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samedi 10 juillet 2021

Âme-sphère

Brouillon du 24 Septembre 2019. Étude sur les mots composés.
 
Chat-cheval riant sous la lune accoudé au bastingage des destinées-croisière.
Génie-de-jadis qui contemple l'idée du passé renfermant le concept qui l'inclut.
Orbe-opale où changent les couleurs sur le substrat neutre et indéterminé de l'idée même de cet objet - et de quelle couleur est ce substrat?
Orgie-clandestine où se vautre la possibilité d'un plaisir rebuté par les actes.
Moi-mélodrame projeté sur l'écran-vie d'une vacuité-conscience.
Vivre-vouloir le fallacieux-fantasme d'un temps-lieu hors-existence.
Chance-orbitale qui projette son ombre-satellite et qui reste à jamais hors de cet âme-sphère.
Point-néant d'où partent les rayons-regard: aller-retour et vive l'implexe fictionnel!
Holiste-néant parce que tout est durée-distance entre quelques non-points.
Mouvement-vie, traversée sans milieu, relatif-absolu.
Grammaire-algèbre aux funestes sentences.
Gène-alphabet puissance-infuse  promesse inexprimée.

Incipit d'un livre fantôme anonyme

Brouillon du 29 Janvier 2019. Un projet avorté, comme les coulisses de cette scène burlesque en sont  allègrement jonchés. Sur le cadavre de mes volontés poussent les quelques poèmes que vous lisez. C'est toujours sur un cimetière que s'élève la vie.

 

La sonnerie du téléphone retentit dans l'air cloîtré de mon studio, brutale et laniaire pour ma tête brumeuse. Je sens la vibration contre le haut de ma cuisse, l'appareil est resté dans ma poche. Je l'y laisse toujours lorsque je sors et que j'ai peur de perdre mes affaires. Je tente de l'extirper du jean qui le compresse et y parvient tant bien que mal. Le mal de crâne est absolu, terrible, l'effort intolérable. Je maudis celui qui m'appelle ainsi un Samedi matin - matin? Quelle heure est-il d'ailleurs? J'ouvre difficilement les yeux dans une lutte odieuse contre la douleur et contemple l'écran du smartphone qui porte mal son nom. Parents, affiche l'écran luminescent dont les lueurs semblent perforer mon crâne. Putain, tout mais pas ça, hors de question que je réponde dans cet état, impossible de faire bonne figure. Pourtant je sais qu'ils vont s'inquiéter, cela fait deux semaines que je n'ai pas appelé. Ma mère va sûrement passer en revue tous les scénarii catastrophes possibles: l'agression par balle, le suicide ou la prise d'otage... Néanmoins je ne répondrai pas. Je laisse le téléphone sonner, attendant amer que le combiné s'éteigne et cesse de brailler. Super réveil, je me sens déjà coupable, comme si la douleur n'était pas suffisante, comme si le fait que chacune de mes cellules me transmettent le message d'un équilibre biologique bafoué ne soit pas déjà une punition pour mes péchés de la veille... Je les rappellerai plus tard, lorsque j'aurai récupéré, bien que cela puisse parfois prendre la journée complète, jusque tard le soir. Je crois que la dernière chose dont j'ai besoin c'est d'une discussion parentale aujourd'hui. Je suis à des années lumière de leur monde, de leurs préoccupations, et j'aimerais être encore plus loin de cette inquiétude dégoulinante, de cette forme d'amour qui s'apparente à du chantage et vous pèse sur les épaules probablement jusqu'à la mort des deux parents. Ce n'est pas que je ne les aime pas, mais leur attitude est une blessure permanente ordonnant le repli des troupes pour panser les plaies, le poids de la culpabilité de ne pas correspondre à leurs rêves, à tout ce qu'ils projettent de gré ou de force en vous de leurs propres aspirations, de leurs propres valeurs, fussent-elles un poison pour vous.

Je jette le téléphone sur le bureau à distance de bras et me tourne sur le côté en position fœtale. Comment diable poser ma tête sur l'oreiller pour que la pression diminue, comment trouver le sommeil... Il faut que je dorme, il faut que le temps lave les toxines, que le corps se débarrasse des scories du bonheur passé, intense et jaculatoire. Dormir au plus vite. Tiens je n'ai pas regardé l'heure qu'il est. Pas grave, il y a urgence, il faut éteindre la douleur, la chasser au plus loin. Le sommeil est capricieux, pourvu qu'il s'en vienne, qu'il déverse son sable pour enterrer ces sentiments qui m'étreignent trop fort dès l'aurore -- l'aurore? non l'astre est déjà bien haut dans le ciel illuminé. Le monde, une fois n'est pas coutume, s'est levé avant moi.


Chapitre  2

Quelle heure est-il. J'ai l'impression d'avoir cent vingt ans. Une fatigue presque osseuse s'est installée à la source de mon être. Un simple coup de vent pourrait me faire chuter. J'attrape le téléphone sur le bureau: 18h42. J'ai raté quelques tours de manège...il va falloir que j'aille sous la douche, une longue douche pour laver les restes de la veille. Quelle soirée! Je ne me souviens pas de grand chose à partir de deux heures du matin mais tout de même. Je crois qu'on a fait danser la vie hier.

Je ressors de la douche un peu mieux luné, la gueule de bois n'est pas trop forte, la descente de MDMA et de cocaïne me laisse toutefois un peu plus déprimé qu'une simple gueule de bois. Il faut que j'appelle mes parents. Je me prépare mentalement en regardant le téléphone posé sur le bureau. Aller c'est parti! La sonnerie retentit cinq fois puis ma mère décroche:
-"Allo?"
-Salut m'man c'est moi, Anthony.
-Ah, tout va bien? s'exclame-t-elle paniquée. Je me faisais du souci, on a pas de nouvelles depuis deux semaines avec ton père..." Ça y est, je croule déjà sous le poids de la culpabilité, je n'ai qu'une envie c'est raccrocher, qu'on me laisse être tranquille, comme je suis, sans jugement, sans notation.
-"Ouais, désolé j'étais occupé, tu sais les études tout ça, pas mal de révision" mentis-je. Cela faisait presque six mois maintenant que j'avais déserté les cours de médecine. Je ne peux plus supporter ce formatage, encore moins les gueules de tous ces petits cons ambitieux, tous prêts à s'écraser les uns les autres pour empocher le ticket d'une vie bourgeoise avec grosse maison et piscine. Tu parles d'une vocation la médecine aujourd'hui... Hippocrate doit se retourner dans sa tombe.
-"C'est pas trop dur, tu travailles bien?" m'interroge-t-elle, sincère, désarmante.
-"C'est pas facile, on nous assomme à coup de connaissances à ingurgiter, un petit peu comme des oies qu'on gave mais bon rien de nouveau sous le soleil.
-Tu es bientôt en vacances non?"
À vrai dire je n'en savais rien, j'étais tellement déconnecté de cette réalité, de ce monde insipide des études médecine, avec ses rythmes imposés, cette routine presque carcérale. Quelle est la date d'aujourd'hui? Je suis contraint de vérifier sur le téléphone. Ah oui, dans deux semaines c'est les vacances de Pâques tiens.
-"Dans deux semaines oui.
-Tu pourrais peut-être venir nous voir? Te reposer un peu à la maison..." me demande-t-elle un peu mielleuse. Je n'ai aucune envie d'y aller. Dans cette campagne chiante où la vie est sans relief. J'ai envie de rester avec mes potes, de faire la fête jusqu'à plus soif, que les choses vibrent un peu, de voir des nanas, d'évoluer dans d'autres sphères.
-"Oui je vais passer une semaine, je pense que le mieux c'est la première, ça me laissera le temps de préparer tranquillement la rentrée comme ça.
-Super, on t'attends quand tu veux, tu nous tiens au courant un peu en avance.
-Ok je te confirme d'ici quelques jours mais je pense qu'on va faire comme ça. Par contre je vais pas te parler longtemps, je dois rejoindre des amis là.
-Ok je ne te dérange pas. Ça va? Tu as une petite voix...
-Oui oui ça va t'inquiète pas, un peu fatigué voilà tout.
-Tu veux que je te passe ton père?
-Non, pas la peine, je rappelle d'ici quelques jours pour confirmer, on se parlera à ce moment.
-Bon on t'embrasse très fort mon chéri.
-Moi aussi, bisous, à bientôt.
-À bientôt, bises!" crie mon père dans la maison.
-"Ciao ciao!"

Je m'assois sur le bord du lit pour reprendre mon souffle, comme si je venais de fournir un effort intense. Je n'aime pas mentir, mais je n'ai pas le choix. Comment expliquer ça à mes parents? Que mes études de médecine ne servent à rien... Pourquoi retarder la décomposition des corps lorsque l'occident organise le pourrissement du monde et de ses constituants avec une ingéniosité frénétique. Je vis dans un état d'urgence, celui de jouir avant de crever, celui de courir sur un rayon de soleil avant que la grande nuit qui nous encercle ne fonde sur nous. La vie ça doit être une fête, une ivresse éphémère mais totale, et puis mourir après ça. Vivre dans un monde sans espoir ça ne peut que vous presser, il n'y a pas de projets à long terme, pas d'équilibre raisonné à atteindre, on veut juste atteindre le prochain sommet et ne plus jamais redescendre, un jour après l'autre, une acmé après l'autre et se détruire en sourdine avant que les autres ne le fassent.

lundi 5 juillet 2021

Un pays dans un trou

Brouillon du 11 Février 2020.

 

Un pays
Dans un trou
Au fond du grand ciel bleu

Une porte
Que je pousse
Effaçant toute pluie

Sur ta peau
Dans la bulle
Un drapeau roux qui luit

Crâne
Un peu rebelle
J'offre mon beau profil

J'ouvre
Silencieux
La paupière sous les cils

Lumière
Des objets
Le monde est mon dessin d'enfant

Je lâche un long soupir
La tombe est le destin des gens

Mais un pays
Dans un trou
Au fond du grand ciel bleu

Une porte
Que j'entrouvre
Me porte à travers cieux

Un rideau
D'étoiles clairsemées
S'écarte sur l'envers

Un pays, un trou dans le ciel bleu, une âme qui la pousse
Un rire, un fond de cieux, Des mains caressantes et douces
Un songe, l'avenir, une cabane au fond des yeux

Je lâche un long sourire
Et me repaît d'une ombre au coin du soir tremblant

samedi 3 juillet 2021

Un monde aux six saisons

Brouillon du 30 Juillet 2020.
 
Un rivage.

Un rivage à travers l'émotion.
Rouge, mon sang ivre et feu, rouille folle, et à travers le voile:

Un rivage.

Ténu, mais possible.

À un parsec de distance, derrière l'incommensurable et tangible horizon.

Le voile se déchire et par-delà le sang: un monde aux six saisons.

lundi 22 février 2021

Origine néant

Exercice de sécurité, brouillon d'ennui, tentative de digestion... C'est un texte comme les autres: un simple assaut technique, avant le vrai combat

 

Crevure

Éraflure d'elfe des cités / cicatrice orbe / empaquetée de chair

Vitupère insigne / Barbelés molotov / Cage aux barreaux durs / déglingue

Épars / démarre pour un futur

 

Étoile cassée / souillée / givrée / de larmes insipides

Radicelles limpides / Ancrée au champ du ciel

Terrain de jeu / de rut / de rêves écrasés / D'amours / en reconditionné


Flèche tendu de temps / impétrant qui recule / les choix ça soigne

De trop de liberté / racoler un destin / partir avec rien

Pas grave / le pire que soi existe / on continue / on continue

 

Battre le pavé / suite royale / pas maintenant / brelan / pourquoi pas

C'est mieux que rien / mieux qu'un soi se branlant

Mieux qu'un vieux lit d'hôtel / en la gare inconnue


Toute nue / de force / aveugle et transparente / violence exquise

Esquisse et trop latente / j'attends / le haut / en bas

J'attends / le vieux Godot / j'attends le vieux Godot


Dans des godasses / concrétion de pétrole / mains fines

Jeunesse d'usine / c'est beau la Chine / ça fait des vocations


Kafka dans les menottes / Départ / radeau / pour nuitée en cascades

Corde / nœud / et coule la rivière / du sang / artère

Du sang / mais sens inverse / perverse / essence


Frondaison chevelue / point de départ / origine / néant

vendredi 1 mai 2020

Esquisse: Billet de retard

Des petits bouts dans ma tête, rien que des petits bouts. D'innombrables beautés en cages, de fragments chromatiques - débris de l'existence que nul n'a ramassé.

Ah les petits bouts de vécu, comme incrustés dans l'absolu dont la lumière nous parvient mais ne fait jamais que reculer, au loin parce que l'objet s'en est allé et qu'il s'éteint trop vite pour que l'on puisse le capturer.

Des morceaux de cailloux sur le chemin de rien, avec des poches trouées pour ramasser tout ça.

Un nom qui semble fait de cellules, un nom qui semble corps et esprit tant il ressort sur chaque page où il s'inscrit... Une photo, son reflet qui jaillit, m'éclabousse, puis enfin m'éblouit du teint bleui de la distance. J'ai encore mal quelque part, une ancienne souffrance qui me vient par mes yeux d'humain vieilli.

Des tonnes de wagons à la traîne d'une loco-mémoire, queue de comète, brutale trajectoire dans la nuit du néant.

Et néanmoins toujours ce rythme... Battements d'existences, mesures musicales inharmoniques. Un solfège inconnu? Oublié? Sur les papiers glacés qui se froissent au fond de mes tiroirs, tous ces clichés d'instant qui un jour ont tintés.

Encore un verre... Le cent millionième peut-être... Un bref avis nécrologique viendra dessiner entre eux le lien qui les unit dans le mouvant des choses éparpillées.

Quelle suite interminable de pas formera le cours de cela... De quoi au juste. Cela... Et de quelle mathématique parle-t-on, quelle théorie des ensembles enferme en ses axiomes les couches de chaque vie? Qu'un prix Nobel inaccompli vienne remettre un peu d'ordre et nous sortir des sables où dorment tant de miettes - d'expérience.

Expérience: du grec peiraô, essayer, péricliter, vivre en somme.

Avec un nombre suffisant de brouillons, on peut créer un livre. Le livre de pages non écrites mais dont un buvard assoiffé a bu toute la sève.

Et allez donc interpréter tout ça! Tous ces non signes qui abreuveront la quête inextinguible de sens: exégètes terrifiés, apportez-nous le sens!

Qu'on nous montre la forme des errances pour tout ce qu'elle n'est pas. Un long sillon de larmes où sont celés les rires. Un souffle mélodique entre chaque silence.

Quant à moi, concept abscons d'abstrait, j'arrache cette page souillée de l'encre vespérale. Je chiffonne un moment de mon curriculum vitae et laisse derrière moi ce détritus dérisoire. On ne distingue jamais vraiment bien que ce qui n'est pas en place.

Un contre-temps, voilà tout. Un contre-temps de plus. Au crépuscule je me rendrai au grand bureau des vies solaires. Je demanderai un mot d'excuse, et signerai mon billet de retard.

Je signerai de sang, d'empreinte sidérale. Je toquerai à la porte, entrerai dans la classe et m’assiérai dans cette salle où chacun a sa place. Personne ne lèvera le doigt pour prendre la parole, ici personne n'a besoin de parler.

Je serai sans question: la cloche aura déjà sonnée.

dimanche 20 octobre 2019

Qui s'en soucie



Ce soir le bruit du barillet ne m'effraie pas.

Il est possible, je vous assure, d'avoir passé sa vie à tout déconstruire autour de soi. Après avoir réduit le monde entier à un solipsisme halluciné, j'ai décousu mon cœur, mon âme, mes tripes, et je n'ai rien trouvé. Le simple peut toujours se décomposer...

Je me souviens d'un temps où pareil à cet instant, je m'allongeais sur le canapé, bercé par la musique la plus triste que je connaisse alors. Immergé dans mes songes, je prenais plaisir à ma lucide compagnie, je goûtais ces instants en présence de moi-même. Je me souviens et mesure la distance invisible, car incommensurable, qui me sépare d'alors. Je suis pour moi cette ombre impossible à semer, collée à mes baskets et dont je suis lassé. Que m'apportent mes pensées...?

Il est apparemment possible de tout défaire en soi sans être capable de remonter une seule partie du mécanisme. Je suis devenu le tout qui n'est plus rien: une grande conscience vide qui redouble chaque chose en une fuite vertigineuse. Mais je n'ai pas le vertige, je ne ressens plus rien, rien d'autre qu'une sourde angoisse de tant de souvenirs si pleins. Sur chacun d'eux, j'ai gratté la peinture, effacé les contours et défait chaque forme. Dans la bouillie primordiale d'avant toute naissance, je patauge esseulé, encore capable de détresse. Mon présent n'est rien mais le passé demeure, et les ombres qu'il projette inlassablement m'entourent de ténèbres. Ce sont ces ténèbres qui troublent mon indifférence et me rappellent qu'entre deux néants, je fus quelque chose...

Mort avant l'heure; même pas mort... Un vivant inutile et inconnu - de soi-même. Je suis un lieu du monde qu'aucun témoin ne connaît, ce qui pose précisément la question de mon existence. Si personne ne voit rien, y a-t-il quelque chose à voir?

La seule réalité que j'aie se trouve en ces mensonges de mots. Cette peinture alphabétique du vide n'est que l'ignoble brouillon d'une oeuvre prétentieuse et impossible. Impossible pour moi - et accomplie par d'autres. Car il faudrait y croire n'est-ce pas...

Y a-t-il encore un homme derrière ces phrases? Ou bien seulement la chose la plus vile et vide qui soit en ce monde: une conscience lucide, un troisième oeil infernal, infermable... Dans ce regard où je demeure enclot, s'écoulent les objets que j'ai connus, les passions, les destins. Ma grande déroute est misérable, indigne d'être relatée, dépourvue du sublime que je persiste à poursuivre en vain. J'ai déraillé, tout ça n'est qu'un immense accident cosmique, pas même une étincelle, pas même une poussière dans les sables de rien.

Y a-t-il encore quelqu'un qui écrit? Je voudrais écarter les mots pour entrevoir quelque visage, savoir à quoi ressemble celui qui est moi. Quel âge a-t-il? Cent mille milliards d'années, ou bien faut-il compter en univers? C'est la déréalisation même qui rédige son testament à travers mon histoire. Mais il n'y a pas d'histoire, ces pages sont d'un ennui à mourir mais le sablier court toujours, c'est moi qui vient à manquer au final, ce moi qui n'était rien.

Je me demande de quoi je suis l'exemple. Et si j'allais jusqu'au bout de mon élan? Je détruirais les textes de ce palais vacant, il n'y aura rien à retenir, je serais passé par erreur à travers ceux qui vivent, et aurais effacé jusqu'à la pâle lueur de ce passage inepte.

Si je partais d'ici en effaçant le tout, il ne resterait rien de moi. Un souvenir insoutenable, les contours impossibles d'un homme inconcevable. Je suis probablement le rond carré des destinées humaines, on m'aura inventé dans quelque balbutiement phénoménale, mais le monde l'aura vite renié comme une erreur étrange. J'habite dans l'espace vacant d'un roman effacé, dans l'absence de ces phrases qui se sont comme dissoutes; et sur le palimpseste pas un écho ne subsiste de l'incroyable histoire de rien. Je plains ceux qui m'ont côtoyé mais je doute qu'ils ne soient autre chose que les personnages d'une histoire jamais écrite...

Quand je cesserai de déranger les mots, le blanc immaculé d'une page vierge pourra reluire comme avant, comme après, comme toujours en fait.

Y a-t-il encore quelqu'un?

Qui peut bien s'en soucier.