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samedi 3 juillet 2021

Un monde aux six saisons

Brouillon du 30 Juillet 2020.
 
Un rivage.

Un rivage à travers l'émotion.
Rouge, mon sang ivre et feu, rouille folle, et à travers le voile:

Un rivage.

Ténu, mais possible.

À un parsec de distance, derrière l'incommensurable et tangible horizon.

Le voile se déchire et par-delà le sang: un monde aux six saisons.

dimanche 19 juillet 2020

Carcan-collier

Il y a des colliers qu'on ne peut détacher. Ils brillent dans la nuit d'un halo familier et peignent sur l'espace tant de figures que l'habitude nous apprît à aimer comme nous-même.

J'en porte de la sorte un panel bariolé, tous différent mais qu'une chose lie néanmoins: le fermoir est cassé.

Mes bijoux fantômes sont plus que des parures, c'est eux qui me font exister. Ils m'habillent lorsque je suis à nu, jettent le bouquet de lueur qui pour les yeux d'autrui sont comme signature. Et pourquoi les trahirais-je..? Eux qui font qui je suis hors des murs de ma tombe.

Jamais personne ne m'en a offert un seul. Même lorsque les mains tendues tenaient en leur anfractuosité un de ces curieux colifichets, c'était toujours moi qui m'en saisissais pour le passer autour du cou. Je suis le seul responsable. Je ne crois d'ailleurs qu'aux cadeaux qu'on se fait à soi-même. Les autres ne sont jamais que devantures, plus ou moins bien achalandées.

Oui j'ai des perles tintant à mon cou, versicolores en nuancier de noir. Leur éclat est mat pour qui sait voir au cœur des choses. Ils sont des galaxies possibles qui se sont pétrifiées pour moi dans une forme aléatoire -- pour qui croit au hasard -- et sur un ton de mon histoire. On peut lire là comme un roman de vie, dans le chapelet de souvenirs ambrés qui dansent sur mes pectoraux, comme une file d'enfants mort-nés aux cris figés de nuit.

Je porte cette nuit et tous ces crépuscules tout contre ma peau claire. Elle me permet d'y lire les constellations du destin qui forment les barreaux stellaires du présent incertain. Je ferme les paupières et contemple la cartographie déterminée de l'horizon bouché. Je clos sur moi le firmament sur ma bouche entrouverte en des chansons muettes qui toutes chantent le lent cours des choses. Les morts de mon passé y vibrent en recouvrant la vie, et tous ceux à venir y lisent le caveau qui les enfermera un jour -- Avec moi.

Car c'est toujours le monde en sa totalité, qui est enterré dans ma peau.

lundi 1 juin 2020

Vigie déçoit



Je fais mon taff à mon rythme
Vigie de cri déçoit
Dans son écrin de soi.

Je vois ce que chacun porte en lui-même
Et que nul ne veut voir.
Je vois de tous le théorème.

Vigie voit l'horizon
Qu'effile une insatiable soif.

Vigie d'écrit déçoit
Sa musique est absconse
Et tristes sont
Ses mélopées.

Vigie de sèmes emmêle
Néanmoins ses poèmes
À vos folles croisades.

Je m'en balance
Vous pourrez bien rouler
Sur mon piteux cadavre?

Mon regard vous embrasse
Et sur mes partitions
Vos cris sont l'échanson.

samedi 23 mai 2020

Sous nos pieds le ciel



Tend ton cou, ta joue ta nuque et sous le joug, laisse-moi susurrer, les mots de ruine hantée.

Le château est hanté, n'aie crainte, le spectre est dans les murs, il ne peut te toucher, le spectre est dans les murs, et la souffrance mûre...

Penche un peu la tête, là comme ça, vers la droite et que menton pointu s'insère dans le creux, si doux, trop doux... La pente est lisse et mon élan s'enlise...

Ouvre grand la porte des placards verrouillés, laisse tes squelettes danser, ceux de Saladin et ceux aussi, pourtant si pleins, du couple de tes seins.

Élargis tous tes pores, laisse-moi faire ta peau le port où faire naufrage aux marins épuisés.

Que tes façades sont accueillantes... Tes portes grandes ouvertes. Tes fenêtres éclairées même dans les ténèbres. Je devine tes pièces, je campe sous ton toi.

Augmente la courbure, accélère ton tempo, mes pieds dansent déjà, moi qui m'enracinait, me voilà bien en l'air, les pieds tous retournés, la mine un peu trop fière.

Plume du soir espoir d'un désespoir à venir, deux étoiles se croisent elles sont sans avenir. Ouvre la portière et saute sur la route d'air. Pourvu que la poussière mange les coeurs encarossés, grignotte la peinture. La vitrine est cassée, toute la devanture est un festin offert.

Avidement la nuit je mens, mais seulement à moi-même; en langues inventées, apprises aux cours du soir, d'un rêve déjanté.

Professeur ouvrez-moi la fenêtre, j'entends partout chanter, les gouttes de rosée, les feuilles du roulement léchées, les oiseaux sont muets, je dois bien m'envoler...

Un feu monsieur, UN FEU! Et sautons-y dedans! Tout est parti de là et tout y reviendra. Que les flammes noires dansent et couvrent tous nos pas, que les destins soient cendre qu'on n'y revienne pas!

Voyez je bats des ailes sombres, d'ailes enténébrées. J'ai dans les yeux des candélabres; je conduis la carlingue déglinguée des gens qui sautent dans les cieux, font gicler la distance comme poignée d'instants!

Oh que le son est doux, le son de tous les feux, les cloches vont sonner, le monde hors des royaumes! Les vagabonds célestes en assemblée stellaire! Et puis de l'air bon dieu, de l'air! Pour les enfants lésés, celés dans la misère.

Monsieur! Monsieur! Adeline est tombée! Elle saigne du genou, ou d'âme bleue je me sens fou! Pourquoi la sève est noire? Maintenant d'opale elle s'ambre là d'ivoire! Qu'est-ce donc que le sang s'il ne monte à l'éther?

Parlez-nous d'interdits, de choses à ne pas faire, abattez les cloisons qu'on voit un peu derrière.
De l'air! De l'air! Nos plumes s'engourdissent, voyez je prends l'envol, aux vents d'hiver je flotte, ma langue est apatride, elle parle universel et chacun la comprend.

Sur un banc de sable en pleine mer, allons nous échouer comme lourdes galères. Et parlons aux mouettes, et que nos mots nettoient leurs ailes mazoutées. Ce monde est un silex j'en ferai l'étincelle et tout prendra bien feu dans l'immense brasier. Nos mots sont de l'éther, je sais tout purifier!

Amis abattez la vigie! Qu'en avons-nous à faire! Il n'y a pas d'avenir, qu'un seul grand maintenant, un délicieux instant sans nulle échappatoire ni porte dérobée.

Guillaume dessine dans le ciel des moutons argentés, il trempe dans l'azur la pointe de son âme et conte des récits à chaque canopée.

Des signes, encore des signes! Des dessins incolores pour diluer le sang, celui qui monte aux tempes sous les pluies d'été, lorsque dansent égarés les vagabonds célestes.

Il n'y a plus de soleil, Arthur a dessiné un zest, et de citron pressé le jus coule sur nos lèvres, et dans nos yeux dressés s'annulent toute dette!

Faisons tomber le mur, et tous les murs tant qu'on y est! Qu'il ne reste plus rien, plus une seule clôture pour brouiller l'horizon. Le coeur est sans raison nous suivons la passion, sur son sillon d'azur et sans destination.

Dis, est-ce que cela t'amuses? J'aimerais que tu m'uses, je suis la fraîche muse, émergée des nuées, je danse nue dans les rayons d'opale, ma peau est sans couleur, mais veux-moi indocile je dénouerai tes rêves.

Tu aimes mes bras enlacés, qui serrent le cou baissé? Donne-moi l'aigle noir, je saurai le dresser, j'ai la musique tendre et le coeur enragé! Les anges m'ont goûtée, de rage ils ont chuté, car le ciel mes amis, le ciel! A toujours été sous nos pieds...

Élégie à la brune, de poussière nuitée, mélopées incertaines, déluge d'anti-langage. Aucun panneau pour indiquer la nuit, pas de symbole pour l'infini, nous ne savons enclore ce qui demeure illimité.

Nous ne savons plus clore les cent paupières du naufrage et sous des yeux âgés nous contemplons ton preux voyage. Issus de l'autre rive nous dévorons même la lumière, si tu renâcles nous goûterons ton cœur et partirons offrir un coq à Esculape.

Le Pape est mort ce soir, stupre sacrée d'airain, à peine est effleuré, et déjà effeuillé... C'est malheureux, nous voulons toujours plus, tout ce qui est à donner et puis le reste aussi. L'ennui, de toutes parts nous guette, mais nous sortons des flots la mythique ambroisie. Le Sans-Mesure n'est plus et Dieu que nous bravons ses interdits!

Tout est permis, tout est ami, la guilde des pécheurs d'esprits chalute en eaux profondes, tout le monde invité au grand festin immonde!

Brisons la ronde ensemble, faisons des triple-croches, et que chacun décoche sa flèche empoisonnée. J'aime, dieu j'aime ma descente empourprée! Ma déchéance sans frontière, je goûte la liqueur amère et sort des flammes de la mer! Ma mère est morte, elle n'a point existé, je lui porte des fleurs que l'eau vient emporter!

Sous nos pieds le ciel! Sous nos pieds le ciel! Chacun l'aura foulé, chaque âme est appelée, pour un dernier rappel!



Source musicale, en boucle:


mardi 21 août 2018

L'horizon en boîte

Je me suis souvent demandé ce que les gens trouvent aux boîtes. On y enferme nos trésors ou bien des babioles inutiles. D'aucuns chérissent les boîtes, et j'ai parfois l'impression d'en être moi-même une. Comme si tout ce que je renfermais n'étais pas vraiment moi, tout juste objets placés au-dedans, dans l'espace vacant de mon identité. Je n'ai jamais eu le goût des contenants. Les choses n'ont pas besoin d'être rangées, elles sont bien où elles sont. Telle chanson que j'ai écrite dans le champ phonique, tel poème dans l'instant qui l'a vu naître.

Où peut-on bien ranger les boîtes? Et sont-elles aussi des choses substantielles, qu'il faudrait alors placer dans un rangement quelconque propre à les contenir?

La quête d'identité est la construction effrénée d'une cage pour enfermer une cellule où repose une boîte crânienne, contenant d'indéfinies prisons aux portes closes mais pas toutes verrouillées. Et derrière chaque porte une cellule sombre ou bien illuminée, où quelque boîte contient une cage enfermant une boîte...............................

L'identité tel un tableau fige la vie dans son cadre. Je passe parfois un temps fou à promener mes songes dans des galeries où sont pendus aux murs des cadres à n'en plus finir. A l'intérieur du cadre un miroir, et toujours un reflet qui n'est rien, rien qu'une imperfection que je m'efforce de gommer, rien qu'un immense chantier de promesses.

Comme si l'on pouvait construire un horizon d'horizons, et promettre à l'aurore de nouvelles promesses...

mardi 22 août 2017

franchir l'horizon

Lorsque l'horizon que vous aviez peint sur les cieux indéterminés, où la vue se perd, devient une prison improductive et délétère, il est temps de le franchir alors.

Savoir sauter par-dessus les plans imaginaires, les frontières qui servaient à rêver, à se situer ou à mesurer sa trajectoire. Celui dont le but était d'abolir tous les buts finit par être pris dans son propre piège, car alors que lui reste-t-il? Maintenant que tu t'es désaisi de toutes choses, de tous projets, de toutes attaches, et qu'il ne reste que la nudité primal de ton présent, la poupe de ton existence au vent de l'indéterminé, offerte au réel qui ne s'en soucie guère: que vas-tu faire? Qu'est-ce qui va gonfler tes voiles et te porter au-devant de ton destin si ce n'est la létale inertie qui t'abandonnes là, à la monotonie d'une vitesse immuable qui devient alors immobilité? Avec quoi vas-tu remplir ton âme, qui bandera l'arc de ton désir?

Et si tu ne désires plus rien, alors comment désires-tu vivre encore?

Peut-être que le fait de n'être jamais d'accord avec toi-même te sauveras de cet état d'apathie mortifère. Tu es encore allé trop loin, dans l'absolu, toi, le relativiste. Comme s'il fallait toujours chercher ou tendre vers la limite de son rapport au monde. L'absolu est bien le fondement et le support du relativisme.

Il y a des gens pour qui les idées abstraites n'ont pas de réalité concrète, c'est pour cela qu'ils ne parviennent pas à les penser sans difficulté. Aucun référent ne correspond à ces signes. Il en a toujours été le contraire pour toi, et ce sont les idées les plus abstraites qui foment les images les plus claires au sein de ton esprit. Penser est une géométrie de l'âme, tu perçois les figures, tu conçois les dynamiques qui président à la métamorphose, tu observes les images se faisant, et le paysage de ton âme est une peinture de Kandinsky.

Tu as toujours voulu aller au bout de ces transformations. Lorsque tu méditais sur une figure, il te fallait impérativement en trouver les conditions de possibilité, l'origine, et contenir dans une formule (la fonction d'existence dirons-nous) la série de ses indéfinies instanciations.

L'imagination, cet "art caché dans les profondeurs de l'esprit" te permets d'être toute chose conçue, d'être tous les autres aussi, ce qui te laisses croire que tu peux dire aujourd'hui, avec une arrogance folle, que véritablement "j'ai tout été, rien ne vaut la peine"...

Mais si tu vis encore à ce jour, c'est que tu te connais un tant soit peu, tu t'es pris toi-même pour objet de contemplation depuis bien longtemps (dans les limites imposées à cet exercice), et tu sais qu'il te reste encore bien des écueils dans lesquels tomber, d'autres infinis à poursuivre et à épuiser de ton regard insatiable.

Déraisonnable. Être brisé par nature et a priori. Il te reste bien des infinis à contenir dans tes signes, et tu continues de chercher la phrase qui te donnera la clé et le symbole de l'infinité des infinis... Tel un enfant qui n'apprend pas de ses erreurs, non parce qu'il est stupide, mais parce que sa nature l'a fait ainsi - lui a donné quelques instincts utiles en temps normal mais en de moindres proportions -, tu poursuis ton achèvement sans t'apercevoir qu'une fois le but atteint, il te faudra impérativement devenir autre pour poursuivre le mouvement. Mais peut-être est-ce là ce que tu cherches au fond: le moyen de parvenir au bout de toi-même, de contenir en toi l'origine et la fin de ton être, afin d'être libéré d'une existence qui te pèse parfois comme un fardeau que les joies ne parviennent plus à alléger. Car alors, tu le sais, il te sera loisible de te reposer de toi...

Peut-être que vous, qui lisez ceci, tomberez un jour sur cette phrase qui pourra défaire le noeud d'une existence singulière; peut-être s'agira-t-il d'un texte, ou bien encore d'un seul mot qui, pris dans la toile d'un énoncé plus vaste, par contraste, prendra cette valeur de totalité achevant l'inachevable indéfinité...

La vie ne consiste-t-elle, pour les hommes, qu'à esthétiser la mort, à construire la fin qui rendra tout le reste supportable et sublime?