samedi 4 septembre 2010

Les Hommes [Chapitre 2]

L'homme est ainsi pareil à la bête, que face au danger, privé d'issue, la violence en lui s'insinue.

Trop de vide remplit par du vide dans son appartement meublé de solitude. Eric ce Samedi s'en sort lancer ses pas sur le pavé qui pleure. Les écouteurs dans les oreilles annoncent des musiques jouant l'homme futur, passé et présent. Et le monde autour prend des teintes éthérées. Les immeubles, les rues, les gens, tout semble se désagréger dans des rythmes crachés par l'électricité.

Pendant que l'univers des hommes semble abdiquer, chassé par la musique de ces notes qui le balaient, Eric prend de l'épaisseur, s'incruste dans l'instant. Son être éclot comme ces fleurs au milieu des décharges, et tout autour de lui, les ordures semblent moins laides.

Seul, le monde a plus d'épaisseur. En approchant des parcs, la nature se révèle et l'accueille en son sein. Les arbres peints de printemps s'adressent à lui et se plaignent des hommes. Ils semblent tendre leurs bras vieillis sur nos cheveux comme l'arthrose du mourrant sur les joues du nouveau-né. C'est la sensation d'être au monde, d'être là. D'habiter le présent voilà tout.

Il faut se mettre en retrait pour voir vraiment les gens dans ce qu'ils ont de poétique se dit-il. La poésie est dans tout mais il faut savoir la déterrer parfois, comme un enfant qui gratte la terre. Eric est cet enfant qui s'émerveille de tout, d'une simple balade dans un parc au sein de cette ville immense qu'on surnomme "lumière". Il s'assoit sur un banc et clot ses paupières. Entendre les bruits, sentir le soleil, aimer le monde. Il fait bon d'être inclus dans le monde, d'être un noeud de cette toile universelle qui relie tout étant à ce qui est. Eric vibre alors, comme un chat qui ronronne, il vibre sur sa fréquence et le monde lui pardonne toutes ces fois, à ronger ses propres liens, à faire trembler l'édifice.

On est bien là, dans le silence des êtres. Le temps n'exise plus, il n'est qu'une ligne de plus s'étirant à l'infini, d'un point à l'autre c'est la même chose, on est là et maintenant. Les gens dans les parcs sont plus heureux qu'ailleurs, ils viennent écouter leur vie, celle qu'ils ont baillonné un jour pour lui préférer la survie. Eric est bien, pas vraiment pressé de rentrer chez lui. Il reprend du courage et s'apprête à partir, à quitter ce train devenu fou qui l'emmène hors de lui et hors de tout. À ce moment là, une pensée nette s'impose à lui: la liberté ne s'attend pas, elle se vit. "Je suis moi donc je suis libre, infiniment." songe-t-il le regard déterminé et serein. Eric pour la première fois, s'observe enfin sans défaillir.

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