mardi 31 mai 2011

Tempête

La calme après la tempête revêt le ciel de douces nuances,
Entre calme et silence...
Du rose au bleu en passant par les nuages,
Les yeux domptés se gonflent de mirages.
Ils auraient voulu, ces quelques démons de l'ignorance
Retenir la pluie et de nos dieux la véhémence.
Seulement tu es venue, un soir marchant sur l'eau,
Un doux murmre de rose, subtil chant face au chaos.
Sur l'écume te portant, tu fendais l'air de ton corps nu
Et la colère des cieux s'atténua temporairement émue.
Ce n'est pas que je sois si lâche pourtant,
Mais quand tes cheveux m'effleurent, mon âme s'élève lentement
En un voyage sans fin en compagnie du vent.
Tes cheveux. Tes yeux. Ton âme souriante m'adressant ton sourire.
Mon angoisse. Ma grossièreté. Mon esprit vacillant qui cherche à te ravir
Quelques instants seulement où je n'aurais plus à mentir...
Ton rythme, petit à petit, s'est imprimé à ma vie,
C'est désormais ta lumière qui doucement vient bercer mes nuits.
Ton odeur qui s'empare de mon corps pour me parler de toi,
Me conter les histoires d'un temps où l'amour se promenait sur les toits.
Dieu a décidé de mourir.
S'étant parachevé dans ta création, sa perfection fut de partir.
Il m'est donné à travers toi de l'observer au quotidien,
Me brûlant irrémédiablement le coeur à la chaleur de tes reins.
Toutes les mythologies du monde un jour d'Août se sont éteintes,
Prenant fin dans ta naissance, les Moires sont aujourd'hui défuntes
Et nous humains filons vers le néant, et moi petit rien, je me consumme dans nos étreintes.
Prend tout, tire l'univers comme tu le ferais d'une nappe
Et renverse tout sur ton passage, que rien ne t'échappe.
Peut-être qu'alors, moi poussière et toi lumière,
Nous rencontrerons-nous à nouveau dans cette absurde interstellaire,
Et que, brisant l'atome et la matière,
Nous arracherions l'amour à son exil solitaire.

samedi 28 mai 2011

The sound of silence

Visualisez ceci:

La musique se débattant furieusement dans les mots;
Le mot se déchirant, ne sachant plus comment contenir cette vie qu'il abrite;
Les formes se défaisant, épousant la fréquence des vibrations;
Le rythme qui s'empare des phrases innocentes;
Votre prosodie qui s'impose à eux tous.

Maintenant entendez:

Le son de votre âme qui murmure par votre voix les mots écrits par d'autres;
Les syllabes que vous prononcez et ainsi faites vôtre;
Le tempo inhérent au langage ou bien serait-ce à l'homme?
Ce qui ne s'entend pas et que vous seuls jouez, votre musique intime;
Le dialogue de sourd que vous entretenez avec votre imagination.

Savez-vous que:

C'est une folie commune qui fait parler des traits tracés à l'encre fraîche?
Que rien au monde n'a de sens que votre propre conscience?
Que ce sens si  fuyant c'est précisément ce que vous mettez de vous dans ce qui vous fait face?
Qu'étant une modalité du temps, vous êtes la musique?
Et que c'est pour cela que le langage chante étant votre reflet?

Alors soyez:

Celui qui ne se cache aux autres;
Qui ne cherche pas à enfermer sa substance;
Celui qui laisse les autres chanter sa propre essence;
Ce que vous êtes enfin et rien de plus.

Réveil

Tout est endormi dans ce soleil qui luit et sa réalité pâteuse, peut-être qu'elle l'est parce qu'elle n'existe que par mon esprit fatigué qui tente en vain de s'ouvrir et de se rendre alerte.

Les bruits me parviennent, secs, tranchant la nonchalance de mes pensées et pourtant il semble qu'à peine heurtés par ma conscience, ils se détendent dans une sorte de mollesse qui les enserre et les prive d'objectivité. J'avale la réalité et la rend toute molle, la façonnant à mon image, faisant de son existence un long réveil tardif.

Il me faudra sortir et expérimenter la chaleur de l'astre solaire sur ma peau, pour m'accorder aux autres déjà bien éveillés, qui forment le monde à leur image pleine d'entrain. En attendant, je savoure ce décalage par l'écriture de ces pages, prolongeant à loisir cet univers parallèle si têtu qu'il en percerait le nôtre, juste pour se prouver quelque chose.

Il y a ce bruit de fond incessant, que trop souvent maintenant j'apparente à la vie même, le son du frigo bourdonnant qui tache ma réalité présente. Il s'entête et jamais ne s'arrête, donnant toujours sa note pour que le monde s'accorde. Et mon âme s'endort, bercée par ce chant fade qui rompt avec la diversité d'une nature qui persiste au dehors.

Les maisons des humains sont ainsi faites qu'elles sont un univers clos sur lui-même à l'intérieur du grand Univers ouvert sur tout puisqu'il est tout ce qui est. Nos maisons et leurs sons monotones, leur atmosphère artificielle, leur calme dérisoire qui lutte contre l'agitation des rues. Même la lumière du soleil y est transformée, comme prisonnière d'un bocal d'où l'air est absent, où tout devient sec et blessant.

Il est l'heure que le monde tourne avec moi, je me lève donc du fauteuil, monterait ensuite les escaliers, entrerait dans la salle de bain avec son air humide, j'y prendrai une douche, reprenant contact avec la froide réalité de l'eau qui coule sur mon corps. Quand tout sera fini, je sortirai et j'ouvrirai les portes de mon royaume à cette nature qui nous attend.

mardi 24 mai 2011

Les fourmis

Là, tout de suite, à cet instant précis, je me force à écrire. Je semble rechercher dans cet acte un moyen d'évacuer les tensions qui s'emparent de moi et me submergent. Cela n'était pas arrivé depuis si longtemps...

Les gens semblent sans cesse vouloir donner des leçons, au travail, à la maison, tout le temps. Tous dictateurs de leur réalité virtuelle, accrocs au pouvoir, jamais enclin à prendre les choses comme elles viennent.

Des grands sages à l'esprit juvénile, un immense théâtre où chacun tente de briller malgré l'autre, sur l'autre surtout. Ils tracent des chemins déjà tout faits mais le font avec fracas, pérorant à tout va sur la justesse de leur choix et cet inéluctable destin qui leur fait aimer leurs chaînes et détester la liberté. Des profiteurs qui viennent professer de grands jugements à propos de ceux qu'ils ont élu comme tels. "Toi, tu as décidé de vivre libre mais tu profites du système. Tu verras dans quelques temps, tu n'as pas le choix, c'est ça la vie." déclarent-ils dans une tristesse commune dont l'emprise sur eux les force à être fiers de leur faiblesse. Ils n'ont pas le choix eux, c'est certain. Il voudraient à tout prix profiter des fruits de la servitude et se rendent compte qu'alors ils faut aussi devenir esclave. Ils manquent d'imagination et prennent leur vacuité pour un fait général.

Qu'à cela ne tienne, je ne juge point le sort des gens tant qu'ils s'abstiennent de me regarder de haut. Mais certains ne peuvent s'en empêcher. Aimant à déclamer des opinions toutes faites qui servent à les rassurer, à atténuer leur solitude. Ça, on aime avoir des opinions et ne pas en changer! Se battre pour elles comme s'il en allait de nos vies! C'est à celui qui sera le plus vrai dans ses propres mensonges...

Je me soulage de leurs échafaudages de fortune en me souvenant qu'on leur apprend à construire leur vie sur du solide, à ne jamais regarder le vide et à toujours monter, sans trop savoir où cela mène. Je me soulage en me rappelant à quel point le monde leur fait peur et qu'ils doivent à tout prix se peindre des trompe l'oeil qui cacheront le ciel et son immensité. Je me soulage, en les observant se débattre dans un espace réduit dont ils sont les frontières.

J'ai pris la plume pour cela, pour m'emparer d'eux par les mots et les mettre en perspective, pour que leurs doigts crochus n'accrochent plus ma peau en voulant m'attraper; pour qu'en moi le silence du monde règne à nouveau sur leur luttes intestines.

dimanche 22 mai 2011

Nyx

Je fus horrible et si dure avec toi...
Affreux cauchemar le long de tes cheveux froids.

Je fus si belle que tu prias pour moi...
Tellement mortelle que tu m'offris ton émoi.

Tes larmes amères m'ont abreuvées tu le sais,
Les soirs d'hiver quand je te faisais danser...

Parfum d'oubli, qui de ton cou s'est enfui,
Ombre furtive que dans tes songes tu poursuis...

Sur toi jadis, j'abaissai mes iris
Pleines de promesses et si lourdes de vices...

Tu les a cru, mes paroles factices,
Ces hanches lasses aux contours si lisses...

Me vois-tu aujourd'hui,
Combler les vides de tes nuits?

L'aimes-tu maintenant,
Ma silhouette s'enfuyant?

Moi je n'ai plus rien de toi,
Je voulais juste dérober ta joie...

Je le sais, tu suivras mes pas
Accélérant sans cesse le trépas

De ton esprit essoufflé
Par mon poison insufflé.

Mais te voilà enfin, prêt à traverser le Styx:
Tu te rappelleras dés lors que l'on me nomme Nyx!

vendredi 20 mai 2011

Un monde

Il existe un monde où les poètes sont légions,
Où de tous les chemins on préfère le plus long.

Là, en parallèle, d'espaces creux en temps morts,
Cesse de compter, perds-en le Nord,

Et tu verras enfin l'homme qui sillonne l'instant.
Tu le regarderas comme à ton habitude d'un regard méfiant...

Parle alors, vas vers tes doutes enfuis, rattrape-les pour t'y mirer!
Au début tes mots hachés trancheront son rythme délié,

Puis le silence parégorique éteindra ta conscience
Avec douceur pour laisser l'être dans sa persévérance...

Si Seulement tu écoutes et laisse vivre
Un monde qui persiste entre deux rives...

dimanche 15 mai 2011

Ecce homo

Alors on veut des philosophes
Au coin de toutes les rues?
Dans chacune de nos strophes,
La vérité à nue?

Dans les milieux interlopes
Où s'ébauche l'espoir,
On danse la valse des chopes
Et parle jusqu'au soir.


Point de panégyrique vain,
Ici on crache sur les hommes,
Et leur Pandémonium,
Voyez les béotiens!

On patrocine ici,
On fait concurrence à la nuit,
Se prenant pour des doxographes,
De l'homme on écrit l'épitaphe.

Mais on a mille titres,
Du port et du mérite,
On se croit valeureux
Et tellement généreux.

À nous les solécismes,
Les mines patibulaires,
Et pourtant loin des truismes,
Et des phrases trop claires,


Ici, dans cette méphitique fange,
S'est tapie la vertu,
Si loin de la figure des anges,
Leur préférant la rue.

Alors on joue aux philosophes,
Et parle noétique,
Se croyant sain et sauf,
Bien loin de toute éthique.


On lustre nos bons mots
Et fiers de nos rimes,
On se met en abyme.
Oyez oyez, ecce homo...


Les "gueux" se taisent sur demain,
Mais tracent un chemin,
Délaissant nos discours
Pour une lampée d'amour.


Ni la haine ni les coups
Ne les incline au dégoût
Car ceux qui vivent la misère
Gardent au fond d'eux cette lumière.