mercredi 10 février 2010

Ma mélodie inachevée

Je voudrais l'écrire une fois pour toute cette symphonie que j'ai dans le coeur, comme un ailleurs auquel les gens pensent quand ils pleurent. Vous savez, de ces musiques qu'on oublie pas, de celles qui trouvent refuge dans les replis des âmes flouées, qui dorment au fond des mots et des regards de ceux qui osent, qui osent encore se regarder dans les yeux.

Mais c'est en vain que je l'attends, cette inspiration géniale censée me délivrer de tout, de toi, mais peut-être de moi surtout.

Un accord, c'est un bout de chemin qu'on suit et qui vous mène au paradis comme ça, l'air de rien, en passant.

À quoi penses-tu toi qui réussit à chaque fois, ce pari incensé de te dissoudre dans le tout et d'en revenir toujours, si triomphant? Penses-tu seulement?

À quoi bon chercher un mode d'emploi, me dit la voix qui est moi mais sans l'être, elle qui me parle jour et nuit. Je me parle à moi même constamment! Et c'est une poésie je vous l'assure. Je la tutoie et elle aussi. Elle m'ordonne, elle me dirige. Elle est peut-être moi mais ce moi plus lucide, moins fragile et plus raisonnable, moins débile et plus volontaire.

Elle vient d'ailleurs de me dire, il y a quelques lignes déjà, que lorsqu'on attend qu'on vous montre comment faire les choses, c'est qu'on a déjà trop peur de les faire...

Et de quoi aurais-je peur s'il te plait? De m'apercevoir que ma mélodie, "ma mienne", ce serait tout ça? Ceci, que je crache quotidiennement et qui n'éclaire d'autre que moi? Ce serait ça le meilleur de moi? Cette médiocrité habituelle qu'aucune personne au monde un tant soit peu intelligente n'irait acheter.

Mon oeuvre c'est une plainte perpétuelle que je suis seul à écouter...

Tout ce que je crée n'aura jamais de succés. Moi qui prétend m'en foutre royalement. Hypocrite envers soi, voilà un crime qui devrait être puni. Il semble qu'il l'est, l'identité flouée se venge immanquablement.

Je vis dans un monde qui n'appartient qu'à moi, où tout est décalé, tout est banal. Mes perles sont des cailloux ici...

Je suis cette grenouille prince de sa mare et dont le monde se fout éperduement. Assis sur mon nénuphar, je contemple mon reflet qui me parle et qui m'ordonne, au sein de mon royaume factice. J'attends et je laisse passer le temps sans trop me faire remarquer.

Malgré moi, chaque jour je rêve d'être une sirène dans l'océan des autres, pendant que le mien s'écoule doucement de mes yeux fatigués et de ma plume rabougrie.

Ma mare c'est moi et parfois j'en ai marre d'être moi...

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