Affichage des articles dont le libellé est couleurs. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est couleurs. Afficher tous les articles

mercredi 20 mai 2020

J'appartiens à l'instant

Un rai de soleil éclatant couché dans l'herbe lascif. Il est rasant et me regarde en biais pour me brûler les yeux. Désir d'être consumé dans l'instant, je t'appartiens pour toujours...

Je caresse autour de moi les couleurs dessinées au hasard. J'observe la forme arbitraire des choses et les délinéations chromatiques. Il n'y a pas un autre instant du vortex temporel où je voudrais me trouver...

Maintenant, je sais que je suis là.

mercredi 21 mars 2018

Teinture d'orage orange

L'amour des mots délavés d'essorage
Semble reprendre des couleurs
Aux fières teintures de cet orage.

Il suffit de le dire pour voir enfin tout reverdir. Et la plante des pieds boit gloutonnement, dans un glougloutement discret la sirupeuse étoffe d'un précis sentiment. Celui-là même qui me fit jeter en machine le linge souillé d'encre de chine - où chine est de mon âme un synonyme. Âme foraine qui se pare d'une langue si lointaine. Pourtant, tous ces traits veulent bien dire quelque chose, ils entrouvrent une porte sur la maison close.... Et chaque idéodrame trace les contours d'un gramme.

Ils sont tous là tiens! Mélancolique-action qui trace ses sillons, et Boucle-volupté qui ondule en lacets... Vous revenez comme de fidèles chiennes qui ont senti leur maître et l'odeur qui est sienne. Je ne sais si je dois vous féliciter mais tout de même, je vous caresse parce qu'au fond je vous aime.

D'autres couleurs reviendront ensuite, elles sont un long manteau qui traîne à ma poursuite. Et c'est bien alors mon humeur qui peint des nuits où meurent les doutes de tantôt. Et l'univers se reflète alors dans la géométrie constellaire qui trace la grammaire qui s'étend du si verbeux malheur au silencieux bonheur.

C'est maintenant que s'écrit donc hier, et demain quant à lui n'a pas de temps où être, il n'est pas même un chien de mes sublimes chiennes. C'est une couleur trop claire qui manque à mes cieux sombres, mais en ces lieux d'ombre on a que faire de son éclat. Le son des mot-de-nuit éclaire bien déjà ce qu'il nous faut savoir de l'au-delà.

Ici le mot noir de la nuit est chaque couleur qui reluit, il suffit de le dire et tout a reverdi.

samedi 16 septembre 2017

Deux couleurs suffisent

Parfois, je pense à toi très fort. À travers mes rideaux gris et rouges, qui filtrent ma vision du monde, et qui font se mouvoir avec légèreté cette fine pellicule chargée de matérialiser la frontière entre intérieur et extérieur. Mes songes sont comme ces rideaux légers, aériens, ballottés par les vents qui s'en vont et s'en viennent, dans une douce dérive où je réside avec tant de plaisir.

Deux couleurs pour voir le monde, et d'infinis nuances entre les deux. Deux couleurs pour sentir nos souvenirs, mosaïque d'instants objectivement communs, mais qui font ma vie et ses pus belles notes. Deux couleurs pour traverser le cours du temps tout en demeurant malgré tout entièrement présent. Rien ne différencie un souvenir d'un instant actuel. Et si j'avais tous les instants passés en mémoire, exactement tels que je les ai vécu alors, je pourrais les agencer dans un système de relation suffisamment complexe et en accord avec les lois qui constituent un monde: et tous ces souvenirs seraient la vérité présente, qui ondule comme des rideaux au vent.

Deux couleurs, qui parfois se confondent quand je pense à toi qui es si proche... Puisque tu es là, ici et maintenant... Comme un chatoiement diapré dans le frissonnement des feuilles au dehors, dans le balancement des branches aux courants aériens. Présence en filigrane que tout objet dessine. Tu es tellement tout pour moi, que tu es chaque chose: du brin d'herbe à la rose, des nuages paresseux au parfum des bruyères.

Deux couleurs pour les produire toute, deux valeurs pour accomplir le tout d'une expérience qui s'accroche à des mots. Et les mots sont alors l'expérience. Ils n'ont pas d'autre but, pas d'autre raison d'être que d'exister pour autre chose. Mes poèmes en prose sont la matérialité de mes sentiments et de mes sensations. Ils sont la transcription d'influx nerveux qui constituent un destin complet, une autre forme de partition, pour une même forme d'existence indicible et qui ne s'écrit pas. Avez-vous déjà vu un poète cesser d'écrire? Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi malgré tant de réalisations, tant d'actes et de créations, l'humain continuait quand même son entreprise inlassable, comme s'il pouvait un jour la terminer, sans toutefois jamais le faire? Incomplétude essentielle de la vie, système jamais clos qui éclot sur l'ouvert. C'est bien cela exister, se projeter sur les choses et les êtres, pour se saisir de soi d'un seul tenant, comme on tiendrait dans sa main un trésor. C'est bien cela s'exprimer, se transfuser dans les signes pour produire la distance nécessaire à la vue, à la sensation de soi-même comme chose extérieurement réelle. Et tout ceci n'aboutit pas, et c'est tant mieux. Sinon nous n'aurions pas les chants de Maldoror, mais peut-être un seul chant, ou même une phrase, un simple signe ou pire encore. Nous n'aurions pas d'après-midi d'un faune, nous n'aurions pas tous ces fragments d'humains à se mettre sous les sens. Nous n'aurions pas tant de signes pour se définir et pour jouer à se saisir, en se sentant soi-même à travers la sensation de l'Autre.

Deux couleurs suffisent pour être heureux. C'est ce que je me dis quand je regarde au-dehors le monde qui bruisse, et ne parle que de toi et de la définition si belle que tu donnais parfois de cet homme dont tu partageais la vie. Cet homme assis là, dans la boîte où on l'a mis, et qui s'observe à travers les choses du dehors qui reflètent tes gestes et les moments de toi, qui eux trahissent son existence qui sans cesse lui échappe.

Et toi ma chère, quelle saveur de toi-même tu aimais tant par moi?
Quelles sont les deux couleurs qui dans leur union te peignent un monde où vivre?