jeudi 11 juillet 2019

Le souvenir de quelqu'un d'autre

Un choix après l'autre, comme des mots jetés sur le papier. Et la grammaire des destins s'occupera de ton histoire après le point final.

Mais vivre ne suffit plus n'est-ce pas? Une horde d'impératifs s'engouffrent dans tes songes, t'impatientent, piratent ta volonté, instillent les germes d'absurdes espoirs sur lesquels éclosent les fleurs de la désillusion.

Tu le sais, et néanmoins ce savoir est sans effet, il ne fait qu'alourdir ton insatisfaction d'une culpabilité latente et sournoise. Et ton ego s'érode, ce rescapé de tes naufrages, avançant claudiquant, rampant parfois tel une larve desséchée refusant de mourir.

Tu te demandes alors à quel embranchement du destin tu as ainsi cessé de t'aimer. Immédiatement, et avant même que la question fut pleinement formulée, tu contemples en toi la réponse.

Chaque nuit où l'angoisse te réveille et mouille le bord de tes yeux sans repos, chaque matin submergé d'amertume, sont la conséquence de cette série de choix où tu t'es vu remettre à autrui ce qui t'appartenait en propre.

Maintenant, désormais, l'amour est cette figurine brisée gisant sur le tas d'immondices qu'un temps sans coeur laisse derrière lui.

Si ton coeur Danaïdes ne sait plus rien retenir, la mémoire quant à elle imprime en ta conscience chaque instant, chaque être que tes chutes cruelles emportent vers l'abîme.

À chaque jour qui passe, cette mémoire passive qui demeure comme un résidu de toi, contemple l'homme qui s'éloigne inexorablement, sur fond de néant, tandis qu'augmentent la solitude et la souffrance de perdurer comme souvenir de quelqu'un d'autre.

lundi 8 juillet 2019

Le parc



Le parc.
Les pas qui glissent au long de l'air
Et toutes ces pensées qui s'invitent et repartent, font valser la conscience d'une seconde à l'autre.

Qu'ai-je fait de ma vie, ce produit invendable qui m'encombre tant parfois pour ce qu'il n'a pas cette forme idéale que j'ignore et poursuis pourtant sans relâche.

Il n'y a qu'en ces instants que tout est à sa place, dans le balancement tendre des arbres autour, dans la clarté oblique de ce crépuscule lourd, le mouvement des bêtes qui n'ont qu'un seul but.

Nous n'avons tous qu'un seul but.

Tous autant que nous sommes, prisonniers du conatus - Oui, tous...

Il n'y a rien à attendre me dis-je, et pourtant j'attends.

Je regarde les flaques de ciel à travers les frondaisons, les nuages massifs et le vol ras des oiseaux. Je regarde l'ondoiement de l'eau au loin sur la surface de laquelle glissent les cris des enfants, tandis qu'ici j'écris, sis dans le parc - monde dont je suis partie, même dans l'absence...

dimanche 7 juillet 2019

La vie brute

Version française de "Raw life".



La vie brute
Le rythme libre et joyeux des sauvages
Le chant des gènes en deçà des géhennes
Et l'éternelle errance des gens sans race

La vie brute
Une vie meilleure?
Ou juste un chemin différent
Un art ancien de tuer le temps?

N'attends pas trop des choses
Chaque être naît pour périr
Le bonheur est art de bien mourir

Vie brute
Lent ou rapide
Un sillon frais dans la souffrance

Raw life

Ce poème est initialement venu en mélange d'anglais et de français. J'en ai réalisé les deux versions.



Raw life
With no make-up and no ideal
The scream of genes through what is real
And the neverending roaming as ordeal

Raw life
A better life?
Or just a different kind of knife
To slice the time that flies?

Don't get your expectations high
Every thing here was made to die
And every birth is a decay

Raw life
Quick or slow
We dig our way through the sorrow