mercredi 26 octobre 2016

Je casserai tes ailes

Chuis pas convaincu, mais puisque ce blog est une collection de textes dont je ne suis pas convaincu......... fuck it!

Texte écrit en vérité il y a quelques semaines maintenant.

Dans chaque nouvelle étreinte je paye un peu mon du
À notre flamme éteinte, à toi que j'ai perdue.

Le soir je trinque à ma liberté retrouvée
Je déambule hagard à moitié fragmenté

Quelle importance si je ne suis plus entier
Pour celles vite rencontrées

Et les gens veulent l'attraper
Le fantôme éthéré

Qui lance sur son passage
Des chansons, ton hommage

Prisme partiel rayonnant sous les feux
De la lumière aux ténèbres, liberté dans les yeux

Mains effilés qui te tiennent
Mais n'attrapent que vent

Voudraient assécher leur peine
Au rythme décadent

Je connais un esprit-fontaine
Qui jaillit dans la plaine

Quelques gouttes en réserve
Pour t'abreuver de sève

Les actes insensés et vains
Ne sont-ils pas plus fins?

Le mouvement absurde
N'est-il pas plus subtile?

Onde aérienne figure de brume
D'un destin si gracile

Brise là ton mouvement
Chute donc, redescends!

Je casserai tes ailes
Nul ne demeure au ciel!

Je casserai tes ailes
Je casserai tes ailes!

Sur le tissu des choses

Qu'arrivera-t-il le jour où les mots ne me feront plus bander? Où les paroles que je murmure à l'oreille des lacs d'impureté renverront des reflets de désir qui n'auront nul écho en moi. Qu'arrivera-t-il lorsque nulle étincelle n'embrasera plus mon foyer qui s'éteint?

Il me semble parfois porter mes pas à la lisière de cet infernal désert. Ce purgatoire plus effroyable que toutes les géhennes parce que la vie y est laissée à sa plus simple expression: sans beauté, sans émotion, sans tragédie ni sublime, sans musique et sans rythme...

Si c'est là ma direction alors je m'y acheminerai en regardant par terre, pour ne pas voir le chemin à parcourir, chemin éternel qui n'est frappé d'aucun désirs. Je fais confiance à la vie dans les épreuves qu'elle s'échine à placer sur ma déroute. Je lui fais confiance non par connaissance, ne parlons pas de chimères, mais par choix, non par croyance, je suis trop sceptique pour cela, mais je le répète, par choix.

Reviendras-tu pureté perdue, ne reviendras-tu pas? Qui s'en soucie, dès lors que loin des mains atrophiées de la volonté humaine, se tisse le tapis des Moires?

J'aime à dérouler le fil de ce destin et me laisser bercer par la transition des couleurs, mélodie chromatique où s'enchaînent notes en arpège et accords en mineur.

Envers et contre moi, je continue de créer mon sillon dans la matrice nocturne, qu'Atropos vienne couper le fil, moi je continuerai d'emprunter tous les détours sans plus me demander où tout cela nous mène, ni quel motif étrange l'humaine destinée peut bien produire sur le tissu des choses.

mardi 25 octobre 2016

L'amour du chemin

Rappelle toi la leçon des stoïciens: il faut viser un telos (but) mais le skopos (la cible atteinte) échappera de toute façon à ta volonté.

Ainsi peut-être qu'il ne faut pas abolir tout projet, mais voir ce dernier comme un horizon apte à mettre en route la volonté, à servir de but qu'on ne cherche évidemment pas à saisir (même les enfants comprennent bien vite qu'ils ne peuvent toucher le ciel sans que celui-ci se dérobe). Aimer le premier pas, aimer le mouvement qui emmène, plus que n'importe quel résultat, point d'arrêt transitoire.

Ainsi lorsque tu décides de t'engager sur un chemin dont la destination est ton horizon temporaire, fais en sorte de ne pas vouloir anticiper le contexte futur. Trop de conjonctures différentes peuvent advenir (que nul ne saurait prédire), conjonctures qui s'opposent et dessinent un contexte flou n'offrant nulle assise pour déterminer le penchant d'un coeur. Contente toi du moment présent, qui t'offres, si tu sais écouter, la tonalité de chacun de tes élans, comme celle d'un arpège. Suis cet élan, sans empressement, et aime le cheminement dont la destination n'est qu'un prétexte au voyage.

Souviens-toi petit homme, et cesse de retomber dans les erreurs passées...

Abolir le futur

Abolir le futur, et voir les flux néfastes s'éteindre et se faner...

Qu'aurait été la vie dans une langue sans futur pour conjuguer les maux d'une âme divisée?

À quoi ressemble un monde où les horizons ne sont pas harponnés pour être ramenés insatiablement vers le présent qui passe? Un monde où lorsqu'on peint les cieux, on prend la peine ensuite de tout effacer, pour laisser voir à l'autre les vastes étendues telles qu'elles sont, pour lui.

Abolir le futur pour de meilleurs lendemains...

À quoi ressemble une vie sans projets? Ou qui accepte sans frustration de les voir déroutés?

Ma flèche est parée, la corde est tendue et je suis prêt à tirer, seulement je n'ai cure de toucher ma cible...

J'aimerais pirater le monde et abolir le futur; du moins le fais-je pour moi-même...

lundi 17 octobre 2016

Sortir du néant

Peut-on sortir du néant? Tel une Cité-cage que l'on quitterait par un portail ouvert, juste en sifflant sous un porche un peu sombre? Perdu au milieu des Plans, peut-on rattraper l'identité perdue que l'on ne connait plus aujourd'hui qu'en tant que nom, en tant qu'entité transcendée qui se tient devant nous, étrangère?

J'ai pris bien des portes, sans savoir comment faire marche arrière, et les voix de la nuit me hurlent de ne plus le refaire. J'ai peur, au centre de cette aiguille d'existence, dans cet espace percé de toutes parts, j'ai peur d'emprunter les routes croisées... Pourtant, je trace un chemin vers un ailleurs inconnu, mon refus est une affirmation que j"ignore.

Comment sortir de ce vide? Vacuité trompeuse, fondement du mouvement. Je me sens trop libre en toi, je n'aime que ton silence et tes promesses non murmurées, tout le reste me lasse d'avance. Je ne veux rien choisir que toi, mais lorsque je t'embrasse, tous les cieux s'éteignent, et l'existence même est virtuelle, totale et virtuelle. Je ne touche à la plénitude qu'en perdant la consistance d'être quelque chose, qu'à travers les brumes du rien.

Ce monde est une boule furieuse, qui tourne et dont je suis le centre indécis, l'élan immobile qui tend vers tous les horizons.

Comment sortir du néant?

Comment sortir de ses désirs?

Qu'est-ce qui peut changer la nature d'un homme?

Peut-on sortir de son propre néant lorsqu'on l'a finalement atteint? Peut-on s'échapper du centre de soi-même, celui-là même qui est contiguë à tous les firmaments lointains?

J'aimerais redevenir quelqu'un.

mardi 11 octobre 2016

Entre les photos

Chaque texte écrit est pareil à une photographie d'un mouvement en train de se réaliser. Le texte est un point d'arrêt dans le sillon mouvant de la pensée. En cela, il est difficilement acceptable puisque, contrairement au cinéma, il est assez difficile de reconstituer cet élan à partir des instantanés que sont les textes. Aussi inchoatif qu'on le veut, chacun de nos écrits est une peau morte qui ne veut plus rien dire du processus d'où elle est née, qui ne parle plus du corps dont elle est issue. Aussi, j'ai délaissé la philosophie pour la musique des poèmes et de la prose qui n'a d'autre souci que de créer sa dynamique mélodique à travers l'harmonie des sons et des idées. Chacun de mes textes "philosophiques" est sans valeur et ne reflète rien de ma pensée. Pensée principe, pensée méthode, pensée qui n'est qu'un mouvement et non une trajectoire; pensée dont on ne peut saisir l'essence qu'en étant l'algorithme même qui la fait jaillir à chaque instant. Ce qui importe ce ne sont pas les formes, mais la métamorphose qui est le code qui parvient à réaliser la transformation: processus de perpétuelle destruction, c'est à dire de construction.

Beaucoup de photos dans les galeries de cette oasis virtuelle, mais le film se joue ailleurs, bien ailleurs, dans l'histoire qui se trame entre chacun de ces instantanés.

lundi 10 octobre 2016

L'espoir surmonté

Il est toujours étonnant de voir comme nous aimons nous rendre pirates cherchant le moindre indice menant à son trésor dès lors que nous avons perdu l'amour. On cherche à percer le coffre-fort de chaque regard et de chaque geste: il faut interpréter, ratisser au peigne fin, se repasser sans cesse chaque scène afin de saisir le moindre indice, de constituer dans sa tête une petite fiction qui nous permettra de vivre un peu avec l'espoir au ventre. Ce fumeux espoir qui nous fait croire que si l'être aimé s'est tenu si près de nous et a hésité à tel moment puis a prononcé cette phrase sur tel ton, alors c'est qu'il nous aime encore, c'est qu'il existe un lieu, une île au trésor, sur laquelle accoster; et enfin se reposer de tant de vagabondage.

Combien l'esprit est une machinerie complexe, un rouage infernal qui broie le moindre grain, et veut tracer, coûte que coûte sa route d'espoir frelaté dans les données indifférentes et brutes du réel.

On lirait même le ciel pour voir si, par hasard, telles étoiles n'étaient pas alignées ce soir là, ce qui voudrait peut-être dire qu'une éventuelle providence voulait nous faire passer un message... Et cette automobile qui a klaxonné précisément lorsqu'elle a passé ses mains dans ses cheveux, quel sens faut-il y démêler? Ce clignement d'oeil un peu trop rapide, cette façon dont le monde s'est refermé sur nous comme dans un film où tout le reste passe au second plan, que faut-il y voir? Et ce sourire un peu trop spontané et franc, le nombre de battements de coeur que tu as prêté à cette conversation, pourquoi? Qu'est-ce qui a été dit par là?

Détective dément, archiviste compulsif qui classe et range et trie et applique ces algorithmes de l'espoir qui ont mené bien des navires sur les récifs de l'illusion.

Mais pourtant je suis du réel moi monsieur! Je suis de ceux qui marchent sur un fil tendu à travers le vide, tout en regardant sous leurs pieds, sans peur et sans attentes; de ceux qui vivent sans projet, se laissant chuter de seconde en seconde, pas dupe de la fiction qu'est leur monde, conscient de la finitude d'un espace et d'un temps qui ne peuvent épuiser le réel qui est tout, et non cette chose déterminée dans laquelle nous vivons, cet univers-destin où nous nommons les choses.

Fou, l'homme est fou, l'espoir accroché à la peau comme une teigne tenace, l'espoir qu'il faut débusquer à tout prix, exsuder par tous les pores, étrangler dans son lit, jeter tous ses enfants au fond d'un puits sans fond.

L'espoir c'est ce chemin vers la folie qu'il faut effacer, c'est cette poitrine qu'il faut laisser exsangue.

Ulysse averti a pourtant bien du mal à résister au chant de tes sirènes.

Vanité et poursuite du vent: Sisyphe est heureux n'est-ce pas?

Sisyphe est heureux parce qu'il sait que la pierre roulera au bas de la colline.

Sisyphe est heureux car il n'a nul espoir.

La haine

Parfois, j'ai envie d'envoyer chier tout le monde, du petit barbu que tu embrassais, à ton joli minois qui le mériterait. J'aimerais briser les doigts de cet employé de pôle emploi qui attrape son quadrillage et le presse sur moi afin que je m'intègre aux cases, quitte à déchirer chaque morceau de moi. Je rêve de réduire en capilotade des flics carapacés, hérissés de matraques, de faire voler en éclats leurs casques fragiles comme la paix qu'ils encagent. J'ai des absences, je parle à la société, aux journalistes dans les télés, je leur lève un majeur tout en leur disant d'aller se faire enculer. J'emmerde de manière totale tous ceux qui avec leurs bons sentiments voudraient me voir sur leurs rails, un personnage docile pour animer leurs rêves. Une part de moi dit à mes amis d'aller vider ailleurs leur consolation collante et malodorante, qu'ils me laissent partir me noyer dans l'océan nocturne, disparaître dans ma fureur. J'ai attrapé toutes mes pensées et je leur ai tordu le cou, j'ai disloqué les membres de tous mes sentiments, j'ai tourné le dos à toutes les morales en les conchiant allègrement. Peut-être qu'un dimanche, j'irai casser des urnes de vote et puis toutes les gueules outrées qui me traiteront d'irresponsable. J'irai aussi à l'intérieur de leur âme pour saccager leurs convictions et laisser la lueur nue de leur existence dépouillée face aux confins du vide, bien en face du réel indéterminé. Je prendrai des rendez-vous chez tous les psy-quelque chose de la planète et je manipulerai si bien leur esprit configuré, que je piraterai leur conscience et prendrai le contrôle de leur volonté. Je parlerai aux scientifiques et tous les dogmatiques de tous poils, j'irai jusqu'au terreau arbitraire de leurs croyances et je les enterrerai à l'intérieur, leur bourrerai la bouche de tout le néant originel. Je casserai les routes avec mes mains d'acier, détruirai à coups de tête les supermarchés, les banques et les institutions glacées.

Je regarderai tes yeux qui cherchent les miens, et je dissoudrai nos regards dans un vide absolu, dans un adieu dérisoire. Puis je m'en irai seul, nulle part, et je dirai des mots pour me défaire de ma peau, de ma chair, de mes os, de mes pensées et de ma vie. Je me brésillerai au vent en une dernière haine.

Éclabousser mes murs

Ecrire parfois est un simple moyen pour moi de ne pas être seul. Surgie de nulle part, tu es venu encore éblouir de tes feux ma nuit étoilée. Tous les astres soufflés par ta présence ardente, toute lumière émane de toi et de toi seulement. Puis l'astre s'est enfui et ma nuit a coulé sur le jour, mais une nuit sans étoiles pour me guider, sans alphabet céleste grâce auquel je me raconte des histoires. Il y a ces murs enfermant cette vacuité relative de vingt et un mètres carrés, et ma carcasse courbée sur le clavier, abritant dans son antre un trou noir plus glouton que celui de chaque galaxie: mon amour.

Tu es passée comme une éclaboussure lumineuse qui m'a laissée aveugle et idiot, sous un ciel atone parce que je ne puis plus le faire parler.

J'écris pour ne pas laisser l'angoisse et la peur des fantômes m'envahir, j'écris pour que ces moments de silences plein de menaces larvées s'effacent dans mon chant, ma plainte éternelle, mon tourment d'origine.

Je n'ai rien à dire, je cherche à me rassurer dans le son de mes mots, je me berce par ma voix. J'ai besoin de parler lorsque je t'ai senti et que toutes les langues se sont éteintes pour s'incarner dans ta présence muette et tes gestes gracieux. Coincé dans ta bulle expressive et sensuelle, j'étais le piédestal sur lequel tu brillais bien plus fort que n'importe où ailleurs.

Tu n'as pas idée du sentiment d'amputation que je peux ressentir lorsque tu n'es plus là, porté par mon amour, et ma souffrance de vie que je tisse de lettres pour te chanter tout bas...

Je vais cesser d'écrire et tous ces murs blancs vont s'animer des ombres du passé, des monstres que ma peur fait danser et qui fait que le temps est le préliminaire d'une chute annoncée que l'on attend sur l'ourlet de chaque seconde.

Quand tu le voudras, tu pourras habiter ces murs, et chasser de ta voix le vide existentiel qui pourrit l'atmosphère.

Dis, reviens soleil, éclabousser mes murs...