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samedi 10 mai 2025

[ ENTROPOLOGIE ] Plasma

Si cela doit prendre

Que cela soit soudain

Brutal et spontané

Pas de délai

Pas de travail

Il faut que la beauté suppure

En un plasma vital

Matrice amniotique des formes

Et que tout coule au néant d'être

Le chat gracieux

Qui dans son saut s'éteint

Les pattes libellules

Aux ailes empreintes de visage

Ses formes qui s'animent

Vois-en les yeux

Et l'iris nébuleux

C'est sous ce ciel que nous vivons

Un œil pleure

Cet hémisphère pleut

Des clochettes enfermées

Dans d'hyalines cellules

En s'écrasant au sol

Éclatent un maints fragments

De sauterelles ingambes

Qui planent supersoniques

Avions à réacteurs

Qui fonctionnent à l'encre

Peinturlurent les cieux

De glyphes mythologiques

Une phrase demeure

En l'âme éteinte, un roi

Trouve une porte de sortie

Et la couture des cieux

Se défait là pour lui

La nuit, la nuit

Est envers de lumière

Et dans la forme d'un désir

Hurlent nos rêves en muselière

Où le calice floral

De crocs pointus s'hérisse

L'être frémit d'angoisse

Il sait son avenir

La vie dévore l'altérité

Vorace elle digère

Le monde annihilé

mercredi 22 mai 2024

Métabolisme

Il faut reconnaître la positivité où elle existe: nous passons, tous, y compris nous-même. C'est-à-dire que tout ce qui structure notre dynamique délétère, tous les mécanismes propitiatoires à l'algésie, finissent, eux aussi, par se dissoudre dans le flux métabolique du temps. Prenez une minute pour ressentir le soulagement qui peut découler d'une telle considération: nous-même, notre petit moi souffreteux et claudicant, finirons pour nous transformer suffisamment pour que tel ou tel tropisme incommodant disparaisse enfin sans crier gare.

Un jour, peut-être, c'est l'indifférence qui remplacera la souffrance produite par la lucidité -- celle qui nous rend apparents les fils qui tissent un monde et révèlent de manière éclatante et indubitable la médiocrité de tout.

lundi 8 mars 2021

Déchirement idéaliste

 La conscience est un raffinement évolutif d'une telle dangerosité. Cette capacité à se métamorphoser si vite excède largement la temporalité biologique du vivant et, plus généralement, de tout écosystème relativement stabilisé. Elle surcharge d'idéalité le réel et emmène l'esprit par-delà les phénomènes, par-delà les lois établies, pour inventer un ailleurs toujours plus désirable. En accentuant certains signaux, tels que celui de la limite ou de la contrainte -- certainement pour un motif évolutif tout à fait louable et qui devait consister à pouvoir développer des solutions alternatives pour augmenter le champ d'action humaine --, la conscience mène assez naturellement vers deux horizons: la destruction pure et simple du corps en tant qu'entité contraignante dont il faut s'affranchir (c'est tout à fait ce qu'il se passe dans nombre de spiritualités où le corps est vu comme un obstacle qu'il faut dompter), ou bien sa transformation rapide, c'est à dire sans se plier à la temporalité lente des mutations naturelles d'une espèce (c'est précisément le cas du transhumanisme).

La conscience projette l'homme si loin au-delà de son corps, et même des corps en général, que le monde phénoménal perd sa consistance et semble ne plus pouvoir servir d'assise, de structure stable à partir de laquelle fondre son comportement. C'est au monde de s'adapter à cet esprit intrépide et illimité, qui porte ses regards bien au-delà des frontières du visible, et pour cela interroge l'état actuel des choses, le remet en cause, cherche à le transformer à son avantage, à son image surtout. On comprend aisément en quoi une telle fonction peut être utile à la survie d'un être comme l'humain, et le problème ne réside pas en sa qualité mais en sa quantité. La conscience s'érige comme fonction de rupture des équilibres, et si la marche est une telle opération répétée, il faut, pour tenir debout, savoir circonscrire le déséquilibre en d'étroites bornes.

Pourquoi tant d'artistes et plus généralement de gens à l'esprit foisonnant meurent si jeunes? On peut mourir d'impatience face au monde et à soi, mourir de déchirement idéaliste.