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vendredi 19 novembre 2021

Cadavre de ma vie

 Il y a trois jours, j'ai eu en m'endormant, une idée littéraire. C'était à ce moment où la conscience se relâche enfin et laisse s'écouler de sa synthèse tous les instants de vie qu'elle contracte autrement. C'est toujours en ces moments que me viennent les plus belles phrases, les plus beaux vers, les idées les plus vraies, comme tomberaient de soi les écailles les plus intimes et sincères.

Combien de fois est-ce arrivé... Malgré la fatigue, l'idée s'empare de l'esprit, l'esprit la fait tourner, la pétrit un peu, mais point trop -- le joyau brut semble déjà poli. La phrase, musicale, résonne dans la tête entière et semble animée d'une vie qui trépigne d'être enfermée, prisonnière d'une vacuité intime qui mâche et digère dans l'oubli tout ce qui pourrait pourtant être.

Combien de fois ai-je réitéré ce choix de ne pas me lever, d'entendre cette vie en moi bruisser de tant d'ardeur, peu à peu étouffée par l'indifférence du temps qui se referme sur l'avènement d'autre chose.

À vrai dire, cela fait bien longtemps que je ne me suis plus levé pour ma vie d'écrivain... Me lèverai-je un jour? Ou faudra-t-il que je noie moi-même encore et encore, par inertie dévastatrice, ces portées de chatons dont les échos fantômes hantent mon âme aujourd'hui? Combien d'hypogées mon cœur abritera-t-il en sa crypte funèbre?

Mais surtout: est-ce qu'un jour viendra où les Muses ne chanteront plus dans mon âme, pour me punir de ne m'être pas levé pour ma vie, mon destin?

Et la nuit sera sombre et silencieuse, ô combien je pourrai dormir alors, dans le cadavre de ma vie.

mardi 10 novembre 2020

Le vieux monsieur est mort


 

 

 Le vieux monsieur est mort.

On l'a enterré avec un attrape-rêve et trois soldats, des figurines.

Le vieux monsieur est mort.

Celui sur les fenêtres duquel nous lancions des œufs.

Celui contre lequel nous jetions des cailloux, parfois, de loin, pour derechef s'enfuir dans un bruissement de rires.

Le vieux monsieur: celui qui nourrissait les pigeons sur le même banc publique du même parc de la même petite ville.

Celui qui portait deux costumes, un pour les jours de pluies, un pour les rares soleils.

Le vieux monsieur est mort .

Celui qui donnait à tout le monde, dès qu'on lui demandait.

Celui qu'on a volé parfois, parce qu'on était trop jeunes, et qu'on ne savait vouloir que ce qu'on nous disait de vouloir.

Le vieux monsieur est mort dans un cercueil bon marché en bois aggloméré, avec pour seule famille quelques badauds tombés là par hasard et des pelletés de terre en pagaille comme compagnons d'éternité.

Le vieux monsieur...

Le vieux monsieur est mort.

Celui qu'on a cloué un jour sur la porte d'Ishtar.

Le vieux monsieur est mort, avec son sang multicolore, dans son immuable sourire sur fond duquel ressort l'ample tristesse du monde.

Toutes les cloches sonnaient le glas, le jour de son trépas. La ville-église était parcourue de tous bruits: le rire des gens sans peine, les pleurs des oubliés, le klaxon des voitures, le fracas des outils, les grondements de lourds moteurs, le rythme des musiques, et tout cela projeté pêle-mêle dans l'immense atmosphère, accompagnait la mort comme un cirque éphémère.

Le vieux monsieur est mort mais le cadavre est encore chaud. D'aucuns l'ont déterré, découpent dans sa peau se cousent des manteaux; on prélève les organes, organise un festin, on boit son sang indispensable on puise dans ses yeux le savoir ancestral.

Le vieux monsieur est mort.

Cela fait quelque temps déjà.

Chaque jour il fait un peu plus froid.

lundi 25 septembre 2017

zombies love

Voici le temps des amours morts qui s'élancent hors de terre pour poursuivre les héros des tragédies réelles. Regarde le cadavre de l'amour qui s'en vient dévorer ton coeur. Te souviens-tu de ce sourire sincère qui tel un ballon chaud haussait tes bords de lèvres? Et vois comme il devient amer et sombre, là dans la mer lorsqu'il te montre enfin le corps qui te faisais refrain.

Vois le temps des amours morts qui marchent à tes côtés comme une poupée sans âme qui vient te dévorer. Tu vois sa bouche s'ouvrir, il ne s'agit plus d'un rire ou d'un cri, pire, c'est comme une vallée béante ouverte aux vents, indifférente.