À côté de ce moi-même je m'étends, éthéré comme un corps devenu ombre. Le temps passe insipide, agueusie de mon âme éreintée qui parle en un babil que je ne comprends pas. Qui remboursera ces heures perdues à attendre l'avenir? Qui bouchera les fuites de la coquille identitaire? Je gis, à quelques millimètres de ma vie qui forment un abîme où je m'empêtre dans le véritable néant: l'attente des mesures suivantes.
"Le bonheur c'est pas grand chose, c'est juste du chagrin qui se repose" Léo Ferré
jeudi 7 juillet 2022
Agueusie
mardi 15 mars 2022
Cube de vie
Il nous faut poursuivre, malgré le souffle qui manque et les halètements qui vident la poitrine de cet élan vital si nécessaire à continuer. Il faut, malgré cette noirceur du ciel qui nous menace, s'avancer patiemment sous cette frondaison houleuse, à travers laquelle nulle acuité ne perce un horizon possible. Dans le moutonnement de l'instant, s'étire, pleine et entière, la forme complète de nos vies modernes.
C'est que tout le passé, et l'avenir aussi, tient entre les quatre murs de ces studios en série qui font les geôles de toute existence. Tout converge et se resserre et celui qui s'avance par-dessus le muret des jours, passant une tête curieuse, emplie d'espoir pour l'avenir, ne peut que peindre aux couleurs du passé, en trompe-l'œil, le mur embétonné de l'ère du temps -- imperméable frontière.
Mais enfin Adeline; il faut vite vivre, quand même le souffle nous manque.
samedi 12 mars 2022
Les vains étendards
Siècle qu'as-tu fais de tes enfants infects?
Tu as rempli de couleurs les yeux de nos ancêtres
Assombrissant ensuite l'âme de descendants
Vivant entre deux mondes
( Qui jamais ne se croisent )
Humains, voyez les signes de la fin
Récits eschatologiques
Enfants qui fanent au bord de nos chemins
Et personne n'écoute
( Le siècle agonisant... )
Entre les deux néants
Réside ma génération
N'engeandrant que des songes
Putréfiés par avance
( Recherchant la grand Rive aux sables d'univers )
Aux cieux sont accrochés tous nos échecs
Et les nuages sont lourds
Au-dessus de nos têtes
L'avenir à jamais sans métaphysique
( Et l'horizon couvre un monde identique )
Sillage de dérive
Positif comme la science
Qui fait la religion
Des âmes anéanties
( C'est le Lethé lui-même que nous embouteillons! )
Bois, ivrogne des trottoirs
Deux litres au moins par jour
Avale ta Révolution
Virus, poison, remède, semblables vulnéraires
( Que même le bonheur soit notre placebo... )
Il ne faut pas toucher
Au chaînon qui nous lie
Inexorables sont nos destinées
Néanmoins près, tout près du lit
( Vous veillez en tuteurs zélés )
L'ancien esclave devient le maître résigné
Le cercle de l'Histoire: un court-circuit ferméTandis que chaque pas résonne
Entre des murs interstellaires
( L'angoisse est le seul hymne de l'humanité )
Y a-t-il quelque chose encore?
Quelque part attendant?
Une poudre magique
Capable d'allumer
( Des mondes pour demain? )
Poudre blanche, immaculée
Duale perce les cloisons des nez
Nos enfants sont idiots avant que d'être nés
Ils ont le suint des moutons bien dociles
( Génie de l'espèce: réconfort du troupeau )
Tout est clair
Distinct, pas même un vieux mystère
Dame Nature dévoilée
Couchée sur un papier vulgaire
( Tandis que tout humain est un Dieu qui s'espère )
Je viens de l'inespoir
Comme une solution que nulle n'entendra
Un accord dissonant
Effacé par le siècle
( Une bouture de Tout plantée dans le silence )
Ô règne sans partage
Qui livre ses enfants
À des douleurs fractales
Existe-t-il encore des valeurs qui ne soient:
( Des mots luminescents sur nos vains étendards )