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mardi 19 septembre 2023

Faire surface

 Petit coin isolé dans le vaste univers, assorti d'ombres folles ô souvenirs de jamais; pourquoi donc, ô pourquoi chaque épreuve pointe vers toi..? Ordre que j'invente aussi loin que possible de vous; juste un coin de la nuit, sans photons pour obscurcir le grand ciel, pour cacher la vérité des abîmes, ô ma joie... Ma joie... Ma joie... informe obscurité, chose sans-fond, voyelles sans consonnes: 

ÉVOHÉ!!

Je voyage dans les jungles de mon imagination, au sein de paysages lunaires, chaos granitiques, surfaces lisses où le regard porte au loin. L'amour des océans c'est le désir des images simples qu'on peut parcourir, indéfinitivement. Dans le nu, dans l'apparence sobre épurée gisent les possibles de ma joie, celle qui me fuit dans le monde saturé de vos élans, de vos pulsions, d'images criardes, d'informations encodées, des plates nourritures du siècle sans psyché.

Je regarde les moutons qui font face au mouton que je suis, assis dans la résignation et moi debout sur le promontoire érodé d'un statut qui se ment. Je regarde ces reflets de moi possibles, et je méprise, trop souvent, ce que j'ai néanmoins été. Combien d'âmes seront sauvés de ce siècle..? Par moi? probablement aucune. Qui sait... Considérations vaines de l'égo qui inspire, se gonfle dans l'angoisse, survit lui-aussi, comme une chose existante et prise au piège.

Je regarde vos yeux qui regardent les peintures rupestres de ces contemporaines cavernes, nomades cavernes, dont les ombres si puissantes font regretter d'être là, dans l'entrelacs d'un réel ininterrogé -- vieux mur croulant sous les plaisirs immédiats qui séduisent parce qu'ils se donnent aisément. Que fais-je ici à gagner ma vie, à remplir une mission ô si haute et noble: ourdir le nouvel Ordre d'adeptes forcenés, sans envergure, sans même le concept de porte de sortie?

Je voyage en mon for intérieur, parle aux étoiles qui peuplent mes pensées souterraines. Je parle en vain mais je vis, mes mots mordorés brillent d'une énergie qu'un moi mondain n'a plus -- caricature anonyme et impersonnelle dans de publiques structures qui moulent infiniment des masses.

Petit coin isolé que je suis, que je vise, d'un regard porté vers l'extérieur et qui retourne tout de même le monde à l'envers, pour y voir, perpendiculaire, l'âme qui se plante en la glèbe des choses, reliant la surface du monde à une dimension supplémentaire et superfétatoire.

La société est merveilleuse, il suffit pour y être heureux, de s'aplatir enfin totalement: il n'y a qu'ainsi qu'on fait surface.

On s'aplatit... écrasés de bonheur.

lundi 6 septembre 2021

Gods

Oh nous avons tout le temps du monde. Toute la consciente lucidité aussi brûlante que des étoiles folles. Que ferons-nous alors? Quelle qualité de l'être froisserons-nous dans la contemplation atone de l'instant? Et pour quel horizon? Quel idéal ardent de distance infrangible nous faudra-t-il convoiter enfin?

Nous avons tout le temps du monde.

Pieds suspendus sur la pointe de lune, avec les reflets mordorés de la mer en-dessous. Ligne de l'âme enfoncée sous les eaux: océan de la vie qui porte mes espoirs et ouvre ma prison sur l'indéterminé des nuits.

Nous avons tout le temps du monde.

Et se connaître est insensé. Nous avons tout le temps du monde, il ne faut pas surtout, surtout pas se presser.

Il y a, tu sais, dans l'écheveau des limbes, des notes amères et cruelles qui parent le silence de profondeurs d'abîme -- et ces limbes sont miennes. Et comme mon reflet, alors, obombre ma cellule et resserre les murs de ma durée-demeure. L'enfer est un fragment de soi. C'est pourquoi je m'enfuis dans tes dessous de soie.

Nous avons tout le temps du monde.

Pour mourir doucement. À l'ombre de feuilles éméchées.

Nous avons tout le temps, tout le temps, tout le temps!

Et des tonnes de souffrance pour ponctuer nos joies, l'existence est aphone sans la dissonance, il faut souffrir beaucoup pour s'extasier parfois.

Nous avons tout le temps, de cueillir le beau jour, ne presse pas tes doigts autour de cette gorge. Patiente et fouille un pot-pourri de tes durées, ouvre les yeux avale, liquide, l'immense ennui de vivre, l'absence d'absolu, le ciel est sans issue...

Nous avons tout le temps.

Mais il ne faudrait pas. Il faudrait bien courir, aller à sa recherche, pour écrire des livres sur celui loin perdu.

Nous avons tout le temps...

Impossible de vivre...


Source musicale:

 





mardi 17 octobre 2017

L'homme rassis



C'est un délicieux supplice d'aimer en coulisse, le protagoniste d'une pièce dont vous ne faites partie. Parti que vous êtes, au lent pays des indécis, qui regardent assis le temps qui désaisit leur coeur de ses désirs rassis. Personnage imprécis à l'ossature mal définie, aux motifs inconnus y compris de lui. Personnage ou plutôt souffleur, qui donne la réplique aux autres, celé sous la scène du monde, dont il a souhaité ne plus vraiment faire partie. À trop suspendre ton assentiment, ne vois-tu pas s'éteindre tous tes sentiments, au profit de celui-là seul que tu éprouves d'une mélancolique mélancolie. Ton délicieux supplice que tu sirotes de crépuscule en crépuscule, hilote dont disposent les spartiates, combattants intrépides qui se confondent avec la vie dans ces étreintes que tu te complais à peindre à l'aide d'artifices. Tu écris si bien le goût de l'amour, et ces images que tu peins de relations d'humains ont la couleur de vérité que seuls les mensonges figurent. Tu as troqué la chose pour le signe, cela t'a-t-il donné le sens?

Mais pardon je dois te laisser, à ton si délicieux supplice, le vice d'aimer en coulisse est un plaisir égoïste et la pièce où je joue, tu n'en fais pas partie. Parti que tu es, au lent pays des indécis, des imbéciles regardant le temps qui désaisit des ans, des gens et des élans aussi.

Je me lève, je m'en vais mais surtout reste assis, je n'ai pas le coeur à goûter de ton pain rassis.