vendredi 31 décembre 2021

Message à caractère informatif: 2022 en flammes

Il est difficile de se réjouir à l'heure où ce monde se délite dans la haine et la bêtise. Ceux qui montent une partie de la population (celle qui abdique sa pensée critique auprès d'un unisson médiatique) contre une autre -- de manière absolument injustifiée --, je l'espère, devront répondre de leurs actes rapidement.

Nous vivons une époque odieuse et répugnante, d'une part à cause de l'entêtement dogmatique de dirigeants qui sont devenus des maîtres, menant le peuple comme un troupeau de moutons, d'autre part à cause de la passivité nauséabonde et la crédulité de toute une partie de la population qui écoute religieusement le chant du Muezzin de la télévision, à heure fixe, pour vomir aussitôt sur leurs congénères ce qu'ils ont avalé de mensonge et d'opinion.

Les sociétés occidentales me dégoûtent de plus en plus. Je crois qu'il est temps de disparaître désormais. Je n'habite plus le même monde que quatre-vingt dix pourcent de mes compatriotes. Et je sens, j'avoue, de plus en plus, monter en moi l'impérieuse nécessité d'acérer mes griffes, et de me défendre contre une menace totalitaire effrayante d'hypocrisie.

Nos vies sont en danger. Nous vivons déjà dans une forme de dictature qui ne cesse de se proclamer démocratie (gouvernement du peuple tout de même!!) sans même que cela pose problème à l'écrasante majorité d'entre nous... Le simple fait de dire cela est répréhensible!

Nous vivons aujourd'hui dans la honte et la punition sera exemplaire. Malheureusement les coupables ne seront pas les seuls à payer pour leurs crimes.

La guerre a commencé, je quitterai ce champ de bataille qu'est la société humaine sur mon bouclier.

samedi 25 décembre 2021

L'universel dans l'art

Je comprends ceux qui pensent que l'art doit dire l'universel, mais il me semble y avoir là une erreur, ou du moins une imprécision dommageable.

Si l'art devait donner l'universel, le général, alors il n'y aurait nul besoin d'agencer par une forme singulière, un style, tout un bouquet de sèmes: la simple cohérence linguistique suffirait à produire des énoncés dignes de sens. Les propositions scientifiques nous émouvraient au tréfonds des entrailles et seraient la véritable poésie. Poésie hégélienne s'il en est.

En fait, je pense qu'au contraire c'est dans la singularité que gît l'essence du langage artistique. C'est bien dans la capacité à faire signe vers un indicible singulier que réside l'art poétique. Bien entendu, toute la difficulté réside dans les propriétés de la langue: commune, apte à ne fournir des choses que ce qui est partageable, saisissable par tout un chacun. Le langage ne permet jamais d'exprimer que "le génie de l'espèce" et c'est pour cela que nous pouvons -- ou croyons -- nous comprendre lorsque nous mettons en mot l'expérience absolument singulière d'un vécu situé.

Si le poète disait l'universel et le général, alors il y aurait une vérité de l'art, une beauté démontrable et analysable pour être reproductible. Or il me semble qu'il n'en est rien, et que le goût n'est pas une simple affaire de connaissances mais la rencontre entre deux singularités qui se font signe à travers la banalité de mots communs et exsangues. Par l'agencement des mots, le poète procure à ces mots -- qui ne sont que des variables vides -- une saveur particulière et dans la manière qu'il a de découper le temps, il donne ainsi une idée de son idiosyncrasie.

Pour cela il est assez frappant de voir les résonances qui peuvent se faire entendre à la lecture de certains poètes avec lesquels nous vibrons d'une complicité inexplicable, si ce n'est qu'elle semble naître de la croyance que nous avons d'avoir trouvé là une âme sœur, ou du moins presque -- et surtout suffisamment -- sœur. C'est précisément ce que nul ne peut jamais dire que nous retrouvons chez l'artiste qui nous bouleverse et nous transforme. Il semble avoir dérobé une part de nous qui demeure à jamais en deçà des mots, et qui fait signe vers la source informe d'où jaillissent, avec une certaine démarche et un style singulier, toutes les formes d'expression qui sont habituellement les nôtres -- ou que nous aimerions croire nôtres...

Et cette rencontre est une illusion bien sûr... Bientôt, certains signes nous montrent les différences minimes mais notables. Nous nous apercevons que le reflet que nous avons cru percevoir de cette identité profonde et insaisissable n'est qu'une anamorphose. La ressemblance n'est pas l'identité mais un accord est là, qui dit l'harmonie musicale de deux mélodies singulières.

Ce que nous trouvons dans l'art, c'est précisément l'indicible singulier là où il devient si absolu qu'il confine à l'universalité. C'est le langage qui nous fait croire à l'universalité de ce qui est exprimé, mais c'est précisément ce que dément l'artiste à travers son œuvre: il ne cesse d'affirmer à travers son style, la singularité qui est sienne, et qui ne saurait se donner comme chose définie et informée. Sa nature inchoative même ne saurait être traduite en une fonction, une méthode, capable de produire des mondes à la manière de... Cette fonction elle-même est dynamique et se métamorphose en permanence.

C'est donc la croyance que deux singularités absolues peuvent se toucher, s'aboucher, et démentir la nature insulaire de nos consciences, qui nous fait croire à l'universalité de ce qui est exprimé: car après tout, si nous nous retrouvons dans le poème, dans l'œuvre, c'est bien que d'autres le peuvent aussi, n'est-ce pas? Oui mais nous ne nous retrouvons jamais dans l'œuvre ou le poème. Nous ne faisons que le croire, un bref instant, et c'est dans le vertige de cette brève illusion que nous pouvons imaginer ce que signifie être humain.

Le singulier fait nécessairement signe, au bout de lui-même, vers l'universel: il ne peut exister que par lui. Et parce que le singulier est entretissé d'universel, nous voulons croire, plus que tout, que le langage qui en est le fil est une réalité intrinsèque, et qu'il figure un monde qui persiste en-dehors de nos prises de parole.

La conscience, pourtant, est irrémédiablement enfermée, et son unique universel est cette solitude soliptique qui, tel un trou noir, avale jusqu'à la lumière sans masse... Seule la solitude ineffable du vécu subjectif est universelle. Elle l'est d'abord par la croyance que nous avons qu'un réel extrinsèque existe, et qu'il est parsemé de singularités conscientes que nous appelons: les autres. Puis enfin par le fait qu'enfermés dans notre propre conscience, l'univers en fin de compte ne se réduit qu'à sa seule existence hégémonique, totalitaire et misérablement close.

vendredi 24 décembre 2021

Le monde est une grammaire

Ce que je ne peux pas dire en musique, je l'écris. Et par là perd l'aspect informe et primordial de la pensée originaire, ineffable et par là sublimement singulière. Je me moque de l'avis d'Hegel. Proposition de plus qui peut trouver, comme les autres, l'axiomatique qui la rend vraie. Mais je vis dans un autre référentiel que ce qui fût le tombeau du grand dogmatique.

C'est, bien entendu, en deçà du langage que gît la vérité: celle qui est singularité absolue, et par là ne peut servir d'élément à nulle connaissance. L'absoluité de la sensation, de la qualité vécue, incapable d'adhérer à un quelconque signe sans se nier définitivement: voilà ce qui ne peut être contesté.

Cette curieuse propriété du langage, de faire exister la relation, en faisant de simples syncatégorèmes de nouvelles substances est véritablement remarquable. La relation devenue ainsi elle-même objet hypostasie dans l'immédiateté d'un signe la pure médiation sans substance.

La langue est le champ gravitationnel de la pensée: c'est elle qui lui confère une masse et fond le monde en une forme pesante et persistante, qui autrement s'évanouirait dans une différenciation perpétuelle. Elle concrétise ce qui ne peut pas tenir à l'être.

vendredi 17 décembre 2021

Ode à l'Onde

Ouh, rythme et scansion

Trop longtemps j'ai quitté

Vos pas d'éternité!

 

Comment goûter la vie

Sans programmer le temps?

J'ai la fièvre de toi,

Confesse au ciel atone

 

                                            Ma sublime addiction.

 

M'accrocher à tes hanches

Et suivre tous tes pas

Voilà bien un destin

Que j'embrasse en riant.

 

Qui saurait mieux placer

Sur mes lèvres un sourire

Grains de notes bleutées

Qui donnent à mon désir


                                                Un sucre acidulé.

 

Que tout le reste échoue

Sur les récifs de la rigueur

La vie est sans saveur

Sans tes chutes mineures!


Et tous les cieux lointains

Peuvent se tenir cois

Tant qu'en moi tu résonnes

De tes accords félins!


Je préfère danser

Que demeurer assis,

Les fesses sur un banc

Le cœur qui trop rassit.

 

Je veux abréger cet ennui

D'un staccato léger!

 

Je ne suis plus le cours

Je joue les filles de l'air

Prends en vain les détours

De tes stations solaires.


Musique punis-moi

D'avoir cessé de battre

Le tempo du pavé

Un feu brûle en mon âtre

 

                                            Et tu l'as ravivé!

jeudi 16 décembre 2021

Endurer

 J'ai atteint, à un lieu de ma vie, le point d'entropie maximale. Je suis allé toucher la mort, à la lisière de l'existence; tutoyer le Néant au bout de la liberté vaine.

Et je suis revenu. Avec la même tristesse au fond de mes entrailles. Vivant, mais calciné de l'intérieur, comme une lune poussiéreuse et grise. Et j'éclaire d'ombres tout ce que je manifeste: Géhenne soliptique qui me tient lieu de monde. Ô combien il me faut -- sais-tu? -- retenir là mes feux pour ne point te brûler...

Je porte en moi le tourment des lucides, la conscience acérée de ce lien rompu, délaissement d'un quelque chose qui installe à jamais "le silence déraisonnable du monde".

Et peut-être qu'en chaque relation, que j'entretiens avec une portion de l'Être, s'interpose un silence suffisamment profond pour entailler la foi.

Il n'y a pas de foi, je ne sais croire en rien... Il n'y a pas de valeur qui ne soit ramenée à mon inconsistance, pas une transcendance qui ne puisse passer avec succès l'examen du doute.

Défendre des valeurs? Pour quoi faire...? Se rassurer? Justifier le peu de plaisir qu'un accord tacite avec le Réel sait parfois procurer? Et pourquoi ce lien serait-t-il bon pour autrui?

Laisser le monde vous écraser, les autres décorer l'indétermination aux couleurs de leurs peurs... S'ils en ont tant besoin c'est probablement qu'ils ont plus peur encore que nous. Nous qui savons aimer la souffrance dans cette étreinte enflammée qui consume en douceur la substance de nos cœurs.

Nous pouvons supporter le doute pour les autres; et endurer leurs certitudes -- exclusives.

Nous savons faire tout ça: suffoquer lentement, pour que d'autres que nous respirent à plein-poumons.

vendredi 10 décembre 2021

Identité de toutes les consciences

 Étrangement l'identité n'a jamais été un problème pour moi; à peine une question. Qu'ai-je à faire de l'identité lorsque je ne me reconnais pas d'une année à l'autre? Le présent est toujours l'amendement du passé. À quoi cela peut bien rimer d'attendre de demain qu'il chante le passé...? Il n'y a pas d'identité, du moins personnelle. Le cadre immuable qui fonde le changement est celui de tout le monde: la conscience transcendantale et impersonnelle d'un monde qui s'observe lui-même. L'existence est discrète: une plage de souvenirs infimes que tout différencie. Quant au sujet transcendantal, ce grand coupable de l'illusion du moi: il n'est que l'univers lui-même, pareil pour chaque humain -- identité de toutes les consciences.

jeudi 2 décembre 2021

Noël

 Je l'ai retrouvé sous les branches

De houe jonchées de boules rouges

Lancée à boulets rouges

Mon passé se déhanche


L'ancêtre en bout de table

Contemple sa semence

En concrétion de chair

D'idées et d'espérances


Des flaques mordorées

S'accrochent aux parois

de belles coupes échancrées

Qui tintent mille émois


Tout ça me revient tout à coup

Par le reflet chromé

D'une cuillère luisante

Sous l'ampoule allumée


De mon petit studio.

Le vingt-quatre Décembre

Se joue dans le huis clos

De ma sombre conscience


Trente années, des poussières

À quoi bon tout compter

Le présent c'est hier

Qui tente d'exister


La vie est telle un chocolat

Le départ en est doux

Puis l'amertume est là

Qui brûle et vous enroue


Père Noël est passé

Il ne reviendra plus

Le mensonge a lassé

Le réel a vaincu


Il ne reste dès lors

Qu'à empaqueter d'avenir

Un rêve à la peau d'or

Savoir à qui offrir


Le présent pulstatile

D'une âme ivre de mort