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lundi 31 octobre 2022

Peinture de nous

Dans l'ondoiement crépusculaire de ces vallées chlorophylliennes s'affiche l'horizon radieux d'un destin suspendu, entre deux nuits -- parmi tant d'infinis possibles -- qu'on aurait figé là, derrière les vitres d'un salon moderne, à travers les vitraux du salon-cathédrale où nous portons l'un sur l'autre ce regard accordé de deux âmes amoureuses -- et tout cet agencement de réalité semble figer en son dessin tous les soleils de tous les mondes heureux.

Je vois, à la proue de cette nef de vie, par le hublot de nos lueurs, le monde inexorablement tanguer, tandis que pour la première fois, la peur et le dégoût de tout cela me quitte, l'espace d'un instant qui, je l'espère, subsumera ma vie.

Ils ne comprennent pas, de leurs passions tristes, cette existence christique qui noue nos deux regards et semble un tant soit peu apaiser, une part de la souffrance du monde vacillant.

Ils ne comprennent pas...

Et nous ne comprenons pas, non plus, ce qu'ils comprennent au fond, depuis les fondations de leurs entrailles et de leurs cœurs, enfermés que nous sommes dans un style -- tous... autant que nous sommes.

À la proue de cette église, témoin silencieux de notre religion, sur la bastingage du jour qui décline, comme une marée lumineuse dans l'océan de nuit avec ses moutons d'espace-temps, sa houle gravitationnelle, portés par cette spire galactique nous existons parmi tant d'autres âmes: excessivement rapprochés et néanmoins infiniment seuls.

Nous ne faisons signe vers rien. Nous sommes de ce Tout, défectibles et sublimes.

mardi 31 octobre 2017

La rupture impossible



Arc-bouté dans ma coquille
Caché dans quelque conque
Au creux d'une écoutille
Tel un héros de pacotille

Je t'ai trouvé mon bel amour
C'était donc toi depuis toujours

Dans quelque vacuité cosmique
D'où s'écoulent les choses
Accolé au réel
Calé dans claire prose
J'écoute éclore les roses

Je t'ai connu dans la musique
Je t'ai rencontré dans un disque

Accoudé au comptoir
Acouphène des vies
Je t'ai connu claquée
Par des cordes frappées
J'ai découvert ton corps
Qui fut toujours d'accords
Je quêtais les toniques
Tu étais acoustique
J'étais tout électrique

Je t'ai dévoré dans ces pages
Où s'encre ton visage

Quoi que raconte ton histoire
Quelles que soient tes déboires
Immanquablement je craquais
Pour ces croquis collés
Aux coins de mes cahiers
Je me claquemurais
Pour toi me craquelais
En mille éclats d'écrits
Transcrivant le vécu
D'un coeur par toi vaincu
Comme un pays conquis
Ne valant qu'un écu
Mais que tu acceptais
Dans tes tragiques cris

Je t'observais yeux clos
Tes couleurs m'ont enclos

L'amour est un tric-trac
Où le temps est compté
Tic-tac le temps est écoulé
Ton esquif est coulé
Qu'est-ce que tu croyais
Qu'un orchestre criard
Pourrait bien t'octroyer
Qu'enfin j'acquiescerai
À tes cinquantes requêtes
Quel macaque tu fais
Un sacré cataclysme
Tout juste un ectoplasme
T'ai-je bien fréquenté

Tu as gagné mon désamour
C'était écrit depuis toujours

Je m'en tamponne le coquillard
Je t'aime il est trop tard
Fais de moi ta breloque
Pendu à ton long cou
J'accepte tous tes coups
J'y ferai ma bicoque
Qu'importe si je claque
Je t'aurai mise en cloque
Moi le clinquant macaque
Couleur d'une autre époque
Cancrelat qu'on matraque
De toi je suis amok
C'est le récit classique
Un cas d'école tragique
Mais nulle tectonique
Descellera mes pas
Je suis le pesant soc
Planté là dans le roc
De ton rock écorché
Le vieux plouc encorné
Par ton ocarina


Je t'ai voulu doux cauchemar
J'ai tout vendu pour un dollar
Quelque beauté à nu
Et bienvenue le dol de l'art...