Je livre ici le prologue d'un projet de roman entamé en 2018 (et que je retrouve en mes archives). J'aimerais, si vivement, parvenir à achever cette œuvre suspendue un jour... Je la conçois comme un conte pour adultes. Dès que la motivation reviendra, je retravaillerai la suite qui ne me convient plus aujourd'hui. J'ai bien quelques idées mais qui se téléscopent encore trop et dont la liaison ne forme aucune évidence en mon esprit. Cette partie limiaire que je dépose ici me semble suffisamment achevée toutefois pour ne pas faire l'objet d'un remaniement ultérieur (conséquent du moins). Une fois n'est pas coutume, je suis satisfait de ce premier chapitre. Il reste désormais à accorder les autres et former l'euphonie d'une œuvre.
"Le bonheur c'est pas grand chose, c'est juste du chagrin qui se repose" Léo Ferré
vendredi 8 juillet 2022
Les belles-de-jour de nuit sont belles [ Chapitre 1 ]
lundi 21 mars 2022
Ailleurs
J'avais, dans la voiture, un train d'images qui contenait en ses wagons, tout ce petit trajet et, plus généralement, tout ce mouvant présent automobile. Images phantasmées, arrimées l'une à l'autre en rêveries kaléidoscopiques: et tout ceci était la vie, la vraie, la seule.
Depuis l'enfance qui hurlait, depuis les salles d'attente, les classes d'école, les chambres à ranger, tout ce noyau d'agir s'est concentré en soi, pour percer le tissu temporel, forger au cœur des choses un monde clandestin.
Être ne m'a pas demandé plus d'effort que de savoir piloter ces fééries diurnes par lesquelles je m'échappais des cieux pour vivre la réalité d'un monde impossible à souiller.
C'est ainsi que je veux la vie: pareille à cette enfance qu'il s'agissait de fuir par l'union de ces mots qui m'emmenaient ailleurs.
Ailleurs est toujours quelque part ô combien plus enviable qu'ici.
Ailleurs est toujours quelque part.
lundi 1 avril 2019
[ Terres brûlées ] Le grand exorciste
Maison de paille au toit de tôle
Et lumineuse maille quadrillant les deux pôles
Réveil nocturne, dans le silence des pleurs
Pour le motif absurde que mourir fait peur
Horizons verticaux des abysses
Où se dessine en créneau l'abscisse
Escalier escarpé qui plonge aux limbes
De ténèbres informes que je regimbe
À affronter un jour
À saisir dans les sens
C'est en surface que vit l'amour
Et nulle chose n'a d'essence
Je flotte là et voilà ma sirène
Visage qui me suit de l'enfance
Au présent qui la traîne
Comme antique rémanence
De quelle vie abolie t'en viens-tu
Pour être là quand tout autour s'est tu
Tes yeux de chat tes joues creusées
Sont à mes sens comme imposés
Tu nages et je te suis par l'escalier
Tu es de l'eau je suis de l'air
Étrange mais il me faut voler
Vers cette ville familière
Ô toi cité que je n'ai jamais visité
Je te connais dès que mes yeux se ferment
Je ne sais qui de toi ou de moi nous a donc enfanté
Mais c'est ici que ma liberté germe
En haut, le soleil se réfracte
Et tombe comme un puits de lumière
Sur les bleus sombres de la mer
Et l'amas des cellules qui font pacte
Je me réveille le coin des yeux humide
Il fait noir et j'ai le coeur languide
Dans cette chambre qui n'est pas mon port
Mais le navire qui me condamne à mort
Terre de mon enfance
Du lit mouillé de mes errances
Ce rêve était mon grand exorciste
Expurgeant de mon âme le monde triste
Réseau complexe, tubulures lumineuses
Image de mon espace-temps
Je me demande si tu es menteuse
Lorsque tu m'offres un sein latent
Moi l'enfant qui tête le songe
Absorbant docile comme l'éponge
La couleur du Grand Totipotent
Qui dégorge en couleur outre-temps
C'est un récit sans histoire
Qui lie les lettres et narre
Ce qui ne peut être dit
Qu'au chant de mélodies
Sur l'étale et sombre mare
Qui naît de mon destin déteint
Flottent les fleurs pourpres de mes hématomes
Formant le macabre bouquet de ces vies monochromes
C'est là le sang de l'âme, où vacille la flamme
En encre noire imprimée qui reflète abîmé
Le mobilier infâme
D'un univers qu'en vain je m'échine à rimer
mardi 5 mars 2019
[ Terres brûlées ] Terres brûlées
Terres brûlées
Consumées, ravalées
Terres d'un autre temps
Tombeau de nos printemps
Terres anciennes
Commune antienne
Abri poreux des graines
Où git soyeux le rêve
C'est une vaste étendue
Terre battue
Fouettée par le vent
Écorce d'eucalyptus
Et poudre d'hibiscus
Où je me tachais si souvent
Péninsule de vie
Partant de tes prairies
S'étire sur aujourd'hui
Le sel sur mes lèvres
Comme une offrande portée par la mer
Où le ciel se reflète
Sa légende lumineuse
À la grammaire astrale
Font l'âme voyageuse
Satellite intersidérale
Dérouté de l'orbite
Atome esseulé dans la nuit anthracite
Parfum de Thuyas
Du futur? Un chouïa
Mektoub et dans les mains d'Allah
Laisser jeunesse aller
Le destin attendra
C'est le présent qu'il nous faut modeler
mardi 23 octobre 2018
Ussel
Ne plus s'arrêter
Pour regarder les routes mourir aux quatre coins du monde
Décider l'horizon qu'on poursuivra le reste des secondes
A-t-on vraiment le choix?
On m'avait marié de force lorsque j'ai débarqué chez toi
De mon pays lointain et ses autres coutumes
Mon âme et ses foraines lois
Enfilai ton costume et fit une prière:
C'était un bref adieu à mon passé posthume
J'avalais goulûment ton amnésie liquide
Faisant de ma mémoire un vase Danaïde
Toi ville que je bus comme un magma brûlant
Où je forgeai mon cœur au-dessous du volcan
Dans ta sagesse hurlante j'ai retrempé mon âme
Je suis sorti tout neuf d'impardonnables flammes
À mon destin s'accrochaient deux sésames:
Un don de comédien et la couleur du drame
Grâce au premier je m'intégrai si bien
Je devins l'un des tiens
La douleur sur tes murs
D'un tourment déjà mûr
Tu m'offris une scène où répéter mon rôle
Jouer sans discontinuer à faire mourir l'enfance
Mais le bougre résiste, il faut tant de violence
Qu'alors enfin, tout ça n'est plus vraiment si drôle
Il faut être cruel pour devenir adulte
Et prendre pour la chance ce qui n'est qu'une insulte...
Débarqué dans le monde des Hommes
Encore tout titubant
Il faut apprendre à vivre
Et rire tout en doutant
Je n'ai pas su je crois
J'étais trop débutant
Mes pensées furent des poids
Qui trouèrent chaque instant
À chaque crépuscule
Que de ratures alors
Et la course au trésor
Dans d'imbuvables bulles
Mais que je me rassure
J'ai mis bien du génie
À tanguer d'un pas sûr
Sous le néon des nuits
Pour quelques sous
le sang devient liqueur
La ville sans dessous
Susurre à notre coeur
Des mots tantôt si doux
Qui bientôt vous écoeurent
Pique, érafle de tes ronces
La peau si vierge et par trop tendre
Trace sur les jeunes coeurs
Les plaies que le temps implacable ponce
Au fond du sombre abîme
Petit homme se glisse
Comme en l'habit de brume
Qui couvre les yeux tristes
Depuis tes rues de neige
Ussel j'ai tant marché
Mes pas font un cortège
Qui viennent entacher
Le wagon de l'enfance
Qu'on ne peut détacher
Moi qui croyais pourtant
Que ma vie au complet
N'avait été que fuite
Je contemple étonné
Le grappin des couplets
Qui jettent tant de ponts
Vers un passé sans suite
Qui malgré tout répond
Déçu, peut-être
Au fond qui sait
Si les chemins abandonnés
Ne sont pas là pour ça
Fenêtres qui éclairent
Les possibles reniés
Perspective éphémère
Sur nos éternités
Ussel...
Curieux comme ce nom sonne lointain
Évoque la musique de royaumes anciens
J'ai traversé tes glaces comme un déporté
Mais d'aucuns de tes fils m'ont appris à t'aimer
Je languis par moments
Le reflet de tes cieux
Que récoltaient antan
L'escarcelle des yeux
Assis dans le présent sans âge
De ce train pour Limoges
Tout contre la fenêtre
Et comme un lourd présage
Je rêvais d'exister
Sans plus avoir à être
Je me désaisissais de moi
Comme d'un lourd bagage
J'étais heureux je crois
D'être passager clandestin
De mon propre voyage
Oh je pouvais enfin
Contempler le mirage
D'un temps que rien n'atteint
Et qui nous dévisage
En moi je souffle alors
L'haleine attendrie de ces songes
Dessine sur l'oblong hublot
Qui ouvre sur l'aurore
Ce petit mot précis
Qu'encore j'interroge:
Ussel
_____________ ALTERNATIVE _________________
Ne plus s'arrêter
Pour regarder les routes mourir aux quatre coins du monde
Décider l'horizon qu'on poursuivra le reste des secondes
A-t-on vraiment le choix?
On m'avait marié de force lorsque j'ai débarqué chez toi
De mon pays lointain et ses autres coutumes
Mon âme alors régie par de foraines lois
Enfila ton costume et fit de lourds adieux:
C'était une prière pour un passé posthume
J'avalais goulûment ton amnésie liquide
Faisant de ma mémoire un vase Danaïde
Toi ville que je bus comme un magma brûlant
Où je forgeai mon coeur au-dessous du volcan
Dans ta sagesse hurlante j'ai retrempé mon âme
Je suis sorti tout neuf d'impardonnables flammes
À mon destin s'accrochaient deux sésames:
Un don de comédien et la couleur du drame
Grâce au premier je m'intégrai si bien
Tu fis de moi l'ado semblable à tous les tiens
Malgré la forme étrange imprimée sur tes murs
De mon ombre aux couleurs de tourment déjà mûr
Tu m'offris une scène où répéter mon rôle
Jouer sans plus cesser à faire mourir l'enfance
Mais le bougre résiste, il faut tant de violence
Qu'alors enfin, tout ça n'est plus vraiment si drôle
Il faut être cruel pour devenir adulte
Et prendre pour la chance ce qui n'est qu'une insulte...
Débarqué dans le monde des Hommes
Encore tout titubant
Il faut apprendre à vivre
Et rire tout en doutant
Je n'ai pas su je crois
J'étais trop débutant
Mes pensées furent des poids
Qui trouèrent chaque instant
À chaque crépuscule
Que de ratures alors
Et la course au trésor
Dans d'imbuvables bulles
Mais que je me rassure
J'ai mis bien du génie
À tanguer d'un pas sûr
Sous le néon des nuits
Pour quelques sous
le sang devient liqueur
La ville sans dessous
Susurre à notre coeur
Des mots tantôt si doux
Qui bientôt vous écoeurent
Pique, érafle de tes ronces
La peau si vierge et par trop tendre
Trace sur les jeunes coeurs
Les plaies que le temps implacable ponce
Au fond du sombre abîme
Petit homme se glisse
Comme en l'habit de brume
Qui couvre les yeux tristes
Depuis tes rues de neige
Ussel j'ai tant marché
Mes pas font un cortège
Qui viennent entacher
Le wagon de l'enfance
Qu'on ne peut détacher
Moi qui croyais pourtant
Que ma vie au complet
N'avait été que fuite
Je contemple étonné
Le grappin des couplets
Qui jettent tant de ponts
Vers un passé sans suite
Qui malgré tout répond
Déçu? Peut-être
Au fond qui sait
Si les chemins abandonnés
Ne sont pas là pour ça
Fenêtres qui éclairent
Les possibles reniés
Perspective éphémère
Sur nos éternités
Ussel...
Curieux comme ce nom sonne lointain
Évoque la musique de royaumes anciens
J'ai traversé tes glaces comme un déporté
Mais d'aucuns de tes fils m'ont appris à t'aimer
Je languis par moments
Le reflet de tes cieux
Que récoltaient antan
L'escarcelle des yeux
Assis dans le présent sans âge
De ce train pour Limoges
Tout contre la fenêtre
Et comme un lourd présage
Je rêvais d'exister
Sans plus avoir à être
Je me désaisissais de moi
Comme d'un lourd bagage
J'étais heureux je crois
D'être passager clandestin
De mon propre voyage
Oh je pouvais enfin
Contempler le mirage
D'un temps que rien n'atteint
Et qui nous dévisage
En moi je souffle alors
L'haleine attendrie de ces songes
Dessine sur l'oblong hublot
Qui ouvre sur l'aurore
Ce petit mot précis
Qu'encore j'interroge:
Ussel
mercredi 22 novembre 2017
L'escalier 2.0
Il court, il court, escaliers de la mort
Dévale les marches avalées
Vers où les portes s'en sont-elles allées
Il court, il court, descend encore
Son regard affolé plonge vers le gouffre
De pierre tourbillonnant vers l'indécent
Son corps tambourine et souffre
Souffle l'écho de pas dansants
Regard baissé, et dos bien droit
Jamais ne dévie de sa course
Pieds écrasés par le poids
Du corps refluant vers sa source
Tic tac, tic tac
Font les souliers cognant les marches
Et dans virages point ne dérapent
Dans ce colimaçon qui mâche
L'écho du coeur devenu fou
Qui va tremblant hurlant partout
Et sa chute n'a plus de fin
Puisque l'escarpe épouse le rien
Coincé, coincé, le corps piégé
Croyant s'agiter pour un but
Fendant l'air las et si léger
L'enfant âgé se sait perdu