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lundi 6 septembre 2021

Gods

Oh nous avons tout le temps du monde. Toute la consciente lucidité aussi brûlante que des étoiles folles. Que ferons-nous alors? Quelle qualité de l'être froisserons-nous dans la contemplation atone de l'instant? Et pour quel horizon? Quel idéal ardent de distance infrangible nous faudra-t-il convoiter enfin?

Nous avons tout le temps du monde.

Pieds suspendus sur la pointe de lune, avec les reflets mordorés de la mer en-dessous. Ligne de l'âme enfoncée sous les eaux: océan de la vie qui porte mes espoirs et ouvre ma prison sur l'indéterminé des nuits.

Nous avons tout le temps du monde.

Et se connaître est insensé. Nous avons tout le temps du monde, il ne faut pas surtout, surtout pas se presser.

Il y a, tu sais, dans l'écheveau des limbes, des notes amères et cruelles qui parent le silence de profondeurs d'abîme -- et ces limbes sont miennes. Et comme mon reflet, alors, obombre ma cellule et resserre les murs de ma durée-demeure. L'enfer est un fragment de soi. C'est pourquoi je m'enfuis dans tes dessous de soie.

Nous avons tout le temps du monde.

Pour mourir doucement. À l'ombre de feuilles éméchées.

Nous avons tout le temps, tout le temps, tout le temps!

Et des tonnes de souffrance pour ponctuer nos joies, l'existence est aphone sans la dissonance, il faut souffrir beaucoup pour s'extasier parfois.

Nous avons tout le temps, de cueillir le beau jour, ne presse pas tes doigts autour de cette gorge. Patiente et fouille un pot-pourri de tes durées, ouvre les yeux avale, liquide, l'immense ennui de vivre, l'absence d'absolu, le ciel est sans issue...

Nous avons tout le temps.

Mais il ne faudrait pas. Il faudrait bien courir, aller à sa recherche, pour écrire des livres sur celui loin perdu.

Nous avons tout le temps...

Impossible de vivre...


Source musicale:

 





samedi 13 février 2021

Sémiotope

 Composer un recueil. Quel drôle d'idée lorsqu'on y pense. C'est un peu demander à un champ, une prairie, d'offrir à la vue du monde ses fleurs sous formes de bouquets bien ficelés, en ordre. Je suis une prairie. Un petit carré de verdure sur lequel poussent d'étranges fleurs et fruits dont je ne sais si la saveur synesthésique est sublime ou ignoble. Ce n'est pas à moi d'en juger. L'arbre ne goûte pas ses propres fruits.

Je ne suis pas fleuriste. Alors je m'entête à produire, saison après saison, les récoltes inégales de ma terre. Je suis la traduction de cette terre, en un écosystème végétal. Il faudra bien que quelque jardinier vienne ordonner tout ce divers uni par la nécessité, y appose son ordre, sa croyance, impose sa vision et tisse son propre récit à partir de l'alphabet offert. Il ne me revient pas d'opérer ce travail. J'obéis aux lois d'un chaos éloigné. Il existe une indéfinité de bouquets possibles, adaptés au goût et à l'envie de chacun, à la raison d'un moment. Chaque fleur est unique. Elle n'est pas liée à d'autres fleurs par une disposition particulière, il n'y a que le désir d'une âme, que le souhait formulé qui puisse produire la réponse à la question posée un jour, par quelqu'un, pour lui-même. Mais nous sommes nombreux à nous poser les mêmes questions. Même lorsque nous croyons le contraire...