dimanche 21 mars 2010

Les Dimanche soir

Les Dimanche soir m'oppressent avec leur lourdeur d'avant-orage, leur atmosphère engourdie de calme avant la tempête.

Le monde est minuscule les Dimanche soir, il se recroqueville sur lui-même, on ne peut échapper à rien. L'étau se resserre, la semaine vient nous avaler et on se terre chez nous comme des enfants apeurés.

Le Dimanche blesse, il me rappelle combien j'aimerais quitter cet endroit, quitter les obligations, quitter ma vie.

Je pourrais marcher des heures ces moments là. Des minutes à égrenner mon spleen dans des rues trop étroites où les gens se regardent agressifs, méfiants. Des secondes où le bonheur s'envole vers des contrées où la nuit se tait, où le soleil hurle.

Et elle me parle des gens qu'elle a croisé, avec lesquels elle s'est mêlée. Des gens que j'ai connu, dans une vie passée, que je pensais révolue à jamais. Une vie qui revient petit à petit me mordre les talons, une vie qui revient en traître me dire qu'elle a déjà fait main basse sur les personnes que je rencontre, bien avant moi.

Elle me parle de sa vie, des gens qu'elle aime, qui la font rire, qui la font vivre. Et moi je ne vois plus le sol que je foule, je regarde à travers les choses, je ne vois que tous ces murs, et cette gravité qui me retient, cloué...

Je ne peux plus aimer comme les autres. Je dois être fait pour parcourir le monde, parcourir les gens, les activités, la vie.

Les rues sont vides pendant qu'on marche, je sens la présence de la gare proche. La gare et ses rails qui sont autant de ponts dressés vers la liberté ou son illusion. La gare m'appelle, elle m'appelle sans cesse les Dimanche soir. Mais elle n'appelle que moi, je partirais seul, je serais seul toute ma vie.

Et elle me parle de ces hommes, ceux qui l'ont aimé. Je n'écoute qu'à moitié, chaque mot m'étouffe un peu plus, resserre cette main autour de mon âme. Je ne veux pas entendre ces autres, je ne veux pas voir tous ces liens qui l'attachent à eux, à des lieux, à des époques.

Je marche absent au monde. Je suis à côté d'elle et mon spleen me grise, il me dit que je suis seul et que rien ne me retient, pas même elle. Il me dit que tout cela est absurde et que je n'ai décidemment rien à gagner à vouloir faire comme les autres. Il me dit de partir, de ne plus rien posséder, de ne plus rien désirer, comme avant. Pas même elle.

La manière dont vivent les autres n'a aucun sens pour moi, cette vie là me détruit. Elle fait de moi un prisonnier des autres, un étranger à moi-même.

Je veux m'en aller, loin de toi, loin de tout.

Ce tout... Si dérisoire...

1 commentaire:

Infini...T a dit…



la terre c’est un bateau trop grand pour moi. C’est un trop long voyage. Une femme trop belle. Un parfum trop fort. Une musique que je ne sais pas jouer



L’envie de descendre
La peur de le faire

À force tu deviens fou
Fou

Il faut que tu fasses quelque chose et je l’ai fait



Moi qui n’avais pas été capable de descendre de ce bateau, pour me sauver moi-même, je suis descendu de ma vie. Marche après marche. Et chaque marche était un désir. À chaque pas, un désir auquel je disais adieu.

Je ne suis pas fou, mon frère. On n’est pas fou quand on trouve un système qui vous sauve.



Les désirs déchiraient mon âme. J’aurais pu les vivre, mais j’y suis pas arrivé.
Alors, je les ai ensorcelés
Et je les ai laissés l’un après l’autre derrière moi



j’ai dit adieu à la musique, ma musique, le jour où je suis arrivé à la jouer dans une seule note d’un seul instant… j’ai désenfilé la vie de mes désirs…

Novecento : Pianiste - Alessandro Baricco