mardi 15 décembre 2009

Etre ou ne pas être...

Est-ce qu'il y a vraiment une position raisonnable? Par "position", j'entends croyance, position spirituelle et/ou scientifique, ou plus simplement: conception du monde.

Est-ce que l'option rationaliste est-elle si raisonnable que ça? Peut-on être raisonnable d'ailleurs? La position rationaliste consisterait à se reposer sur ses sens, et particulièrement la vue puisque c'est le sens de la science. En effet quoi de plus rationaliste que la science? elle en est certainement l'incarnation même.

Mais concevoir le monde selon les connaissances scientifiques, c'est accepter une conception tronquée, une conception incomplète ou en cours de construction. La science n'explique pas tout, je dirais même qu'elle a une fâcheuse tendance à décrire, mesurer, plus qu'à comprendre, expliquer. Par ailleurs, il suffit de lire les publications scientifiques en astrophysique, où des conceptions de l'univers toutes plus originales les unes que les autres s'affrontent, pour se rendre compte de la fragilité d'une telle conception. Où commence le domaine de la croyance et où commence celui de la connaissance? la connaissance semble se situer à l'intersection de la vérité et de la croyance. Ainsi qu'est-ce qui nous permet de dire que la conception chamanique du monde, par exemple, constitue une croyance plutôt qu'une connaissance? Faut-il se baser sur l'expérience? Sur la vraisemblance? D'une part l'expérience démontre que ces théories fonctionnent au sein de leurs cultures "nourricières", et d'autre part rien ne nous permet d'affirmer que notre conception du monde est plus ou moins vraisemblable, probable, que la leur.

Il semble donc opportun de considérer toute connaissance comme une croyance justifiée (ce peut être le cas par plusieurs méthodes de justification).

Ainsi, pour savoir si l'on est raisonnable dans sa conception du monde, il faut admettre qu'il existe une vérité d'une part, et de l'autre côté: tout le reste... Comment se construit une connaissance? Il me semble qu'elle peut provenir de deux sources. D'abord, celle d'un choix conscient: on choisit de croire en tel théorie et de l'ériger en vérité puis on s'évertue à justifier, à faire coller la théorie avec les autres déjà en places et avec la réalité. D'autre part, elle peut être le fait du pure empirisme et s'ériger en tant que connaissance par nécessité: l'expérience d'un fait (réalisable par n'importe quel individu) de manière répétée crée donc la connaissance.

Cependant, à ce stade de la réflexion il faut noter un point important: toute connaissance que nous pouvons ériger en tant que telle se base exclusivement sur la description de notre univers et de ces mécanismes. En aucun cas, la connaissance ne peut être appuyée par l'expérience lorsqu'il s'agit de comprendre les causes, l'essence même d'une entité, la "chose en soi". Ce domaine relève donc exclusivement de la croyance (justifiée ou pas). J'appellerais ce domaine: connaissance profonde

Alors, si la connaissance profonde n'est qu'un choix (c'est le cas de toute croyance), cela signifierait qu'elle n'existe pas, qu'elle n'est que pure création ex-nihilo.

Par ailleurs, pouvoir affirmer que quelque chose existe, c'est déjà connaître, et donc opérer un choix: avons-nous les connaissances profondes nous permettant de définir l'existence et par là même, de déterminer ce qui existe ou non? Par conséquent, ce qui existe et ce qui n'existe pas sont les mêmes choses pour nous simples humains. On fait sortir l'existence de la non existence par un choix conscient, un choix nourrit par toute l'épistème de notre culture.

Dés lors, si quelqu'un se pose la question de savoir si un 'objet' (ou entité au sens large) existe ou n'existe pas, la vérité se situerait donc quelque part entre les deux: ce serait ni une existence, ni une non existence. On pourrait donc parler de probabilité (et la physique quantique sur ce point vient illustrer à merveille le principe). Tout ne serait donc que probabilité à tout instant.

Dans ce cas là, le sujet conscient qui opère un choix et affirme l'existence ou la non existence, c'est à dire crée la connaissance, ce sujet a-t-il par son acte volontaire une influence sur la "chose en soi"? Peut-il déterminer la valeur de l'objet un peu comme le principe de physique quantique: "l'obervateur agit sur l'observé". Ce qui impliquerait une vérité faite de probabilité (c'est à dire un mélange de vérité et de non vérité, de factuel et de contre-factuel) dans laquelle la conscience viendrait arrêter une des nombreuses combinaisons possible pour bâtir ce que nous appelons "réalité", la nôtre tout du moins.

Mais au final, après tous ces jolis mots, cette belle rhétorique, que reste-t-il? Faut-il être rationaliste? Comment faire la part des choses entre nos instincts, nos sensations, nos certitudes, nos pressentiments... Faut-il opérer ce choix? N'est-ce pas se priver de toutes les autres valeurs de réalité possible? Est-il même possible, à l'aide d'un langage qui repose sur un choix arbitraire (cf Saussure) de pouvoir saisir la vérité, de pouvoir créer autre chose que du pur arbitraire?

Je n'ai pas la réponse à ces questions mais mon instinct me dit de rester ouvert, à l'écoute et même si ce n'est pas très rassurant, je n'hésite jamais à reconstruire entièrement ma conception du monde, à chaque instant!

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