jeudi 20 septembre 2012

Pour l'esprit de système

D'où vient cette croyance absurde, et pourtant communément admise, qu'il faudrait tuer l'esprit de système? Probablement de l'exemple platonicien qui s'est vu forcé de nier ce dont il était lui-même un auteur à cause de ses propres doctrines: l'art. Et pourtant, si le lecteur averti savait déceler les apories du système platonicien et les erreurs logiques qui peuvent mettre à mal cette belle machine, il ne penserait pas, comme on lui enjoint régulièrement, que l'esprit de système est un danger.

D'une part, rien ne force un système à être clos sur lui même, c'est ainsi que Saussure définira la lanque comme un système en perpétuelle assimilation et évolution.

D'autre part, tout système doit reposer sur une logique et tant qu'elle est respectée, la cohérence est assurée pleinement. Un système n'est rien d'autre que des éléments, ou principes, reliés par des lois, bien généralement de logique. Or jamais la logique ne mènera à une impasse car elle est précisément un pont jeté entre les abîmes du néant, elle cimente la connaissance pour lui donner cette apparence de vérité à laquelle nous tenons tant.

En conclusion nous pensons qu'il faut réintroduire une logique implacable et rigoureuse dans le système platonicien pour en faire un système effectif et à toute épreuve. Par contre nous ne garantissons pas que le résultat soit quelque chose, de près ou de loin, de similaire à ce que Platon avait pensé. Il n'est pas de bâtiment qui tienne sur des fondations instables.

mardi 18 septembre 2012

Renouvellement


Je veux mon esprit pareil à mon corps et plus généralement à ma vie: toujours prêt à partir, ne s'encombrant de rien d'autre qu'un présent qui renferme en lui toute mon existence, depuis ses débuts.

Je ne veux pas d'attache en les choses du passé, juste l'incessant devenir qui me renouvelle sans cesse et fait de moi une promesse reformulée, à chaque instant.

Volonté de puissance

Cet élan que nous comprenons tous et qui a pris bien des noms au cours de l'histoire, au gré des points de vue: conatus, énergie, libido, etc. Ce désir est bel et bien celui d'une domination si l'on se place du côté du faible, de celui qui craint, comme Hobbes, la liberté et la puissance des autres. Il devient amour et abnégation du côté du fort, comme le stoïcien, qui se sait déjà supérieur et inébranlable. Tout est affaire de paradigmes différents, de représentations et de croyances. Mais la volonté de puissance est toujours cette envie fondamentale d'exister sans contrainte, le souhait, peut-être, d'être plus qu'on n'est ou plutôt plus que n'est le corps...

Langage


Le langage est une des seules voies d'accès d'un homme à un autre. C'est la seule construction réellement arbitraire qui le désunit enfin, dans une certaine mesure, du silence de la réalité, le silence imposé par l'inaccessibilité (apparente?) de la chose en soi.

Forme picturale et essence de la peinture


Qu'est-ce que la forme picturale? Quelle est l'essence de la peinture?

Si tous les peintres et théoriciens de la peinture s'accordent à dire qu'elle est mimésis, c'est à dire imitation, le doute subsiste quant à l'objet de cette imitation. Il serait intéressant de considérer la polysémie du terme forme pour s'attacher à la définition platonicienne que l'on peut rattacher à la notion d'Idée. Ainsi, peut-être que l'essence de la peinture est précisément l'imitation ou plutôt la reproduction d'une Forme (Idée) en la substantifiant en matière. La peinture serait donc précisément ce processus ainsi que les différentes techniques correspondant à des visions de la forme différentes: les partisans du dessin seraient ainsi positivistes et prôneraient l'existence des formes en tant que substances autonomes quand les défenseurs de la tache (couleur) se prévaudraient d'une approche plus interactionniste de la notion de forme, celle-ci serait définie négativement dans le système que compose l'oeuvre (le tableau) (cf Saussure et sa vision du langage) et c'est pourquoi le trait n'a pas la primauté pour démarquer, dégager la forme, mais plutôt le contraste des couleurs, le jeu des ombres et des lumières, les interactions de la couleur, les nuances.

Conscience et construction de l'ego


La conscience ne serait-elle que le processus de construction de l'ego?

La conscience semble être l'outil d'un processus psychologique fondamentale: l'ipséité. En effet, comme le pense Bergson, il apparaît que l'identité d'un individu, le 'moi', n'est pas une substance que l'on remplit mais est précisément un processus de création perpétuelle inscrit dans la durée. Autrement dit, et pour simplifier, l'identité n'est pas la somme d'événements s'inscrivant dans une éventuelle succession temporelle, mais le produit immédiat d'états de conscience s'inscrivant dans la durée. Afin que le 'moi' perdure et trouve une continuité dans son incessante altération due au monde extérieur, il lui faut s'organiser en système à travers le principe d'ipséité. L'ipséité, qui s'opère grâce à la conscience, assimile chaque donnée pour l'intégrer au système du 'moi' qui devient ainsi un pur ensemble interactionniste. Dans le 'moi', rien n'est isolable car tout est induit par le reste du système: c'est le principe bergsonien de conpénétration, la totalité du moi est présente dans n'importe quel état de conscience et est absolument indissociable du reste du système.

Un lien important est à faire entre ce processus d'ipséité de la conscience et l'assimilation qui s'opère notamment par le biais des émotions. Le corps qui est en lien direct avec le monde, l'altérité, traduit ses propres expériences en émotions qui vont être traitées par la conscience sous la forme de jugements qui donnent naissance aux sentiments. Le sentiment est l'assimilation consciente de l'émotion dans le système identitaire. Il est donc en perpétuel élaboration et ne peut être quantifié, mais doit plutôt être observé comme une qualité. Il faut être prudent sur l'emploi du terme 'conscient' qui détermine ici le mode d'élaboration de l'ipséité mais ne signifie pas un état de conscience 'conscient'. En effet, une grande partie de ce processus est inconscient dans l'acception psychologique du terme. La conscience peut être vue comme l'enceinte du 'moi', mais est à distinguer de l'état de conscience.

C'est ce principe d'ipséité qui est à l'oeuvre dans l'entendement ou la compréhension du langage, afin que l'énoncé soit vue comme un tout dont chaque partie n'est déterminée que par l'ensemble et non de manière indépendante. Si nous comprenons un énoncé, c'est grâce à ce processus d'ipséité qui est capable à chaque instant de réaliser le produit des expériences passées dans le présent. Il n'y a pas de compréhension partielle au fur et à mesure de la lecture ou de l'écoute, mais il y a élaboration perpétuelle du sens au regard de ce qui a été perçu. Pour prendre un exemple prosaïque, il ne faut pas voir ce processus comme la construction d'une maison brique par brique mais comme le ré-agencement incessant de la maison au fur et à mesure que des éléments s'intègrent au système ou que des espaces apparaissent ou disparaissent.