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lundi 11 mars 2024

Aphorisme de l'amour éternel

"Devant Dieu ou devant tout autre fabricant d'étoiles, [...] je suis prêt à vous attendre"

Paul Morand, L'homme pressé

lundi 21 décembre 2020

[ Terres brûlées ] Mange un crépuscule


 
 
Il reste en mon jardin quelque fleur azurée qu'aucun coeur n'a ravi.
Il faut vite vivre, alors viens respirer
Le parfum d'impossible que j'y fais pousser

La nuit est toute proche, avant après, partout, autour
Il faut bien vivre ma jolie, vient abreuver ton jour
Et mange un crépuscule.

J'avance en l'océan sur un sillon mortel
Une lame de fond la forme du destin
Sur mon cœur l'eau ruisselle
Et scelle mon armure d'airain.

Tends la main et ressens
Comme une vie est éphémère
Il faut cueillir bien mûrs
Les fruits qui vite sont amers
Ce visage serein s'encadre de cheveux
Qui bientôt seront gris
Imprègne t'en les yeux
Prends-le dans tes artères.

Tout le monde peut être preux
En son coeur jeune d'amoureux
Après, l'ardeur est moins candide
Son cœur moins chatoyant
Et les humains qui brillent
Ne sont pas plus vaillants...

Ta bonté aux chevilles
Tu répands dans les cendres
Ta chaude humanité
Par un monde endeuillé

Ton style est celui des poupées
Que garde dans sa chambre
La femme autrefois jeune fille

Sa teinte giroflée
Suffit à faire plier
L'adulte trop docile.

Ce que tu donnes
Je ne pourrai le rendre
Je me demande encore
Pourquoi ton bel espoir
Souffle sur ma blessure.

Ce que tu donnes de toi
Sans aucune rature
C'est ce que, je le sais,
Du fond de mon abîme
J'admire incessamment

Et je suis bien indigne
Moi dont l'âme-tourment
Ne tient que dans les yeux
Et fane dès qu'on la prend.

dimanche 2 août 2020

Impasse de l'illimité

J'y vois trouble putain! Et pourtant plus clair qu'en plein jour d'été. La pluie tombe à seaux, mais tout mon cœur est chaud. Ça brûle en mes entrailles, dans mon entrejambe qui s'enflamme, quelque chose s'éveille et veut s'élever. Y a-t-il dans quelque endroit du ciel des cimes qui m'aiguillent? Où sont-ce les piqûres de tes fruits mûrs qui bandent mes muscles, insufflent la puissance en mes sillons de veine...?

J'ai un petit soleil privé qui brûle à l'intérieur du ventre, qui chante dans la caisse de ma cage thoracique. Ça me fait des musiques syncopées qui accélèrent et refluent, comme une marée devenue folle et qui changerait cent fois par jour...

Ce n'est pas ça l'amour. Est-ce même quelque chose que ce concept malléable...

Mais j'y vois trouble putain, et si puissamment clair pourtant...

Quelque chose en mes cellules perce le gris sombre des cieux, transperce l'âme de rayons de rosée en nuancier crépusculaires. Et tes bras sont des ailes accrochées à mon cou, et qui me clouent au lit tandis que mon esprit traverse les univers... En infusant ta peau, en creusant tes cellules...

Et si chaque paire de bras était une impasse vers le grand vague Illimité...

samedi 13 juin 2020

Le bain

Petit poème d'entraînement...
 

Il est un bain de mots
Tout au bout des canaux
Fait d'émotions versicolores
Et de plumes d'oiseaux
            De lettres enchantées...

Mon plaisir d'outre-source
Tu es l'unique
Intermittent et capricieux
Mais si large sourire

Un répit fait de pluie
Récit de faits fortuits
Où les demeures de l'âme
S'écroulent une fois bâties

Verbe
Chant
Blé pur des cieux azurs
Essieu de la Grand Roue
Je pense mes blessures
Dans le roulis des ans

Que diront les poissons futurs
Et les pêcheurs du soir?
Lorsqu'ils exhumeront du sol
Ces vers si dérisoires...

Revenons à la source
Où gît le cercle des visages
Le livre blanc de pages
ADN de chacun

L'amour est dans le bain
L'eau brûlante est glacée
J'y plonge un cœur d'airain
Qui s'élève en fumée

Les filaments de brume
Forment un alphabet
Celui de mon destin
Au ciel froid qui s'éteint

jeudi 11 juin 2020

L'amour?

La poésie peut-elle remplacer l'amour? Peut-elle devenir l'amour?

mardi 28 janvier 2020

Je n'ai jamais trouvé tout ça très juste



Tu sais je n'ai jamais trouvé tout ça très juste
Que chacun vive sa vie comme si nous étions éternels
Quand c'est la mort au bout de chaque destin
Et qu'une à une les étoiles s'éteignent.

Il n'est pas juste non plus qu'une des deux extrémités d'un amour
Reste seule allumée
Quand c'est la seule chose que nous devrions pouvoir vivre
Sans concevoir de fin.

Que tes épaules droites et ton dos bien cambré
Aient tourné les talons à mon puits solitaire
Que toute ta chaleur se soit trop dissipée.

Ce n'est pas juste qu'un verre de vin t'ait remplacé
Que seules des images de toi me fassent danser
La valse des échoués là
Sur une piste déchirée des cieux.

Tu sais au fond rien de tout ça n'est juste:
Que mon destin demeure parallèle et jamais ne me croise
Que tout ce monde existe avec des yeux fermés
Quand les miens sont fixés sur un néant d'illimité.

Je suis sûr que tu es belle
Dans tes voluptés insouciantes
Avec ton coeur rebelle
Qui méprise le silence.

Il n'y a ni bonheur ni idéal
Alors à quoi bon vivre en croyant qu'un mensonge
Peut combler tout le vide entre deux absolus...

mardi 3 décembre 2019

Dents de brume



Existe-t-il un pansement contre chaque blessure
Noir sur le rouge des plaies
Comme un drapeau que les pluies rongent

La nature a trois lettres pour défendre la vie
ZAD, avec un A comme Anarchie
Et peut-être l'amour, les gens oublient

Venez mes théorèmes!
Je suis mathématicien des poèmes
Je ne crée pas je trouve ce que nature sème

Et le compte est toujours bon
Le combat si fécond
Voyez tous nos bourgeons

Et tous ces bouts de jour
Que vie tresse en collier
Sont pareils à l'ivresse
Des douleurs dissipées

Enfant de lune
Toujours au dernier rang
Ne verse pas ton sang
Ils te dévorent de dents de brume...

mardi 10 septembre 2019

Se lever encore

C'est toujours mon âme qui cherche à s'abolir, qui s'assomme par et pour le corps, afin que n'existe que lui, animal brut, mû par le seul instinct, inconscient, traversé d'une nature sans doute ni critique, élan absolu, mouvement pur.

À chaque fois, mon âme se tue et revient à la vie plus morose et neurasthénique qu'auparavant.

Mes nuits n'ont plus à voir avec le repos, j'y pleure, j'y meurs aussi doucement, comme traversé par un peloton de sabres tranquilles et méthodiques.

Je rêve de toi chaque nuit et ces rêves ont la teinte grise et sale des choses abîmées. Ces rencontres oniriques sont comme un mur qui s'écroule, une démolition ignoble qui figure ce qu'est mon cœur aujourd'hui privé de toi.

Peut-on accepter d'avoir perdu l'amour? Le substitut de mes mots est aujourd'hui plus que nécessaire. Il n'y a bien que cela qui me donne aujourd'hui la force de me lever encore.

Étrange comme mon amour vit hors du temps. Je suis à toi comme un objet oublié, le jouet d'enfance clôt dans une boîte au fond d'un vieux placard, et qui ne connaîtra jamais plus le toucher d'une main.

Quelque chose n'est pas terminé, ce quelque chose empêche mon sommeil, me prive de repos, sourde de mon corps, de mon âme, de tout ce que je suis et dégueule sur ma vie en ces tons de tristesse aride qui souillent mes aurores.

De quoi suis-je coupable pour que les choses fassent invariablement signe vers toi...

samedi 16 février 2019

Content pour toi

J'ai retrouvé en farfouillant sur le blog ce brouillon que je n'avais jamais publié. C'était un projet de chanson mais je ne me souviens même plus pour accompagner quelle musique exactement... Je me dis que ça vaut le coup de le publier et surtout de le déclamer, à ma manière imparfaite.



Au fond...

C'est une question de bienséance
Il serait séant d'être heureux
Puis c'est probablement une chance
De ne plus pouvoir être amoureux

La mécanique de mon coeur est cassée
Mon amour s'arrime au passé
Tous mes sourires sont souvenirs
Une somme d'écho sans avenir

Je suis content pour toi
Enfin c'est évident
Te savoir à d'autres que moi
N'attise que mes bons sentiments

C'est une question de sincérité
Je préfère aux mensonges
Une cruelle vérité:
J'ai mal à chaque fois que j'y songe
À ton bonheur avec l'autre enculé

C'est ainsi, j'ai jamais su vouloir
J'ai toujours été incertain
C'est plus facile de ne plus te voir
Que rendre mon coeur tout terrain

Je suis content pour toi
Enfin c'est évident
Qu'un autre passe à travers toi
Me fait sourire de toutes mes dents

lundi 30 juillet 2018

Ma ville

L'amour en acte ça s'effiloche un peu, comme les sous-vêtements que je t'ai achetés et que d'autres t'enlèvent désormais.

Aimer une chose est plus facile que les gens, c'est un amour docile et de peu d'exigence. Lorsque j'ai rencontré ma ville, elle était bien gironde, plus patiente que toi car moins fidèle et puis non exclusive aussi.

La ville attend tout le monde, même les indécis qui, comme moi, finissent dans les choux, sur un trottoir sali, à force d'avoir joué les derviches tourneurs.

J'ai la phobie des carrefours ma chérie, ou bien les aimé-je tant et si bien que j'y reste planté, immobile, quand tout, autour, s'aiguille et s'oriente à la lueur d'un phare qui sait son chemin.

Contrairement à toi, elle accepte mes oscillations indécises, et passent les destins pressés, sans que je les suive, tandis qu'elle demeure indifférente et par là désirable.

Elle me pardonne mes errances en d'autres terres et je reviens toujours pour cette raison.

Toi, maintenant que tu es image, souvenir par mes phantasmes animés, je sais bien mieux t'aimer je crois. Je t'aime comme une ville où j'ai posé mes bagages et que je n'ose quitter, que j'arpente discret dans le silence de mes pensées, en regardant quelques murs familiers qui sont autant d'écrans de mon intime cinéma.

Probablement ne remarques-tu pas l'ombre qui s'étire en tes artères vivantes. Je suis tellement discret et lointain - tout juste existé-je - que mon sillon s'efface à mesure que j'avance, comme si je marchais inexorablement sur mon propre océan de songes...

Chaque femme  qui s'agite ici est un fragment de toi que je ne sais plus compléter. Pour cette raison, je cours bien des jupons, et collige dans chaque froissement de textile, une note de cet air que tu jouais pour moi.

Si nulle femme n'est plus assez pour moi, je crois que toi... toi tu l'étais de trop.

mercredi 7 mars 2018

De tout et même du reste

Je me souviens de tout bordel, et même du reste. Saloperies de nuits où j'orbite autour de ton vortex. Même mes rêves abritent un trou noir de bonheur et tristesse entretissés d'amour. Je me réveille hagard, j'hésite avant d'ouvrir les yeux: prolonger ce rêve où nous sommes réunis, où je sens ta présence aussi vraie que vraie, ou bien mettre un terme à la mascarade, jeter les couvertures sur le côté, s'asseoir au bord du lit en soupirant, les poings posés sur le matelas, à reprendre le souffle d'une âme excitée. De toute façon il me faudra tout essuyer, d'un café noir et d'une chanson bien forte où mes pensées se taisent convaincues.

Je me souviens de tout, à tel point que je puis inventer. Et ces histoires de la nuit que sont-elles, sinon d'autres mailles à ce manteau des moires, celui que je revêt parfois plongé dans la nuit noire.

Je me souviens de tout et même du reste.

C'était une belle histoire.

jeudi 25 janvier 2018

Bipolaire?

Je me demande de plus en plus si je ne suis pas bipolaire. J'avoue ne pas savoir autre chose que quelques généralités un peu creuses quant à cette pathologie, mais celles-ci s'accordent assez bien au mal qui m'afflige. Tantôt tout entier plongé dans telle obsession, qui me porte, focalise mon ascension en un jet d'autant plus violent et jaculatoire qu'il est concentré. Mon obsession alors, souvent intellectuelle, n'est pas qu'un amour théorique mais bel et bien érotique. Plus je travaille dur et plus je sens monter en moi un désir insatiable et brutal qui m'emporte, comme s'il ne s'agissait là, finalement, que d'une autre forme de sexualité... Mon esprit pilonne inlassablement, surexcité, consumé et repu de sa simple excitation.

Après cette phase qui ne discontinue pas, je termine exsangue épuisé. Ce n'est pas d'une petite mort dont je suis victime mais bien d'une grande, incommensurablement plus grande que celle qui vous fait, fugacement, détester l'être complice de la vie qui s'est emparé de vous comme un pantin pour achever son dessein. Le sujet qui m'occupait jusqu'à présent fait désormais l'objet d'une répulsion viscérale. Je le hais, le rend responsable de tous les maux. Il a siphonné ma vie qui s'est échappé par ce vortex qui n'a finalement mené à rien, qui n'a pas tenu ses promesses. Je suis dès lors entré dans une phase de dépression profonde, chu telle pierre dans un lac trop sombre, sans plus apercevoir la surface. Et ce qui me fait peser de tant de poids, lors même que je suis vide, c'est le fantôme de l'obsession qui retombe alors avec ma vie dans les abîmes insondables d'où je pensais l'extirper, pour toujours - ce pour toujours est dramatique, la source de toutes les tragédies humaines...

Ma vie cyclothymique roule ainsi, de crise en crise, je suis contradictoire jusque dans mes humeurs, isosthénique jusqu'au bout des passions, mais de la trempe des vrais sceptiques: de ceux qui s'efforcent de croire de tout leur être une chose et son contraire, pour enfin s'en désaisir comme d'un vulgaire coquillage parmi tant d'autres échoués là.

lundi 15 janvier 2018

Rien à perdre

Je me réveille et me lève dans le jour naissant avec une bien mauvaise volonté. Un rêve de l'amour perdu m'a hanté, s'est joué sur la scène onirique avec une cruauté plus comique que tragique. Mais tout de même, le rire est jaune au réveil...

À un moment de ce rêve interminable, je me souviens avoir senti non de la jalousie mais de la haine pour la personne qui dans mon imagination m'avait volé l'objet de mon sentiment, l'amoureuse dont on garde farouchement le papier de vote où luit son propre nom. On se possède en amour, du moins dans celui que j'ai connu. On se possède par le corps, de manière absolue, sans compromis, sans alinéa ni codicille. On se possède plus difficilement par l'âme, du moins y a-t-il toujours une partie qui nous échappe, de multiples faces cachées qu'un corps sait mal entretenir.

D'où vient ce sentiment de possession, cette conviction viscérale que l'autre vous appartient et que toute autre affinité élective est une trahison, un vol qui vous prive de la chose la plus précieuse: des yeux qui aiment, qui n'aiment que vous, vous malgré vous... Il m'a fallu changer de monde pour comprendre, j'ai dû analyser de manière rationnelle. En voici le résultat.

Le monde est un état d'objets, de choses, liées entre elles par des relations d'un certain type. Si la foudre tombe sur un arbre de mon verger, dois-je me sentir pour autant dépossédé? La relation qui m'unissait à lui était-elle la possession? Posséder quelque chose, c'est être soi-même un ensemble dont l'objet en question est un élément. Mais ce n'était pourtant nullement le cas: l'arbre appartient à maints ensembles, une indéfinité à vrai dire. Pire, le lien qui le lie à moi est issu d'un concept purement abstrait, d'une représentation mentale qui vaut pour moi en tant qu'elle nous sert collectivement à agir, mais pour l'arbre ma représentation n'a pas lieu d'être. Finalement la foudre a réagencé les relations entre objets, elle a modifié la figure du monde, tout comme le fait le temps, à chaque instant.

Il doit en aller de même avec l'être aimé, il ne vous appartenait pas, et réciproquement. Le monde a juste modifié son système relationnel, vous ne possédez pas le monde, il est le fruit sensible de votre relation à un réel forain. Ce qu'on a insensiblement saccagé, c'est votre petit monde interne, le château de cartes des croyances, des concepts, la rassurante cartographie que l'homme s'acharne à tracer d'un réel qui l'excède indéfiniment. En réalité, c'est vous qui vous êtes dérobé quelque chose: la lucidité, l'incrédulité, le surgissement du réel dans sa radicale étrangeté, inarraisonnable et qui inclut en lui, magnanime, votre petite lucarne sur l'altérité avec une patience infinie.

Je bois mon café, rassuré: je n'ai rien perdu car il n'y a rien à perdre.

mardi 21 novembre 2017

Les yeux secs



Enfin j'ai dépouillé mon coeur
Il est rouillé le vieux malheur
Je suis désormais face aux peurs
Un simple curieux spectateur

Cette douleur qui par moments me prend
Est du membre fantôme un sentiment
Une douleur fantoche un faux tourment
La mémoire qui s'accroche à mon présent

Et je dis être libre
Parce que sans passion
Excepté pour les livres
Et l'ivre expression

Les êtres ne sont plus de chair
J'ai perdu celle qui m'était si chère
Ils se sont tous dématérialisés
De simples formes à poétiser

Assis dans mes poèmes
J'observe ceux qui s'aiment
En bonheurs ou en drame
En rires ou bien en larmes

Je garde les yeux secs
Sur quoi pourrais-je pleurer
Le passé est passé
Par delà les parsecs

Rassis dans ma bohème
Délié des dilemmes
L'amour n'est qu'un poème
Un agencement de lemmes

Un déhanchement de l'âme

mardi 31 octobre 2017

La rupture impossible



Arc-bouté dans ma coquille
Caché dans quelque conque
Au creux d'une écoutille
Tel un héros de pacotille

Je t'ai trouvé mon bel amour
C'était donc toi depuis toujours

Dans quelque vacuité cosmique
D'où s'écoulent les choses
Accolé au réel
Calé dans claire prose
J'écoute éclore les roses

Je t'ai connu dans la musique
Je t'ai rencontré dans un disque

Accoudé au comptoir
Acouphène des vies
Je t'ai connu claquée
Par des cordes frappées
J'ai découvert ton corps
Qui fut toujours d'accords
Je quêtais les toniques
Tu étais acoustique
J'étais tout électrique

Je t'ai dévoré dans ces pages
Où s'encre ton visage

Quoi que raconte ton histoire
Quelles que soient tes déboires
Immanquablement je craquais
Pour ces croquis collés
Aux coins de mes cahiers
Je me claquemurais
Pour toi me craquelais
En mille éclats d'écrits
Transcrivant le vécu
D'un coeur par toi vaincu
Comme un pays conquis
Ne valant qu'un écu
Mais que tu acceptais
Dans tes tragiques cris

Je t'observais yeux clos
Tes couleurs m'ont enclos

L'amour est un tric-trac
Où le temps est compté
Tic-tac le temps est écoulé
Ton esquif est coulé
Qu'est-ce que tu croyais
Qu'un orchestre criard
Pourrait bien t'octroyer
Qu'enfin j'acquiescerai
À tes cinquantes requêtes
Quel macaque tu fais
Un sacré cataclysme
Tout juste un ectoplasme
T'ai-je bien fréquenté

Tu as gagné mon désamour
C'était écrit depuis toujours

Je m'en tamponne le coquillard
Je t'aime il est trop tard
Fais de moi ta breloque
Pendu à ton long cou
J'accepte tous tes coups
J'y ferai ma bicoque
Qu'importe si je claque
Je t'aurai mise en cloque
Moi le clinquant macaque
Couleur d'une autre époque
Cancrelat qu'on matraque
De toi je suis amok
C'est le récit classique
Un cas d'école tragique
Mais nulle tectonique
Descellera mes pas
Je suis le pesant soc
Planté là dans le roc
De ton rock écorché
Le vieux plouc encorné
Par ton ocarina


Je t'ai voulu doux cauchemar
J'ai tout vendu pour un dollar
Quelque beauté à nu
Et bienvenue le dol de l'art...

mardi 17 octobre 2017

L'homme rassis



C'est un délicieux supplice d'aimer en coulisse, le protagoniste d'une pièce dont vous ne faites partie. Parti que vous êtes, au lent pays des indécis, qui regardent assis le temps qui désaisit leur coeur de ses désirs rassis. Personnage imprécis à l'ossature mal définie, aux motifs inconnus y compris de lui. Personnage ou plutôt souffleur, qui donne la réplique aux autres, celé sous la scène du monde, dont il a souhaité ne plus vraiment faire partie. À trop suspendre ton assentiment, ne vois-tu pas s'éteindre tous tes sentiments, au profit de celui-là seul que tu éprouves d'une mélancolique mélancolie. Ton délicieux supplice que tu sirotes de crépuscule en crépuscule, hilote dont disposent les spartiates, combattants intrépides qui se confondent avec la vie dans ces étreintes que tu te complais à peindre à l'aide d'artifices. Tu écris si bien le goût de l'amour, et ces images que tu peins de relations d'humains ont la couleur de vérité que seuls les mensonges figurent. Tu as troqué la chose pour le signe, cela t'a-t-il donné le sens?

Mais pardon je dois te laisser, à ton si délicieux supplice, le vice d'aimer en coulisse est un plaisir égoïste et la pièce où je joue, tu n'en fais pas partie. Parti que tu es, au lent pays des indécis, des imbéciles regardant le temps qui désaisit des ans, des gens et des élans aussi.

Je me lève, je m'en vais mais surtout reste assis, je n'ai pas le coeur à goûter de ton pain rassis.

jeudi 12 octobre 2017

Passe ton chemin (en vers)



Passe ton chemin petite
Je ne suis pas divin
À peine t'ai-je voulu
D'un voeu sans lendemain

Je suis grand amoureux
Mais d'un objet cédé
Rendu contre mon gré
Au fleuve du Léthé
Je cherche à ranimer
Cette ancienne unité
Dans de brèves étreintes
Et des bougies éteintes

Passe ton chemin petite
Je ne suis pas divin
À peine t'ai-je voulu
D'un voeu sans lendemain

Que puis-je donner au fond
Plus rien dans mes tréfonds
Où enflammer un peu
Ce sentiment de feu
Où brûle l'amoureux
Je ne suis plus heureux
Je suis le pion d'un jeu
Qui parle de visions
Que quelques histrions
Vomissent en alluvions

Passe ton chemin petite
Je ne suis pas divin
À peine t'ai-je voulu
D'un voeu sans lendemain

Je ne tends pas la main
Vers d'autres lendemains
À peine là je quitte
Les draps chauds de ton lit
Qui ne sont le pays
Dont je suis l'habitant
Qui ne sont qu'une escale
Où reposer les voiles
D'un navire abîmé
D'être désarrimé

Passe ton chemin petite
Je ne suis pas divin
À peine t'ai-je voulu
D'un voeu sans lendemain

Je donne ce que je peux
Voilà le peu que j'ai
Pour toutes celles et ceux
Qui voudraient partager
Un corps sans âge et
Sûrement naufragé
Qui vient las s'allonger
Et là se mélanger
Pour d'autres solitudes
Être un doux interlude

Passe ton chemin petite
Je ne suis pas divin
À peine t'ai-je voulu
D'un voeu sans lendemain

lundi 25 septembre 2017

zombies love

Voici le temps des amours morts qui s'élancent hors de terre pour poursuivre les héros des tragédies réelles. Regarde le cadavre de l'amour qui s'en vient dévorer ton coeur. Te souviens-tu de ce sourire sincère qui tel un ballon chaud haussait tes bords de lèvres? Et vois comme il devient amer et sombre, là dans la mer lorsqu'il te montre enfin le corps qui te faisais refrain.

Vois le temps des amours morts qui marchent à tes côtés comme une poupée sans âme qui vient te dévorer. Tu vois sa bouche s'ouvrir, il ne s'agit plus d'un rire ou d'un cri, pire, c'est comme une vallée béante ouverte aux vents, indifférente.

samedi 9 septembre 2017

L'unité





Attrape-moi, enserre-moi, conserve-moi. Détache-toi, désenlace-nous, défais tout ça. Ton souffle en moi, ta peau la mienne, tes pleurs ma peine. Dénoue le noeud, détruit le sol, troue l'édifice, croule en néant, souffle les signes, tue les racines. Ton regard mon regard, ton haleine mon haleine, ton passé mon histoire, ton amour est ma haine.

L'amour est la mort du Je et le jeu la naissance du nous, ainsi aimer serait-ce jouer à mourir?


Dessin d'Amine Felk, texte de moi-même.

dimanche 6 août 2017

Playground love

S'il y a bien une chanson que j'ai coupé longtemps aussi tôt qu'elle passait dans ma playlist, c'est "playground love" (de Air)... Aujourd'hui je l'écoute de nouveau parce que je n'ai plus peur de t'aimer sans retour. J'ai finalement arrêté (avais-je bien commencé?) d'écouter les gens me dire que c'est absurde et qu'il faut passer à autre chose. Ils font ce qu'ils veulent, s'il désirent une histoire actuelle, avec un corps qu'ils peuvent toucher, et des marmots plein la maison achetée à crédit, cela leur appartient. Moi j'ai trouvé l'amour de ma vie et il ne m'a jamais quitté un instant depuis (je dis cette phrase avec un sourire niais sur la face).

Pourquoi me retiendrai-je d'exprimer une fois de plus ce que j'ai déjà tant crié, chanté, pleuré? Pourquoi retenir mes mots qui ne sont qu'un poème de plus accroché au collier de ton indifférence. Je m'en moque, tout comme je n'ai pas eu besoin d'occasion pour t'acheter ces boucles d'oreilles (un peu chères pour mes moyens limités), je n'ai besoin d'aucune occasion pour lancer en l'air mes pensées qui retombent en une pluie de phrases qui chutent à ton honneur.

Si l'on me demandait quelle femme je voudrais être, je répondrai immédiatement, sans avoir besoin d'y réfléchir une fraction de seconde: toi. Parce que tu es l'idée, mon Idée de la femme. J'en ai connu beaucoup des femmes des autres qui étaient absolument géniales et tellement aimables. Mais je n'ai connu qu'une femme qui tient miraculeusement dans les formes de cette idée que je m'étais façonnée depuis l'enfance. Même les aspérités de toi qui m'ont écorchés, voire plus, ne semblent pas dépasser du calque - mais peut-être que calque il n'y avait pas et que l'idée finalement est née de toi... C'est toi, dans tous les défauts et les qualités qui forment la perfection d'une idée. Il fallait que je te rencontre pour savoir ce qu'est une femme et pouvoir me dire alors qu'une telle chose existe en acte.

Que tu dois rendre heureux tout ce qui t'entoure... J'espère - mais je sais que cela est hautement improbable, voire infinitésalement possible - que l'homme qui t'aimes et que tu aimes en retour partage cet état de fait avec moi, j'espère que pour lui aussi tu es l'essence de la Femme. J'en doute, mais ce n'est pas grave, un trop grand amour peut être trop dangereux, provoquer des houles aux vagues létales et qui détruisent les rivages de leur violence: ô combien avons-nous connu cela...

J'ai de la chance d'avoir été caressé par tes rayons, et tu as de la chance d'être aimé par un amour si pur qu'il arrive à fondre l'éternité immuable d'une idée dans la chair mouvante d'un corps. Car c'est cela mon amour: te faire une légende, faire de tes mouvements des musiques, de tes regards des métaphysiques, de tes sentiments des brûlures, de tes yeux un voyage sans fin au bout d'une aurore qui n'en a pas.

Aède anachronique, je fais de ton départ un souffle dans mes voiles, de tes cheveux bouclés un instrument mythologique, de ton coeur un pulsar mordoré, de ta pudeur des suspenses insoutenables qui tiennent en haleine les étoiles et les comètes vagabondes.

Peut-être ne suis-je qu'un instrument, mon existence qu'un moyen de te faire connaître au monde, peut-être suis-je un dictionnaire déclinant ta définition - femme - avec maints exemples littéraires - comme dans le Littré - et puis des hordes de synonymes pour bien circonscrire ton unicité, ta singularité parmi les choses du monde qui peuvent rappeler un peu la Femme mais qui ne sont que des signes vers tout ce qu'elles ne sont pas - et que tu es.

Peut-être un jour parviendrais-je à écrire une histoire, ton histoire qui sera à la fois mélopée et épopée, qui sera poème et récit, qui sera le signe fini qui ouvre sur la béance infinie de toutes les manifestations possibles d'une idée. Je crois que si Platon t'avais rencontré, ou avait pu simplement lire ce livre qui n'est pas encore, il aurait su alors que les Formes ne demeurent pas suspendues dans un ciel absolu et séparé du nôtre, mais que les idées, au moins une Idée, sont là, nous effleurent, nous embrassent, nous traversent et puis nous quittent. Diogène ne s'est jamais levé pour parcourir Athènes une lanterne à la main en disant "je cherche la Femme" pour parodier Platon, peut-être a-t-il eu alors le pressentiment de ta présence future, que des ondes cosmiques subtiles annonçaient déjà.

Diogène, aujourd'hui c'est moi, qui me lève et chante: "j'ai trouvé la Femme". Je suis un Pessoa contemporain qui a trouvé son Ophélia, d'ailleurs mon nom aussi est personne quand le tien lui ressemble tant.

Aller, il est temps, me dis-je pour moi-même. Accroche ces quelques trilles à ce cou si gracile qui a quitté l'étreinte malhabile de tes mains. Dépose ton offrande aux pieds de cette absence si pleine. Je me souviens si bien du pas que tu prenais lorsque tu t'en allais bien décidée; pour partir loin de moi qui n'était pas à la hauteur.