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jeudi 23 septembre 2021

L'étrange projet

C'est un sable dense que je creuse, trop dense pour mes bras. Mes jambes, sous le poids, flageolent et puis défaillent. Ce n'est que bien péniblement que je parviens à me tenir dressé, à chaque pelletée qui me propulse vers de nouveaux degrés de la souffrance. Mes muscles se contractent, je les sens qui me brûlent, et tout mon épiderme épileptique semble battu par un souffle de vie qui cherche à s'évanouir ailleurs.

Je creuse, consciencieusement, seconde après seconde, récolte dans la lame la substance des jours, que je rejette derrière mois, sur le monticule grandissant  des scories de cet indéfini projet de vivre. La vérité est dans l'abîme, je creuse à m'en rompre le dos, déchirer les tendons, jusqu'à n'en être qu'une larme immense d'inepte obstination. Chacune de ces douleurs constitue un écho que le réel consent à renvoyer à nos curieux appels. Et nos cris reviennent avec la même intensité, avec plus d'épaisseur et démultipliés.

mercredi 28 avril 2021

Salle d'attente

Attendre est comme vivre:

L'instant d'un présent déporté.

Le bonheur est un livre

Qu'on oublie d'emporter.

vendredi 15 janvier 2021

Be-come


 

 

 J'écume.

J'écume au froid d'être soudain hier et j'aime à en vomir des êtres de poussière:

effroi.

Être: hier...

Demain pourtant déboule à l'autre bout du temps

Et dans la gueule où roucoulent les vents s'ébroue le bel oiseau, sa robe chamarrée, d'ambre et de pourpre au cou si rassuré.

Dans les yeux qui dégouttent d'orbes irisés, je contemple un manteau tissé de mes idées.

Pourtant... Rien n'est plus hiver que l'été de mes songes.

Et lorsque, convaincu, je m'allonge, en croulement charnel dans l'herbe qui déborde:

Tout coïncide avec le néant plein de l'être, immobile et parfait dans son immonde complétude.

Dieu que me dégoûtent ces chiens qui s'enroulent au sol et cuisent aux feux célestes, immobiles gondoles.

Le vide s'échappe en sourdine, et c'est toute la farandole du possible et le grouillement des destins, l'informe gémissement des choses qui part au loin mourir.

Rien ne peut exister dans l'être plein de soi.

Ce rêve de tout un chacun ne semble vivre là que pour nous rendre aimable une idée de la fin.

Vivre: pour mourir. Désêtre là, pour naître ailleurs, et n'être, d'ailleurs, jamais ici, c'est tout cela que devenir.

samedi 29 août 2020

Si je n'avais plus qu'un seul jour à vivre

Si je n'avais plus qu'un seul jour à vivre
Goûterais-je à nouveau la saveur du présent
Ferais-je disparaître le goût trop âcre de l'inexistence?

Si je n'avais plus qu'un seul jour à vivre
Désirerais-je à nouveau?
Aurais-je un rêve en haut de mes nuits blanches et qui des cimes
Ferait briller pour moi des soleils éternels?

Si je n'avais plus qu'un seul jour à vivre
Saurais-je choisir un destin
Et taire le doute assourdissant qui couvre de silence
Toutes les voies possibles?

Si je n'avais plus qu'un seul jour à vivre
Aurais-je enfin le courage
De vivre encore un peu...

samedi 7 septembre 2019

Aux jardins embrumés



Petit cœur-cigarette
À moitié consumé
Portion de vie-violette
Un peu trop parfumée
Chaque week-end tapote
La cendre si palote
De ces anciens wagons
Qui s'en vont se défont
Mais à quoi bon
Ne pas tout consommer

J'aime ta couleur sans teinte
Ma cigarette éteinte
J'aspire à brève bouffée sans frein
Ton souffle de satin
Tapisse mes muqueuses
De ta sève tueuse
Parce que la vie se vend
Par paquet de vingt vents
Mais à quoi bon garder
Ses plus de trente dents

Ivre-flacon d'airelle
Vif comme l'hirondelle
À ta source d'airain
Je dégrade mes reins
Mais l'âme heureuse rit
Le temps passe et tant pis
Si je suis avec toi
Je n'ai plus peur des lois
Mais à quoi bon
Prendre grand soin de soi

Gant de crin ou de soie
Peu m'importe et que soit
Subite et sans nuance
La chute où je m'élance
La braise est écarlate
De mon cœur qui éclate
Au sol comme fruit mûr
J'avoue j'ai fait le mur
Car à quoi bon enfin
De survivre être sûr

Je suis la cigarette rose
Qu'on ne peut rallumer
Des passions qui reposent
Aux jardins embrumés