jeudi 25 janvier 2018

Bipolaire?

Je me demande de plus en plus si je ne suis pas bipolaire. J'avoue ne pas savoir autre chose que quelques généralités un peu creuses quant à cette pathologie, mais celles-ci s'accordent assez bien au mal qui m'afflige. Tantôt tout entier plongé dans telle obsession, qui me porte, focalise mon ascension en un jet d'autant plus violent et jaculatoire qu'il est concentré. Mon obsession alors, souvent intellectuelle, n'est pas qu'un amour théorique mais bel et bien érotique. Plus je travaille dur et plus je sens monter en moi un désir insatiable et brutal qui m'emporte, comme s'il ne s'agissait là, finalement, que d'une autre forme de sexualité... Mon esprit pilonne inlassablement, surexcité, consumé et repu de sa simple excitation.

Après cette phase qui ne discontinue pas, je termine exsangue épuisé. Ce n'est pas d'une petite mort dont je suis victime mais bien d'une grande, incommensurablement plus grande que celle qui vous fait, fugacement, détester l'être complice de la vie qui s'est emparé de vous comme un pantin pour achever son dessein. Le sujet qui m'occupait jusqu'à présent fait désormais l'objet d'une répulsion viscérale. Je le hais, le rend responsable de tous les maux. Il a siphonné ma vie qui s'est échappé par ce vortex qui n'a finalement mené à rien, qui n'a pas tenu ses promesses. Je suis dès lors entré dans une phase de dépression profonde, chu telle pierre dans un lac trop sombre, sans plus apercevoir la surface. Et ce qui me fait peser de tant de poids, lors même que je suis vide, c'est le fantôme de l'obsession qui retombe alors avec ma vie dans les abîmes insondables d'où je pensais l'extirper, pour toujours - ce pour toujours est dramatique, la source de toutes les tragédies humaines...

Ma vie cyclothymique roule ainsi, de crise en crise, je suis contradictoire jusque dans mes humeurs, isosthénique jusqu'au bout des passions, mais de la trempe des vrais sceptiques: de ceux qui s'efforcent de croire de tout leur être une chose et son contraire, pour enfin s'en désaisir comme d'un vulgaire coquillage parmi tant d'autres échoués là.

Aucun commentaire: