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samedi 7 septembre 2024

Scotographie

La recherche de l'absolu est tout autant poison que moteur: c'est elle qui nous fait prendre la plume, elle aussi qui la fait reposer. Ce désir d'abolition ancré au cœur de l'être le plus totalement fini et inabsolu, est peut-être la fondement de cette déchirure qui fabrique le sillon sanglant des destins et dresse le portrait d'une âme toujours à côté d'elle-même.

Vouloir rejoindre l'infini et l'éternité à travers la durée d'une œuvre est peut-être la plus pathétique -- et aussi la plus sublime -- ambition des hommes. N'oublions pas que la plus sombre des tragédies contient en son cœur le noyau le plus lumineux qui soit. Ainsi l'existence humaine est cette ombre projetée à tout va, celle d'un escarpement fait de cassures qui semblent toutes briser la trajectoire qui propulse les hommes de la terre aux étoiles. De la naissance à la mort un compte fini de battements de cœur et l'unité d'un souffle malgré maints visages.

samedi 24 août 2024

Documents tragiques

Oh ce ne sont pas des ruisseaux que je décris en ce journal mais les méandres térébrants d'une psyché en quête d'absolu dans les bornes constrictrices de la finitude. Il n'y a véritablement aucune autre explication à tous ces signes vers une transcendance phantasmée si ce n'est la conviction pleinement vécue par certains que l'existence humaine constitue une errance; que la véritable origine se situe dans l'informe et l'indéfini d'une réalité méontique. L'œuvre est une sonde envoyée dans l'infini et qui cherche à travers le brouillard des phénomènes sublunaires une porte de sortie vers l'Ailleurs. Une tentative de percer le voile de l'étant.

Et nous échouons, encore et encore, en cela l'œuvre d'un homme n'est jamais que la documentation d'un échec, d'une tragédie.

mercredi 7 août 2024

Courbe brisée

En regardant le toit, par un sombre hasard, je constate une mousse récalcitrante qui s'installe sur les bords de l'édifice. Étonnant: nous avons fait démousser la maison il y a seulement deux ans maintenant. Étonnant comme l'ordre humain est voué à disparaître sous le grignotement tenace et incessant de l'entropie. Toutes nos entreprises sont aussi vaines que cet éphémère démoussage qui n'a d'utilité que le fugace soulagement procuré à deux êtres dont l'existence même obéit à ce principe: travail, consommation, travail consommation. Aucun effort, aussi inepte soit-il, ne saurait produire dans le monde quelque chose d'absolument durable; mais sans aller jusque là: qui puisse simplement repousser l'entropie assez longtemps pour que cela en vaille la peine.

Vivre vaut-il la peine de quoi que ce soit? Peut-être pour prolonger à travers l'enfantement les espoirs qui nous ont mené là, à l'ourlet d'un destin qui s'achèvera sans faire aucune différence...

Si l'on regarde attentivement l'histoire pourtant, il apparaît assez clairement qu'aucun progrès réel ne permet d'imprimer un sens à la flèche du temps. De la préhistoire à aujourd'hui, toujours les mêmes vices agissant comme les forces cinétiques d'un immene billard planétaire. Une certaine anthropologie nous laisse même entrevoir la possibilité d'une dégradation de l'humanité vers toujours plus de perversion, de désirs non-naturels et pour cela sans limites.

Un humain est pareil à une maison: livré au temps, il finit recouvert de mousse, infesté de parasites, écartelé par les éléments, disloqué fragmenté désuni, sans plus aucun principe d'organisation capable de lutter contre l'engloutissement d'un repos étal. C'est probablement pour cela qe l'instinct vital nous pousse à se reprduire comme des cafards. Parce qu'une vie humaine ne peut que chuter lourdement après la brève ascension d'une jeunesse qui n'est que feu de paille et poudre aux yeux. Aucun individu ne transcendera sa finitude. Faut-il croire que l'espèce y parviendra? Peut-être... après tout qui sait si cette frénésie destructrice qui caractérise notre époque ne sera pas surmontée comme un échec duquel on apprend à se surmonter soi-même. C'est possible et une part de moi, ténue, y croit un peu je dois admettre.

Mais dans l'instant il faut bien constater une chose: dieu que le monde est laid.

vendredi 11 août 2023

Pour aller où?

 Qu'aurons-nous à nous dire, lorsque tu sortiras de tes babils; du décalage insurmontable de nos deux temporalités? Car nos deux présents ne coïncideront, pour ainsi dire, jamais, il ne peut y avoir de réelle égalité entre la profondeur de mon présent -- toujours se creusant -- et la surface du tien. À moins qu'en un présent ne se tiennent pas nécessairement tout le passé, et qu'il en aille avec le temps comme avec ces régions de l'espace inexorablement trop lointaines pour interagir de nouveau avec notre lieu...

De toute façon qu'aurais-tu à penser d'une âme inadaptée à l'existence? une âme qui croit savoir quelque secret sur la vacuité de la vie que l'écrasante majorité ne veut pas voir dans cette irrépressible obstination de vivre néanmoins?

Je n'ai probablement pas l'étoffe d'un tuteur, et resterai à jamais trop étranger à la joie d'être pour t'insuffler le goût de croître et de vivre en ce décor. J'ai cherché, longtemps, l'envers de tout cela... et me suis lassé de ne rien trouver. Ou plutôt de trouver quelque chose que j'aurais préféré ne pas avoir à voir.

Je ferai de mon mieux pour que tu restes à cette échelle de la nature où se meuvent les êtres, et que point tu ne t'élances en ces pérégrinations ontologiques par lesquelles l'âme ivre d'ailleurs se fourvoie pour toujours en un changement irrécusable de paradigme, à la recherche de ce référent absolu qui fait l'étoffe de toutes les œuvres, de tous les chants et de tous les sublimes.

Quitter la finitude... mais pour diable aller où?

lundi 6 septembre 2021

Gods

Oh nous avons tout le temps du monde. Toute la consciente lucidité aussi brûlante que des étoiles folles. Que ferons-nous alors? Quelle qualité de l'être froisserons-nous dans la contemplation atone de l'instant? Et pour quel horizon? Quel idéal ardent de distance infrangible nous faudra-t-il convoiter enfin?

Nous avons tout le temps du monde.

Pieds suspendus sur la pointe de lune, avec les reflets mordorés de la mer en-dessous. Ligne de l'âme enfoncée sous les eaux: océan de la vie qui porte mes espoirs et ouvre ma prison sur l'indéterminé des nuits.

Nous avons tout le temps du monde.

Et se connaître est insensé. Nous avons tout le temps du monde, il ne faut pas surtout, surtout pas se presser.

Il y a, tu sais, dans l'écheveau des limbes, des notes amères et cruelles qui parent le silence de profondeurs d'abîme -- et ces limbes sont miennes. Et comme mon reflet, alors, obombre ma cellule et resserre les murs de ma durée-demeure. L'enfer est un fragment de soi. C'est pourquoi je m'enfuis dans tes dessous de soie.

Nous avons tout le temps du monde.

Pour mourir doucement. À l'ombre de feuilles éméchées.

Nous avons tout le temps, tout le temps, tout le temps!

Et des tonnes de souffrance pour ponctuer nos joies, l'existence est aphone sans la dissonance, il faut souffrir beaucoup pour s'extasier parfois.

Nous avons tout le temps, de cueillir le beau jour, ne presse pas tes doigts autour de cette gorge. Patiente et fouille un pot-pourri de tes durées, ouvre les yeux avale, liquide, l'immense ennui de vivre, l'absence d'absolu, le ciel est sans issue...

Nous avons tout le temps.

Mais il ne faudrait pas. Il faudrait bien courir, aller à sa recherche, pour écrire des livres sur celui loin perdu.

Nous avons tout le temps...

Impossible de vivre...


Source musicale:

 





mardi 3 novembre 2020

[ Terres Brûlées ] Un roi

L'impossible réalité des choses
M'éclabousse les yeux
M'étouffe un cri dans l'âme.

Que sont ces choses que mes yeux voient?
Le passé d'astres distants
d'un abîme infrangible.

Impossible...
Je le sais de tout temps
De mon infinie finitude.

La ville, les astres,
Les passagers errants de l'univers
Tout se défait de moi.

L'impossible réalité des choses
S'éloigne et je suis là.
Insulaire, unique, un roi.