samedi 27 mars 2010

Les gens que je croise

Je regarde la ville de loin à mesure que le monde devient plus consistant pour moi.

La ville est comme une personne, j'aime l'observer de côté comme ça, en marchant le long de ses flancs agités. J'entends les hommes qui la font vivre, son sang.

Chacun de mes pas sur ce chemin des bords de Vienne me ramène un peu plus vers moi, m'éloigne un peu plus des autres: ceux que j'aime.

À mesure que la solitude grandit, le monde me parle, je revois les atomes qui composent chaque chose, j'entends les oiseaux chanter, je sens les gouttes de pluie qui heurtent ma tête, je me sens vivre, enfin...

Je me détache de plus en plus; à chaque pas; chacun d'eux est une pensée juste de plus, qui rentre à la maison. Je me retrouve, dans mon décalage, dans ma musique. Et le monde me parle de plus en plus, il m'accepte, il me murmure que je lui appartiens.

Le chemin s'élargit à mesure que j'avance, le décor change, et je me vois comme dans un film, avec cette symbolique du chemin représentant le destin. Que je me sens vivre nom de Dieu! Dans chacun de ses pas qui sont les miens, je retrouve ma liberté en m'éloignant de tout, de vous.

Je sens le froid du vent qui glisse sur moi, je sens l'ivresse de la veille cogner dans mes veines, et je sens mon bonheur qui attendait ici que je vienne le retrouver.

Je ne puis plus aimer, c'est officiel! Je ne peux qu'aimer tout le monde, je ne suis pas capable d'aimer une femme avec passion, je ne peux plus m'emprisonner.

Ce serait si simple, de tout laisser, de m'en aller avec un sac à dos sur les épaules et de prendre la route encore et encore, et encore...

Je suis si sûr de moi quand je suis moi. Je suis à ma place, je vibre dans l'univers à la fréquence juste, je suis!

La dissolution de l'identité crée l'action. C'est dans l'action que l'on est réellement.

Je ne suis plus personne, je suis tout le monde et puis personne!

Je vous observe et je vous aime mais vous ne me voyez pas, ou jamais bien longtemps. Je passe en fantôme dans votre monde, je vous intrigue, je ne suis pas de chez vous. Vous êtes fixés, attachés, liés pieds et poings face à vos vies. Je vous traverse comme le présent consumme le temps.

Je suis ici, là et maintenant, et le futur n'existe pas...

Je suis si calme, tellement serein, quand je n'existe plus... Pour personne.

Aucun commentaire: