lundi 26 mai 2025

Vulnéraire

Retenir les cris à l'intérieur, pour ne pas déverser son âme au-dehors de soi-même, jusqu'à extrusion totale du noyau d'agonie. En cas de crise, il est formellement nécessaire de clore ses yeux et ses oreilles, de retenir sa respiration et de boucher ses narines, sous peine que l'inexpugnable médiocrité du "monstre bipède" s'infiltre dans la chambre d'isolement et vienne troubler le diapason tout juste tolérable de l'interoception.

Soyez partculièrement prudent à parvenir à l'aporie la plus totale, il n'y a qu'ainsi qu'une violente réaction émétique pourra être évitée qui -- des cas ont déjà été obervés -- pourrait mener, lors de rares complications sévères, à l'extrusion du susmentionné noyau d'agonie.

L'aporie est particulièrement indiquée dans les cas aggravés de misologie avec épisodes aigus de pyrrhonisme purulent externe/interne; mais aussi dans une situation d'insulte matutinale de la part d'un carossier en colère parce que vous avez osé vous garer sur une place de parking libre en face de son enseigne.

Dès lors que l'épisode est suivi par une suffocation partielle via des doses importantes mais non létales de mépris, atrophie inellectuelle et analphabếtisme léger dans une instituion publique de formation des citoyens, il est urgent de consulter un médecin agréé capable de pratiquer l'aporie par injection intracardiaque.

Les effets apotropaïques de l'aporie sont reconnus et attestés par les experts de l'agence nationale de sécurité du médicament. Bien respecter la posologie recommandée par votre médecin.

samedi 24 mai 2025

[ INSTITUTION ] Babel

Il est bien nécessaire, parfois, de vérifier qu'existe encore en nous cette volonté d'expression et la capacité de s'y livrer concrètement. À force de procrastination, il est si simple d'habiter l'abstraction comme un monde possible qui, à force de demeurer seulement possible, plonge cette partie si chère de nous dans une déréalisation pire que la mort elle-même.

En attribuant à un élan de sa personne une valeur transcendante et essentielle, on en vient facilement à repousser tout moment de s'y fondre pour la raison qu'entrer dans le sacré ne saurait se faire sans préparation préalable, sans cette forme de sainteté qu'est l'inspiration par laquelle on croit sortir de la médiocrité pour toucher la grandeur d'une extranéité. Alors on hésite, on attend le moment opportun qu'on ne sait plus créer parce que le but fixé nous paraît de plus en plus lointain, intangible, aussi reculé que l'est une divinité qu'il ne faut pas trahir.

Ne plus écrire, parce qu'on recherche dans l'écriture plus que ce que l'on est, plus que tout ce qui est immédiatement donné dans le prosaïsme d'une vie dévorée par la quotidienneté et le consommatoire. Or il faut un extrême détachement pour parvenir à sortir de la roue et s'élever vers la Beauté qui nous maintient vertical.

J'essaie, de temps à autre, de vérifier par des incantations pathétiques si la Beauté est encore là, tout en méditant de lui rendre hommage, un jour, par une cathédrale du Verbe dont la forme phantasmée s'ourdit jour en jour en ma psyché dévastée. C'est du désert brûlant que s'élève en mirage ma Babel idéale, ma rédemption, mon hommage.

Un jour, peut-être, je ramasserai tous les fragments épars de mes brouillons de courage pour forger cette armure chargée de s'ajuster aux articulations innombrables de cette Vérité que je contemple, et moi aussi j'ourdirai du tourment la forme du divin.

vendredi 23 mai 2025

Aphorismes de l'aveugle espoir

"Tout ce qui était n'est plus. Tout ce qui sera n'est pas encore". Depuis presque trois siècles la rose peine à éclore, en l'occident interminable, d'une lustrale aurore... Combien de générations peuvent ainsi servir de simple fumier à la cruelle Histoire?

 

Si Atlantide il y a au détour d'un futur, Il faudra bien qu'advienne l'abîme -- l'équilibre n'est pas une propriété de la vie.

 

La tragédie est la forme de tous les destins, sans aucune exception.

 

Le fond de toute beauté est l'anéantissement nécessaire.

 

Rien n'existe en soi, tout est contraste et relation: ainsi tout bonheur est ressac.

mardi 13 mai 2025

[ DESTITUTION ] Le cours

L'entrée dans la salle de classe se fait au compte-goutte, certains élèves ont les mains dans les poches et n'ont pas de sac sur eux. Ils demanderont un stylographe plus tard, à un de leurs camarades, puis le poseront devant eux sur la table vide et sans support d'écriture. Certains disent bonjour, d'autres vous regardent et ne répondent pas quand vous les saluez.

Avant d'arriver dans la salle il aura fallu passer par des couloirs où les adolescents sont affalés par terre, les jambes en travers du passage, ne daignant pas même les bouger pour laisser passer un professeur, les yeux rivés sur leur téléphone.

En commençant le cours, vous apercevez une partie de la classe avec le sac encore sur les tables, les téléphones portables très certainement cachés derrière, retournés vers leurs voisins de derrière ou bien tournés sur le côté, dos contre le mur. Vous demandez à ce que les affaires soient sorties, le nécessaire pour prendre le cours posé sur le table et on vous regarde avec hostilité, comme un fossile encombrant capable de renvoyer à ceux qui ne voient que mensonge, le reflet sincère d'une réalité préoccupante.

Cinq élèves ont la tête posée sur la table, trois d'entre eux dorment, yeux fermés. Vous les apostrophez et les prévenez qu'il n'est pas acceptable de dormir en cours; ils recommencent quelques minutes plus tard: il faudra répéter les avertissements quatre ou cinq fois; c'est cela ou bien l'exclusion de cours qui mènera quelque(s) parent(s) a contacter le lycée pour s'indigner que son enfant ait pu être exclu alors qu'ils posait simplement sa tête sur la table. Il avait mal dormi la veille, c'est inadmissible une telle intolérance vis-à-vis de la souffrance d'autrui. Alors il vaut mieux répéter dix fois la même chose, et dix fois remonter son rocher en haut de la colline, jusqu'à ce que la sonnerie retentisse.

Durant le cours, les regards sont vitreux, indolents, sans expression. Lorsqu'on pose une question il peut se passer plusieurs minutes dans un silence de cathédrale sans que personne ne réponde. Leur demander de lire un texte est un affront, ils consentent tant bien que mal, lisent quelques lignes puis, rapidement, font semblant de se concentrer mais on repère aisément le vague de leur regard. Lorsque vous demandez d'écrire la réponse à une question au brouillon, certains attrapent fébrilement un stylo dans les mains (d'aucuns ne savent pas tenir leur stylo correctement et écrivent comme des enfants de cours préparatoire) qu'ils agiteront sans toucher la feuille, directement sous le cours parce qu'ils n'ont jamais acheté le cahier de brouillon demandé en début d'année. La plupart ne feront même pas cet effort.

Vous corrigez l'exercice à haute-voix, un ou deux élèves, toujours les mêmes, daignent participer à l'oral, certains, dix secondes plus tard vous demandent quelle était la question. Lorsque vous énoncez la réponse, aucun ne prend une note, malgré les consignes données en début d'année, malgré la fiche méthodologique fournie à cet effet, malgré les entraînements misérablement tentés de-ci de-là. 

Au fond un élève a rayé toutes les minutes écoulées depuis le début du cours, il ne le cache pas, lorsque vous l'interrogez sur la nature de cet étrange décompte, il vous dit la vérité sans ciller. Son voisin dessine de gros et jolis dessins sur les pages de son cours: il ne cherche pas à le cacher, tous les professeurs l'acceptent. Vous réalisez directement qu'il serait vain de lutter contre cela car il n'en résulterait qu'incompréhension et hostilité. Vous vous résignez. Vous êtes payé pour ça.

Devant, un élève que vous avez isolé, sourit bêtement tandis que ses camarades de derrière cachent leur nez avec leurs vêtements. Vous apprenez qu'il pète depuis le début, il déclare qu'il a des gaz comme s'il était dans son salon, entouré d'une bande de potes. Vous laissez faire avec un petit rappel des règles de courtoisie.

Ce que vous écrivez au tableau est un charabia, vous savez pertinemment qu'ils ne comprennent pas la moitié des mots, des tournures de phrase, leur niveau est celui d'un collégien, d'un jeune collégien qui prendrait le chemin d'un échec au brevet. Vous parlez d'épistémologie et de changements de paradigmes: même en expliquant cela avec des mots simples vous atteignez le sommet de la complexité à laquelle ils sont capables de se confronter -- à laquelle ils ne veulent pas se confronter.

Pour eux tout est facile: arriver en classe quand on veut, quand on peut, prendre en note les quelques phrases notées au tableau quand on en a l'énergie, faire semblant d'effectuer les exercices, prétendre lire les textes qui font plus de huit lignes, ne jamais ouvrir son cahier pour un contrôle et obtenir tout de même la moyenne en consentant à étaler quelques lignes de vacuité à peine intelligibles. À chaque cours il y a au moins trois absents, l'école c'est quand on peut, quand on n'a pas d'autres priorités. Pas besoin de rattraper les cours, de toute façon on prendra l'explication de texte et on obtiendra 9 sur vingt en bâclant quelques réponses en deux heures sur une épreuve qui en compte quatre. 

Sur les bulletins tout ira bien, on aura peu ou prou la moyenne sans avoir rien appris, sans même avoir construit un quelconque savoir, en venant tel qu'on est depuis l'école primaire, certes, mais inclus.

samedi 10 mai 2025

Arcanes

La poésie est comme la musique, elle est comme toute chose: une découverte et non une création. Cela ne veut pas dire que ce qui est découvert est une chose exogène, peut-être que nous ne faisons (à travers les mathématiques, les sciences, les arts) que retrouver l'expression de nos propres lois internes.

Pour cela je ne fais pas partie de ceux qui récusent l'inspiration. Écrire de la poésie, vibrer d'ivresse créatrice, n'est rien d'autre pour moi que d'être effectué par une certaine tonalité vibratoire du réseau des choses qu'on nomme expérience ou vécu. C'est tout l'agencement du contexte qui produit sur ma personne l'état extatique par lequel me parviennent des profondeurs de l'être les fragments de beauté-vérité que les sons indiquent.

La partition de tout cela n'est pas le fruit d'un calcul et l'homme ne sait pas créer au sens authentique du terme. Je conçois l'activité du poète comme celle d'une pythie avec l'enthousiasme en moins, à moins de voir la divinité non plus comme une transcendance exotique mais comme une tonalité particulière, une harmonique par laquelle le poète résonne avec des notes englouties dans l'accord complexe du vécu naturel.

On trouve la vérité: de là découle le caractère d'évidence en tant que réminiscence; pas au sens platonicien cela dit, du moins si l'on veut prendre le mythe d'Er le pamphylien au pied de la lettre, mais plutôt une réminiscence de ce qui est toujours donné à l'intuition mais de manière confuse, enfoui dans l'écheveau du divers que le poète tisse en séparant les fils pour en faire ressortir les motifs inaperçus.

Travailler ce n'est pas agencer morceau par morceau un ouvrage par tatônnements successifs, l'art n'est pas identique à la prodction technique. Travailler, pour le poète, c'est s'entraîner encore et encore à intégrer la technique afin qu'elle lui soit un nouvel organe, capable de remplir sa fonction sans que l'on ait à y penser: il n'y a qu'ainsi que la technique peut devenir pur signifiant sans empiéter sur le vécu à ressentir.

Travailler c'est avoir répété suffisamment de brouillons pour que la vérité puisse frayer son chemin sans encombre, sans rupture, par un souffle ininterrompu qui expulse la délicate haleine de la poésie se déposant sur la vitre d'un miroir. Il faut que le geste soit parfait, fluide, et qu'il pogresse avec facilité, comme la nature. Plus le poème sort spontanément, plus il est expulsé par une poussée jaculatoire, et plus il retient pure et concentrée la vérité dont il est signe.

Le poète est condamné à la poésie jusqu'à sa mort, car l'idéal acméique de l'expression pure et achevée ne peut être, par essence, qu'un horizon intangible.

Toute tentative de s'éterniser est en droit vouée à l'échec, car ce n'est pas la nature de l'homme d'être.

[ ENTROPOLOGIE ] Plasma

Si cela doit prendre

Que cela soit soudain

Brutal et spontané

Pas de délai

Pas de travail

Il faut que la beauté suppure

En un plasma vital

Matrice amniotique des formes

Et que tout coule au néant d'être

Le chat gracieux

Qui dans son saut s'éteint

Les pattes libellules

Aux ailes empreintes de visage

Ses formes qui s'animent

Vois-en les yeux

Et l'iris nébuleux

C'est sous ce ciel que nous vivons

Un œil pleure

Cet hémisphère pleut

Des clochettes enfermées

Dans d'hyalines cellules

En s'écrasant au sol

Éclatent un maints fragments

De sauterelles ingambes

Qui planent supersoniques

Avions à réacteurs

Qui fonctionnent à l'encre

Peinturlurent les cieux

De glyphes mythologiques

Une phrase demeure

En l'âme éteinte, un roi

Trouve une porte de sortie

Et la couture des cieux

Se défait là pour lui

La nuit, la nuit

Est envers de lumière

Et dans la forme d'un désir

Hurlent nos rêves en muselière

Où le calice floral

De crocs pointus s'hérisse

L'être frémit d'angoisse

Il sait son avenir

La vie dévore l'altérité

Vorace elle digère

Le monde annihilé

[ ENTROPOLOGIE ] Où vont les choses

Rameau brisé qui se déssèche

De vert à brun

Bientôt à la lisère de Rien

S'articule et devient

Myriade d'ailes autour de la colonne

Et ce vaisseau léger s'agite

S'envole et puis lévite

Lorsque les ailes allongées s'étirent

En un réseau entretissé de fils

Autour de l'araignée ligneuse

Les bords concaves sont des galaxies

Iris d'un œil ouvert

D'une mère oublieuse

Du sacrifice offert

Et sa cornée dessine

En clair-obscur une famille

Est-ce encore la sienne

L'enfant aux cheveux longs

ces longs serpents qui sifflent

La gueule ouverte, crochets en avant

Les maxillaires se séparent

Pour chuter mollement

La peau d'une banane

Se lisse en un sépale

De fleurs pressées

Dans la bouche du temps

Où chaque rien s'écoule

Où chaque rien s'écroule.

jeudi 8 mai 2025

Arc-en-ciel

 À la sortie des matrices

Pensif esseulé fait son stop

Mais la vitesse est circulaire

Et les roues tournent, bien sûr,

Autour d'elles-mêmes.

 

Entre deux mondes,

Tout aussi dévastés que lui,

Passif errait dans les différents sables:

Béton des zones périurbaines

Ondoiement vaporeux d'un désert de nature

 

Où donc est la pilule?

Et lapin blanc qui ne vient pas...

Où donc est la pilule

Qui renverse les yeux?

 

Hors de la Cité

Néanmoins citoyen

Et immatriculé

C'est qu'on ne demande pas de grands calculs

Un tout petit vaccin

Un peu de singe en la cellule

 

La banlieue est cyclopéenne

En ses babels encore dressées

Pléthore d'Icares

S'y cachent en les sous-sols

De ce monde inversé

 

Est-ce que les arbres parlent?

Est-ce qu'ils défient les dieux?

Ce sont les hommes qu'il faut rosser

Parler au cœur le dévaster

 

Tout est poussière, tout univers

Incongrument aggloméré en concrétions

De Narcisses turgescents

Sous des cieux pleins d'hivers

 

De larmes translucides

Réfracteurs de lumière

On peut aller au bout de tout

Et ne fouler un arc-en-ciel

samedi 3 mai 2025

[ DESTITUTION ] Amour de la sagesse

Nous faut-il tout raconter des humiliations quotidiennes de cet infâme métier? Non qu'il le soit par lui-même mais bien plutôt parce que les conditions de son exercice le rendent tel. Être titulaire sur zone de remplacement c'est avoir la joie de rencontrer les collègues de l'académie, et de boucher les trous de leurs merveilleux services calibrés sur-mesure. On peut alors facilement se retrouver avec six classes de filière technologique contre une seule générale et entrer dans le monde merveilleux de l'éducation spécialisée. La réalité est que les professeurs ne font pas le même métier en fonction des conditions d'exercice: le quotidien d'un professeur de filières technologiques n'a strictement rien à voir avec celui qui enseigne majoritairement (voire exclusivement) en filières générales. Nous ne faisons tout simplement pas le même métier.

Certains professeurs passeront même toute leur carrière sans avoir connu l'enseignement en filières technologiques, tandis que d'autres seront officieusement abonnés à ce régime et se voir répondre (lors d'un appel au secours issu du désespoir) par le SNES que: "c'est comme ça, ça arrive et il n'y a rien à faire"... La solidarité des professeurs est quasiment inexistante entre titulaires et TZR, parce que ces derniers ne font que passer, courant parfois entre trois établissements différents, et qu'on sait qu'en leur fourguant les classes dont personne ne veut, il n'y aura nulle conséquence réelle, qu'un autre prendra son tour de corvée l'année d'après qu'on ne reverra peut-être jamais.

Je me souviens, par exemple, de ce merveilleux exemple de déontologie et de soutien entre collègues, comme une carrière philosophique sait paradoxalement les créer. Je suis affecté dans un établissement au sein duquel un autre professeur de philosophie (titulaire) exerce depuis de nombreuses années. Je me retrouve avec l'entièreté de mon service en cet établissement en filières technologiques (trois classes), tandis que le collègue avait pris toutes les classes de générale (quatre au total). Lorsque je viens lui parler de la situation en en appelant à son empathie, il me sort une litanie abjecte sur le fait qu'étant déjà passé par là il trouvait normal que j'ai aussi ma part... Curieux sophisme du bourreau qui ne peut mener qu'à un cercle vicieux dont on ne sort jamais... Curieuse éthique de la part d'un amoureux de la sagesse. Lorsque j'insiste il ira même jusqu'à me parler de sa mère ouvrière et du fait qu'un professeur est privilégié par rapport à d'autres professions, qu'il n'y a donc vraiment pas lieu de se plaindre... Le tout noyé dans une logorrhée infâme qui ne voulait rien dire, dont le seul objet est d'embourber l'interlocuteur dans le sentiment vague d'une justification -- parce qu'en réalité il n'y a simplement rien de noble pour justifier un tel comportement...

Ces personnes, en plus d'être écœurantes, sont potentiellement nocives puisqu'elles créent les conditions d'une souffrance au travail qui peut mener certains collègues à la démission, à la maladie professionnelle, voire au suicide. Mais à quoi bon se soucier d'autrui, on est là pour obtenir l'emploi du temps le plus agréable possible quitte à ce que cela se fasse au détriment des autres: c'est une guerre qui se joue et le mercenaire TZR n'a pas d'alliés.

D'ailleurs, tant qu'on y est, pourquoi n'attribuerions-nous pas à ce petit TZR  ne connaissant personne le statut de professeur principal sur une des classes; après tout, au point où on en est... Il fait partie des rares enseigants ayant encore une classe entière (en lieu et place des groupes de spécialités qui fractionnent la classe) et personne ne veut plus la charge d'un tel fardeau (être harcelé par les familles qui sont systématiquement opposées à tout ce qui pourrait égratigner l'image de la perfecion incarnée par leur progniture; remplir des tas de commentaires inutiles pour les bulletins, pour parcoursup, pour l'administration, pour les conseils pédagogiques, s'il y en a, etc.). Pourtant la philosophie est un de leurs plus petits coefficients, elle représente pour eux un monde inaccessible en l'état parce qu'on les a acheminé en terminale sans s'être préoccupé du fait qu'ils n'ont qu'une vague notion de la langue dans laquelle ils tentent tant bien que mal de s'exprimer.  On parle d'enfants qui n'ont parfois jamais rencontré la forme interrogative et à qui l'on doit faire comprendre les chiasmes d'un Rousseau ou la structure syntaxique d'un Kant... À qui l'on doit faire tenir et comprendre des propos logiquement structurés mais qui ne font pas la différence entre une phase à l'affirmative et une phrase à la tournure négative. Qui s'en soucie, mettez-leur la moyenne, tout ira bien.

 Avec cela vous finissez avec deux fois plus de classe que le collègue en question parce que les "technos" n'ont que deux heures hebdomadaires contre quatre pour les générales. Où est le problème, c'est votre métier enfin, vous l'avez voulu...  Belle idée que d'obtenir le concours l'année de la réforme Blanquer...

Mais tout cela ne compte pas, il y a l'humain, l'équipe, on est une grande famille vous efforcerez-vous de penser jusqu'à ce que votre collègue vous dise bonjour avec un grand sourire en vous croisant dans la salle des professeurs, comme si vous étiez son copain -- un copain qui tient son chibre dressé jusqu'à votre gorge en plus d'être un amoureux de la sagesse.