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lundi 11 mars 2024

Bon-heur

De tous les receleurs d'étoiles que contient l'univers, je n'ai trouvé d'autre que toi pour éteindre l'enfer qui pulse au-dedans de moi-même et presse sur mon cœur l'épine si cruelle de l'éternelle lucidité. Sourdent alors de ténèbres reniés en des plis de mémoire universelle -- où je me branche en de si brèves dissolutions -- , des gouttes si obscures que le mélange de toutes nuits possibles: odes désabusées où s'enferme l'acmé de mes abîmes. Deux faces pour le néant qui sait me faire chuter... Écartelé dans les octaves d'une musique à déchirer le temps, je vois mon être se disjoindre en deux horizons opposés du vaste espace infini; confins de l'être inhospitaliers qui nous rappelle comme une origine.

Déchire-moi sombre orbe de rien, dans l'expression de mondes spiralés qui dansent sur des pistes universelles, selon des temps que je ne peux sentir, et que je veux faire miens pourtant -- que je voudrais me faire grandir aussi loin que les bords de perceptions futures. J'absorbe frénétiquement tant de fragments de toi que je ne sais recoudre sur ma peau diaphane un manteau de ton souffle où me protèger de leur Être. Car l'ordre du Réel a croqué mes organes, enfoncé de longs crocs jusqu'au noyau de l'âme, je n'en puis me dépêtre, je suis pris au-dedans d'une pelotte d'incroyance. Et c'est encore vivre que de se défaire, on demeure si loin de la mort à exister malgré soi parmi les images de ce conte que se jouent les enfants. En regardant la nuit j'ai brûlé mes prunelles et ne voit plus partout qu'un champ d'inactuel, où tout se brouille, absence de contours où se défont les formes, où je m'indétermine et rebrousse chemin. Ressac ontologique, inception par laquelle reflue le monde dont je ne sais que faire...

Si je me place à tel endroit précis de Rien en regardant vers cette direction du grand Indéfini, alors je sens jaillir un monde ourdi de cellules encastrées parmi lesquelles, certaines déversent, sur ce qu'elles croient être substance, des valeurs d'alphabet -- vaine broderie de fictions pour que cohèrent ensemble les éléments d'un système qu'elles nomment injustement Réel.

Quelque chose que je crois Moi oscille d'un picomètre et toute la féérie soliptique de ce percept disparaît en même temps que ce qui la rendait possible. Voilà ce qu'il faudrait nommer bon-heur.

vendredi 16 février 2024

Aphorismes eudémoniques

"Être bête, égoïste et avoir une bonne santé, voilà les trois conditions voulues pour être heureux. Mais si la première vous manque, tout est perdu."

Flaubert

 

"Elle l'a mis en prison parcequ'elle était inquiète."

Papa

 

"Après l'enceinte, l'enclos"

Papa

 

"Nous avons tous dans le passé un jour qui nous désenchante l'avenir."

Aloysius Bertrand, Gaspard de la Nuit

 

"J'ai beau tricher et fermer les yeux de toutes mes forces... Il y aura toujours un chien perdu quelque part qui m'empêchera d'être heureuse"

Anouilh

jeudi 11 août 2022

Fragment amer

 La musique rythme le silence. Depuis qu'elle n'est plus dans ma vie, chassée par le prosaïsme du bonheur conventionnel, le vide ne chante plus dans ma tête; et c'est comme si chaque chose installée vidait de son immense indéfini le champ sans fin des possibles.

mercredi 28 avril 2021

Salle d'attente

Attendre est comme vivre:

L'instant d'un présent déporté.

Le bonheur est un livre

Qu'on oublie d'emporter.

mercredi 6 janvier 2021

A-T-C-G

 Il n'y a plus assez de souffrance dans ma vie.

Plus assez de ce matériau malléable pour composer ces complaintes mineures qui me peignent un profil ici.

Peut-être reviendra-t-elle un jour. Probablement...

En attendant, si écrire est un besoin, il devra trouver une autre fondation, une autre source.

Peut-être que la poésie ne sera plus le genre d'édifice qui s'y érigera alors.

Ces états de conscience qui n'ont ni l'éclat coruscant de la béatitude, ni la profondeur sombre du tourment, se prêteraient bien à l'équanimité du roman. Il ne faut pas trop d'intensité pour un roman, il faut distiller le sentiment au compte-goutte, sur la durée, mesurer son effort.

La poésie n'est pas un effort. Elle est jaculatoire et gicle sur la feuille par une pression trop forte à contenir. La poésie naît d'un besoin vital impérieux, sans calcul, sans mesure.

Or je vis bienheureux, suffisamment comblé pour ne pas entendre le cri de mon corps, des cellules de mon âme. J'avance suffisamment repu, dans une paix relative et mon énergie a d'autres couleurs que l'éternelle entropie. Elle s'emploie autrement, produit d'autres mondes dont elle maintient les murs.

Me manque-t-il quelque chose? Suis-je moins qu'avant? Ne puis-je être plus?

Je ne sais aujourd'hui si ce n'était pas la souffrance qui produisait l'ombre de mon identité, constituait la cause sublime dont j'étais l'effet contingent...

Que suis-je désormais, si je suis autre qu'elle, sans plus aucune coïncidence avec une quelconque détermination..?

Un corps, une forme, ne sont qu'une manière d'être, une manifestation. Un simple motif du seul tissu ontique. Pourquoi celle-ci plutôt qu'une autre? Peut-être car tout doit exister, et que le monde est l'indéfinie création où s'instancie l'infinité protéique de l'être.

vendredi 28 août 2020

La chimie rend heureuse

 

La drogue dans les veines.
Vivre est lutte bien vaine.
La chimie rend heureuse?
C'est ce que tu disais.

Oh tes aurores grises
T'entourent en un nuage
Que tes chants présageaient
Mais jamais ne se brise
Le son de ta colère.

Cette fois-ci c'est pour de bon,
Tu traverses le Styx
Et tes amours d'alors
Demeurent sur l'autre rive...

Est-ce que la chimie rend heureuse,
Rend à l'aurore ses doigts roses?

Tu sais je t'ai bien regardée
Mais tu ne voyais pas
Ma présence éclatée
Qui te tendait ses bras.

L'amour est éphémère
Un rêve de cimes une chimère
Que la chimie excède.

Cette fois c'est la bonne,
Le dernier souffle qui charrie
Sur tes yeux clairs le voile
Des chansons achevées.

Nous t'aimions de pleine âme
Mais la chair a raison
Qui cueille l'aiguillon
Pour tenir un sésame.

La chimie rend heureuse
Et son bonheur hanté
Couvre les ecchymoses
Dont tu étais teintée.

Maintenant tu reposes
Aux jardins embrumés...

La chimie rend heureuse.
C'est ce que tu disais.


Pour Jean.

Source musicale:

samedi 16 février 2019

T'es pas heureux

Je suis tombé là-dessus dans mes brouillons du blog, et je me dis qu'il est temps de publier tout ça. Et en prime je le lis de ma sublime voix portée par mon talent inégalable d'interprète...




On m'dit souvent:
"T'es pas heureux,
Tu devrais aller chez un psy.
C'est encore elle dans tes yeux
Fais un effort enfin guéris!"

Y parle de toi mon doux soleil
Comme si t'étais une maladie
Y a bien cette chanson pas si vieille
Qui bien ainsi te qualifie

Moi j'ai pas l'impression pourtant
D'être malade ou bien malsain
C'est pas le fruit d'un seul instant
Mais plutôt le coup du destin

Je t'aime encore, est-ce une faute?
Je souffre un peu, de temps à autre
Un peu à l'aube, et le midi
Et puis le soir jusqu'à la nuit.

Qui ne connaît mélancolie
Ne sait pas apprécier la vie
Toi qui prétend ne pas souffrir
Es-tu capable de sentir?

On m'dit souvent:
"T'es pas heureux,
Tu devrais aller chez un psy.
C'est encore elle dans tes yeux
Fais un effort enfin guéris!"

Pourtant pas besoin de guérir
Lorsque l'on peut encore sourire
Au passé bel et bien présent
Qui passe et va comme le vent

J'suis pas malade mais amoureux
J'ai partagé une âme à deux
Je t'ai imprimé sur mes yeux
Me suis pendu à tes cheveux

Et ma tristesse me rend heureux
N'en déplaise aux gens trop sûrs d'eux
Y a pas que tout blanc ou tout noir
Entre l'aurore et le vieux soir

Mais faut qu'j'arrête de ressasser
Tous les joyeux moments passés
Ça fait d'la poussière dans mes cieux
Et m'donne des larmes au fond des yeux

lundi 28 janvier 2019

Mordor



Je vais te montrer quelque chose
Viens visiter l'âme honnie
Sombre et sans reflet
Je suis la terre accidentée aux reliefs déchirés
Je suis la nuit si froide qu'elle glace les aurores d'argent

Au sein de la souffrance, si tu oses avancer
Je donnerai aux palpitations de ton cœur
Le rythme de lucidité
Couleur de la mélancolie
Tu verras la beauté
Des mondes anéantis

Es-tu capable d'aller loin, si loin
Que la froideur n'est que chaleur
Et que se lient les opposés?


Je t'emmènerai
Si tu veux
Dans les antiques palais de la décrépitude
Là où les pas résonnent et font tinter la solitude


Je te prendrai la main
Et te ferai toucher les sabliers du temps
Où chaque grain renversé figure une chose
À toi jadis et confisquée

Je t'enfermerai dans l'isolement de mes pensées
Dans les vertiges abyssaux
Dans les fonds renversés
Où jaillit cette source
Qui donne à la vie de ce monde
Des formes si précieuses

Voudras-tu venir avec moi
Et puis surtout rester
Lorsque l'obscur te bordera
Et obstruera tes yeux
Lorsque l'amour te manquera
Et trahira tes voeux

Si tu demeures alors encore un peu
Juste un peu plus que d'autres
Tu trouveras dans mon pays de mort
Des joies sans bruit d'éternité
Des fragments de bonheur
Dans le temps aboli

Mais tu devras te réciter
Ce mantra qui est mien
Et guide mon destin:

Du tourment des lucides
Emerge la beauté