dimanche 25 janvier 2009

Dimanche

25/01/2009

Les Dimanche...ça a jamais été quelque chose de gai en temps normal mais là c'est devenu franchement morose. Je pensais que c'était dû à la redescente sur terre après folles ribotes et agapes du Samedi, mais ça ne semble même pas être le cas. En fait, même sans avoir côtoyé l'ivresse durant le week end, le Dimanche reste toujours aussi terne: une journée grise qui passe, silencieuse, qui compte pour du beurre...

Les Dimanche, mon état est franchement critique, surtout quand vient le soir, quand la Terre s'habille de son manteau de ténèbres, s'entoure d'une bulle insonorisée. Je voudrais la faire éclater ou au moins en sortir, peut-être que je manque simplement de volonté, d'inventivité.

Ce que je vis c'est ça: le froid d'abord, l'impression que même chez soi, le froid vient s'insinuer, profondément sans qu'on puisse l'en déloger, ou bien si l'on y parvient, on atteint l'état inverse: il fait trop chaud, on transpire, une sorte de sueur froide, l'impression que la peur suinte de partout, de notre propre corps. C'est l'incompréhension, tout devient dangereux, inquiétant, cette sensation de solitude, de fin du monde, quand Dieu se repose, mon coeur s'arrête. Le grand tout reprend pendant une journée, une soirée, le bonheur, la joie, que seul lui peut nous insuffler.

Il suffit de marcher solitaire, la nuit tombant, sous la lune grise: seuls les fous, les marginaux, les rejetés, les agressifs, les dangereux, les guerriers viennent offrir leur silhouettes étiques aux pâles rayons. On presse le pas dans les rues déserte, une tension se fait ressentir à l'approche d'un passant à la démarche suspecte, ombre maléfique qui vient croiser notre existence, pour un instant seulement. Si le diable existe alors c'est sous la forme de peur: la peur c'est le diable.

C'est pour ça que j'ai décidé de me battre, pour que la flamme de vie qui m'habite ne me quitte jamais, même lorsque dame nature semble endormie, même au coeur de l'hiver alors que les membres sont engourdis, alors que la volonté vacille, lorsque le coeur n'y est plus.

Les Dimanche, on ressent l'amertume des gens, leur hantise du lendemain, un lendemain symbole de labeur, de souffrance odieuse, imposée. Qu'ont les gens à espérer lorsqu'ils savent pertinemment que chaque Lundi leur offre la même perspective, le même horizon coupé net, une tranchée abrupte dans leur liberté, une saignée hebdomadaire qui n'arrache aucun cri, c'est l'effroi silencieux, celui de l'âme. C'est comme si chaque Vendredi soir, jusqu'au Dimanche très tôt, l'Homme moderne explorait son territoire, libre, ivre de tant d'espace, de possibilités, puis arrivé au Dimanche soir, la chaîne qu'on lui a attaché autour du cou se tend, le retient, prisonnier d'une parodie de vie, d'un authentique esclavage moderne. Tout est moderne maintenant, tout a évolué, les souffrances elles n'ont pas changé, elles sont justes teintées de technologie pour adoucir la pilule... Modernité...que ce mot n'a aucune saveur, s'il avait une couleur, ma synesthésie m'indique qu'il serait gris, gris métal, symbole de notre ère froide et dure.

Je me souviens, tous ces Dimanche à ne pas vouloir rentrer chez moi, dans ma prison, dans ma routine, dans ma survie devenue permanente, tous ces dimanche à étouffer autant de larmes d'incompréhension, de haine face à ce destin. L'envie de tout arrêter a parfois été trop forte, mais bon cela signifie la mort à court ou moyen terme alors ça ne dure pas longtemps, on remet son masque et revient vite dans le rang, avec la rage au ventre, avec le désespoir. On tente de le sublimer pour continuer d'avancer: "marche ou crève" comme ils disent.

J'ai fait ce qu'il fallait maintenant pour échapper à tout ça, en partie. Maintenant ce ne sont plus que des réminiscences de ces Dimanche annonçant des lendemain amusiques, des lendemain qui pleurent. J'ai fait ce qu'il fallait pour sortir un peu, dévier légèrement la trajectoire implacable, contrer cette gravité qui n'existe que dans nos têtes. Alors oui j'ai toujours ce spleen qui m'emporte parfois les Dimanche soir, mais dans le fond tant mieux, c'est le souvenir du malheur qui me fait apprécier la joie, la vie qui sourde en moi, qui a envahit, investit chaque parcelle de ma conscience. Je me suis ouvert à l'Univers,et chaque chose m'émerveille, m'émerveille parce que j'ai le temps, le temps de prendre conscience de tout ça, de nos chances, de nos vies, de nos espoirs, de tout ce qui nous entoure, de la vie qui est partout, partout présente, partout naissante, à protéger à sauvegarder, alors je la caresse de mon âme, je lui murmure mon amour et elle m'enveloppe, me berce, fait disparaître mes doutes et mes craintes, au-delà d'une symbiose, chaque fois que j'ai l'esprit à l'écoute, Dieu me dit, pas avec des mots bien sûr mais avec le langage de la vie (celui des sensations), il me dit: tu es moi, tu es en moi. Et je dois vous l'avouer, dans ces moments là je me sens fort, je me sens tout.

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