vendredi 31 mars 2017

Dans le reflet des vitres

Brouillon d'il y a quelques mois... Mais tout ici n'est que brouillon n'est-ce pas?

J'ai connu l'amour un jour vous savez. Ça peut paraître difficile à croire lorsqu'on me connait désormais, mais j'ai connu une femme que j'aimais d'une passion absurde. Cette femme m'aimait aussi, disait que j'étais l'homme de sa vie et désirait finir ses jours à mes côtés. Elle disait, je m'en souviens très bien, que l'amour était ce qu'il y avait de plus beau en ce monde. Moi, avant elle, je m'étais persuadé que c'était faux, que l'amour n'était qu'une illusion. Cette illusion pourtant, dure depuis maintenant presque neuf ans.

Combien de temps doivent durer les choses pour qu'elles perdent leur statut d'illusion? Je connais des vies qui durent moins que neuf ans et qui sont pourtant bien réelles... D'ailleurs, si les illusions n'étaient pas réelles, comment pourrions-nous en parler, comment les connaîtrions-nous, comment les vivrions-nous donc?

Je crois que cet amour est donc une réalité bien fondée, aussi tangible que le sol que je foule, aussi omniprésent que l'air que j'inspire, aussi durable que ma vie, qui sait peut-être jusqu'à sa fin programmée...

Aujourd'hui, je suis privé de cette réalité, je paye le prix d'un sacrifice immense, mais j'y gagne aussi d'autres choses, d'autres formes de plaisirs que le renoncement me permet d'obtenir. Pourtant, je sais que si cette femme revenait, car il n'est pas d'autre amour pour moi, je serais probablement près à perdre ces joies nouvellement gagnées, pour retrouver cette expérience dont les souvenirs m'étreignent encore avec tant d'acuité. Et qui sait, peut-être pourrais-je, grâce à l'expérience, concilier le meilleur des deux mondes...

Je ne m'arrête plus devant les vitrines de l'amour, car je n'y perçois jamais les promesses placées en devanture, mais je ne fais que capter, dans le reflet des vitres, ma gueule solitaire accompagnée du fantôme de tes yeux noyés dans les cheveux.

Tout n'est que souvenir. Mais j'ai connu l'amour comme vous n'oseriez le rêver...

Pas un jour sans musique

Il ne peut pas se passer un jour sans que sourde de moi une musique dont je suis l'auditeur attentif. La musique est l'ultime plaisir puisqu'elle nous donne cette satisfaction extrême d'être soi-même émetteur et récepteur au sein d'un seul et même mouvement. Voici la vie du lucide résumé dans un seul concept: celui de jouer de la musique. L'esprit est un instrument merveilleusement riche.

Méditant cela je me concentre alors sur le rythme, et la nature cyclique des choses en apparences linéaires. Dans tout changement, l'homme détecte des rythmes, des récurrences, quitte à les forcer.

Le rythme de mes mots; le rythme des idées; le rythme des oiseaux; le rythme de mes phrases; le rythme de mon coeur; le rythme de mes peurs; le rythme des vagues sur la grève; le rythme du souffle; le rythme des rencontres; le rythme des pierres; le rythme des plaisirs et des peines...

Le rythme est la forme temporelle des choses. Percevoir les rythmes c'est ouvrir un peu plus le troisième oeil qui se tient là, et peut devenir immense.

Si je ne devais réduire la vie (telle qu'un humain la conçoit) qu'à une chose, ce serait à la musique, et avant tout au rythme.

Je n'ai malheureusement que rarement su produire les rythmes aussi bien que je les sens.

Pas un jour sans musique, pas un seul, jusqu'au bout.