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mardi 10 septembre 2024

Faut que ça tourne!

Écrasé aplati tout petit sur le sol. Godasses, comme toutes les godasses, fabriquées, loin d'ici, en série, en usine, en pétrole. Talons qui claquent en chœur, dix-sept heures, l'heure de partir, de rentrer, se tapir, dans son trou. La voiture, le silence, habitacle, surfaces, de métal, en série, en usine, au pétrole, loin d'ici. Cellule refermée sur l'individualisme, c'est l'époque, on suffoque, et on hurle parce que ce qui nous lie aux autres n'est qu'une immensurable déception. Pneus, sur le bitume, grondement, liquide, du pétrole, sur l'asphalte, soufre, oxyde de zinc, clignotants, oubliés, des atomes, encastrés, en nuage, d'électrons. Klaxons, retenus, ou pas, doigt d'honneur, un carrefour, perdus de vue, loin des yeux, près du cœur, dans la haine. Prozac, Gaillac, cognac, tout est bon pour franchir le soir, en hauteur, en couleurs, sur écran, pour tomber au matin, le sang noir, de café, de douleur, de graisse étalée sur l'engrenage de nos vies. Claustration, immanence, tenir la montre, arriver à l'heure, désembouteillé, réembouteillé, recyclé. Recommencer, endurer, supporter, arborer, paraître, se peindre, sur la face, un cosmos, empourpré, pour feindre, une vie rose, en allée, allongée, sur l'ourlet, l'horizon, crépuscule, oublié.

Faut que ça tourne, la Machine, le rouage, les écrous, la chaîne, de montage, démontage, mécanique, du cœur, incandescent, indécent, inondé, démoli. Faut tourner, pousser, ahaner, dans cette roue, tous, ou presque, que ça tourne, que ça fuse, sans que ça cesse, faut des braises, que ça souffle, que ça tousse.

Pourquoi...? 

Pourquoi!? Allons-donc, faut y aller, du nerf, que ça tourne, et roule, et boule, et cool. On ravale, ses insultes, sa douleur, ses minutes, ses heures, ses heurts, son sang, faut que ça tourne, faut du flux, de flous, de sang, de progrès, de frousse, d'effroi, d'hormones, de stress, de vie, de viande, de vide.

jeudi 1 août 2024

Aphorisme des interrupteurs

Qu'on ne me parle plus jamais de valeur travail! Obéir à un contrat de travail est du même niveau de réification que la prostitution.


La complexité du monde et des structures de la domination ont pour effet remarquable l'effrènement, de ceux qui n'ont pas le temps, à s'emparer d'une cause tangible et unique -- autrement dit d'un bouc-émissaire --, aspirant goulument l'attention passionnée tandis que prospère, ignoré, l'écheveau causal capable d'expliquer l'injustice.


On hait a priori dans cette époque raffinée: celui qui arbore des opinions étrangères ne saurait les expliquer autrement (selon nous) que par les caricatures dont nous sommes les dépositaires, et à ce titre il ne peut jouir que d'un statut ontologique simplifié -- le barbare et ses déclinaisons (complotiste, idiot, terroriste, fasciste, populiste, etc.).

 

Je n'aurais jamais cru que le démantèlement des nations puisse avoir un tel effet dévastateur sur la cohésion des peuples. S'il ne s'agit pas là d'un démenti criant jeté à la face des contempteurs de l'idéalisme... Une simple idée peut faire tenir les mondes -- pour la simple raison que tout monde est, a priori, une idée.


Ce qui manque à tous les aiprants au pouvoir est un véritable projet démocratique, une volonté enracinée dans les tripes d'acheminer le peuple vers sa destinée souveraine et, tel un enfant devenu adulte, de s'en désaisir. Mais il y a peu de parents dignes jusqu'au bout...


À mesure que l'abêtissement augmente, les opinions deviennent convictions et l'ardeur à les interroger, violence à imposer.


Rendre chaque individu aussi binaire qu'un bit d'information, voilà qui permettra au Grand Ordinateur d'exploiter efficacement le champ fertile des sociétés humaines.


"Je ne puis songer que cette horloge existe et n'ait point d'horloger" -- et si cet horloger n'était bien qu'une horloge?


Les bons capitalistes -- c'est-à-dire ceux responsables du succès de cette opération -- ont rapidement compris que les idées, comme les vêtements, ont besoin d'être rapidement disponibles (prêt-à-porter) pour ceux qui n'ont pas le temps de les fabriquer. Mieux: qu'il s'agit surtout que nul n'ait plus le temps de fabriquer les siennes afin qu'on leur fournisse en nos enseignes. Ainsi advint la grande manufacture des opinions et son triomphe industriel: le journalisme.

vendredi 31 décembre 2021

Message à caractère informatif: 2022 en flammes

Il est difficile de se réjouir à l'heure où ce monde se délite dans la haine et la bêtise. Ceux qui montent une partie de la population (celle qui abdique sa pensée critique auprès d'un unisson médiatique) contre une autre -- de manière absolument injustifiée --, je l'espère, devront répondre de leurs actes rapidement.

Nous vivons une époque odieuse et répugnante, d'une part à cause de l'entêtement dogmatique de dirigeants qui sont devenus des maîtres, menant le peuple comme un troupeau de moutons, d'autre part à cause de la passivité nauséabonde et la crédulité de toute une partie de la population qui écoute religieusement le chant du Muezzin de la télévision, à heure fixe, pour vomir aussitôt sur leurs congénères ce qu'ils ont avalé de mensonge et d'opinion.

Les sociétés occidentales me dégoûtent de plus en plus. Je crois qu'il est temps de disparaître désormais. Je n'habite plus le même monde que quatre-vingt dix pourcent de mes compatriotes. Et je sens, j'avoue, de plus en plus, monter en moi l'impérieuse nécessité d'acérer mes griffes, et de me défendre contre une menace totalitaire effrayante d'hypocrisie.

Nos vies sont en danger. Nous vivons déjà dans une forme de dictature qui ne cesse de se proclamer démocratie (gouvernement du peuple tout de même!!) sans même que cela pose problème à l'écrasante majorité d'entre nous... Le simple fait de dire cela est répréhensible!

Nous vivons aujourd'hui dans la honte et la punition sera exemplaire. Malheureusement les coupables ne seront pas les seuls à payer pour leurs crimes.

La guerre a commencé, je quitterai ce champ de bataille qu'est la société humaine sur mon bouclier.

mardi 27 mars 2018

La prison intérieure

Combien vivent la contradiction comme une violence, presque gratuite, tout du moins évitable et improductive. Ne pas être d'accord avec eux, argumenter contre leurs opinions, c'est être seulement négatif, c'est chercher à détruire leurs positions sans rien fournir en retour, rien d'autre que la nuance inconfortable, l'indéfini du relatif, qui ne donne pas de réponse mais invite au dépassement de ces dernières, à la remise en question, au mouvement. Nos esprits, comme nos corps sont devenus sédentaires, mais de manière pathologique: nous en sommes devenus fragiles, incapable de faire face à la richesse d'en environnement, d'un réel, qui excède incommensurablement (puisque qualitativement aussi) nos représentations, nos photographies trop figées des dynamiques à l'oeuvre dans le système monde.

Savoir se contredire soi-même avant tout. Je n'y vois aucune violence, mais bien plutôt le fondement nécessaire à l'existence de l'altérité, et donc à celle de l'autre, de sa voix, de sa réalité. Peut-être avons-nous trouvé en la contradiction sereine un des piliers les plus solides de la démocratie. Celle-ci est inconfortable, comme la contradiction. Elle n'est pas rassurante, pour certains, parce qu'elle ne se nourrit pas de réduction à l'Un (cette assertion est bien entendu relative), de répétition du même, de consensus, mais au contraire, elle provoque le doute, insuffle en l'esprit l'incertitude quant à ses propres convictions, produit de la richesse, c'est à dire de la diversité et de la différence. Or c'est précisément dans cette différence, dans ce jeu entre les dogmes que naît l'espace-temps où vit l'esprit, où il a tout loisir de croître, de se métamorphoser, de s’affûter, de devenir ce qu'il est. L'aurions-nous oublié?

Celui qui vous contredit, s'il le fait dans les formes, et par ce processus s'interroge lui aussi avec vous sur le sujet de débat, alors celui-là vous libère. Tout comme le sceptique se libère lui-même de ses propres tendances au dogme, à la stagnation dans laquelle croupit malicieusement l'intelligence, tissant et re-tissant les mêmes liens, qui deviendront bientôt les barreaux incassables d'un système de pensée monolithique, cristallisé dans l'éternité minérale.

S'enfermer, toujours plus en sécurité, toujours plus barricadé dans la citadelle intérieure inviolée, et bientôt inviolable, c'est mourir au monde, s'en retirer. La pluie, l'orage, le soleil qui brûle, la grêle, l'automne, l'hiver ont aussi leur vertus, ils font partie du monde, comme le reste.