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vendredi 4 juillet 2025

Métaphore de la conscience

À mesure que l'on vieillit s'ancre plus profondément la certitude vécue que l'on est seul, absolu car ignorant des autres. Les anciennes relations se reconfigurent sans cesse, délitant des liens qu'on croyait établis -- mais qu'est-ce qui, réellement, peut prétendre à l'être?

Les nouvelles relations, quant à elles, sont plus friables que les pâtés de sable océanique, ils offrent l'illusion du grandiose et du solide, mais vivent le temps d'une marée. À force d'en engranger puis de les voir s'effriter, on cesse de pourchasser les nuages, et, l'espoir fait place à la méfiance qui cède la place au scepticisme.

Peut-être alors, se rend-on compte qu'on n'est plus si aimable qu'on croyait, qu'on a perdu ce quelque chose qui réchauffait les cœurs, qu'on est devenu tellurique: on a vêtu son nu noyau.

Il faut prier alors que tout ce que le temps a bien solidifié ne s'érode pas comme le reste, que demeure quelques stalactites philiaques capables de construire et de consolider à rebours du naufrage qu'est tout destin.

Que la caverne de ses quarante ans est nue... hantée par d'échevéennes réverbérations invoquant tous les spectres d'un passé dilaté au point d'être gazeux.

Voilà ce qui reste des autres, un nuage gazeux que l'immense abjecte masse de notre égo capture en son orbite pour y nourrir la fission atomique d'une âme centrifuge -- et par là-même tuminescente.

L'âme un chantier détruisant tout pour son néant -- le trou noir métaphore de toutes les consciences. 

mardi 5 octobre 2021

Placebo

Que fais-tu donc humain?

J'imprime la fausse monnaie d'un royaume autistique.

Entre ces murs factices, je marche halluciné contemplant des trompe-l'œil peint sur la surface même de yeux creux. Roi solitaire à la recherche d'autres: autochtones, allogènes, transpécifiques, ontico-indéterminés capables de trôner à sa place sur le siège fantôme de cette vacuité.

Autiste forcené, j'imprime mon symbole, unique et dérisoire, usant de l'espace-temps pour me torcher l'esprit -- c'est tout l'agencement atomique ingénieux du corps qui forme un émonctoire au vide. La chair est un trou noir d'où jaillissent des mondes et chaque langue un code génétique, même lorsqu'elle est prononcée à l'intérieur, dans sa citadelle dévastée, entourée de douves d'absolu. Pas une pensée qui ne soit effective, produise en quelque lieu sa froide réalité.

Réalité? Le réel est un placebo qu'on s'échange en soirée par frottement des langues: ça passe mieux avec un bon spiritueux; ça prémunit d'être spirituel. Tout ce qui sort du fond ténébreux de soi-même paraît si étranger, si autonome et si réel... À tel point qu'immédiatement nous nous mettons en charge d'intégrer l'altérité qu'on croit saisir, nous ravalons notre vomi et nous appelons ça: Réel. Je souris... À cette idée... L'idée qui sort de ma cervelle -- qui n'est que le concept que je crée -- et immédiatement se charge d'exister dans cette chaîne indéfinie de la causalité.

Un dialogue à soi-même, si vous voulez savoir. Tous les objets sont des crachats qu'on s'empresse d'avaler.

Si le réel est vraiment placebo, qu'arrivera-t-il à ceux qui n'y croient plus?

dimanche 14 février 2021

Aphorismes de l'égocentrisme

 L'inévitable égocentrisme est une souillure du monde. Tous les artistes, tous les prétendants à l'expression en sont les plus viles représentants, appelant à eux la lumière des autres, tels d'insatiables trous noirs. Mais il faut admettre... que... le fumier forme un formidable engrais pour d'exquises récoltes...


L'ego est sans limite sans le regard d'autrui pour le contenir. La conscience, excroissance folle, dédouble chaque étant par un abîme infâme; il n'y a plus rien, pas un objet du monde, qui ne soit séparé de lui par un vide infini.


L'ego a besoin d'humiliation, il n'y a qu'en elle qu'il trouve un vrai plaisir. Dans la douleur de sa dissolution demeure son véritable désir. Les religions, mieux que quiconque, ont compris ce principe et sont, en outre, les seules à avoir su l'appliquer durablement. Le martyr est l'idéal transcendant de toute l'humanité.

mercredi 7 mars 2018

De tout et même du reste

Je me souviens de tout bordel, et même du reste. Saloperies de nuits où j'orbite autour de ton vortex. Même mes rêves abritent un trou noir de bonheur et tristesse entretissés d'amour. Je me réveille hagard, j'hésite avant d'ouvrir les yeux: prolonger ce rêve où nous sommes réunis, où je sens ta présence aussi vraie que vraie, ou bien mettre un terme à la mascarade, jeter les couvertures sur le côté, s'asseoir au bord du lit en soupirant, les poings posés sur le matelas, à reprendre le souffle d'une âme excitée. De toute façon il me faudra tout essuyer, d'un café noir et d'une chanson bien forte où mes pensées se taisent convaincues.

Je me souviens de tout, à tel point que je puis inventer. Et ces histoires de la nuit que sont-elles, sinon d'autres mailles à ce manteau des moires, celui que je revêt parfois plongé dans la nuit noire.

Je me souviens de tout et même du reste.

C'était une belle histoire.