas bien quoi dire d'autres après toutes ces années, j'ai bien essayé de t'oublier mais tu habites mon âme pour la fin de mon temps. Je ferme les yeux et c'est ta constellation qui s'imprime sur la nuit de mes paupières: ma Cassiopée.

J'aime ta personne, j'aime ce que tu es, même ce que je déteste chez toi, je l'aime par dessus tout. Je te connais Lisa, je te connais depuis le temps. Cette légère vibration que tu représentes dans la symphonie de l'univers, c'est la plus
douce que je connaisse, je rejouerai ta partitions des milliards de fois, d'ailleurs c'est déjà fait.

Tout tourne autour de toi dans mon monde, tu es le parangon de la vénusté, tous les mots sacrés inventés pour désigner la femme, dans toute sa puissance, ils sont incarnés par toi. Ton image rend la vie à tous les morts de cette société du spectacle, même les trains s'arrêtent pour te regarder, tu sais que je ne mens pas hein ma beauté...

Tu sais que je ne mens pas mais pourtant tu t'es demandé bien souvent, quel démon pouvait m'habiter, pour te fuir à ce point là, pour m'égarer si loin de toi, si loin de moi. Tu souffrais pendant que moi je mentais à tout va, je me mentais à moi, mais tu étais ma souffrance, tu l'abritais en toi, c'est toi qui saignait.

Si tu savais le nombre absurde de fois où je reste dans mon lit, fiévreux d'amour, à penser si fort à toi, si fort que j'espère que l'univers te fera parvenir ma dilection, qu'un accord secret viendra embellir ta partition. Ha, si tu savais, le nombre de fois...

Les années n'ont rien pu faire, n'ont pas pu altérer ce que tu as déposé en moi, je suis enceinte de toi. Tu le ressens, dis parfois, quand je pense à toi si fort, que mon coeur en tambourine d'épuisement, qu'il bat le rythme effréné de l'amour déraisonnable, de l'amour véritable?

Dis, tu le sens, quand mon âme se penche vers toi? Quand je plonge désespérément vers ta ligne de vie. Ce n'est même plus égoïste de ma part, je veux juste que tu te sentes aimée, je veux juste te donner le vertige, t'attirer
un peu à moi en pesant légèrement plus dans l'espace temps, en le courbant pour toi. Toi qui a tant souffert.

Tous mes souvenirs imprégnés de toi ont cette teinte onirique qu'ont les instants hors du temps. Mon esprit est une feuille, tu y as écrit la plus belle des poésie, avec ta vie, ton hypostase, coulant en moi, y imprimant ta délirante symphonie.

Quand tu dors, visage hiératique de déesse antique, je ne puis m'assoupir. C'est comme si le monde se construisait sous mes yeux, comme si j'observais Dieu à l'ouvrage, peaufiner tes traits jusqu'à la déraison. Je t'aime, ou plutôt, j'aime ta parcelle d'univers, je tournerais autour,
me satelliserais autour de ta taille si j'en avais le pouvoir.

Peut-être qu'à force de t'aimer si fort, je finirais par percer l'univers, y créer un trou noir où enfin ton coeur se perdra. Tu es fraîche comme la menthe, tu sens la fleur, le pollen. Tu respires l'amour dans sa dimension physique, mais sans vulgarité, tout est simplicité en toi.

Si tu étais une gare, j'arpenterais tes quais nuit et jour, je serais ton seul passager, présent à tous les guichets, j'achète mon billet en première classe, j'achète les trains pour que jamais ils ne démarrent. Moi je reste ici, avec toi,
je te tends la main comme un enfant à sa mère, je la tends si loin, en sanglotant.

Puis je tombe, je trébuche, je m'assomme contre le bitume. Y a personne pour me la prendre cette main, toi tu ne me regardes plus, je ne suis qu'une ombre dans ton décor. J'existe comme un fantôme, sans maison à hanter. J'ai la tête contre le sol, je me suis encore perdu, tout tourne autour de moi, autour de toi, le monde ballote, virevolte dans ta chevelure blonde, crinière d'amazone, tapis d'étoiles. Par terre, sur l'asphalte, tu te détournes de moi, objet sans valeur, détail scénique dans ta pièce enchantée.

Je voudrais m'enfoncer dans la terre, du berceau au cimetière, pour n'avoir pas su te satisfaire, pas su te plaire.

Tu es le centre de l'univers, les voyageurs de toutes galaxies s'arrêtent devant tes courbes. Tu ne sais rien faire d'ordinaire, tout est art en toi, tout est grâce, tu es l'éclipse de l'univers, tu es la fin de ce monde.

Vois, à cause de toi plus rien n'existe, tout se brésille dans un dernier ballet, tu défais les lois de la physique allègrement, tu rends Dieu envieux. Et toi inconsciente, tu continues ta mortelle valse, nihiliste jusqu'au bout, ou peut-être trop naïve après tout. Tu as désintégré toute chose pour en faire ta parure, Dieu est mort ce soir, c'est la fin des temps, et tant mieux si c'est toi.

samedi 30 mai 2009

À ma mère

Ton amour débordant
De ton corps si fragile,
Sur mon coeur ignorant,
Veut trouver un asile.

Si mon âme fuyante,
Parfois, délaisse mes pensées,
C'est à des portes closes
Que ta dilection s'oppose.

Pourtant, l'aimant de ta tendresse,
D'un coeur pétri de pudeur,
Peut soigner toute faiblesse,
En exhumer toute candeur.

Et même si cet égoïsme
Te laisse parfois désarmée.
Sache qu'il pleure de t'aimer
Dans son criant mutisme

À mon père

Je ne serais jamais un génie,
Juste un simple poète,
Je ne serais jamais un génie,
Et ça tu le regrettes.

Je ne serais jamais façonné
À l'image de tes souhaits.
Et de mon oisiveté maladive,
Ton esprit s'est lassé.

Jamais réellement accompli,
Silencieux tu languis,
D'enfin me voir parcourir,
Le sentier de mon avenir.

Parvenu dans une impasse,
Tu éclaires ma route.
Et pour qu'hardi, je puisse faire face,
Sans cesse tu dissipes mes doutes.

Ignorant tout de la panique,
Tu déposes, visage hiératique,
Sur mon âme tourmentée,
ta douceur attentionnée.

mardi 12 mai 2009

Adieu

Ouf, enfin! Quel soulagement! Ces mots je les écrits enfin, je me libère d'un poids...Tout semble si simple quand on voit la ligne d'arrivée. Pour la première fois peut-être, je me sens libre, complètement.

Jusqu'à présent, je me laissais traverser par la vie. Tout ce qui m'arrivait ne me semblait pas vraiment réel, j'étais spectateur de l'existence. Je me plaçais bien au-dessus de mon pantin de chair, je lui insufflais un semblant de vie, un peu de normalité pour faire illusion. Il parait que lorsque la souffrance devient trop forte, l'âme sort du corps, elle s'enfuit juste le temps de reprendre son souffle. Je n'ai fait que ça depuis ma naissance, je n'étais qu'un étranger parmi vous.

Bien sûr j'ai vécu de bons moments: "dans un monde inversé, le vrai est un moment du faux".Cependant, j'aimerais, rien qu'une fois, habiter le présent, ne plus anticiper, ne plus préparer un avenir qui n'est qu'une lente agonie. Le monde est une société anomiée à l'intérieure de laquelle j'évolue en apostat, en roi de la procrastination. C'est bien simple j'ai toujours abandonné
ce que j'ai entrepris. Je suis le roi des projets que l'on ne concrétise jamais, le roi des belles idées sans maîtres, celles qu'on admire comme une beauté interdite. Peut-être était-ce l'impression que l'on me dépossédais de mes aspirations, naïves, de mes désirs, épars. Ainsi mes rêves, mélangés à ce sable routinier s'égrenant jour après jour, formaient un ciment, un ciment gris, froid, avec lequel je bâtissais ma prison. Condamné à vivre avec, à les observer quotidiennement,sans pouvoir y échapper, sans pouvoir réellement les saisir. Devenus étrangers, délétères, ils écartelaient ma conscience, la dispersaient dans l'inconsistance.

La vie pour moi s'est résumée à devoir faire des choix que j'aurais aimé ne pas avoir à faire. La vie pour moi s'est résumée à choisir:des intérêts, des activités, des amitiés, des réalités, puis à contempler l'océan de merveille que formait tout ce que j'avais écarté, faute de temps, faute de rentabilité, parce qu'on ne fait pas tout ce qu'on veut dans la vie, parce qu'il faut être utile, parce qu'il faut bien mettre à profit ce que tu apprends, parce qu'il faut bien se spécialiser, parce qu'il faut bien se sédentariser, parce qu'il faut bien manger, parce qu'il faut bien alimenter la machine, parce qu'il faut bien donner ta vie, parce qu'un
homme complet, c'est un homme qui comprend, c'est un homme insoumis, ça ne rapporte pas d'argent.

Mais moi je souffre d'indécision, depuis...presque tout le temps j'ai l'impression. Pour eux, il faut calibrer les vies sur des modèles préexistants, ainsi l'on peut prévoir, planifier, calculer. L'humanité est une espèce que l'on cultive intensivement. On a beau m'asperger d'engrais, de pesticide, rien n'y fait je ne grandis pas comme ils voudraient, mes fruits ne sont pas standards, ils ne
sont pas parfaits, pas esthétiques, plutôt étiques, mais ils ont le goût amer que provoque la liberté dans leur bouche. La seule chose qu'ils ne peuvent digérer. Je suis encore trop jeune pour qu'ils m'arrachent de la terre comme une mauvaise herbe, une herbe folle, mais je sais que ce jour viendra. Qu'ils se rassurent, je leur facilite la tâche aujourd'hui même. Je pars! De mon propre chef. Je pars avec mon intégrité, avec mon unité, je reprends ma vie avec moi. Elle et moi, on part en voyage, à travers le néant, au bout de la nuit.

Je vous ai aimé plus que tout au monde, c'est bien plus facile à écrire qu'à dire. Simplement parce qu'à travers l'écriture, c'est mon vrai moi, ce sont bien mes traits, mon idiosyncrasie qui s'exprime ici dans ces concepts. La parole n'est
qu'un acte dolosif, un jeu d'acteur, un mensonge. l'écriture est la vraie vomissure de l'âme. C'est l'humeur de la conscience et la main qui écrit est son émonctoire. c'est un bout de vérité, de l'authentique. JE VOUS AIME... Mon épitaphe. Allez maintenant dénaturer cette pensée pure, ce sentiment qui s'exprime sans médiateur aucun à part les mots. Essayez de rendre ces sentiments apocryphes, vous les contempteurs de l'humanisme, de l'homme. C'est impossible, car ces mots dégoulinent la vérité. Vous le garderez, ça, j'espère, avec vous dans votre monde, à vous, sur votre propre personne que j'espère inviolable, imperméable à leurs idées. Vous le garderez, hein, s'il vous plaît, mes parents, mes amis, les autres.

Continuez la vie s'il vous plaît en étant fier de vous: aujourd'hui, votre fils, votre frère, est devenu un Homme, celui de la légende, l'Homme véritable, l'Homme libre sans entraves, celui qui peut partir à n'importe quel moment parce qu'il n'a rien à regretter, rien à emporter que ce qui est en lui. Mais on se reverra, car rien ne se perd dans l'univers, tout est mutation.

J'ai conscience que pour certains, j'ai l'air totalement pathétique avec mon olographe dérisoire de pleutre neurasthénique, qui a peur de tout et tout le temps. Je le sais bien...Et ils ont raison après tout ceux-là. Les acharnés, les durs, les compétiteurs, les gagnants, les faiseurs, les réalistes. Parfois je regrette de ne pas leur avoir ressemblé. C'est drôle la vie, comme on peut passer à travers. Rester derrière le décor, en spectateur impuissant. Parfois, ça a du bon de rester en retrait, d'observer l'oeil attendri, plein de dilection, les hommes gesticuler, tenter, entreprendre, s'en sortir tout simplement. Mon plus
grand regret, c'est d'avoir méprisé outrageusement l'école, l'éducation, la culture, la connaissance. J'ai fui tout ça, j'étais si bête. Ma vie n'a été qu'une succession de fuites. D'ailleurs c'est la seule action me procurant un réel bonheur, une paix sincère, mon entéléchie. Démissionner. C'est ce que j'ai toujours rêvé faire, en l'osant bien rarement. Et bien voilà, cette démission là au moins, je l'espère, sera réussie. A moins qu'elle ne soit à mon image: incomplète.

Maintenant que je vois le bout du tunnel, j'ai des doutes, je ralentis... J'ai si peur de réussir, d'aller jusqu'au bout. Ma volonté vacille, soufflée par l'incertitude. L'échec me terrorise, l'angoisse s'empare de moi, me laisse en crise d'apoplexie. Stoppez dés maintenant votre lecture, ma loquèle est intarissable, je vous emmènerai, malheureux, dans mon univers cyclique, où tout n'est que perpétuel recommencement, où les choses n'ont ni début, ni fin. Il n'y a pas de péroraison à mon discours, c'est la dernière partie qui se répète inlassablement, sur le même ton, sur le même thème, c'est le même ennui que je décline patiemment. La même tristesse, mon anathème. La vérité? Je suis triste.

dimanche 25 janvier 2009

Dimanche

25/01/2009

Les Dimanche...ça a jamais été quelque chose de gai en temps normal mais là c'est devenu franchement morose. Je pensais que c'était dû à la redescente sur terre après folles ribotes et agapes du Samedi, mais ça ne semble même pas être le cas. En fait, même sans avoir côtoyé l'ivresse durant le week end, le Dimanche reste toujours aussi terne: une journée grise qui passe, silencieuse, qui compte pour du beurre...

Les Dimanche, mon état est franchement critique, surtout quand vient le soir, quand la Terre s'habille de son manteau de ténèbres, s'entoure d'une bulle insonorisée. Je voudrais la faire éclater ou au moins en sortir, peut-être que je manque simplement de volonté, d'inventivité.

Ce que je vis c'est ça: le froid d'abord, l'impression que même chez soi, le froid vient s'insinuer, profondément sans qu'on puisse l'en déloger, ou bien si l'on y parvient, on atteint l'état inverse: il fait trop chaud, on transpire, une sorte de sueur froide, l'impression que la peur suinte de partout, de notre propre corps. C'est l'incompréhension, tout devient dangereux, inquiétant, cette sensation de solitude, de fin du monde, quand Dieu se repose, mon coeur s'arrête. Le grand tout reprend pendant une journée, une soirée, le bonheur, la joie, que seul lui peut nous insuffler.

Il suffit de marcher solitaire, la nuit tombant, sous la lune grise: seuls les fous, les marginaux, les rejetés, les agressifs, les dangereux, les guerriers viennent offrir leur silhouettes étiques aux pâles rayons. On presse le pas dans les rues déserte, une tension se fait ressentir à l'approche d'un passant à la démarche suspecte, ombre maléfique qui vient croiser notre existence, pour un instant seulement. Si le diable existe alors c'est sous la forme de peur: la peur c'est le diable.

C'est pour ça que j'ai décidé de me battre, pour que la flamme de vie qui m'habite ne me quitte jamais, même lorsque dame nature semble endormie, même au coeur de l'hiver alors que les membres sont engourdis, alors que la volonté vacille, lorsque le coeur n'y est plus.

Les Dimanche, on ressent l'amertume des gens, leur hantise du lendemain, un lendemain symbole de labeur, de souffrance odieuse, imposée. Qu'ont les gens à espérer lorsqu'ils savent pertinemment que chaque Lundi leur offre la même perspective, le même horizon coupé net, une tranchée abrupte dans leur liberté, une saignée hebdomadaire qui n'arrache aucun cri, c'est l'effroi silencieux, celui de l'âme. C'est comme si chaque Vendredi soir, jusqu'au Dimanche très tôt, l'Homme moderne explorait son territoire, libre, ivre de tant d'espace, de possibilités, puis arrivé au Dimanche soir, la chaîne qu'on lui a attaché autour du cou se tend, le retient, prisonnier d'une parodie de vie, d'un authentique esclavage moderne. Tout est moderne maintenant, tout a évolué, les souffrances elles n'ont pas changé, elles sont justes teintées de technologie pour adoucir la pilule... Modernité...que ce mot n'a aucune saveur, s'il avait une couleur, ma synesthésie m'indique qu'il serait gris, gris métal, symbole de notre ère froide et dure.

Je me souviens, tous ces Dimanche à ne pas vouloir rentrer chez moi, dans ma prison, dans ma routine, dans ma survie devenue permanente, tous ces dimanche à étouffer autant de larmes d'incompréhension, de haine face à ce destin. L'envie de tout arrêter a parfois été trop forte, mais bon cela signifie la mort à court ou moyen terme alors ça ne dure pas longtemps, on remet son masque et revient vite dans le rang, avec la rage au ventre, avec le désespoir. On tente de le sublimer pour continuer d'avancer: "marche ou crève" comme ils disent.

J'ai fait ce qu'il fallait maintenant pour échapper à tout ça, en partie. Maintenant ce ne sont plus que des réminiscences de ces Dimanche annonçant des lendemain amusiques, des lendemain qui pleurent. J'ai fait ce qu'il fallait pour sortir un peu, dévier légèrement la trajectoire implacable, contrer cette gravité qui n'existe que dans nos têtes. Alors oui j'ai toujours ce spleen qui m'emporte parfois les Dimanche soir, mais dans le fond tant mieux, c'est le souvenir du malheur qui me fait apprécier la joie, la vie qui sourde en moi, qui a envahit, investit chaque parcelle de ma conscience. Je me suis ouvert à l'Univers,et chaque chose m'émerveille, m'émerveille parce que j'ai le temps, le temps de prendre conscience de tout ça, de nos chances, de nos vies, de nos espoirs, de tout ce qui nous entoure, de la vie qui est partout, partout présente, partout naissante, à protéger à sauvegarder, alors je la caresse de mon âme, je lui murmure mon amour et elle m'enveloppe, me berce, fait disparaître mes doutes et mes craintes, au-delà d'une symbiose, chaque fois que j'ai l'esprit à l'écoute, Dieu me dit, pas avec des mots bien sûr mais avec le langage de la vie (celui des sensations), il me dit: tu es moi, tu es en moi. Et je dois vous l'avouer, dans ces moments là je me sens fort, je me sens tout.

Surhumanité

Je voulais écrire sur ce que j'avais compris, mais maintenant que j'y pense, je ne sais plus ce que c'est...

Ah si parlons bioéthique: un mot à la mode, on en parle même à l'assemblée pensez-vous...
Faut-il ou pas jouer avec le génome humain? A son langage de programmation pour parler moderne. D'aucuns prétendent que cela nous permettrait de sortir de l'humanité trop imparfaite dans laquelle nous sommes englués et de passer dans la post-humanité: hommes et femmes au physique "parfait", qui ne connaissent aucune maladie grave, qui ont hérité des meilleurs gènes que leurs "parents" avaient à leur offrir. Vous l'aurez compris, nous parlons d'eugénisme et si quelques uns le qualifient de doux, je suis formellement contre cet adjectif qui induit une gradation dans la barbarie. Peu importe si les méthodes semblent douces, l'idéologie qui sous-tend un tel mouvement n'en est pas moins d'une brutalité et d'une froideur...comment dire...moderne?

D'autres vous diront qu'ils ne faut surtout pas toucher au grand oeuvre de la nature, à la manière d'un Aristote persuadé que tout a un sens, qu'elle réalise un but. Alors dans ce cas là, la nature n'a-t-elle pas prévu l'Homme? l'Homme et ses balbutiements dans la science de la vie, l'Homme et sa volonté de toute puissance? à méditer. En tout cas plus on observe cette nature, son apparente simplicité qui cache une telle complexité (que le mot n'est plus assez fort pour illustrer un tel état de fait), plus on la contemple cette nature, plus on la découvre dans sa multitude formant une biosphère unique, un être immense, plus il apparaît évident que tout a une cause et une conséquence. Alors si l'Homme a des maladies, ou peut développer des gènes qui nous semblent indésirables, peut-être est-ce pour une raison? Ne retenons-nous jamais les leçons du passé? Quand nous avons voulu jouer les apprentis sorciers et que nous avons tout déréglé, en atteste la crise écologique dans laquelle nous avons foncé tête baissée.

Alors oui, même si l'humain fait tout capoter, la sanction sera la disparition pure et simple de son espèce, mais pas seulement, il aura fait disparaître tellement d'autres vies avec lui. Tout cela ne vaut-il pas la peine d'être sauvegardé? Et puis après tout qu'est-ce qu'on lui reproche à l'humanité hein? Pour vouloir la rendre encore plus productive plus belle, plus, plus, plus, toujours plus! Mais plus quoi au juste, n'est-elle pas magnifique telle qu'elle est? à quoi bon vouloir être plus productif quand c'est cela même qui détruit la planète, artificialise nos vies en leur enlevant sa substance, son sens, à quoi bon courir après des chimères. Devenir plus beaux, plus performants? en contre-partie de quoi? de la perte de la diversité? du hasard qui la crée? S'affranchir des maladies graves? Mais pour quoi faire? n'a-t-on pas tellement appris de l'Homme en étudiant les anormaux? les monstres? N'y-a-t-il pas une leçon à retenir derrière tout cela, tout ce lot de hasard, de défauts apparents, de ratés?

La nature ne connait pas les ratés, simplement la diversité. Chercher à vouloir tout contrôler...quelle absurdité, autant vouloir boire toute l'eau de la mer en une nuit! le bonheur ne se trouve-t-il pas dans le simple fait de vivre, de contempler la nature, de jouir de ses fruits, d'apprendre à la connaître, à se connaître, à se satisfaire de ce qui est déjà là? autour de nous, en nous?

Je suis convaincu que l'Homme détient un pouvoir absolu sur sa vie. J'ai remarqué qu'avec le temps et assez de volonté j'ai toujours obtenu ce que j'avais voulu. Le pouvoir de l'esprit est immense, on s'en rend compte tous les jours, demandez à Oliver Sacks si la "plasticité" du cerveau n'est pas épatante? demandez au découvreur de l'effet placebo si la volonté n'est pas primordiale!

Vouloir jouer avec les gènes serait comme vouloir modifier le moteur de sa voiture avant même de savoir conduire...quelle folie, quelle puérilité, l'humanité n'est qu'un enfant capricieux qui n'a pas la patience d'attendre pour obtenir les choses. Un enfant hyperactif, un enfant roi. Mais on ne reste pas enfant toute sa vie ou on le paie. La nature est notre mère, elle saura faire montre de sévérité lorsque le moment sera venu.

Réfléchissons un peu à ce qui fait un Homme, à ce qui fait sa valeur. Apprenons à nous accepter tel que nous sommes pour accepter ensuite les autres. Après il sera temps de changer, de mûrir, mais par la voie naturelle, celle de la sagesse de la conscience, de la réflexion. Vouloir brûler les étapes est le meilleur chemin vers l'échec et l'incompréhension. Seuls à ceux qui savent prendre leur temps, la nature révèle sa bonté, seuls ceux qui ne luttent pas contre le temps cessent de perdre contre lui.

Grandissons maintenant, ce rêve de surhumanité, il est en nous, il est accessible naturellement par la seule voie du progrès intérieur, de celui qui chemine aux côtés de la nature, celui qui suit le temps, qui en tire profit et enseignement, le progrès naturel et commun. Nous sommes tous parfait, nous sommes des surhommes en puissance, l'Homme est un Dieu qui ignore ses pouvoirs. Prenons le temps de découvrir tout ça à tête reposée: n'oublions pas qu'Enstein avait une anomalie cérébrale...